Test – Seikatsu

Imaginez-vous dans un jardin, mais pas n’importe lequel. Vous êtes sur l’île d’Honshu, au printemps. C’est le petit matin, la brume nappe encore les jeunes mousses vert tendre qui tapissent les allées de ce grand jardin zen, niché entre 3 pagodes. Un trille retentit, vous immobilise dans l’air frais, et vous pensez reconnaître une bouscarle chanteuse. Le petit oiseau appelle ses congénères. Un autre chant s’ajoute au sien. Serait-ce un bruant ? Vous écoutez les deux mélodies se mêler harmonieusement et se répondre, tout en observant les bourgeons d’azalées qui parsèment le jardin. Vous y êtes ?

Parfait, car c’est l’ambiance que vous allez sûrement reconnaitre dans Seikatsu, un très joli jeu de Matt Loomis et Isaac Shalev, édité chez Huch France. Seikatsu est indiqué jouable à partir de 10 ans, de 1 à 4 joueurs, pour une durée de 30 minutes.

Dans Seikatsu, vous allez piocher des petits oiseaux entourés de fleurs dans un sac pour les placer idéalement dans le jardin. Vous allez ainsi pouvoir gagner des points de victoire immédiatement en fonction des autres oiseaux présents autour de vous, mais également en fin de partie, en comptant les fleurs suivant votre perspective. Intrigué ? Je vous en dis plus.

Mon petit oiseau a pris sa volée

Commençons par le matériel : on trouve dans la boite, aux beaux oiseaux sur fond blanc, tout un tas de jetons en acrylique, imprimés chacun d’un petit oiseau d’une des 4 races, lui-même entouré d’une couronne de fleurs d’un des 4 types. Chaque combinaison est présente deux fois dans le sac. A ceci s’ajoutent 4 jetons carpes Koï de mêmes dimensions. Un plateau de carton lui aussi bien épais et 3 marqueurs en bois qui ressemblent à des fleurs de cerisier ciselées, à la couleur des joueurs, complètent l’ensemble. Le matériel est vraiment très agréable à manipuler, et les petites pattes des marmots sont immanquablement attirées par les jetons oiseaux plein de couleur. Mention un peu moins bien pour le design du plateau, dont les traits un peu épais ne sont pas au niveau de la finesse du reste du matériel, mais il est lisible, au moins.

Pour ce qui est de la règle, je n’ai eu accès au jeu qu’en anglais, donc je ne peux pas vraiment parler de la version française. La version anglaise, abondamment illustrée d’exemples et des oiseaux et fleurs du jeu, est parfaitement claire. Vue la complexité des règles, la version française ne devrait pas poser de problème particulier non plus.

Le principe du jeu à 2 ou 3 joueurs est en fait plutôt simple : à chaque tour, vous aurez à poser un oiseau parmi les deux que vous avez en main, sur le plateau, à côté d’autres jetons. Vous gagnez des points de victoires pour tous les pious du même type à côté du vôtre, en plus d’un point pour le vôtre car vous formez ainsi une volée de pious, et déplacez votre marqueur sur la piste de scores d’autant de points. Vous complétez ensuite votre main à deux jetons en piochant dans le sac et le tour passe à votre voisin. Si vous placez une carpe Koï, elle remplace au moment de son placement n’importe quel piou et vous pouvez scorer le type d’oiseau adjacent de votre choix.

La mise en place est ultra rapide : on déplie le plateau, on ajoute des pious de départ au bon endroit suivant le nombre de joueurs, on place les fleurs de décompte des points sur la piste de scores et vole, Petit Piou, vole !

Quand tout le plateau est rempli de jetons oiseaux et carpes, a lieu le décompte des fleurs. Le décompte des fleurs, kezako ? Eh bien suivant VOTRE perspective, et c’est là que c’est original, vous allez scorer sur le plus grand nombre de fleurs identiques de vos lignes. Pour ce faire, vous regardez les lignes qui partent de la pagode à votre couleur, identifiez le type de fleurs en plus grand nombre sur chaque ligne, et scorez un nombre de points d’autant plus grand que vous avez de fleurs identiques sur une ligne. Notez qu’à ce moment-là, et pour tous les joueurs, les carpes Koï font office de jokers de fleurs. Comme quoi, tout est bon dans le poisson.

