Test – Mosquitos
Avec le retour de l’été, on les a vu revenir, plus affamés que jamais. Ils ont le don de gâcher vos soirées en terrasse et ont même envahi la boîte qu’on vous présente aujourd’hui. Je parle bien sûr des moustiques, ces adorables petites bestioles à trompe. Et si vous pensez qu’ils ne sont que des nuisibles inutiles, « Mosquitos » va vous faire comprendre avec beaucoup d’humour et de taquinerie qu’ils sont essentiels à la bonne santé de certains écosystèmes.
Pour tout vous dire, on était passé complètement à côté de ce jeu, sorti en fin d’année dernière tellement il s’était noyé dans un flot de sorties continu. Mais lors du dernier Festival des Jeux de Cannes, son auteure, Valérie Hauw, nous a gentiment invité à la découvrir. Ce fut à la fois une très belle rencontre humaine, mais surtout un gros coup de cœur ludique pour moi et mon Marmot, très fier d’avoir remporté la partie, haut la main.
Depuis, on s’est procuré la boîte, on y a joué, rejoué avec toujours autant de plaisir et on s’est dit qu’il était temps de vous en parler.
Biotope en boîte
Ne vous fiez pas à la couverture verte et psychédélique. Elle ne reflète pas vraiment ce qu’est le jeu. Avec ses allures de party-game familial hystérique, c’est très certainement ce qui m’a fait passer à côté de ce jeu lors de sa sortie. Mais en ouvrant la boîte, on comprend rapidement qu’il n’en est rien. Elle déborde d’un matériel impeccablement édité par Betula Jeux et illustré avec finesse et humour par Laurent Zagni. Spécialisé dans l’illustration animalière humoristique, on vous conseille d’ailleurs de jeter un œil au site de ce monsieur.
Bien sûr, ce qui va immédiatement attirer l’œil des Marmots (mais aussi des plus grand), ce sont les huit magnifiques pions animaux en bois : 3 grenouilles, une libellule, un héron, une perche (le poisson, pas l’outil), une hirondelle … et même une pipistrelle (mais si, vous savez, ce membre de la famille des Vespertilionidae… Une chauve-souris, quoi…). Le reste du matériel est beaucoup plus classique : un deck de cartes par joueur, des tuiles nénuphars qui servent à créer la surface de jeu, et des jetons Moustiques, pleins de jetons Moustiques pour gagner un maximum de points.
Mare à Lago
Avant de débuter la partie, on crée une mare en disposant 5 à 8 nénuphars en cercle, selon le nombre de joueurs. On place les grenouilles, la libellule et l’hirondelle ainsi que quelques jetons Moustiques sur ces nénuphars. La Perche est placée entre 2 d’entre eux, et la Pipistrelle attend bien cachée dans la boîte. Le joueur le plus jeune récupère la figurine Héron et la chasse aux moustiques peut débuter.
Chaque joueur commence avec un deck de 10 cartes en main, représentant les différents animaux. A chaque tour, vous en révélez une simultanément.
Elles sont alors résolues, non pas dans le sens des aiguilles d’une montre, mais en suivant l’ordre des cartes. Chaque animal ou insecte est en effet associé à un chiffre qui indique l’ordre de résolution : d’abord le Heron (1), puis la Libellule (2) … jusqu’à la Pipistrelle (6). Si 2 joueurs choisissent une carte de même valeur, c’est le joueur le plus proche du héron, dans le sens horaire, qui la joue en premier.
Microcosmos(quitos)
Chaque manche de « Mosquitos » représente une journée passée au bord d’une mare.
C’est d’abord le Héron qui se réveille aux aurores. Et autant dire qu’il ne fait pas dans la dentelle. Il effraye les grenouilles, qui sautent au centre de la mare et ne joueront pas à ce tour. Dommage pour les joueurs qui auraient choisi la carte de cet animal.
Alors que la matinée est bien entamée, c’est au tour de la Libellule de décoller. Elle atterrit sur un nénuphar au choix du joueur. Il y récupère un jeton Moustique et déplace les autres au centre de la mare.
Si elles n’ont pas fui à cause du Héron, les Grenouilles passent alors à l’action. Elles sautent sur un nénuphar adjacent pour permettre au joueur d’y récupérer tous les jetons Moustiques.
L’après-midi, l’Hirondelle est de sortie. Le joueur la déplace de 3 nénuphars dans le sens de son choix, et récupère tous les jetons Moustiques au passage. Voilà un animal qui peut rapporter gros… ou pas si les Grenouilles ont déjà tout dévoré avant lui.
