Test – Go, Gorilla !
Dans la jungle terrible jungle, une compétition sauvage oppose un ouistiti facétieux à un gorille énervé, au pied d’un bananier touffu. Le premier veut manger des bananes… le second veut juste tout casser. Qui parviendra à ses fins en premier ?
Go Gorilla est un jeu d’adresse coopératif et compétitif pour 1 à plein de joueurs, à partir de 3 ans, édité par Goula.
Du bois dont on fait les singes
Osons le dire tout net, Go, Gorilla ! est un jeu qui démontre une fois encore que Goula, une filiale de Jumbo, masterise à fond le concept du jeu en bois. Le jeu est tout simplement magnifique et très agréable à manipuler. Les pièces sont bien finies, très colorées… Bref c’est un régal pour les yeux.
Le jeu se compose d’une rampe en carton que l’on accroche au fond de la boîte pour créer le toboggan du gorille, d’un dé et de plusieurs cylindres en bois de taille et de couleurs différentes, qui feront office de troncs d’arbre. Le feuillage sera quant à lui assuré par des tuiles en carton épais. Sur certaines apparaissent des bananes sur d’autres non.
Le matériel est simple, mais très bien réalisé, et donne immédiatement envie de se lancer dans la partie.
Banana split !
Le jeu étant coopératif, le but du jeu est de parvenir tous ensemble à bâtir un arbre qui possède au moins 3 régimes de bananes dans son feuillage. Pour jouer, on commence donc par mélanger les tuiles représentant le feuillage et on place le gorille, symbolisé par une boule de bois, en haut de la rampe, dans un trou prévu à cet effet.
On lance ensuite le dé. Si le résultat est une couleur, on place au pied de la rampe un morceau de tronc de baobab de la couleur indiquée. On recouvre alors cette pièce par une tuile feuillage, sans que la base ne s’écroule, évidemment. Si cette tuile contient un régime de bananes, c’est une bonne nouvelle : la partie sera gagnée lorsque l’arbre en contiendra 3.
Les cylindres rouges sont les plus grands, les bleus les plus petits (et permettent du coup de minimiser les risques de chute).
Outre les trois faces couleur, une face « joker » et vous permet de choisir la couleur de votre choix et d’éviter d’avoir à relancer le dé si votre couleur est épuisée.
Quant aux deux autres faces…
Banana strike ?
…elles auront la terrible fonction de précipiter le gorille à l’assaut de votre arbre. En effet, une face gorille vous invite à donner une pichenette à la boule de bois qui va alors dévaler la pente, et peut-être fracasser votre arbre. À vous d’essayer de viser pour que la boule passe à côté de l’arbre, ou qu’elle le percute sans occasionner de dégâts.
Si vous parvenez néanmoins à créer un arbre avec 3 régimes de bananes, vous n’aurez plus qu’à le coiffer du ouistiti pour que la partie soit gagnée. Ce sera rare, mais intense.
Si beau, si cruel, si miesque !
Pourquoi rare ? Parce que Go, Gorilla est avant tout un jeu de construction pour petit marmot, en tout cas davantage qu’un jeu de société. On se régalera en effet à assembler l’arbre en espérant que le gorille ne fasse pas son apparition pour flinguer notre fragile édifice. De ce point de vue, le jeu est une réussite et on peut le sortir même dès 2 ans en tant que construction badaboumesque de haute volée. Aucun souci là-dessus.
Et c’est peut-être dans cette seule configuration qu’il faudra tenter de jouer au final au final. Car un épineux souci va rapidement ternir les parties de ceux qui veulent aller plus loin.
Gare au gorille !
