Test – City Blox

« La ville Lego se construit sur la ville, rajoutant de nouvelles briques sur les anciennes. C’est une ville de greffes et de flèches, une ville de l’empilement, de la superposition et du découpage vertical de l’espace. Le sol venant à manquer, on grimpe vers le ciel. 

Le concept n’est pas nouveau, il remonte à Babel. Les villes se sont toujours construites sur elles-mêmes, strate par strate. Les sept collines de Rome sont des amas de ruines entremêlées que la ville ne cesse de remuer et sur lesquelles elle a bâti notre histoire. » Erik Orsenna, Désir de villes

City Blox est un jeu de Jacob Berg, illustré par Carla Naude, à partir de 6 ans, pour 2 à 4 joueurs, pour des parties de 15-20 min. C’est édité par Jacob Brick Games.

Densifier et respirer

Étant un nostalgique de la gamme de jeux Lego sortie il y a quelques années et qui connaît toujours un beau succès à la maison, qu’est-ce que j’avais hâte de l’avoir dans les mains cette boîte ! Immédiatement vous entendez la douce et agréable musique des pièces de construction qui s’entrechoquent, vous suppliant de les libérer. Mais pas trop vite ! L’illustration de Carla Naude est intelligente, moderne, drôle ; plusieurs idées cohabitent, contrastent et donnent au jeu une démonstration manifeste. Les contours puissants donnent une assise au titre, d’interminables routes s’étirent au-delà de la boîte, les blocs de construction sans lignes s’inscrivent dans un paysage en devenir : en construction, puis déjà praticable avec ces parterres fleuris, cette fontaine et ce ballon. Les enfants ne sont pas loin. Magnifique.

Construire des villes qui s’élèvent sur du plastique

A l’intérieur de la boîte : 12 terrains à bâtir de 8×8 (crans), 77 blocs de construction de 6 couleurs et d’autant de dimensions (1×1, 1×2, corner, 2×3, 2×4), 12 cartes Evénement et 36 cartes Paysage (résidences, écoles et supermarchés). Le matériel s’agence parfaitement dans la boîte, semble de qualité ; notamment les cartes Paysage plastifiées, ce qui est très bien vu puisque ce sont des cartes évidées de manière irrégulière et qu’il y a forcément des endroits plus fragiles que d’autres. Du matériel de très belle qualité que les marmots s’empressent d’utiliser pour de la construction libre en attendant que les règles soient lues.

Le désir d’une ville

Dans City Blox, vous êtes les architectes d’un petit quartier et vous livrez une course pour être le premier à construire sa résidence, son école et son supermarché. Pour cela rien de plus simple : chaque joueur prend trois terrains et une carte Paysage de chaque variété de terrain qu’il place devant lui. A chaque tour, chaque joueur récupère une pièce qu’il pose (ou pas) sur l’un de ses terrains. Le premier joueur à faire correspondre ses constructions avec ses trois cartes Paysage gagne la partie.

La règle du jeu propose que vous utilisiez la boîte comme support de jeu. Les blocs de construction et les Evénements restent dans leurs compartiments respectifs. La construction sur les terrains est réalisée au tour par tour ; chaque tour voit un joueur piocher des blocs de construction pour tous les joueurs qu’il pose au centre de la table. A 2 et 4 joueurs on pioche 4 blocs, à trois joueurs 3 blocs. Ensuite en commençant par le joueur qui a pioché, chaque joueur choisit un bloc de construction qu’il place sur l’un de ses terrains à bâtir. S’il ne veut pas ou ne peut pas placer son bloc, il le met de côté et, lorsqu’il en aura deux, il pourra immédiatement les échanger contre un bloc désiré.

Quelques règles de construction : il faut placer un bloc de manière à ce qu’il respecte la découpe des cartes Paysage ; une fois posé le bloc ne peut être déplacé.

Laboratoire d’architectures et d’urbanismes

L’originalité géniale repose sur les cartes Paysage évidées, toutes selon des schémas différents, qui doivent être complétées par un certain nombre de blocs : en général les cartes résidences comportent 2 blocs, les écoles 3 et les supermarchés 4. Lorsque l’on pense son terrain complété, on pose la carte Paysage sur le terrain, pour voir si elle s’imbrique parfaitement avec votre construction. Ainsi, le joli graphisme de la carte Paysage sera complété par la construction des blocs posés. Les illustrations de Carla Naude à l’échelle, complétées par les blocs fonctionnent parfaitement et offrent des instantanés de petites vues architecturales poétiques et colorées du plus bel effet.

Si les blocs n’ont pas été correctement placés, alors en guise de pénalité vous devez renvoyer un bloc de votre construction dans la boîte ; à ce moment précis le jeu vous autorise aussi à repositionner tout bloc mal placé.

Correctement imbriqués, vous avez le droit de piocher une carte Événement et vous appliquez les effets.

La partie est remportée par le premier joueur qui imbrique correctement ses trois cartes Paysage.