Lorsque le soir tombe, la Perche profite de la fraicheur pour patauger dans la mare et se placer entre 2 nénuphars au choix du joueur. Celui-ci récupère autant de jetons Moustiques dans la réserve que ceux présents sur les 2 nénuphars.
Enfin, la nuit tombée, c’est la Pipistrelle qui est de sortie. Elle peut dévorer tous les Moustiques qui se trouvent au centre de la mare ou sur un nénuphar vide au choix. Peureuse, elle évite en effet de croiser tout autre animal.
Lorsqu’une journée est terminée, on place de nouveaux Moustiques sur les nénuphars et le jeton Héron passe au joueur suivant (ou a celui qui a posé la carte de cet animal). Une nouvelle journée peut alors débuter. A la fin de la dixième (après que chacun ait résolu sa dernière carte), le joueur qui a récolté le plus de jetons Moustique devient le roi de la mare.
Citad’ailes
« Mosquitos » reprend la mécanique centrale de l’excellent « Citadelles », un classique de Bruno Faidutti paru il y a 25 ans. A chaque tour, il s’agit de choisir une action qui influencera et sera influencée par celle des autres joueurs. Mais Valérie Hauw rend ce concept parfaitement accessible aux Marmots.
Contrairement à « Citadelles » où le choix des cartes se fait dans un paquet commun, « Mosquitos » propose à chaque joueur un deck personnel comprenant l’ensemble des actions possibles. Ce qui réduit l’aspect stratégique et favorise le bluff et l’intuition.
Soyez-en certain : bien souvent, votre choix sera exactement celui qu’il ne fallait pas faire. Mais cela ne vous empêchera pas de récupérer quand même quelques moustiques. Car « Mosquitos » est beaucoup moins punitif que son ancêtre « Citadelles ». Exit les coups de poignards dans le dos de l’Assassin, ou les pièces d’or volés par le Marchand…
Ici, à part le Héron qui annule l’action des Grenouilles (ce qui fera croasser de colère vos Marmots), tout se joue à coup de jetons Moustiques dévorés au nez des adversaires, sans jamais viser quelqu’un de précis.
Jouer un animal qui s’active en premier mais rapporte peu de jetons Moustiques, ou plutôt l’un de ceux qui interviennent en dernier et peuvent rapporter gros… s’il reste encore des Moustiques à dévorer. Tel est le dilemme permanent de « Mosquitos » qui parlera autant aux Marmots dès 7-8 ans qu’à leurs parents.
Écosystème Ludique
Avec ce premier jeu, Valérie Hauw réussit à imbriquer parfaitement mécanique et thématique.
Quoi de mieux pour donner l’impression d’un écosystème que ce principe d’animaux qui interagissent les uns avec les autres. On sent d’ailleurs le travail qu’il a fallu pour que chaque animal ou insecte soit lié à une action qui le personnifie. Et à chaque manche, on a presque l’impression de passer une journée au bord d’une mare, et d’y voir ses différents habitants s’activer autour d’un objectif commun : manger un maximum de moustiques.
L’éditeur Betula Jeux Nature étant spécialisé dans l’édition de jeux autour de la biodiversité et de l’environnement, la règle se termine d’ailleurs par une page qui vient donner quelques informations scientifiques sur les éléments développés dans le jeu.
L’Avis de Plateau Marmots (Vincent)
En découvrant « Mosquitos », on ne peut s’empêcher de penser au grand classique « Citadelles » de Bruno Faidutti. Mais un « Citadelles » moins méchant et parfaitement accessible aux familles.
Que ce soit par les magnifiques illustrations de Laurent Zagni ou par la thématique qui s’intègre parfaitement aux mécaniques, on a presque l’impression d’être plongé dans un documentaire animalier humoristique, où chaque habitant d’une mare use de sa meilleure combine pour dévorer un maximum de moustiques.
Valérie Hauw signe un premier jeu vraiment prometteur et magnifiquement édité par Betula Jeux Nature. Si on l’avait découvert plus tôt, il aurait sans hésitation fait partie de notre top 10 des jeux 2024.
On aime :
- La thématique qui s’intègre parfaitement à la mécanique
- Les illustrations de Laurent Zagni
- Les figurines Animaux en bois
On aime moins :
- La couverture qui ne reflète pas ce qu’est le jeu