Test – Le jeu aux mille titres

Il s’en passe de belles, dans cette ville… La femme du boulanger nage dans la fontaine. Le facteur joue à la marelle dans la cour d’école et la fleuriste se promène au château. Que font-ils là ? Comment sont-ils arrivés ? Où sont leurs compagnons ? Tout ceci est bien mystérieux. À moins que ce ne soit au contraire fort simple… Quoiqu’il en soit, cela fera de très jolies histoires à raconter. 

Une ville pleine d’histoires…

On pourrait déduire de ce qui précède que le jeu aux mille titres est un jeu d’enquête façon Cluedo. Mais ce serait se tromper de chemin. Car le jeu aux mille titres, c’est avant tout un Mémory. Enfin non. Mais un peu quand même, si. Tout cela vous semble compliqué ? Mais non, vous allez voir.

Le jeu aux mille titres est tout sauf un Memory classique ! C’est un jeu de souvenir, un jeu où vous laissez parler votre imagination. Pour gagner, il faut avoir de la mémoire, certes, mais il faut surtout savoir raconter des histoires : saugrenues, délirantes ou au contraire très terre-à-terre.

Y’ a quoi dans la boite ?

Le jeu se compose d’un magnifique plateau représentant une ville et de 70 tuiles personnages :

– Le plateau est grand (70 X 48 cm) et recto verso. Sur une face, on trouve des emplacements clairement délimités pour les tuiles avec un petit numéro pour chacune que l’on retrouve sur la notice pour s’assurer du nom du lieu exact. Sur l’autre face, le placement est libre et permet de proposer d’autres lieux.

La ville est grande, magnifique, et composée d’une multitude de petits détails (quoi ? Vous n’avez pas vu la crotte de chien à l’angle de l’école ? Ni les draps noués d’un prisonnier qui veut s’échapper ?…). C’est un régal pour les yeux, qui attire immanquablement les joueurs autour de votre table.

-Les tuiles forment 35 duos masculin/féminin du plus simple au plus … étonnant (le boulanger/la boulangère, l’amoureux/l’amoureuse, le fou/la folle, Monsieur et Madame vampire, etc.)

 Et y’a quoi SUR la boîte ?

5 boîtes : un même jeu (édition 2015)

Si le contenu de la boîte est fort réussi, la boîte en elle-même n’est pas en reste, bien au contraire ! Il s’agit en effet d’une petite oeuvre d’art, unique qui plus est. Mon exemplaire du jeu, par exemple, a pour titre « Le touriste sous la tente ». Mais inutile de le chercher dans le commerce : vous n’aurez que très peu de chances de tombes dessus. Pour être précise vous aurez 1 chance/4830 !  Eh oui : chaque boite est unique et numérotée (en bas à droite sous le logo Oya pour l’édition 2015, dans le cadre pour l’édition 2018).

En fait, chaque couverture de boite reprend l’un des 70 personnages présents mêlés à un des 70 lieux proposés. Ce qui par cette combinaison crée un titre propre à chaque boite : La prisonnière à la poste, le détective à vélo, le rappeur à l’église….

Le « comment on joue ? »

La mise en place est simple et rapide : on positionne les personnages face cachée, on les mélange et on les dépose ensuite sur les emplacements prévus à cet effet (zone plus claire sur l’une des faces du plateau).

Pour une première partie ou avec de jeunes enfants, je vous conseille de réduire le nombre de tuiles (avant la mise en place, vous écartez 15 couples par exemple).

Ensuite c’est tout simple : un premier joueur retourne une tuile. En fonction du personnage et de son lieu, il invente une petite histoire.

Par exemple,  un joueur retourne la fleuriste qui se trouve au château. Mais pourquoi donc la fleuriste se trouve au château ? « La fleuriste venait livrer un magnifique bouquet de roses à la reine, car son mari très riche lui offre un bouquet chaque semaine ! »

Puis on retourne une seconde tuile. Si cela forme un couple, le joueur gagne la paire et continue à jouer. Si ce n’est pas le cas, il imagine de nouveau une histoire en fonction du personnage et du lieu.

