Test – Team Up !

Au fond de nous, il y a toujours eu une envie secrète de travailler dans un entrepôt Ikéa ou Amazon. Enfin… Sauf pour ceux qui travaillent réellement chez Ikéa et Amazon et qui ont tendance à rêver qu’ils travaillent ailleurs, évidemment. Mais vous voyez ce que je veux dire, j’en suis sûr. Gérer des palettes par centaines, rassembler les colis en fonction de leur forme, leur volume, leur poids… Optimiser les espaces, chasser le moindre centimètre cube disponible, penser en volume… Bref : avoir l’impression qu’on peut s’éclater à faire un boulot qui, en vrai, est probablement très chiant.

Eh bien vous savez quoi ? Plus besoin de faire une lettre de motiv’ à Jeff Beznos : Helvetiq va vous aider à réaliser votre rêve. Et sans lumbago, en plus !

Team Up est un jeu de Hadi Barkat et Sébastien Pauchon pour 1 à 4 joueurs, à partir de 7 ans.

Ryu Hazuki est de retour

Cette idée (un peu tarée, reconnaissons-le) que le fait d’empiler des cartons était une activité plus exaltante que celle de sauver des princesses n’est pas nouvelle, quoiqu’on en pense. Je me souviens que dès les premières consoles de jeu vidéo apparues, des jeux venus d’Asie vantaient déjà le mérite de savoir stocker des caisses dans des petits jeux de logique aussi moches que peu maniables (sokoban). Et que dire de Shenmue ? Dans ce jeu légendaire sorti en 1999, les épiques combats de karaté rivalisaient d’intensité avec des journées de travail sur les docks où le héros transportait et classait soigneusement des caisses sur son transpalette. Certains joueurs se souviennent aujourd’hui mieux de ces phases de routine ludique que des combats acharnés qui servaient pourtant de trame narrative et épique au jeu, c’est dire. 

Mais soyez heureux ! Le fantasme de l’optimisation absolue, du rangement parfait, est un nirvana qui nous est donc aujourd’hui enfin accessible. Team Up ! est en effet un jeu  dont le pitch souffle l’aventure presque malgré lui. Cela pourrait ressembler à :

Avec des cubes en bois de différentes formes et couleurs, optimisez le rangement d’une palette pour obtenir un score parfait.

Après une pareille mise en bouche, qui a encore besoin de dragons ou de grands anciens ? Hein, franchement ?

Un matériel qui… déménage

La boîte de Team Up ! est tout à fait dans l’esprit du jeu puisqu’elle reprend, non sans humour, le look d’un carton d’emballage de meubles à monter soi-même. Elle propose un matériel simple, voire austère, mais réussi.  Vous y trouverez une mini palette (oui parce qu’avant de jouer avec des vraies vaut mieux s’entraîner avec des petites), des colis en bois de différentes formes et couleurs, un sac de toile pour les ranger, un paquet de cartes et une règle du jeu.

L’ensemble est fort agréable à manipuler. Chaque petit morceau de bois est peint sur un côté (bleu, blanc ou rouge) et ce dernier devra systématiquement être mis en haut lorsqu’il sera déposé. J’avoue qu’après quelques manipulations et de multiples transports, j’ai pu observer quelques petites griffures  dans la peinture. Mais ça ne gêne absolument pas pour jouer (et en plus je n’ai pas trouvé de sleeves à la bonne taille).

Le truc que j’ai vraiment apprécié, en revanche, c’est que le deck de 32 cartes est proposé dans un petit emballage en carton. Les cartes ne se baladent pas dans la boîte, ce qui est une excellente nouvelle.

La règle est fort simple à comprendre et vous permettra de vous amuser dès la première partie.  

Palette it be

Team Up est (comme son nom l’indique) un jeu coopératif dans lequel les joueurs doivent empiler tour à tour les colis sur la palette en essayant de faire en sorte qu’il n’y ait aucun espace vide. Plus le contenu de la palette sera compact, plus le score final sera élevé (de 0 à 25 points)

Pour déposer un colis sur la palette, il faut au préalable piocher une carte du deck. La carte vous donnera la forme ou la couleur du colis que vous devrez déposer pour le tour. Mais attention : il faut obéir à plusieurs contraintes :

  • le colis doit en toucher au moins un autre
  • la face colorée doit toujours être placée sur le dessus
  • le colis ne peut en aucun cas déborder de la palette
  • le colis ne doit jamais en cloner un autre
  • le colis doit toujours reposer intégralement sur une base

La contrainte du clonage est souvent la plus difficile à respecter. Concrètement, cela signifie que votre pièce de bois ne peut en aucun cas être placée directement à côté ou au dessus d’une pièce de forme identique. Un peu comme si une règle, à Tétris, vous imposait le fait que ne peuvent se toucher que des pièces de formes différentes. 

