Test – Tubyrinth (Histoire d’eau)
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la plomberie c’est toujours le métier que l’on regrette de ne pas avoir choisi le jour où l’on se retrouve les pieds dans l’eau avec des canalisations qui giclent de partout. Fort heureusement, Lifestyle Boardgames Ltd et Atalia ont décidé de nous offrir une session de rattrapage pour devenir de parfaits petits plombiers. Alors sortez vos clés à molette sabliers, et préparez-vous à cogiter sévère !
Hache de zoos
Je sais de quoi vous avez peur, mais rassurez-vous : je vous épargnerai tous les bons mots autour de l’eau et des tuyaux. Les différents testeurs qui se sont attaqué à Tubyrinth avant moi ont hélas déjà épuisé les vannes le sujet. De Nabilla (à l’eau !) à Huggy et ses bons tuyaux (qui vont faire un tube), il y avait effectivement de quoi se faire plaisir. Arrivant bon dernier je resterai donc sobre, et c’est en toute solennité que je peux affirmer qu’aucun verre d’eau ne sera maltraité au cours de la rédaction de ce test.
Tubyrinth est un jeu signé Martin Nedergaard Andersen, à qui l’on doit notamment Bandido, Fruit Mix (que l’on testera bientôt), Giraffomètre, et Hippo (qui vient tout juste de sortir chez Helvetiq). Autant dire que le bonhomme n’en est pas à son coup d’essai et qu’il mérite donc toute notre attention. Loin de l’univers des Hippopotames dans une piscine, toutefois, Tubyrinth est un jeu de rapidité et de logique, arrivé sous nos latitudes fin 2017.
Son principe est clair comme de l’eau de…
Son principe est limpide
Son principe coule de sou…
Pour gagner, il faut rallier un point A à un point B en créant le plus long chemin de canalisations possible. Cela vous semble trouble flou ? Alors on va voir ça de plus près.
Un hommage aux nineties…
Les plus sages d’entre vous (ceux qui connaissent la différence entre une disquette 3,5 et 5,¼) se souviendront peut-être de Pipe Mania, un jeu vidéo sorti en 1989 sur PC MS-DOS et dans lequel il fallait créer un pipeline en temps limité alors que l’eau était simultanément en train de couler. Ces gens-là (appelons-les par leur nom : des vieux) peuvent cesser leur lecture immédiatement : ils savent jouer à Tubyrinth. Enfin non, je déconne, restez, il y a quand même des nuances intéressantes. Mais grosso modo on va dire que oui, Tubyrinth est une sorte de Pipe Mania décliné au format jeu de plateau, ce qui est par ailleurs une excellente idée.
…adapté au 21e siècle
Pour les autres, les mécréants qui ne savent même pas ce qu’était une disquette, reprenons les bases. Dans Tubyrinth vous devez relier deux points d’eau au moyen d’une canalisation. Pour construire cette canalisation, vous disposez de 7 tronçons, plus biscornus les uns que les autres, et il faudra en utiliser au moins 5 pour que votre canalisation soit réglementaire. Gardez toutefois à l’esprit que plus vous utiliserez de tronçons, plus vous marquerez de points. Enfin… Si vous parvenez à finir avant vos adversaires, évidemment. En effet, il ne suffit pas de résoudre un puzzle pour gagner, encore faut-il le faire avant les autres. Cela vous incitera probablement, en cours de partie, à réfréner vos envies de grandeur pour privilégier l’efficacité.
“Mon dieu, c’est plein d’étoiles de déchets”
La vie étant généralement aussi compliquée qu’un problème de robinets,
Puisque la vie ne vous fait pas de cadeaux, vous ne pourrez pas créer votre canalisation comme bon vous semble. En effet, les pipelines doivent être construits sur une grille de 8 x 8 cases, dont certaines sont obstruées par des gravats et autres détritus. Eh oui, vous posez vos tuyaux sous terre, et vous devrez donc contourner les obstacles : interdit de passer au travers. Et dans la mesure où le jeu contient 82 grilles différentes, vous n’êtes pas prêt de pouvoir les mémoriser. On vous avait bien dit que ce ne serait pas si facile !
Et y’a quoi, dans l’tuyau ?
À propos de la boîte de Tubyrinth, on peut dire que c’est un modèle du genre. Le jeu étant jouable jusqu’à 6 joueurs, on y trouve donc 6 sets de tuyaux en carton, aux formes identiques, mais aux couleurs différentes. On trouve également des petits sachets refermables pour éviter de mélanger chaque set, et une encoche dans le double fond de la boîte pour pouvoir en extraire facilement le contenu. C’est simple, mais très efficace. Les illustrations sont claires, ce qui est essentiel pour ce type de jeu, et la règle est pleine d’humour, ce qui change un peu.
Outre les morceaux de pipeline, le jeu contient un plateau de score, un sablier et 41 grilles recto-verso. Aucune ne m’a semblé spécialement plus facile ou difficile qu’une autre : difficile donc de faire un pronostic de victoire au moment de la distribution. Car oui, vous allez tous jouer, en même temps, mais sur des grilles différentes.
Comment on joue ?
