Test – Vroom Vroom (Escargots go go)
Signé Blue Orange, Vroom Vroom est un jeu de course d’escargots accessible dès 4 ans, qui repose sur un système de déplacement aussi malin qu’original. Qui sera le plus rapide des escargots en piste ?
Vroom Vroom Turbo ?
Sorti en 2016, Vroom Vroom fait immédiatement penser au film d’animation Dreamworks sorti 3 ans plus tôt : Turbo, l’histoire d’un escargot shooté au super sans-plomb qui se prend pour Flash McQueen. Vroom Vroom est donc un jeu de course pour 2 à 4 joueurs, proposant des escargots en bois en guise de véhicule. La piste est un circuit en carton que l’on peut moduler à sa guise pour créer différents tracés. Si le concept de la course d’escargots n’est pas nouveau, le mode de déplacement de Vroom Vroom est particulièrement original et sera probablement réutilisé dans d’autres jeux. Chaque escargot en bois est fixé autour d’une petite roue qui tourne sur elle même et qui symbolise la coquille de la bestiole. Cette roue possède deux petites marques qui représentent chacune 1 point de déplacement. L’idée est donc de pousser son escargot avec le bout du doigt pour faire tourner sa roue à hauteur d’un score obtenu avec le dé. L’idée est tout simplement excellente !
Quelques ratés dans le moteur ?
L’ensemble du contenu de la boîte est simple, mais plutôt joli. Les escargots sont agréables, la piste est colorée. Les dés sont un peu simples au vu du reste, mais ils font le job. Jusque-là tout va bien. Le premier souci survient lorsque l’on tente de créer un tracé avec les morceaux de circuit fournis. Pour une raison inconnue, ils s’emboitent assez mal (enfin pas aussi bien qu’ils le devraient), comme si la découpe des embouts façon puzzle avait été quelque peu imprécise. En forçant un peu, on parvient évidemment à les emboîter, mais d’une part cela crée parfois un petit changement de niveau, et de l’autre cela laisse une impression assez désagréable de jeu mal fini.
Et l’impression se confirme hélas ensuite, lorsque l’on fait rouler les escargots sur le circuit. La surface (légèrement vernie ?) du carton le rend assez glissant, ce qui a tendance à nuire à la course. Pourquoi ? Tout simplement parce que la roue en bois de l’escargot a parfois tendance à glisser au lieu de rouler, et il est donc impossible de savoir jusqu’où avancer. Après avoir testé plusieurs courses, ce problème est revenu assez souvent pour m’inquiéter. Une rapide recherche sur Internet m’a confirmé le problème : la structure des escargots est un peu trop serrée et le carton de la piste trop glissant. Il est donc difficile de mener une course complète sans assister à ce phénomène d’escargot qui avance sans comptabiliser les points dépensés. Argh.
Patience et longueur de temps…
Comme je suis d’un naturel persévérant, j’ai donc entrepris de tester l’escargot sur différents supports, et il roule en général très bien. J’ai également tenté de “réparer” les bestioles en écartant un peu les montants qui supportent la roue pour qu’elle puisse tourner plus librement. Cela semble fonctionner, mais il faut le refaire avant chaque partie (sans casser l’escargot évidemment). Bref, en “forçant” un peu les escargots et en créant un circuit sur un support de type “playmat, cela marche nickel. M’est alors venue l’idée de tester les escargots sur un tapis de jeu pour enfants (ceux avec des routes dessinées pour les petites voitures) et là aussi, pas de souci. Il y a donc juste un souci de compatibilité entre les escargots et la piste fournie, ce qui est franchement dommage ! Mais en prenant soin de “préparer” les escargots en écartant un peu leur base avant chaque partie, les glissements sur le carton de jeu seront rares. Ouf !
Une règle (un peu trop) simple
Puisque cela fonctionne, jouons ! Le principe de déplacement est assez amusant : le joueur en tête lance un dé et applique le résultat. Le joueur va donc pousser délicatement l’escargot du bout du doigt et faire défiler sur la roue autant de marques qu’il n’a eu de points au dé (un 6, par exemple, permet de faire trois tours complets de roue). Le joueur suivant dans l’ordre de la course va alors jeter deux dés et choisir le dé qu’il souhaite utiliser. Idem pour le troisième joueur (trois dés) et le quatrième joueur (quatre dés), qui vont pouvoir choisir le meilleur résultat. Comme on le devine tout de suite, cela crée donc des courses extrêmement serrées où les dépassements sont nombreux et où les arrivées ont particulièrement disputées. Concrètement, le leader va chercher à bloquer les trajectoires les plus tendues pour compenser son manque de choix de dés, et ses concurrents le déborderont par l’extérieur… avant de se retrouver premiers à leur tour et donc obligés de se contenter d’un seul dé.
