Test – Banquet Royal

Alors, nous y voilà ! Vous avez appris les bases de la cuisine avec « Fruit Mix », fait vos classes avec « Carole et ses drôles de recettes », et vous avez eu votre première étoile avec « Chef Alfredo ». Votre réputation vous précède où que vous alliez, le Kitchen Rush ne vous fait même pô peur… Mais avez-vous l’étoffe d’un chef ultime, celui qui saura briller tout au long d’un Banquet Royal ?

Banquet Royal est un jeu d’Alain Rivollet pour 2 à 4 joueurs, édité par Bankiiiz Éditions. Il s’agit d’un jeu de placement, mais aussi de mémoire, jouable dès 7 ans.

Un petit tour en cuisine

À l’ouverture de la boîte, on sera parfois tenté d’appeler un commis pour qu’il vienne à notre aide. Il y a beaucoup, beaucoup de pions à dépuncher, et il faudra se montrer très délicat, car la prédécoupe de mon exemplaire était quelque peu incertaine. On laissera donc l’ouverture de la boîte à un adulte patient et méticuleux, pour éviter tout arrachage de papier intempestif qui serait bien évidemment fort dommageable pour un aussi beau jeu.

Car oui, le jeu est beau. Plus que beau, imposant. La table est bel et bien royale, et les illustrations de Vincent Joubert sont représentatives du faste et du furious de la gourmandise. Une fois dressée, la table est somptueuse de boustifaille, et il sera parfois difficile de ne pas avoir l’estomac qui gargouille en cours de partie. Mais outre la qualité, c’est aussi la quantité qui impressionne : près de 60 jetons en 3D, pour une orgie gargantuesque de salade de fruits, de burgers géants, de salades César et de Charlottes savoureuses. Ça en jette !

Le jeu est aussi accompagné d’une règle (un peu “fouillis” mais simple à comprendre) et d’un deck de cartes « menus ». Ce sont ces derniers qu’il faudra réaliser en cours de partie pour marquer des points.

Cette avalanche de mets ne présente qu’un défaut : on aurait apprécié la présence de sachets de rangement pour éviter que ce ne soit l’anarchie totale à l’intérieur de la boîte. À l’ouverture, on a un peu l’impression d’ouvrir un frigo à l’improviste dans « Cauchemar en Cuisine ». La boîte est totalement remplie, mais complètement en vrac. Il faudra donc quelques minutes pour y retrouver vos petits. Pensez-y avant la mise en place de chaque partie.

On met le couvert ?

Une fois tous les éléments du jeu triés, la mise en place devient rapide et amusante. La partie commence par le placement de 6 plats royaux, face visible. Chaque joueur peut à loisir les regarder quelques secondes avant qu’ils ne soient retournés face cachée. Les joueurs qui parviendront à mémoriser quel plat se dissimule sous chaque cloche pourront bénéficier d’un avantage stratégique important, donc essayez de phosphorer un minima pour ne pas situer la salade à l’emplacement du Burger : tout le monde serait déçu.

Le reste de la mise en place est simplissime : chaque joueur pioche 3 cartes menus (une de chaque couleur) et la partie peut commencer.

Il est toqué, le Chef ?

Le but du jeu, justement, consiste à marquer des points en réalisant les menus réclamés par les convives.

Chaque menu se compose systématiquement de 3 éléments (par ex. Burger, Salade César, Charlotte) et peut valoir de 1 à 3 points. Les menus à 2 points ont tendance à être plus difficiles à réaliser que ceux à 1 point, car ils présentent souvent un élément en double. Quant à ceux à 3 points, ils peuvent parfois demander 3 éléments identiques ou une Toque de chef pour pouvoir être réalisés.

À son tour de jeu, chaque joueur va pouvoir réaliser une action : soit la pose d’un plat (ou d’une toque) sur le plateau de jeu, soit l’action de révéler quel plat se cache sous l’une des cloches.

Mais attention, dans un cas comme dans l’autre, on ne peut pas poser tout et n’importe quoi : il y a des règles de pose à respecter.

