Test – Because Potatoes
De mémoire de joueur, on a vu pas mal de trucs défiler, dans le registre des jeux pour enfants. Des animaux. Beaucoup d’animaux, même. Des pirates, aussi. Quelques licornes, sans doute. Des sorcières, assurément. Des voitures, bien sûr ! Des chevaliers, des dragons, des dinosaures, des fraises, du fromage et tout ce qu’il faut pour un bel inventaire à la Prévert. On en a vu passer pas mal, vraiment. Mais des patates en slip, jamais ! Voilà pourquoi on ne pouvait que craquer pour Because Potatoes !
Because Potatoes est un jeu de plis signé Jean-Paul Derghazarian, illustré par quelqu’un et édité par Widyka.
Le jeu secret de Martin Vidberg ?
Because Potatoes est donc un jeu d’observation qui se déroule avec des patates. Des patates avec des couronnes, des patates avec des gants de boxe et, oui, des patates en slip. C’est comme ça : Because Potatoes est un jeu de cartes à haute teneur en tubercules survitaminées. Tout respire ici la bonne humeur et le fun. Seul bémol à cette fiesta annoncée : le nom de l’auteur est indiqué en toupitipiti au dos de la boîte et on cherche toujours celui de l’illustrateur. Ça inspire pas super confiance… Oui je sais, vous trouverez ça anecdotique en mode « mais c’est que des jeux pour enfants, tout le monde s’en tape », mais pour nous, c’est un gage de crédibilité. Soyez fiers de vos auteurs et illustrateurs, bordel, c’est eux qui ont fait le boulot ! Ils incarnent votre jeu. Si vous ne les mettez pas en évidence, votre jeu n’a pas d’âme, tout bêtement. Bah vi.
Pour cent patates…
Cette absence d’illustrateur identifié est d’autant plus dommage que le contenu de la boîte est plutôt réjouissant. Vous y trouverez un paquet de 64 cartes, illustrant 4 patates franchement sympathiques, et déclinées en une foultitude de variantes : avec des gants de boxe, avec une couronne, en slip ou sans aucun accessoire.
Bon point : les cartes sont épaisses et plastifiées, ce qui les qualifie d’emblée pour du jeu d’extérieur. Voire (soyons fous) pour une pratique intensive sur serviette de plage au Cap d’Agde au mois d’août, ce qui est probablement l’épreuve la plus violente que l’on puisse infliger à un jeu de société.
La règle, de son côté, est un peu brouillonne. Je vous rassure : rien qui n’empêche de se lancer dès la première partie. Prévoyez quand même vos lunettes, car ce n’est pas écrit bien gros.
Même les pommes de terre ont des yeux !
Pour le jeu de base, l’idée est de récupérer le maximum de cartes au terme d’une succession de poses destinées à vous embrouiller les méninges
Le jeu commence en posant une carte sur la table, qui servira de patate de départ. Chaque joueur pioche alors 3 cartes, une main qu’il devra toujours reconstituer en fin de tour. Le premier joueur doit alors jouer une carte, possédant obligatoirement un point commun avec la patate de départ. Cela pourra être une patate identique (frite, chips, vitelotte…) ou une patate différente qui possède un accessoire commun (gants de boxe, slip, couronne). Si le joueur peut placer d’autres cartes, il peut jouer jusqu’à épuisement de sa main. Mais attention ! Chaque carte jouée après la première doit désormais avoir un élément commun avec la carte qui vient d’être posée ! Si un joueur ne peut pas jouer, il défausse une carte et en pioche une autre, puis passe son tour.
Lorsqu’un joueur pose une carte qui possède un élément commun avec celle qui précède ET qui n’a AUCUN point commun avec la carte de départ, il annonce fièrement « Because Potatoes » et ramasse toutes les cartes alignées jusque lors. Il remporte le pli et peut commencer une danse de la joie.