L’effet pervers, c’est que les courses se décident en général au dernier coup de dé, ce qui nuit un peu à l’intérêt de la course en elle-même, comme une trop longue étape du Tour de France sans la moindre échappée, gagnée au sprint final pour un bout de roue sur une photo-finish. En effet, si l’on suit la règle, le premier à toucher la ligne gagne la course, même si les autres n’ont pas encore bougé au cours du même tour. Bof.
Tout cela est fort dommage car les parties sont fun et animées avec les marmots, mais toute stratégie de course est quasiment impossible à appliquer tant on a l’assurance que les derniers seront bien vite les premiers.
La carapace entre deux chaises
Et là, si vous avez tout suivi, vous allez me dire “pourquoi il parle de stratégie de course vu que c’est un jeu dédié aux enfants de 4 ans ?” Et vous me permettrez alors d’aborder le véritable souci qui empêche Vroom Vroom de passer véritablement la seconde.
Pour dire les choses rapidement, Vroom Vroom est un jeu trop complexe pour des enfants de 4 ans, et trop simple pour des enfants de 8 ans.
Trop complexe pour des enfants de 4 ans, car les difficultés liées au déplacement des bestioles associées à la nécessité de ne pas se tromper en faisant défiler les traits sur la coquille mettront à très rude épreuve la motricité fine de nos marmots. Il faut en effet se montrer particulièrement délicat et sensible avec les escargots en bois pour les faire avancer sans qu’ils ne glissent ni ne dépassent leurs marques de déplacement, ce qui demande un certain doigté. De même, le concept du nombre de dés lancés en fonction de la position occupée par le joueur n’est pas forcément simple à appréhender avant 5 ou 6 ans.
Le souci opposé, c’est qu’un enfant de 6 ou 7 ans risque fort de se demander où sont les coups fourrés, les clous sur la piste et les carapaces torpilles. Il existe bien une variante qui propose de jouer une carte pour obtenir un effet de boost, une fois par course, mais son effet est trop limité et donc anecdotique. Difficile dans ces conditions pour Vroom Vroom de véritablement toucher son public.
L’avis de Plateau Marmots
Vroom Vroom est un jeu plaisant qui propose un système de déplacement amusant et original qui fera sans doute école, s’il est un peu plus abouti pour éviter les déconvenues des premiers tours de pistes.
Mais les petits défauts de conception ne sont finalement pas les plus gênants pour ce jeu. Trop complexe à prendre en main par les petits et manquant d’effets spéciaux pour les plus grands, Vroom Vroom peine à satisfaire ceux pour qui il a été conçu et aura du mal à sortir du placard, éclipsé par exemple par un Rush & Bash plus conventionnel, mais beaucoup plus délirant. Au final, ce seront souvent les adultes qui s’amuseront le plus avec Vroom Vroom, séduits par le look du jeu et par le système de déplacement. Mais bien vite ils adapteront les règles avec des championnats, des arrêts au stand (pour se ravitailler en salade), des zones de boost et des chicanes, le tout afin d’éviter l’effet “peloton” un peu trop fréquent qui fait ronronner la course au bout de 3 ou 4 parties.
Cela étant dit et totalement assumé, je reconnais volontiers éprouver un réel plaisir à le ressortir assez souvent, ne serait-ce que pour une petite course rapide. Les joueurs se laissent systématiquement happer par le fun immédiat avant de distinguer, trop rapidement hélas, le manque de profondeur de nos escargots, rendus un peu trop glissants par leur propre bave. Vroom Vroom est un jeu attractif t que l’on voudrait aimer, mais qui manque cruellement d’ambition par rapport aux moyens qu’il affichait au départ.
On aime
- Un système de déplacement vraiment génial
- Un jeu coloré et fun
- Règles simples et rapides
On regrette
- Une piste un peu bosselée et glissante
- Des escargots qui glissent assez souvent
- L’effet “peloton”
- Un réel manque de profondeur qui pèse au bout de quelques parties
Fiche technique
Un jeu de Frédéric Moyersoen et Cyril Bouquet
Edité par Blue Orange
Date de sortie : 2016
Pour 2 à 4 joueurs
A partir de 4 ans (mais avec l’aide d’un grand)
Prix indicatif : 27 euros
Pour alle rplus loin
Une vidéo sur le site de l’éditeur : http://www.blueorangegames.com/index.php/games/vroom-vroom