Test – Rhino Hero Super Battle : la revanche du rhino féroce
En 2011, les immeubles avaient lourdement vacillé lors des spectaculaires escalades d’un Rhinocéros masqué. Quelques années plus tard, les jungles urbaines tremblent à nouveau à l’annonce du retour du super héros cornu. Mais cette fois, il est attendu de sabot ferme. Ses ennemis jurés se sont en effet entraînés dur et vont lui prouver qu’ils sont devenus aussi forts que lui dans l’ascension immobilière. Alors ? Qui sera le nouveau champion des buildings en carton ?
Note : Ce test sera plus agréable à lire si vous connaissez déjà le jeu “Rhino Hero”, édité en 2011 chez Haba. Si ce n’est pas le cas, nous vous invitons à découvrir notre test de Rhino Hero avant celui-ci.
Le Pingouin masqué sur un toit brûlant
Eh oui, il est fort loin le temps où notre ami Rhino régnait sans partage sur les toits de la ville. Il aura suffi qu’il s’éloigne quelques années (parti soigner une super rhino-pharyngite ?) pour que ses super rivaux décident de prendre sa place. Pour les habitants de la ville, impossible d’ouvrir ses volets ou de nettoyer son balcon sans apercevoir Capitaine Elephant, Super Girafe et le Pingouin Masqué régler leurs comptes sur les toits des immeubles. Il est donc grand temps que Rhino Hero vienne récupérer son titre de champion. Mais un ennemi, vil et sournois, rôde également sur la ville : les Spider Monkeys sont plus déchaînés que jamais, vont tout faire pour faire trébucher nos héros.
On aura compris à la lecture de ce pitch qu’Haba a décidé de muscler son jeu et d’apporter beaucoup d’éléments à son légendaire Rhino Hero, créé par les mêmes auteurs que Super Battle. Plus qu’une suite, il s’agit ici de reprendre les bases qui avaient fait le succès de Rhino Hero et de le faire évoluer en “gros jeu” pour lui faire quitter la catégorie “petite boîte”. S’il partage énormément de points communs avec son grand frère, Rhino Hero Super Battle est clairement passé à la vitesse supérieure, que ce soit dans le matériel proposé, la complexité des règles ou… le prix de vente. Bref, Super Rhino revient dans une version survitaminée, et il n’est pas content.
Du HLM de banlieue à la Résidence grand Standing ?
Ce changement de positionnement pour Super Rhino est évident dès la première seconde, puisque la boîte de “Super Battle” est 4 à 5 fois plus grande que celle de “Rhino Hero”. Les bases sont donc posées. À l’ouverture toutefois, on verra que “Super Battle” contient également pas mal de vide, donc ne nous emballons pas.
Première surprise pour les habitués de Rhino Hero : les cartes de séparation des étages sont désormais beaucoup plus longues et évidemment bien plus nombreuses, permettant des constructions nettement plus audacieuses. Seconde surprise, les murs sont désormais de deux tailles différentes, augurant là aussi de buildings bien plus élaborés, étendus non seulement en hauteur, mais également en largeur. Il ne sera pas rare de créer des constructions de plus d’1 mètre de haut, atteignant parfois 1 mètre 40. Autant dire qu’il est conseillé de commencer par terre, si votre animal de compagnie préféré accepte de ne pas venir tout renverser, évidemment.
Le reste du matériel se compose des jetons des personnages, d’une médaille, mais aussi de 3 dés. Quoi ? Des dés dans Rhino Hero ? Eh oui ! Voilà clairement le signe que notre bon vieux jeu d’adresse va se muer peu à peu en jeu de société plus classique.
Un château de cartes bien disputé
Si le principe de Super Battle ne change pas énormément sur le fond de celle de Rhino Hero, la finalité du jeu est en revanche assez différente. Il ne s’agit plus, en effet, d’être le premier joueur à s’être débarrassé de sa main de cartes, mais d’être celui qui détient la médaille du meilleur grimpeur au moment fatal où l’immeuble s’écroulera (ou lorsque la dernière carte du jeu sera jouée). L’affrontement direct est donc au centre de la partie et il est devenu inévitable entre les joueurs.