Ce qui pose souci, vous l’aurez compris, c’est le gorille. Il est représenté par une boule de bois relativement lourde, bien trop lourde pour qu’une fragile construction puisse lui résister. On a fait des tests, et une balle de ping-pong parvient une fois sur deux à déstabiliser l’édifice d’un enfant de 3 ans. Alors une boule de bois, comment vous dire, c’est un peu la chute assurée. Le truc, aussi, c’est que la rampe du gorille est trop étroite pour que l’on puisse viser à côté de l’arbre d’une pichenette bien placée. Enfin c’est techniquement possible, si, mais ça tient du millimètre, et seulement si votre premier tronc est le plus haut, éventuellement susceptible de laisser passer le gorille sous le feuillage.
Alors là vous allez me dire : « oui, bon, mais le gorille il sort pas toutes les deux secondes, quand même ». Mais si, les amis. Parce que mine de rien, vous avez 2 faces « gorille » sur votre dé. Sur un dé à 6 faces, ça fait beaucoup. Et avec des enfants de 3 ans qui luttent pour faire tenir leur arbre en équilibre, ça fait trop.
Concrètement, vous allez perdre beaucoup de parties à ce jeu, non pas parce que vous ne savez pas construire un arbre, mais tout simplement parce que vous avez une chance sur trois de détruire votre édifice à chaque lancer. Et pour un enfant de 3-4 ans, désolé, c’est un peu hardcore.
Bref, le jeu, si on le suit à la lettre, est trop difficile et frustrant pour des enfants de l’âge indiqué. Il aurait suffi de pas grand-chose : une balle plus légère, un peu plus de marge de chaque côté de la rampe, ou un plot au milieu de la rampe pour freiner son impact contre l’arbre. Mais là, en toute honnêteté, les baobabs vont beaucoup valdinguer. Le jeu propose une variante compétitive qui consiste à placer ses troncs d’arbre avant ceux de l’adversaire, mais le problème reste identique : une face gorille est 9 fois sur 10 synonyme de Reset du jeu, sans grand suspense hélas.
La variante qui va un peu bien
Du coup, pour que le jeu soit jouable, il faut éloigner la rampe d’une dizaine de centimètres. C’est du bricolage, mais ça équilibre un peu les chances. Il est plus facile de viser sur les côtés, et à cette distance la bille conserve l’essentiel de son impact. Mais il ne faut pas se leurrer, les chances de recommencer souvent la partie sont très nombreuses.
L’avis de Plateau Marmots
Go, Gorilla ! est à prendre pour ce qu’il est : un sympatoche jeu de construction avec du matériel solide et agréable. À ce titre, il est tout indiqué pour les 2 – 4 ans, qui se régaleront à monter le Babobab le plus haut possible pour le badaboumer ensuite d’un coup de Gorille bien senti. Ce sera l’occasion pour les parents attendris de tester la fonction « ralenti » de leur Galaxy S11 flambant neuf (avant que le marmot ne fracasse le téléphone par terre, évidemment.).
En revanche, jouer à Go, Gorilla en suivant la règle telle qu’elle est définie est bien trop frustrant, et donc décourageant pour les plus jeunes, qui en auront vite marre de recommencer encore et toujours une partie qui repose moins sur leur dextérité que sur la malchance au dé (pour rappel, 1 chance sur 3 de perdre à chaque lancer). Dommage : il aurait suffi d’un gorille un peu plus léger pour créer du suspense et s’éviter cette amertume bien regrettable. On pourra toujours arguer qu’un bon Die & Retry ne manque pas de saveur, mais 3 ans est peut-être un âge un peu short pour commencer à jouer à Dark Souls. Fut-ce avec des gorilles.
Ca fait plaisir
- Du beau matériel
- Un jeu de construction et d’équilibre agréable à manipuler
- Idéal pour le jeu libre
- Le plaisir du badaboumage
- Plusieurs possibilités de jeu
Ca fait moins plaisir
- Pas vraiment équilibré niveau difficulté
- Frustrant pour les plus jeunes (et pas que)
Le trouver
Fiche Technique
Un jeu édité par Goula
Pour 1 à 4 joueurs (voire plus)
A partir de 3 ans (voire moins)