Test – Morris le Dodo
Les dodos, une espèce disparue ? On pourrait en douter, finalement, quand on voit que ce singulier volatil a récemment été mis en vedette de jeux emblématiques, comme Dodos riding dinos, ou Dodo (tout court). Comme vous l’aurez compris, nous avons ici affaire à l’un de ces sympathiques emplumés, qui va devoir – une fois encore – préserver ses œufs. Pas de montagne à dévaler dans le cas présent, mais un explorateur un peu trop curieux qui s’en vient fouiner dans les parages. Comment Morris le dodo parviendra-t-il à protéger sa progéniture ? La cachette idéale ne serait-elle pas de cacher les œufs dans les buissons, au pied de la cascade qui bouillonne en contrebas ?
Emilie & Jérôme Soleil Gyom | Blue Orange
1 à 4| A partir de 3 ans | 15 min | Coopération badaboumesque
Chouette, un 3+ !
Avant d’entamer ce bouleversant test, je ne peux que féliciter Blue Orange de nous proposer un jeu pour cette tranche d’âge des 3 ans et plus. Une cible complexe qui commence à maitriser ses premières « vraies » règles mais qui demande des temps de jeux courts pour conserver le fun intact tout au long de la partie. Bravo aux éditeurs qui s’engagent dans cette voie périlleuse, mais o combien précieuse pour nos marmots. Dans le cas de Morris, on appréciera tout particulièrement la mini bande dessinée qui accompagne le titre, intro parfaite pour se mettre dans l’univers !
Un plateau bien choupi
Avant de découvrir ensemble ce jeu coopératif, commençons par un petit émerveillement de bon aloi : le plateau de jeu, qui représente le nid du dodo en amont de la chute d’eau, est une petite merveille d’efficacité. Le matériel est particulièrement choupi, solide et coloré, et permet de se représenter la scène au premier coup d’œil. La vedette du jeu, Morris le Dodo, est représenté par un pion en bois très agréable à manipuler. Quant au plateau de jeu, directement posé sur la boîte, il représente le sommet de la chute d’eau, avec un chemin coloré que l’explorateur doit parcourir pour atteindre le nid. Dans ce dernier sont disposés des jetons œufs colorés qui proposent deux faces : une « normale » et une seconde « œuf cassé » au verso. La chute d’eau, pour finir, est formée par une pente en carton, seule voie de sortie possible pour le dodo. Des tuiles recto verso indiquent les cachettes possibles des œufs, placées en contrebas du plateau. La mise en place est effectuée en quelques secondes et permet de se mettre immédiatement dans l’ambiance : c’est un très joli travail d’édition.
A Lille, chez Maurice
Commençons, la partie ! A son tour, le joueur prend un ou deux œufs et les dépose comme bon lui semble sur le dodo, sur son dos ou sur ses ailes. Une fois la bestiole lestée, le joueur la laisse glisser le long de la cascade et atterrir (plus ou moins élégamment) en contrebas. Dans la plupart des cas, les œufs auront été éjectés lors de la chute. On regarde alors comment les œufs ont atterri. Si les œufs sont à l’endroit, le joueur peut alors les placer dans les buissons environnants, sur les cases de la couleur correspondante. En revanche, tout œuf qui arrive sur sa face « œuf cassé » active l’explorateur, qui se déplace alors automatiquement vers la prochaine case de la même couleur que l’œuf cassé. Vous comprendrez alors aisément qu’il vaut mieux choisir des œufs de couleurs proches de celles de l’explorateur pour minimiser les risques, un petit effet tactique que vos marmots apprendront à maîtriser avec bonheur.
En revanche, une fois qu’un buisson est complété, l’explorateur est reculé du nombre de cases correspondant aux flèches présentes sur les buissons. De manière très logique, plus une cachette demande d’œufs pour être complétée, plus l’explorateur sera reculé. Là aussi il y a un petit choix tactique à opérer au moment de placer ses œufs !
Les joueurs sont victorieux s’ils ont réussi à faire sortir tous les œufs du nid avant l’arrivée de l’explorateur, et ils perdent collectivement la partie dans le cas contraire.
En colonne, Morris !
Comme tout jeu de glissage-badaboumage, il y a toujours un plaisir vif et franc à précipiter un truc d’une hauteur pour voir comment il se comporte une fois en bas. Et ce, quel que soit son âge. Ce qui explique pourquoi Morris demeure si amusant quel que soit l’âge des petits joueurs, un excellent point pour le titre. De fait, le titre est très équilibré et permet aux marmots d’expérimenter leurs premières tactiques d’optimisation, une fois qu’ils auront le jeu un peu en main. Quels œufs choisir ? Quelle cachette privilégier ?
Les enfants comprendront rapidement que les choix effectués ne sont pas sans incidence sur la victoire ou la défaite. Les grands frères et grandes sœurs se feront souvent un malin plaisir à expliquer les conséquences possibles du choix d’un œuf plus que d’un autre, surtout si une défaite proche n’est pas à exclure. Envoyer les œufs deux par deux, par exemple, peut s’avérer catastrophique en cas de double échec. Il faut donc faire preuve de dextérité, voire d’inventivité, dans l’envoi du volatil ; mais également savoir gérer les couleurs les moins risquées au vu de la menace de l’explorateur. Si ce dernier est sur une case rouge, par exemple, il sera alors très aventureux d’envoyer le dodo avec un œuf rouge sur le dos. En cas d’œuf cassé, l’explorateur franchirait soudain plusieurs cases d’un seul coup, ce qui risquerait de l’approcher très dangereusement du nid.
Des règles maison qui fonctionnent bien !
Après quelques parties gagnées, on pourra s’amuser à créer des variantes pour un peu plus de tension, surtout avec les plus grands. Outre le fait de faire démarrer l’explorateur quelques cases après le point de départ pour se donner un peu plus de challenge, on pourra aussi s’amuser à piocher les œufs dans un sac, pour ne plus pouvoir choisir sa couleur de départ, ou lancer un pari avant chaque envoi de Morris. Si les œufs ne sont pas cassés, il est possible d’en sauver un autre gratuitement en bonus. Mais dans le cas contraire, l’explorateur avancera de deux cases supplémentaires après son déplacement. Bref, il y a plein de jolies manières de corser le jeu et de le rendre encore plus « joueur » alors que vos marmots grandiront en âge, pour faire de Morris le Dodo un compagnon de jeu de longues années durant.
Morris vs Go Gorilla
Il y a quelques années de cela, nous avions testé un jeu qui proposait une scénographie assez similaire, avec un Gorille sous forme de boule qui dévalait une pente pour mieux dégommer un arbre (qui justement ne devait surtout pas tomber). Le jeu était chouette mais bien trop punitif pour être réellement amusant sans aménagements conséquénts. De ce point de vue, Morris est bien plus abouti !
L’avis de Plateau Marmots (Olivier)
Morris le Dodo est un chouette coup de cœur de début d’année, le genre de petit jeu dont on n’attendait pas forcément grand-chose et qui squatte les tables de jeux. Son principe – totalement enfantin – permet aux marmots de le prendre immédiatement en main et de développer leur maîtrise du jeu au fil des parties. Quant aux adultes, ils se régaleront toujours de faire tomber un pion et de voir ce qu’il se passe sur la zone d’atterrissage. Un excellent jeu, donc, qui permet de jouer tous ensemble avec un enthousiasme enfantin.
On aime
- Simple, efficace, captivant
- Un objet en pente, garantie de fun
- Matériel solide
- Plein de possibilités de règles maison
On aime moins
- En vrai ? Rien.