Les immeubles, quant à eux, se construisent grosso modo de la même manière que dans Rhino Hero : chaque joueur choisit à son tour de jeu une carte sur laquelle sont placés des symboles de construction. La différence, comme on l’a mentionné, c’est qu’il y a désormais des petits et des grands murs, demandant un peu plus de réflexion pour être placés sans déséquilibrer l’édifice. S’il n’y a plus d’effets “à la Uno” comme dans Rhino Hero, certaines cartes présentent désormais un symbole “Spider Monkey”, indiquant qu’un pion spécial doit être placé en équilibre sur le rebord de la carte avec tous les risques de badaboumage que cela suppose. Mais cela fait bien évidemment partie du charme de ce type de jeu.
Entre petits et grands murs, le building va donc s’étendre rapidement pour gagner des proportions encore jamais vues dans Rhino Hero. Bref : prévoyez un peu de place pour jouer.
Let’s get ready to rrrrrrumble
Et puisque ce Rhino Hero s’appelle Super Battle, il faut bien qu’il y ait de la baston dans l’air, que l’on devine inspirée de Super Mario Smash Bros. Concrètement, la baston arrive ici lorsque deux super héros se retrouvent au même étage. Cela peut se produire lors du tour de jeu de chaque joueur, après avoir placé les murs. À ce moment du tour, le joueur lance en effet un dé spécial pour savoir si son super héros peut monter (ou descendre) de quelques étages. S’il obtient un 2 par exemple, il devra déplacer sa figurine pour se mettre sur le plancher de son choix, deux étages plus haut (même s’il s’agit d’une autre partie de l’immeuble en construction). S’il est le personnage le plus haut de la construction, il gagne la médaille du super grimpeur, et il la conservera tant qu’aucun autre personnage ne viendra le dépasser dans l’ascension.
Toutefois, si un autre super héros se trouve au même étage que lui (même si, là encore, il s’agit d’une autre partie de l’immeuble), la baston s’engage. Les deux joueurs vont lancer des dés à 6 faces et seul le plus fort des deux pourra demeurer en place. On notera d’ailleurs que le dé de l’attaquant ne comporte que des chiffres pairs (2, 4, 6) et que celui du défenseur des chiffres impairs (1, 3, 5). Prime à l’attaque, donc, pour se la jouer au Roi de la Colline en carton. Le perdant devra effectuer une chute spectaculaire pour descendre à l’étage inférieur. Si lors de cette descente un autre joueur est présent, un autre combat s’engagera aussitôt jusqu’à ce qu’aucun super héros ne soit au même étage qu’un autre. Bref, ça va lancer du dé !
Extension du domaine de la chute
Le but à peine caché de ces manipulations répétées, c’est bien évidemment de vous amener à faire s’écrouler le théâtre de vos exploits, dans un terrible fracas de carton. Et c’est un peu au final ce que l’on peut reprocher à ce Rhino Hero version XL : que la victoire ne soit plus axée sur la construction, mais sur un système de fight assez aléatoire. Les mouvements et les combats étant 100% contrôlés par les dés, difficile de se la raconter si vous réussissez à devenir le meilleur grimpeur à cause de deux jets chanceux qui surviennent en fin de partie.