Deux Burgers Royal Deluxe et une Salade César !

La première règle à suivre, c’est de s’assurer que le plat que l’on souhaite poser est obligatoirement à côté d’un autre (ou à côté du centre de la table en début de partie). Eh oui, on ne peut pas se mettre où l’on veut sur la table, ce serait trop facile ! Chaque plat doit être connecté aux autres, et la progression part du centre vers les extrémités de la table.

La seconde règle, c’est que les plats sous cloche ne peuvent être révélés que si un plat est placé lui aussi directement au contact. En jouant un plat qui est au contact d’un plat sous cloche, vous offrez donc de facto la possibilité à votre adversaire de tenter de deviner ce qu’il contient.

Si le plat (ou la toque) que le joueur vient de poser (ou de déclocher) lui permet de compléter l’un de ses menus, il le révèle alors face visible à ses adversaires. Attention : les plats doivent être alignés sur le plateau de jeu dans le même ordre que sur la carte. Un menu « Charlotte / Burger / Salade » n’est pas équivalent à « Charlotte / Salade / Burger »).

Dernière règle importante :  on ne peut marquer de points que sur un plat que l’on pose soi-même. Si un adversaire pose un plat qui vous permet de réaliser un menu, cela ne compte pas. C’est VOS plats qui vous permettent de marquer des points sur VOS menus.

Dès qu’un menu est réalisé, le joueur en pioche un nouveau. Il en aura toujours trois en main.

La partie prend fin lorsque la table est totalement recouverte de plats. On procède alors au décompte des points et celui qui en aura remporté le plus gagne la partie.

Vous additionnez donc vos menus à 1, 2 ou 3 points, et vous ajoutez 1 point par cloche justement dévoilée. À noter que vous avez accès au score de vos adversaires tout au long de la partie : pas d’objectifs cachés ou de filouterie de ce genre…

On rajoute un peu d’assaisonnement ?

Voilà pour ce qui est de la règle de base, qui fera merveille auprès de vos marmots de 7 ans. Cela leur permettra de découvrir les jeux de placement en douceur, au moyen de règles simples et intuitives.

Pour autant, Bankiiiz éditions a prévu de pousser le jeu nettement plus loin dans la stratégie, en proposant une série de variantes qui, sans revenir sur les fondamentaux du jeu, lui attribuent rapidement une dimension supplémentaire.

La première variante que vous mettrez en place, c’est la variante Gourmet. Elle introduit deux changements légers, mais significatifs.

Le premier, c’est que lorsque vous posez vos jetons “toque” sur le plateau, ils vous rapportent autant de points que le plus grand nombre de plats identiques en contact direct avec eux. Vous placez votre toque au milieu de 3 salades de fruits et 2 Burgers ? Bim, vous marquez 3 points de plus. Cela va vous inciter à réfléchir un petit peu pour maximiser votre pose… tout en gardant à l’esprit que vous avez des menus à réaliser.

Le second, plus important encore, vous attribue des points si vous vous spécialisez dans un type de menus, ceux à 1 ou 2 points. Le joueur qui aura réalisé le plus de menus à 1 point gagne 3 points bonus, celui qui a réalisé le plus de menus à 2 points gagne 2 points bonus. Là aussi cela ne manquera pas de vous faire cogiter sur la pertinence de réaliser tel ou tel menu avant un autre.

Les variantes vous ont plu ? Alors on continue !

Qu’il s’agisse de la Farandole de Plats, d’Hell’s Kitchen ou de Folie en Cuisine, chaque variante apporte son lot de nouveautés qui pimentent le jeu sans jamais remettre sa fluidité en question. Et comme toutes les variantes sont cumulables entre elles, vous pouvez aboutir à un petit bijou de jeu de placement tactique, bien plus tactique que vous ne l’auriez imaginé de prime abord.

La farandole de plats, par exemple, vous invite à vous intéresser de près aux plats royaux sous cloche, car leur collecte permet désormais d’obtenir un gros bonus de 8 points si vous parvenez à rafler les quatre plats différents.

