Test – Panto Lino
Des fois, je me dis que la meilleure carrière que l’on pourrait envisager, ce serait d’ouvrir un magasin de chaussures pour mille-pattes. Parce qu’en vrai, ce serait un peu la fortune assurée. Il suffirait d’accueillir les clients, de les aider à se décider entre baskets, chaussons et sneakers, et à nous les dollars ! Comptez une vingtaine de paires par client, et votre fortune est faite. Tout cela pour vous dire que l’on va essayer de chausser nos mille-pattes dans un petit jeu de dés tout simple et tout mimi, pour découvrir le monde magique de « hey, j’ai encore droit à 2 lancers », dès 4 ans.
Klaus Kreowski | Maciej Szymanovicz
Huch! / Atalia
1 à 4 joueurs| 4 ans et plus | 10 min environ | Combinaisons de dés
Ce jeu nous a aimablement été mis à disposition par Atalia, Distributeur du jeu en France
Adidas sur mon bidet
Dans Panto Lino, le but est donc d’avoir les mille-pattes les mieux chaussés. Tout au long de la partie, il va donc falloir lancer les 4 dés du jeu et tenter d’obtenir les meilleures tuiles, celles qui contiennent davantage de chaussures que les autres. À la fin de la partie, quand toutes les chaussures auront été récupérées, on pourra alors mesurer qui est le mille-pattes le plus long… et donc le vainqueur de la partie !
Asics les dés avant de les lancer !
De fait, le jeu contient 4 dés et toute une série de tuiles représentant des pattes, chaussées de diverses grolles, pompes et godasses. Chaque couleur de chaussure est associée à une forme différente, on peut donc parfaitement jouer à Panto Lino en étant daltonien. Le rouge, ce sont des baskets, le noir des pantoufles, le jaune des chaussures de ville, etc.
On notera sans déplaisir que les tuiles sont très épaisses et que les dés sont particulièrement agréables en main. Du tout bon, donc.
La mise en place est particulièrement simple : les tuiles sont triées par couleur et alignées comme sur les étals d’un marché. Chaque joueur se saisit ensuite d’une tête de mille-pattes et la place devant lui. Le premier joueur se saisit ensuite des quatre dés, et c’est parti.
Hé ! C’est aux filles de jouer, Pataugas !
Le but du jeu est donc de réaliser des séries de chaussures identiques pour avoir le droit de remporter la tuile correspondante et de l’ajouter au corps de son mille-pattes. Les tuiles sont déclinées en 3 versions : 4 pattes, 3 pattes et 2 pattes. Pour avoir le droit de prendre la grande tuile avec les 4 pantoufles noires, il faudra donc les obtenir aux dés.
Le jeu est toutefois plus clément qu’on ne le pense, car l’une des faces du dé est une face joker, qui permet de remplacer n’importe quelle autre face. Il faudra donc lancer les dés, repérer les faces identiques et les faces joker, et voir ce qu’il reste de disponible parmi les tuiles à récupérer.
Après chaque lancer, le joueur aura évidemment la possibilité de conserver ou de relancer les dés, pour un total de 3 lancers, le nombre magique du Yam’s (ou de King of Tokyo).
Si le joueur est parvenu à réaliser une combinaison et que la tuile est disponible, il peut alors la prendre. S’il est parvenu à réaliser des combinaisons de deux couleurs différentes, il doit choisir une unique tuile à remporter.
Qu’une tuile soit remportée ou non, c’est ensuite au tour du joueur suivant, qui peut lancer les dés à son tour. La partie se déroule ainsi jusqu’à ce que la dernière tuile soit prise. Le joueur avec le mille-pattes le plus long remporte alors la partie. S’il y en a, les égalités sont départagées par le plus grand nombre de chaussures de couleur identique.
Nike les adversaires !
Comme vous le voyez, Panto Lino est un jeu très simple de combinaison de dés, que les plus jeunes peuvent s’approprier sans grand mal tant la dynamique est simple : lancer 4 dés, voir ce qui reste à prendre et adapter les lancers suivants en fonction. C’est la base même d’un principe qui est plus développé dans d’autres jeux, comme le Trésor de la Momie / Tiny Park chez Haba.
