Test – Pierre le jardinier

Pierre le Jardinier fait partie de la collection de jeux Haba intitulés “Mes premiers jeux” destinée aux tout jeunes joueurs de deux ans et plus. Le principe ici est de faire découvrir à l’enfant le principe de semis, de pousse et de cueillette des fleurs, fruits et légumes au travers d’un petit jeu de parcours coopératif au milieu du jardin..

Jouer à 2 ans, bonne idée ou hérésie?

Avant d’aller plus loin, je voudrais donner mon sentiment sur le débat auquel j’assiste continuellement sur l’âge requis pour démarrer les jeux de société. Une frange des spécialistes de l’enfance est en effet vent debout contre l’arrivée des “premiers jeux”, que ce soit chez Haba,Djeco ou d’autres, avec comme argument principal qu’un enfant de deux ans ne DOIT PAS avoir des règles à assimiler mais DOIT au contraire consacrer son energie au jeu libre afin de développer son imagination et sa créativité. En gros, jouer au Lego, c’est bien, mais lancer un dé pour faire comme papamaman, c’est hyperdangereux et détruit à tout jamais le plaisir de jeu chez l’enfant, le transformant en sociopathe qui va voter Donald Trump.

J’avoue ne pas encore avoir d’avis ultra tranché sur la question, et je me fendrai d’un billet quand je me serai fait une idée plus concise. Mais au stade où j’en suis j’ai envie de dire : laissez vos marmots ouvrir la boîte et regardez ce qu’il se passe. Peut-être qu’ils l’ignoreront  complètement. Peut-être qu’ils prendront les pions pour faire des petites scènes et des petites histoires. Peut-être qu’ils voudront effectivement lancer le dé pour faire comme mamanpapa, comme ça a rapidement été le cas avec mon fils (qui a aujourd’hui deux ans et demi et qui montre effectivement des signes clairs de vouloir voter pour Donald Trump, donc attention).

Mais dans tous les cas de figure, n’interdisez ni n’incitez à rien. S’ils ont envie de jouer avec la boîte, c’est très bien. Mais s’ils ont envie de jouer avec le jeu, pourquoi ne pas essayer ?

Fin de la parenthèse.

Pierre le jardinier, donc.

Et justement, si j’attaque bille en tête avec de hautes considérations pédagoludologiques, c’est parce que Pierre le Jardinier propose un cas inédit : c’est le seul jeu que j’aie ouvert à ce jour et qui propose des pions… qui ne servent à rien. Enfin, pour être plus précis, ce sont des pions qui seront utilisés pour le jeu libre et jouer à jardiner. Ils vont donc enrichir l’univers du jeu et proposer à l’enfant d’y voir une scène de jardinage avec accessoires autant qu’une course contre la montre avec une taupe facétieuse.  Car oui je vous rassure : des règles il y en a aussi pour ceux qui le souhaitent !

Le jeu incite donc à se laisser jouer de toutes les manières possible, c’est à dire aussi bien en suivant les règles qu’en ne les suivant pas du tout, ce que je trouve redoutablement intelligent pour des jeux destinés à un public aussi jeune. Franchement, j’aime beaucoup cette idée !

A la quatrième taupe, il sera exactement…

Pour en revenir au jeu de plateau, Pierre le Jardinier est un jeu coopératif qui propose un mécanisme assez proche du Verger, à savoir de la collecte de ressources avant qu’elles ne soient dérobées par un animal de passage. Mais Théo le Corbeau est en vacances cette semaine et il est remplacé par une taupe malicieuse qui s’amuse à détruire le jardin petit à petit. Pierre le jardinier va donc devoir la fracasser à coup de pelle vite cueillir les fruits de son jardin, qu’il aura vus pousser petit à petit.

A chaque tour de jeu, en effet, le joueur doit décider quelle platebande il décide d’entretenir, afin d’y faire pousser des tulipes, des fraises et des carottes. Chaque entretien permettra de voir l’évolution de la platebande, de terrain bêché tout juste semé à la cueillette à proprement parler.

Un matériel vraiment réussi

Oui, vraiment. On sent que les concepteurs de Pierre le Jardinier ont mis l’accent sur le matériel tant il est maguenifikh et regorge de petits détails charmants. A l’ouverture de la boîte, on se surprend à passer en revue les éléments : du plateau de jeu aux petites réglettes en carton en passant par les pions en bois.