On pourrait penser que cela va faire travailler votre mémoire, mais cela va surtout conditionner votre placement. Car si vous tentez d’obtenir ce bonus, vous ne pourrez alors plus prendre le risque de laisser un adversaire accéder aux cloches. Cela vous demandera probablement de sacrifier quelques-uns de vos menus… à vous de voir si cela vaut la peine… et si vous n’avez pas oublié sous quelle cloche se dissimule cette satanée Charlotte.

Un pur régal !

Ce qui me fascine le plus avec Banquet Royal, c’est le côté totalement adaptable du jeu à son public, d’abord enfant, puis familial. Les premières parties sont en effet celles d’un “premier” jeu de placement junior, accessible et fun. Et subtilement, naturellement, le jeu devient de plus en plus stratégique de variante en variante. Chacune d’entre elles apporte une mini dimension tactique supplémentaire, par petite touche, sans jamais rendre le plat indigeste, c’est le tour de force réussi par Bankiiiz.

Il faut dire que le matériau de départ (Banquet Royal est une refonte du jeu Pirates, paru chez Djeco en 2012 et signé du même auteur) était déjà fort réussi. Mais l’auteur et l’éditeur ont réellement peaufiné le moindre détail pour supprimer les mécaniques un peu superflues (le dé, par exemple) et les remplacer par des éléments plus équilibrés.

Donc oui, vous utiliserez tôt ou tard tout ou partie des variantes au fur et à mesure que vous prendrez vos aises avec le jeu et que votre marmot développera ses capacités. À la manière dont on prépare un plat, vous commencerez avec le produit brut, avant d’ajouter, petit à petit, les épices et condiments qui sauront le magnifier.

Vos marmots en redemanderont, tant les possibilités apportées par Banquet Royal sont énormes, pour des parties qui n’excèdent jamais la vingtaine de minutes.

L’avis de Plateau marmots

Si l’ouverture de la boîte donne une impression d’un jeu un peu fouillis, quelle claque de constater que le jeu est au final incroyablement abouti ! Simple à apprendre et à jouer, il ouvre des possibilités tactiques insoupçonnées dès les règles de base dépassées. Chaque mouvement, en effet, est un compromis entre les objectifs à réaliser et les possibilités offertes par le plateau lui-même, à condition que votre mémoire ne vous joue pas des tours.

Le jeu s’adapte totalement au profil de ses joueurs en permettant d’activer ou non tel ou tel point de règle pour des parties tirant vers la simplicité (réaliser des menus pour marquer des points) ou vers une complexité progressive.

Quel que soit le mode de jeu choisi, tout s’apprend et se joue sans la moindre difficulté, de manière très intuitive, ce qui n’est pas nécessairement la marque de fabrique des jeux de placement. Bref, vous l’aurez compris : gros, gros coup de coeur pour Banquet Royal, en particulier pour faire découvrir ce style de jeu aux 7- 12 ans. Mais, amis adultes,  ne vous inquiétez pas. Vous aussi vous vous amuserez énormément autour de ce buffet géant. Et vous découvrirez, sans doute trop rapidement à votre goût, que vos marmots peuvent se révéler de redoutables tacticiens.

Banquet Royal est donc une incontestable réussite, un jeu familial dans le sens le plus noble du terme. Nous on aime, et on se ressert, encore, encore, encore.

Ça fait plaisir

  • Un premier jeu de placement très réussi
  • Des jetons en 3D de partout
  • Les plats sous cloche à mémoriser, redoutable idée
  • Simple et rapide à apprendre
  • Capable de se montrer retors lorsque l’on monte en gamme

Ça fait moins plaisir

  • Un peu de rangement pour la boîte, siouplé !

Fiche technique

Par Alain Rivollet
Illustré par Vincent Joubert
Édité par Bankiiiz
Distribué par Blackrock Games
Pour 2 à 4 joueurs
A partir de 7 ans

Dispo chez Philibert

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