De ce point de vue, Rhino Hero était clairement mieux pensé, car les vacheries envoyées à l’adversaire étaient directement choisies par le joueur. Aucune stratégie dans Super Battle, on se contente de faire gaffe à construire solide pour éviter la chute éliminatoire en croisant les doigts pour que les dés soient favorables. C’est sympa à jouer, certes, mais il y avait sans doute mieux à faire pour que les combats gagnent en intensité et, n’ayons pas peur des mots, en intérêt. Quitte à rendre Rhino Hero plus complexe, pourquoi ne pas avoir créé un système de combat un peu plus tactique (avec des cartes, des coups spéciaux et des super pouvoirs) ? Pourquoi ne pas avoir instauré des points de mouvement pour chaque personnage, et des cases spéciales sur les planchers permettant de bondir d’un seul bond 3 étages plus haut ? De ce point d evue, Rhino Hero Super Battle semble un peu expédié, en mode “on va créer un matériel magnifique, mais on verra plus tard comment on gère les affrontements”. C’est un peu dommage.
L’avis de Plateau Marmots
Plus ambitieux que son grand frère Rhino Hero, Super Battle a mis les petits plats dans les grands pour, mine de rien, glisser du jeu d’adresse pur et dur vers le jeu de plateau avec dés et pions . Si l’ensemble est toujours aussi amusant, il ne s’agit plus du “petit jeu” que l’on sort pour tuer dix minutes, mais d’un jeu plus abouti qui demande un peu plus d’investissement de la part des joueurs. Pour en profiter à fond, il faudra néanmoins accepter qu’une large part d’aléatoire fasse son apparition pour des déplacements et des affrontements parfois injustes lorsque l’adresse à la construction sera contredite par la malchance aux dés. En dépit de ces considérations typiquement “jeux de plateau” les constructions sont devenues tellement plus palpitantes que l’on se lance avec bonheur dans ces échafaudages bien précaires. Rhino Hero et Rhino Hero Super Battle sont au final deux jeux bien plus différents que leur directe ascendance ne le laisse supposer. Si le premier est un jeu rapide et explosif comme une partie de cartes, le second est bien plus lent et posé, pour des effondrements nettement plus spectaculaires.
Pour les grands marmots, les parties seront toujours aussi attrayantes. Les adultes s’attacheront toujours autant à bâtir un édifice stable que les petits auront plaisir à voir s’écrouler quoiqu’il arrive. Car la plupart de vos parties s’achèveront ainsi : dans une chute aussi vertigineuse que magnifique. Il sera aussi possible de créer une version 100% adulte avec un shot de vodka après chaque étage posé, mais cela est laissé à votre libre discrétion. Quoiqu’il en soit, le détenteur du jeton de super grimpeur aura gagné la partie, mais il est fort probable que cela n’aura guère d’importance et que vous n’aurez qu’une seule envie : recommencer à poser vos murs au plus vite. Ajoutez à cela que le jeu est totalement compatible avec Rhino Hero premier du nom (dont vous pouvez récupérer le pion et les murs) et vous comprendrez pourquoi les deux jeux sont, selon nous, aussi complémentaires qu’indispensables dans votre ludothèque.
Ça fait plaisir
- Un jeu d’adresse plein d’ambition
- Des constructions magnifiques et gigantesques
- Des étages colorés qui fourmillent de détails sympathiques
- Des badaboumages spectaculaires
- Une hauteur de jeu rarement atteinte…
- …et un stress proportionnel à la hauteur de l’édifice
- Les spider monkeys, idée sournoise mais qui fonctionne
- La compatibilité avec Rhino Hero
Ça fait pas plaisir
- Déplacements et combats trop aléatoires
- Des personnages que l’on ne contrôle pas vraiment
- Un prix un peu élevé
- On pouvait aller plus loin dans le thème
Fiche Technique
Un jeu de Scott Frisco et Steven Strumpf
Edité par Haba
Pour 2 à 4 joueurs
A partir de 5 ans
Durée de partie, entre 30 secondes et 15 minutes
Prix conseillé : 30 euros
Jeu qu’on apprécie beaucoup dans la famille après c’est vrai que niveau duels entre les adversaires ça pourrait être plus poussé cela reste néanmoins un jeu bien sympathique car on cherche toujours à construire le plus haut possible