Le plateau, fort joliment illustré, représente un jardin dont la terre vient d’être semée : il est donc grand temps de l’arroser et de regarder les plantes pousser. Les pions en bois sont essentiellement consacrés au jeu libre : on y trouve par exemple une brouette, un arrosoir, des carottes, des tulipes et des fraises. Ils permettront de mimer différentes petites scènes propre à la vie du jardin : arrosage, cueillette, etc.
La règle du jeu est un modèle du genre, avec un pavé explicatif sur le jeu libre, des règles claires et détaillées en couleur, et quelques petites options pour les aménager en douceur. Rien à redire : c’est parfait.

Cultivons notre jardin !

Le principe de Pierre le Jardinier est très simple et réellement accessible au cours de la seconde année de l’enfant. Il suffit en effet de jeter un dé et de déplacer Pierre en fonction de la couleur obtenue. Le joueur pourra alors placer le pion sur la case correspondante et décider quelle végétal il souhaite faire pousser : fraises, tulipes ou carottes. Il place alors la réglette en carton correspondante dans le jardin. Chaque plante va pousser en 3 phases successives avant de pouvoir être cueillie ou récoltée. Il y a en effet 3 réglettes, afin d’illustrer les différentes phases de la pousse. On superposera donc les réglettes en cours de partie pour montrer que notre plante grandit.

Certaines cases sont toutefois “piégées” et déclenchent petit à petit l’arrivée de Toto la Taupe. Si cette dernière montre le bout de son nez avant que vous n’ayez cueilli et récolté toutes vos semailles, vous aurez alors tous perdu la partie. Eh oui, les jardiniers sont comme les footballeurs : “On vit ensemble, on meurt ensemble”. C’est tellement beau le jardinage !

C’est beau, d’accord, mais on joue quand ?

C’est effectivement la question que l’on peut se poser devant Pierre le Jardinier : quand est-ce que l’on joue ? Car si le jeu est sublime et très intéressant à sortir aux premiers jours du printemps, il n’en demeure pas moins que le joueur reste essentiellement spectateur de l’action. Contrairement à Chut Coco, Premier Verger ou Abella l’abeille, pour lesquels des mini décisions stratégiques doivent être prises pour contribuer à la victoire ou la défaite, Pierre le jardinier ne propose au final aucun choix de jeu au joueur. Ce dernier lance le dé, applique le résultat, mais il n’influe jamais en bien ou en mal sur la partie.

Bref, nous ne sommes pas si loin du jeu de l’oie, où l’on accompagne seulement le résultat des dés sans jamais pouvoir l’influencer ou l’accompagner. C’est un jeu pour petits marmots, certes, mais cela n’empêche pas de pouvoir faire en sorte que des décisions puissent être prises afin de décider du sort de la partie.

Pierre le Jardinier, lui, ne décide de rien et tourne en rond dans son petit jardin, victime du choix des dés quoi qu’il arrive. Dommage pour les grands marmots, qui trouveront du coup le temps un peu long, à moins de bricoler quelques règles maison pour donner un peu d’aventure dans ce jardin qui pousse un peu sans nous.

L’avis de Plateau Marmots

S’il manque un peu d’ambition et s’en remet totalement au hasard pour décider de son sort, Pierre le Jardinier bénéficie néanmoins d’une réalisation tout à fait remarquable, sans doute la plus belle que j’ai pu apprécier pour la gamme des Premiers Jeux Haba. Le matériel, splendide, fourmille de détails et de couleurs, et l’idée des plantes qui poussent progressivement permet d’appréhender ce concept dès le plus jeune âge. Pierre le Jardinier encourage au jeu libre, au dialogue et à la découverte, mais on aurait souhaité que le joueur puisse avoir son mot à dire dans le déroulement de la partie, ce qui n’est hélas pas le cas. Rien de scandaleux pour un jeu accessible au plus jeune âge, certes, mais Haba nous avait habitué à des jeux dans lesquels les plus petits doivent tout de même prendre des décisions qui peuvent influer sur le résultat de la partie, comme dans Premier Verger pour ne citer que lui.

Pierre le Jardinier est donc un jeu coopératif agréable à sortir le temps de quelques parties, autant pour jouer avec le matériel qu’avec le jeu lui-même. Il est un bon “Premier Jeu” pour permettre à l’enfant d’appréhender en douceur le rapport cause/conséquence lancer de dé et déplacement, mais il aurait pu se permettre davantage d’audace dans la prise de décision.

Ca fait plaisir

  • Un matériel réussi
  • Des pions en plus pour le jeu libre
  • Une thématique bien exploitée
  • Un mode compétitif proposé

Ca fait pas plaisir

  • On lance le dé… et c’est tout

Le trouver

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Chez Philibert

Fiche Technique

Un jeu de Christiane Hupper
Edité par Haba
Date de sortie 2017
Pour 1 à 3 joueurs
A partir de 2 ans

Pour aller plus loin

 

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