Mais une petite variante bien fourbasse permet d’animer les parties et de les rendre plus mesquines, ce qui ne saura déplaire aux marmots un peu plus grands. L’idée, ici, sera de donner aux joueurs la possibilité de voler la dernière tuile posée d’un autre joueur, si vous parvenez à réaliser la combinaison correspondante. Le jeu ne se limite donc plus aux tuiles présentes au centre du jeu, mais aussi – en partie – sur les mille-pattes des petits camarades.
Cela crée assurément une jolie interaction, mais cela a hélas tendance à rallonger également la durée des parties (et de les rendre parfois inutilement longues). Il y a aussi le risque que tous les joueurs s’acharnent sur un même mille-pattes, le dépouillant de ses baskets les uns après les autres, ce qui ne sera guère agréable pour la bestiole en question. À équilibrer, donc.
Converse avec toi-même
Comme il n’est pas avare de variantes, le jeu propose enfin un mode solo plutôt sympatoche, dans lequel il faut essayer de prendre le maximum de baskets avec le moins de coups joués « pour rien », qui détermineront votre score final. Un petit entraînement sympathique en solo, qui vous permettra d’attendre sereinement que le serveur daigne vous servir votre Champomy on the rocks.
Tu mets tes saussures, Ferdinand ?
Posons le problème en ces termes. Si vous avez déjà joué à des jeux comme Oh my Gold ou Troll & Dragon, alors Panto Lino ne sera sans doute pas fait pour vous, car il est clairement un cran en-dessous en termes de complexité. Il s’agit vraiment d’un premier jeu de dés, objectivement plus sympa qu’Animo Dice, mais pas inoubliable non plus.
Si vous jouez avec des petits de 4-5 ans, vous pourrez enchaîner pas mal de parties… mais comme tout « premier jeu », il devra alors laisser la place à des titres plus complexes, permettant plus d’interactions entre les joueurs, ou en faisant intervenir d’autres éléments, comme le fait par exemple King of Tokyo, que beaucoup de petits joueurs découvrent dans les faits souvent vers 6-7 ans.
Du coup, si vous le prenez comme tel, c’est-à-dire comme un piti jeu d’initiation assez choupi et pas cher mais que vous ne garderez pas des années, alors vous pouvez y aller les yeux fermés, car Panto Lino est franchement agréable et rapide à jouer.
On a plaisir à lancer les dés, à hésiter sur les dés à conserver / relancer, et rager de voir que c’est l’autre couleur qui est finalement sortie. Le plaisir brut du polyèdre, sans chichis.
La variante Plateau Marmots : Kickims & Kickers
De notre côté, on a travaillé sur une petite variante qui a très bien marché. Le fin du jeu ne se déclenche plus à la prise de la dernière tuile, mais de l’avant-dernière. La dernière sera alors attribuée à celui des joueurs qui a le plus de chaussures de cette couleur. Mine de rien, cela rend le jeu un peu plus fin, car cela revalorise les « petites tuiles » en se disant que l’une des tuiles à 4 chaussures sera offerte à la fin, ce qui permettra peut-être de faire la différence. Essayez, ça marche bien !
L’avis de Plateau Marmots (Olivier)
Au final, Panto Lino est un charmant premier jeu de dés pour petits marmots de 4 – 5 ans, qui tire son épingle du jeu avec un matériel réussi, une ambiance zen et des règles ultra accessibles de combinaisons de couleurs qui feraient passer le bon vieux Monza pour un jeu Expert. Plaisant sans être inoubliable, c’est un excellent premier titre pour découvrir le plaisir des lancers de dés foireux et l’addictive injustice de l’aléatoire à 6 faces. Agréable à jouer en vacances, sur une table de camping ou sur une nappe de pique-nique, c’est un jeu compact à embarquer pour une virée ludique de bon aloi à laquelle tout le monde pourra jouer sans déplaisir le temps de quelques parties. On s’abstiendra tout de même de lui demander plus que ce qu’il est, c’est-à-dire un petit jeu d’initiation qui laissera progressivement sa place pour des titres plus ambitieux.
On aime
- Un excellent premier jeu de dés
- Matériel sympathique
- Pratique à trimballer
- Plein de variantes à imaginer
- Parties rapides et animées
On aime moins
- Sera vite remplacé par des jeux plus ambitieux, vers 6 ou 7 ans.