Test – Nessie

Et s’il y avait quand même une grosse bestiole au fond du Loch Ness ? C’est la question que se posent quatre plongeurs, très excités à l’idée d’être les premiers à ramener une photo du plus célèbre dinosaure d’Écosse sur leur iFaune waterproof. Oui, mais voilà, les eaux du Loch Ness sont piégeuses, mouvantes et pleines de surprises… Qui sera le premier à prendre suffisamment de clichés de Nessie pour faire la une du Daily Mirror ?

Nessie est un jeu de Bernhard Weber et Jens-Peter Schliemann illustré par Sergey Kardakov et édité par Lifestyle Boardames. Il se destine à 2 à 4 joueurs, à partir de 6 ans.

Un regard qui transperce la brume…

Nessie, c’est avant tout un plateau de jeu. Pour vous la faire courte, j’ai croisé Nessie pour la première fois à Cannes, ce printemps. Je me promenais innocemment dans les allées, allant de table en table devant des jeux qui avaient tous tendance à se ressembler. Et bim, sur une table trônaient deux jeux qui en mettaient plein la vue : La danse des Vampires (dont le test arrive très vite) et Nessie.

Pour vous dire les choses comme elles sont, ces deux jeux font leur petit effet, dès le premier regard. Ils donnent immédiatement envie de jouer tant ils sont colorés et superbement illustrés. Une fois mis en place, ils suggèrent une expérience de jeu qui s’annonce particulièrement prometteuse.

Bref, j’avais hâte d’être en possession de ces jeux pour voir si l’effet waouh qu’ils ont provoqué chez moi se transmettrait aux marmots testeurs. Pas de faux suspense, je peux déjà vous dire que oui !

My name is Ness’, Guy Ness’

À l’ouverture de la boîte, on découvre un jeu à la fois beau, fun et original, ce qui tient plutôt de l’exploit par les temps qui nagent. Nessie est composé d’un plateau en deux niveaux. Le premier, légèrement concave, sert de fond marin. Vous y déposerez avec amour une bonne pelletée de jetons, représentant divers éléments aquatiques : algues, poiscaille, coquillages, hippocampes, bulles, et parties de dinosaure amphibien à vocation touristique. Ces derniers, divisés en 6, présentent à chaque fois un morceau de son anatomie (tête, nageoire, ventre…) et sont à collectionner pour former une photo complète.

La partie supérieure du plateau, quant à elle, vient se poser au-dessus de ce bouillon de culture écossais. Il s’agit de la surface du lac, percée de nombreux trous qui serviront aux plongeurs pour atteindre le fond. À chaque fois qu’un joueur choisit un emplacement, plouf, on enlève la tuile de surface et l’on peut voir ce qu’il y a dans le fond. Simple et élégant.

Les illustrations sont de circonstances, colorées et réussies. Elles jouent un rôle très important dans le déroulement du jeu, comme nous le verrons plus bas.

Le jeu contient également quatre smartphones (en carton, hein, rêvez pas) qui serviront à prendre la photo de Nessie, ainsi que les tuiles permettant de la constituer.

La règle est simple et claire avec une difficulté paramétrable. Vous saurez jouer après votre première lecture sans souci.

On se lève tard, mais on se Cousteau

Le principe de Nessie consiste à être le premier plongeur qui reconstitue une photo de la bestiole. Il faudra donc trouver 6 éléments distincts du monstre, disséminés au milieu des eaux sombres et mystérieuses.

À son tour de jeu, chaque joueur place son plongeur sur la tuile de surface de son choix. Mais il ne le fait pas tout à fait au hasard : chacune d’entre elles est percée de telle sorte que l’on puisse avoir une petite idée de ce qui se trouve dessous… C’est un tout petit trou, certes, mais qui permet déjà d’entrevoir une couleur fugace. « Est-ce un poisson ou une nageoire de Nessie que j’aperçois ici ? » On prendra donc le temps d’observer la surface du lac avant de décider de son emplacement de plongée.

Une fois en place, hop, on enlève la tuile et on révèle ce qu’elle cache : les jetons poissons, bulles, algues et, avec un peu de chance, un petit bout de monstre loquenessien.

Si une tuile de Nessie est complètement visible (ou si vous pouvez la faire glisser jusqu’à ce qu’elle le soit sans toucher à la boîte), vous pourrez alors prendre la tuile correspondante dans la réserve et la placer sur votre téléphone. En revanche, vous ne touchez pas aux tuiles du plateau : elles restent en jeu tout au long de la partie, pour garantir le grand fouillis subaquatique.  

Le truc, c’est que beaucoup de tuiles sont illustrées de sortent à RESSEMBLER à Nessie, afin de vous inciter à plonger tête la première. Ce poisson a le même visage, cette tortue a la même nageoire, et la coquille de ce coquillage ressemble à s’y méprendre au dos du monstre du Loch Ness. Il faudra donc plonger pour vérifier… et avoir une bonne surprise, ou pas. C’est très bien vu et permet un énorme plaisir de jeu. On ne sait jamais, avant de dévoiler la tuile, ce que l’on va VRAIMENT trouver en dessous. C’est fun, et très bien vu.