C’est ensuite au tour du joueur suivant, qui va inventer des histoires à son tour, ou développer celles qui auront déjà été inventées. C’est ainsi qu’une mnémotechnique va progressivement se mettre en place pour vous permettre de vous souvenir de l’emplacement de chaque personnage. Et c’est ici que le jeu prend tout son sens. Il est bien évident qu’il est très difficile de mémoriser les 70 emplacements, mais bien plus simple de se souvenir des histoires.

Ex. : Vous retournez le fleuriste, vous vous souviendrez que sa femme est partie livrer la reine.

Lorsque tous les couples auront été retrouvés, le vainqueur est le joueur qui possède le plus de paires en fin de partie, comme dans tout Mémory qui se respecte.

« Laisse-moi jouer jouer avec toi »

Pour ceux qui veulent se confronter au challenge à plusieurs, le jeu aux mille titres propose une variante coopérative :

On place, comme dans la règle de base, autant de couples qu’on le désire face cachée sur le plateau. Chaque joueur, à tour de rôle, retourne un personnage et annonce qui est où et pourquoi. Il laisse ensuite le personnage face visible.

Quand tous les personnages ont été tournés face visible, ceux-ci sont tous retournés face cachée.

Chaque joueur à tour de rôle doit découvrir un couple en retournant d’abord un personnage, puis son partenaire. S’il hésite, les autres joueurs peuvent le conseiller. S’il a raison, le couple est posé à côté du plateau. S’il s’est trompé, les deux personnages sont replacés face cachée et un des personnages précédemment gagnés est écarté dans la boîte.

Si les joueurs parviennent à récupérer tous les couples en écartant moins de 10 personnages, ils ont gagné. S’ils en ont écarté moins de 5, ils sont très forts. Si aucun personnage n’a été écarté, ce sont des champions.

L’avis de plateau de Marmots :

Le jeu aux mille titres est une véritable fabrique à histoires. Il développe l’imagination des petits comme des grands car, en tant qu’adulte, ce n’est pas toujours simple de lâcher la bride à notre imagination !

Pour l’avoir joué avec de nombreuses familles différentes, le plus difficile est de se lancer. On est concentré, on s’écoute, alors pas toujours facile de laisser parler son imagination. Mais au bout d’un ou deux tours, vous serez surpris par les idées  des enfants et vous vous régalerez de leurs anecdotes. N’hésitez pas à les aider à se lancer et à les guider au cours des premières parties… mais ne leur piquez pas leurs histoires !

C’est personnellement un jeu auquel je joue beaucoup avec mes marmots, ma fille très imaginative nous conte des histoires à n’en plus finir pour le plus grand plaisir de nos oreilles attentives (mais que va-t-elle nous inventer cette fois-ci ?), quant à mon fiston, plus pragmatique, il se fait un malin plaisir à inventer les histoires les plus rocambolesques (pauvre petite vieille qui traversait la route au moment où l’ambulance arrivait à vive allure, pauvre amoureux qui se baignait dans la fontaine parce que sa chère et tendre lui disait qu’il ne sentait pas bon !).

Ça fait plaisir :

  • Un graphisme original et attrayant, dont un plateau recto/verso magnifique
  • Le support « imposé » est vraiment propice à l’invention des histoires.
  • La possibilité d’utiliser le verso libre du plateau, une fois que l’on a fait le tour des lieux proposés.
  • Très familial et intergénérationnel
  • Facilité d’adaptation pour les plus jeunes / les plus âgés
  • Rejouabilité énorme

Ça fait très plaisir :

  • Le concept (fou mais génial) de la boite unique
  • Un jeu qui délie les langues

Ça fait moins plaisir :