Tout au long de votre empilage, il faudra donc essayer d’agencer vos pièces en tenant compte de toutes ces contraintes. Si les deux premières parties sont un peu fébriles, les suivantes seront tout à fait intuitives, n’ayez crainte.

Une énorme rejouabilité

Coincé par la cruauté de la pioche, vous serez rapidement dans l’obligation de devoir composer avec des formes qui ne vous intéressent pas du tout et que vous essaierez de mettre dans un coin de la palette, en mode « on verra plus tard ».  Bien évidemment, les choses n’iront jamais en s’arrangeant et vous ne tarderez pas à vous retrouver en pleine galère avec des formes impossibles à concilier. Et ne vous y trompez pas : même sans mélodie russe lancinante, le stress de faire l’erreur ultime qui foutra toute votre stratégie en l’air sera bien présent.

Et pourtant vous vous acharnerez, sachant qu’un étage « rempli » vous rapportera 5 points et qu’un étage avec un trou vous en rapportera 0. Les petits malins se diront qu’ils pourront toujours recouvrir leurs trous par des colis, en mode « ni vu ni connu j’t’enfume », mais ce serait déroger à l’impitoyable règle qui interdit tout placement de pièce sur un espace vide. Il n’y aura donc pas d’échappatoire, hélas.

Au final, quand vous aurez joué toutes les pièces (ou que vous déclarerez forfait) et que vous regarderez le résultat d’un air un peu penaud, vous vous consolerez en vous disant que 5 points c’est déjà pas si mal, et que vous ferez mieux la prochaine fois. Et c’est la grande force de ce jeu : il déclenche automatiquement le besoin d’y rejouer pour faire mieux, ou en tout cas moins pire.

D’ailleurs, si vous jouez les 36 cartes dans l’ordre plutôt qu’en les mélangeant avant de les piocher, vous aurez alors une séquence qui vous garantira que les 25 points sont possibles. Ça ne veut pas dire que vous y arriverez, hein, cela veut juste dire que c’est possible.

Sinon il faudra faire aussi bien que possible avec l’ordre aléatoire de la pioche, qui s’amusera parfois à vous contrarier très vite. C’est ça qui est bon, évidemment.

On signalera enfin la présence d’un mode compétitif (oui oui), ainsi que la possibilité d’effectuer un « effet rewind » pour tenter de corriger une mauvaise pose qui a tout flanqué par terre. Rien de bien glorieux, évidemment. 

 

L’avis de Plateau marmots : le jeu préféré de Mondial Relay

(La coïncidence malheureuse veut que je rédige ce test au moment précis où une vidéo virale montre un employé de Mondial Relay en train de massacrer son chargement)

Amateurs de casse-têtes et de jeux de manipulation de pièces en bois, réjouissez-vous ! Team Up est un excellent jeu qui se permet d’introduire de l’aléatoire (et donc de la durée de vie) dans un puzzle game machiavélique. S’il apparaît de prime abord moins glamour qu’un jeu Smart Games, il est tout aussi addictif dans le plaisir de jeu. Alors oui, vous allez passer de nombreuses heures, seul ou à plusieurs, pour optimiser au mieux cette satanée palette.

Si les premières parties sont très horizontales pour s’assurer de marquer quelques points, on comprend bien vite que les pièces verticales les plus hautes doivent se jouer au plus vite, puisqu’elles constituent le seul espoir de réaliser un bon score. Il faudra donc faire preuve d’audace et de patience pour espérer atteindre les sommets du 5e étage.

Le challenge de Team Up est donc au rendez-vous, et on y trouvera un plaisir égal que l’on soit petit ou grand marmot. On pourra y jouer sans souci dès 7 ans, voire un peu avant, et ainsi commencer à rêver sa future carrière dans le cadre glamour et cossu d’entrepôts de meubles suédois. Skol ofenstrü !

On aime

  • Le concept, génial
  • La rejouabilité, optimale
  • La sensation qu’on aurait dû mieux faire, permanente
  • La simplicité, totale
  • Les modes de jeux, variés

On aime moins

  • La peinture qui s’écaille sur les arêtes
  • Parfois frustrant quand la pioche est méchante

Fiche technique

Un jeu de Hadi Barkat et Sébastien Pauchon
Edité par HelvetiQ
Pour 1 à 4 joueurs
A partir de 7 ans
Année de sortie : 2018

Pour aller plus loin

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