L’étrange créature du Lac Bleu

Jusque là, on pourrait penser que Nessie n’est rien d’autre qu’un jeu de mémoire un peu fancy. Mais le titre va heureusement beaucoup plus loin. Lorsque le joueur effectue sa plongée, il perturbe bien évidemment la faune et la flore. Le plongeur, avant de refermer la tuile, doit donc mélanger tout ce qu’elle contenait en poussant les jetons avec son doigt. Plusieurs méthodes sont possibles, du tourbillon à la pichenette, mais l’important c’est de vider la zone… et de faire en sorte que vos adversaires ne parviennent pas à voir exactement dans quelle direction est partie la nageoire de Nessie qui leur manque tant !

Vos jetons propulsés vont en chasser d’autres, qui vont en chasser d’autres, et les fonds marins seront ainsi en constant mouvement, tour après tour. C’est une excellente idée, qui apporte beaucoup de vie au jeu.

Notez aussi qu’il est possible, pour un joueur, de ne pas bouger et/ou de ne pas plonger. Cela peut sembler bizarre sur le moment, mais c’est en fait très tactique. Comme deux joueurs ne peuvent se trouver sur le même emplacement, bloquer une zone que vous savez stratégique pour un adversaire en laissant vos adversaires dévoiler les pièces qui vous manquent peut s’avérer très payant.

Encore un ver

Après les premières parties tranquilles, vous pourrez ensuite monter en gamme en appliquant certains effets, déclenchés par la faune sous-marine. Un poisson doré permet de rejouer, un coquillage permet d’échanger un jeton photo avec un autre joueur, le calamar force un joueur à donner un élément de photo à un autre, la tête de poisson permet de dévoiler secrètement une tuile du lac, etc.

Pour être tout à fait honnête, l’ajout de ces mécanismes ne nous a pas semblé super pertinent. Il rajoute beaucoup de durée de jeu, pas mal de mouvement et de confusion, et noie (haha) un peu l’intérêt central du jeu, pourtant excellent. Le truc, c’est qu’il n’est pas rare de dévoiler deux ou trois tuiles « à effets », ce qui crée des tours parfois un peu laborieux où l’on perd volontiers le fil de la partie. La solution, c’est de n’appliquer qu’un effet par tour, au choix du joueur. Mais vous pouvez tout aussi bien vous passer de ces effets si vous jouez avec des marmots de 6 – 8 ans et profiter de parties tout aussi plaisantes.   

Le Nessie pour une lanterne

Après ce déluge de louanges, on en arrive à cet endroit moins agréable du test où nous remettons un peu les choses en perspective. Concernant Nessie, par grand-chose à redire sur le fond (du lac), mais on prendra quelques lignes pour évoquer la forme. Que ce soit pour des raisons de maîtrise des coûts ou pour tout autre facteur, on sent que Nessie (de même que La Danse des Vampires, d’ailleurs) n’a pas le degré de finition d’un jeu Haba, Loki ou Gigamic. Comprenez par là que le dépunchage est quelque peu laborieux et que la découpe n’est pas d’aussi bonne qualité que pour certaines autres productions dédiées aux jeux enfants. Si vous avez la curiosité de sortir l’intégralité du plateau de jeu de la boîte, vous tomberez sur un carton brut, carrément un peu déchiré sur notre exemplaire. Rien qui ne perturbe le jeu, évidemment, mais on sent « à l’usage » que le matériel est de qualité « moyenne », indépendamment du plaisir de jeu. Pour un jeu vendu pas loin d’une trentaine d’euros, on aurait apprécié un degré de finition un poil supérieur. On chipote, comme toujours, mais le jeu est suffisamment original et intéressant pour mériter un matériel encore plus abouti. Pas de déception, donc, mais une envie d’inciter l’éditeur à aller plus loin encore sur ses prochaines productions.

L’avis de Plateau Marmots

Intuition, observation, tactique : Nessie dispose de tellement d’atouts qu’il est fastidieux de les dénombrer. Retenez juste que les sensations de jeu sont excellentes et que l’on s’amuse vraiment à mettre en place des petites stratégies, au fil des parties, pour devenir un plongeur émérite. L’idée de créer des jetons qui ressemblent à Nessie pour enduire d’erreur les plongeurs est tout simplement excellente et permet de grands moments de fun, en mode « aaargh, j’aurais juré que c’était sa queue ». L’idée de disperser les jetons à chaque fin de tour est encore plus géniale et permet un jeu toujours dynamique, même sans ajouter les effets prévus pour booster le fun.

En bref, Nessie est une excellente surprise, un jeu très original qui mixe observation et mémoire pour des heures d’immersion. On se jette à l’eau, et on recommande.

On aime

  • C’est original
  • C’est beau
  • C’est fun
  • Le mélange des jetons après chaque tour
  • Un plateau de jeu qui en jette
  • Les smartphones en carton

On aime moins

  • La finition aurait pu être meilleure
  • Des effets (optionnels) qui ajoutent plus de confusion qu’autre chose

Le trouver

Chez Philibert
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Fiche Technique

Un jeu de Bernhard Weber et Jens-Peter Schliemann
Illustré par Sergey Kardakov
Edité par Lifestyle Boardames
Pour 2 à 4 joueurs
A partir de 6 ans.

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