  • Le graphisme de certains personnages peut déplaire aux âmes sensible
  • Certains couples (avocat, homme d’affaires, soldat) peuvent être un peu complexes à mettre en situation pour les joueurs les plus jeunes.
  • La durée de partie peut être longue avec des joueurs très imaginatifs
  • Des couples homme/femme, seulement… 

Le petit mot du chef

Je plussoie évidemment tout ce qui vient d’être dit par Marlène : le jeu aux mille titres est un jeu exceptionnel, qui mérite de figurer dans toute ludothèque qui se respecte. Ce n’est pas pour rien qu’il se retrouve dans notre sélection de jeux incontournables, et peu de jeux ont fait autant l’unanimité que celui-ci pour y figurer.

Peu de jeux peuvent se vanter de proposer une édition aussi audacieuse que celle de ce jeu. Pensez donc : une boîte unique et numérotée, un jeu illustré par une street-artiste, un concept ultra-narratif… Mais le risque paye et le résultat est un jeu d’une poésie et d’une finesse rarement atteintes. C’est la simplicité même, me direz-vous. Mais il fallait oser tenter l’aventure, et les éditions Oya ont ici réussi un coup de génie. Nominé aux as d’or 2016 et fraîchement relooké dans une nouvelle édition 2018, le jeu aux mille titres est un jeu auquel il faut jouer, car il fait parler, rêver, s’interroger et se souvenir. Les anecdotes vont fuser, les rires vont s’envoler et l’imagination se déployer.

Sur la question de l’édition, justement, tous les goûts sont dans la nature. Je sais que Marlène préfère la 2015 alors que j’apprécie davantage le côté “tableau” de la 2018. Il ne tiendra qu’à vous de vous faire plaisir en “chassant” une boîte qui vous ressemblera plus qu’une autre, comme “L’amoureuse dans les nuages” ou “Le Vampire chez le dentiste”, ce qui sera déjà un jeu en soi et un joli cadeau à faire.

Mais quelle que soit votre édition et votre titre, jouez-y. Oui, jouez-y. Cessez de lire ce texte sur votre lieu de travail, dans le train, dans le métro. Rentrez chez-vous, sortez vos gamins de l’école même si c’est pas l’heure, et jouez-y. Maintenant. Jouez-y. Même si, comme moi, vous avez obtenu une boîte dont la couverture vous laisse froid (le patron sous le préau, bof), savourez le plaisir d’avoir une boîte que personne d’autre ne possède, et qui deviendra finalement le titre de votre jeu aux mille titres.

Et oui, on pourra rêver d’une nouvelle-nouvelle édition, plus audacieuse encore, avec des couples gays, des gens seuls avec leur ombre, des sujets qui feraient parler toujours plus, toujours mieux. Mais en l’état, si ce jeu possède mille titres il n’en est pas moins unique. Alors faites passer le mot : achetez ce jeu, jouez à ce jeu, vivez ce jeu et parlez ce jeu. 

Rien que cela, oui.  

Fiche technique

Un jeu de Pampuk
Illustré par Inti Ansa
Édité par Oya
Date de sortie : 2015
De 2 à 6 joueurs
À partir de 5 ans (sélection plateau marmots)
Durée moyenne d’une partie : 20/30 minutes
Mécanismes : mémoire, créativité
Prix indicatif : 30 euros

Dispo chez Philibert

Pour aller plus loin :

2 thoughts on “Test – Le jeu aux mille titres

  • 30 mai 2018 à 11 h 30 min
    Permalink

    J’ai acheté cette boîte à Marlène cette année et je dois bien avoué que tout le monde se prête au JEU !! Petits et grands ( de 5 à 40 ans 😉 ) se font un plaisir de s’inventer une nouvelle histoire à chaque fois !! Idéal pour faire travailler l’imaginaire, la mémoire et la rapidité de réflexion !! Je le recommande vivement !! Merci Marlène pour cette découverte !!

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  • Ping : Le jeu aux Mille Titres (le multi-usage de ta ludothèque de logopède) – Sophie Lenaerts

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