Le principe de Tubyrinth est aussi simple qu’impitoyable : chaque joueur se munit d’une grille et d’un set de tuyaux de la couleur de son choix. Au top départ, chaque joueur découvre sa grille et tente de créer son réseau de la Lyonnaise en utilisant le plus de morceaux possible, et au minimum 5. Évidemment, chaque morceau placé doit activement servir à l’écoulement de l’eau. Le premier joueur qui parvient à relier ses deux points d’eau le signale aux autres et déclenche alors le sablier. Les autres ont alors une poignée de secondes pour finir leur tracé. Si l’un d’entre eux y parvient, il retourne à nouveau le sablier pour donner du temps aux autres, et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les joueurs finissent ou abandonnent à cause du dernier grain de sable.
Le premier joueur gagne alors 1 point par pièce jouée, de 5 à 7, donc. Le second gagne 1 point par pièce jouée, moins 1 point. Le troisième 1 point par pièce jouée, moins 2 points, et ainsi de suite. Le premier joueur qui parvient à cumuler 25 points remporte la partie.
La plomberie, ça fait suez transpirer.
Tubyrinth est avant tout un puzzle game, qui aurait très bien pu sortir en 3D chez Smart Games. En effet, lorsque l’on retourne la grille du « problème » à résoudre, les neurones se mettent soudain à crépiter au vu des contraintes et des possibilités qui se présentent. Mettre un tuyau long ou commencer par un coude pour se donner la place de jouer plus de 5 morceaux ? Se concentrer sur son tracé ou regarder du coin de l’oeil ce que font les autres pour évaluer le temps qu’il nous reste ? Se contenter de son tracé en 5 tronçons ou tenter d’en rajouter un ou deux pour la gloire ?
Toutes ces questions, posées dans l’urgence, sont toujours un moment plein d’angoisse et de fun, où l’on transpire à grosses gouttes jubile en approchant de la sortie et où l’on pleure en constatant que notre réseau de distribution surtaxé sera trop court d’une case. Ce fatal désenchantement sera évidemment ponctué rapidement par les cris des adversaires, annonçant tour à tour leurs petits succès mesquins.
En terme de jeu, les sensations sont excellentes, mais forcément un peu répétitives, et Tubyrinth n’est donc pas de ces jeux qui resteront quatre heures sur la table du salon. Deux ou trois parties de temps en temps, et on partira se rincer la tête avec un jeu plus paisible sur les animaux de la (terre) Ferme, loin du sourd tumulte des flots tuyaux sous-terrains.
Des variantes variées
Pour varier les plaisirs, Tubyrinth s’adapte volontiers au public qui y joue. Pour les plus jeunes (6 à 8 ans), on jouera souvent sans tenir compte des obstacles sur le plateau de jeu et sans compter le nombre de pièces utilisées (tant que chaque joueur en utilise au moins 5). Le premier à finir son tracé gagnera 1 point, ses adversaires 0. Le premier joueur qui atteint 5 a gagné.
A l’inverse, il sera amusant de jouer entre adultes en mode hardcore, avec un nombre de pièces à placer imposées pour toute la partie.
Un mode solo est également disponible, comme dans la plupart des puzzles games. On peut le prendre dans le sens que l’on veut : soit la résolution du maximum de puzzles dans un temps imparti avec un nombre défini de pièces obligatoires, soit un marathon visant à enquiller un nombre défini de grilles dans le délai le plus court. Le mode solo est parfait pour les marmots, qui peuvent ainsi appréhender le jeu sans subir la pression d’eau des adversaires.
L’avis de Plateau Marmots
Tubyrinth est donc un bon jeu, simple et efficace, qu’il sera plaisant de sortir de temps à autres pour s’offrir une petite heure de cogitation frénétique. Une jolie boîte, un matériel réussi, et beaucoup de grilles différentes permettent de faire tourner les neurones une heure ou deux, le temps d’un tournoi bien arrosé. Après, il est clair que ce n’est pas un jeu que l’on sort tous les jours et il sera donc à réserver aux réunions familales, puisqu’il est jouable jusqu’à 6 joueurs. J’avais peur, avant de commencer à jouer, qu’il favorise beaucoup trop les adultes par rapport aux enfants. Ma première défaite 5 — 1 contre un marmot de 6 ans m’a permis de relativiser cette crainte. Il faudra donc avant tout faire gaffe au niveau de vos adversaires, bien plus qu’à leur âge. On a l’esprit logique ou on ne l’a pas. Il sera toujours possible de donner des handicaps aux plombiers de service, en les obligeant par exemple à utiliser leur tuyauterie au grand complet.
Le mode solo est toutefois celui que j’aurais tendance à privilégier pour les marmots, surtout avant 8 ans. Quand ils auront réussi à boucler une quinzaine de grilles en 20 minutes, ils seront mûrs pour le CAP Plomberie. A eux alors, les joies des dépannages d’urgence et de l’argent facile… et en liquide.
Ca fait plaisir
- Un puzzle game multijoueurs
- Un concept simple et sympa
- 82 grilles à résoudre
- Le jeu solo en temps limité, parfait pour les marmots
Ca fait moins plaisir
- Forcément rapidement répétitif
- Certains affrontements virent au massacre pur et simple
Fiche Technique
Un jeu de Martin Nedergaard Andersen
Illustré par Oksana Dmitrienko
Édité par Lifestyle Boardgames Ltd
Distribué par Atalia
Sorti en 2017
Pour 1 à 6 joueurs
A partir de 8 ans
Parties de 20 minutes
A découvrir chez Philibert
En images…
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