Enfin ça, c’est la théorie. Parce qu’en pratique, Because Potatoes se joue vite, et qu’il faut penser à regarder permanence la carte du début, de plus en plus éloignée de celle que l’on est en train de poser. C’est donc une gymnastique visuelle assez musclée qu’il va falloir pratiquer à chaque pose. Votre cerveau doit en effet chercher un point commun avec la carte la plus proche, et une absence totale de points communs avec la carte la plus éloignée. L’idée est géniale, mais on en ressort lessivé.
Une fois les cartes ramassées, on repart sur un nouveau round. Une nouvelle carte est piochée pour servir de patate de référence, et on enquille à nouveau les patates, jusqu’à épuisement des stocks. En fin de partie, le joueur qui aura ramassé le plus de cartes est déclaré vainqueur.
Des heures de (f)rire !
Les sensations de jeu sont inévitablement excellentes, parce que chaque pose de carte devient un moment d’intense paranoïa. On y retrouve le meilleur du huit américain. Vous savez, ce moment où l’on met la main sur une carte qui permettrait de remporter le pli, mais sans pouvoir créer la séquence permettant de la placer.
Comme souvent, les marmots sont plus forts que les grands à ce type de jeu, tout simplement parce qu’ils ont mémorisé la carte de départ et qu’ils n’ont plus besoin de la regarder pour le reste du pli. Et le souci, ce qui va fatalement arriver, c’est que vous allez poser des cartes qui vous permettraient de remporter la mise, mais que vous n’allez pas vous en rendre compte. Ou alors trop tard. Vous serez alors confronté à votre vieillesse prématurée, et vous vous mettrez spontanément en PLS. Les patates, c’est comme les oignons, des fois ça fait pleurer.
Des menus variés
Because Potatoes n’hésite pas à vous proposer plusieurs variantes, en plus de celles que vous vous bidouillerez vous-même. Sans les détailler, on vous dira qu’elles tortureront volontiers vos méninges, pour le plus grand fou rire de vos adversaires.
Une variante, par exemple, propose d’empiler les cartes plutôt que de les étaler. Evidemment, la première n’est plus visible : démerdez-vous pour vous souvenir si la patate avait un slip ou une couronne !
Une autre variante, plus bordélique, consiste à jouer sans attendre son tour, façon anarchie absolue. C’est le mode de jeu idéal pour se faire une entorse au poignet ou pour lacérer la main de ses adversaires avec vos ongles effilés. Pas trop mon truc, mais les bourrins seront aux anges, d’autant plus que les cartes sont assez solides pour tenir le rythme.
L’avis de Plateau Marmots
Because Potatoes est un petit jeu de plis très astucieux et servi par un matériel véritablement tout terrain. Le concept de devoir poser une carte proche de celle qui précède, mais éloignée de celle qui permettra de remporter le pli, est une pure merveille d’ingéniosité, et saura alimenter de jolies heures de jeu. Enrichi de variantes simples mais aisées à mettre en place, Because Potatoes fera le bonheur de vos tables de jeu à l’heure du goûter… ou des chips !
On aime
- Un concept imparable
- Une réalisation au top
- Des cartes vraiment solides
- Des variantes à essayer
On aime moins
- Mettez les auteurs et illustrateurs en avant, bordel !
- Une règle un peu expédiée
Le trouver
Fiche technique
Un jeu de Jean-Paul Derghazarian
Illustré par quelqu’un
Edité par Widyka
Pour 2 à 8 joueurs
A partir de 6 ans
Voilà un petit jeu qui m’a l’air très intéressant… L’anniversaire de mes grands marmots arrivant bientôt, je crois que j’ai trouvé une bonne idée. Des patates en slip, ils vont adorer!!! Merci Plateau Marmots!
D’ailleurs, pour info, j’ai vu que ce jeu est nominé au FLIP, et j’ai trouvé le nom de l’illustrateur sur leur site :
Auteur : Jean-Jacques Derghazarian
Illustratrice : Marie Cottu
Testée hier soir entre deux vieux enfants de 54 et 63 ans… je sens un potentiel de poilades non négligeable 😊 Melangez les cartes entre les tours!