Et c’est en tout cas là qu’à mon sens le jeu prend tout son sens : on place des oiseaux pour un gain immédiat et on place les fleurs pour un gain plus tard. Et on en profite pour se mettre à la place des voisins et pourrir leurs lignes, évidemment.

 

Mais alors, tu aimes les oiseaux et les fleurs et les poissons, ô reine de la mousse ?

Alors oui, c’est un grand OUI. Pour des règles toutes simples, mais avec un grand impact sur le score, pour un matériel aux petits oignons, pour un thème ultra conventionnel mais super mignon, pour la possibilité, enfin, de jouer sur un pied d’égalité avec les marmots, sans s’ennuyer pour autant.

Le jeu est donné pour 10 ans, mais, franchement, au vu des règles et du thème, on peut largement le proposer plus tôt. Pas besoin de lecture, juste besoin de comprendre la notion de perspective. Car pour gagner, le marmot devra être capable de voir les lignes de ses adversaires. Attention, ici, il est parfaitement possible que certains adultes avec des problèmes de repérage dans l’espace soient désavantagés. J’en connais pour de vrai.

Le hasard est suffisamment présent dans le tirage des jetons pour équilibrer un peu les chances. Je pense donc qu’on peut proposer Seikatsu à des marmots un peu dégourdis dès 6-7 ans, la notion de perspective étant la clé, et pour peu qu’on leur file un coup de main sur les scores de fin de partie. Si vous voulez vraiment être super sereins pour le scoring (et vous éclipser pour siroter tranquillement pendant la partie ce fameux cocktail qui vous fait de l’œil depuis 17h), proposez-le plutôt à des enfants à partir de 8 ans.

Et n’hésitez pas non plus à le proposer à l’autre bout du spectre des âges ! Certes, on n’est pas dans Plateau Vieillots, mais ce jeu peut parfaitement être joué entre Mamie Georgette et petits Jeannot et Jeannette, avec le même résultat satisfaisant pour votre consommation de cocktails.

Seikatsu semble avoir été injustement invisible lors de sa première sortie sous nos latitudes. Peut-être parce que l’éditeur (IDW, un américain) qui le portait était trop méconnu ici. Et je ne sais que penser de l’édition de Matagot en termes de succès, je n’ai aucune info en la matière. J’espère en tout cas vraiment que Huch saura porter le jeu comme il le mérite, car pour ce prix-là, pour ce matériel-là, pour l’envie de rejouer une partie dès qu’on a posé le dernier piou, ça en vaut vraiment le coup. Bon, en vérité, après 2-3 parties d’affilée, il est possible que les marmots ou vous-même vous lassiez, mais normalement vous avez déjà fini votre cocktail, et puis vous pouvez quand même ressortir le jeu un autre jour avec plaisir.

Ah, et si vous aimez vraiment le jeu et que les visuels moches ne vous dérangent pas, il existe une version absolument affreuse avec des chats, des licornes et des lapins à placer dans un salon. Probablement pas super facile à trouver ici, mais ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre.

A noter qu’il existe une variante solo, où vous serez en compétition avec les 2 autres pagodes combinées, et une variante par équipes pour jouer à 4. Ne les ayant pas testées, je ne peux pas en parler, mais la variante solo ne me parait guère convenir aux marmots et la variante en équipes semble par contre sympathique.

On a aimé :

  • Le matériel tip top
  • Les règles simples
  • L’originalité du principe de la perspective
  • Le thème qui colle bien au jeu
  • L’équilibre entre hasard et stratégie
  • La jouabilité intergénérationnelle (mot compte triple)
  • La mise en place super simple

On a moins aimé :

  • Le design licornes-lapins-chiens. Quelle drôle d’idée !
  • Les parties peuvent se ressembler de l’une à l’autre, donc après 2-3 d’affilée, on conseille de jouer un autre jour. Sauf demande expresse de marmots qui adorent gagner contre papa ou maman
  • Le design du plateau un peu flashy-flash par rapport aux jetons tout en finesse
  • Si on donne un coup sur les fleurs de décompte des points, on ne sait plus où on en est. (mais c’est bien parce que je suis obligée par contrat de donner au moins 4 points négatifs)

 

Le trouver

Chez Philibert

Sur Amazon

 

Fiche Technique

Un jeu de Matt Loomis et Isaac Shalev
Illustré par Peter Wocken
Edité chez Huch France
A partir de 10 ans mais peut se jouer dès 7-8 ans
De 1 à 4 joueurs

 

Pour aller plus loin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.