Les villes ont des ennemis

Les effets des cartes Evénement doivent être effectués immédiatement et ne s’appliquent qu’aux terrains qui n’ont pas été terminés. Parfaitement thématiques, elles assaisonnent le jeu d’une pointe de piment d’Espelette, les rendant indispensables.

Leurs effets s’appliquent et enquiquinent de plusieurs sorte : ceux qui s’appliquent à vous, aux autres, à tous les joueurs, ceux qui vous font gagner ou perdre des blocs. Quelques exemples : la CONSTRUCTION DÉFECTUEUSE impose à chaque joueur de renvoyer un bloc de construction jaune 2×2 dans la réserve (si possible), la FUITE D’EAU de renvoyer un de vos blocs de construction dans la réserve, JOYEUX ANNIVERSAIRE vous offre un bloc de la réserve, PAUSE DÉJEUNER permet de donner cette carte à n’importe quel joueur pour qu’il passe son prochain tour…

L’urbanisme en open-source

Très astucieusement City Blox propose plusieurs niveaux de difficultés qui permettent, autour d’une table où plusieurs âges et niveaux se trouvent mélangés, de mettre tout le monde à égalité. Ou pourquoi ne pas faire évoluer les règles au fur et à mesure des performances de la famille ou des enfants ? Une sorte de Legacy qui ajuste la difficulté en réponse aux nombreuses parties gagnées de chacun.

Pour les plus jeunes, la règle autorise à placer leurs cartes Paysage par dessus leurs terrains à la fin de chaque tour, après avoir placé un bloc de construction pour vérification. La carte Paysage doit être remise à sa place avant le début du prochain tour.

Les joueurs aguerris ont droit à une révision des règles de plusieurs niveaux :

– La possibilité de choisir un trio différent de cartes Paysage au début de la partie. Par exemple, choisissez une carte école et deux cartes supermarché, mais pas de carte résidence pour rendre le jeu plus difficile. S’il venait à manquer d’une taille de bloc de construction durant la partie, les blocs de construction d’un terrain terminé peuvent être renvoyés dans la réserve. Alors le terrain est retourné côté verso pour indiquer qu’il a bien été terminé.

– Une version du jeu où il s’agira de construire sur deux niveaux. Un minimum d’un bloc de construction doit être placé au 2ème niveau et un cran blanc doit rester non recouvert au 1er niveau. Quand la carte Paysage est placée par dessus le terrain terminé, le cran blanc doit être visible par le côté et recouvert par un des blocs de construction du niveau 2 quand on le regarde du dessus. Quand un terrain est terminé la carte Paysage est retournée, les blocs de construction renvoyés dans la réserve et le terrain à bâtir retourné côté verso.

– Toujours sur deux niveaux mais cette fois, il faut construire sur deux niveaux. Un minimum d’un bloc de construction doit être placé au 2ème niveau alors qu’un cran blanc doit rester non recouvert au 1er niveau d’une résidence, deux crans blancs doivent rester non recouverts au 1er niveau d’une école et trois crans blancs pour un supermarché. Quand la carte Paysage est placée par dessus le terrain terminé, le ou les crans blancs doivent être visibles par le côté et recouverts par un des blocs de construction du niveau 2 quand on les regarde du dessus. Les crans blancs sur les écoles et les supermarchés n’ont pas à être visibles du même angle. Un cran peut être visible d’un côté, et un ou deux autres crans visibles d’un autre côté. Tant qu’aucun cran n’est visible quand on regarde du dessus, le terrain est considéré comme terminé.

Une ville pour tous les marmots ?

Avec un matériel aussi familier, des règles d’une telle simplicité et des parties courtes, le jeu paraît aux Marmots d’une grande évidence. Les cartes Paysage qui s’emboîtent parfaitement sur leurs constructions leur offre une récompense immédiate, palpable et concrète qui vient récompenser leurs efforts, puisque City Blox propose un excellent exercice de spatialisation et de visualisation mentale qui n’est pas sans conséquence. A la maison, si les enfants y jouent avec grand plaisir, ils redemandent rarement une deuxième partie. Ils comprennent aisément que si la première pièce piochée leur reviendra, les suivantes se devront d’embêter ou du moins ne pas faciliter la construction des autres joueurs, d’autant plus que les cartes Evénement viennent bousculent leur certitudes. City Blox exige d’eux d’être concentré non seulement sur leur jeu, mais aussi sur celui des autres et entretient tout le long d’une partie une exigence qui les laissent flapis.

L’avis de Plateau Marmots

City Blox est un grand jeu. Il a la trempe de ces jeux qui vous suivent longtemps et sortent souvent, à tout âge de la vie. Un grand jeu familial qui s’adapte à tous les publics et évolue avec la famille. Mais aussi un jeu d’une grande intelligence puisqu’il pose constamment notre rapport à l’échelle, notre proximité à l’objet. La familiarité avec les blocs est à tel point entrée dans les mœurs de nos marmots, de nos familles que l’on connaît ces pièces et leurs tailles à la perfection et que nous n’avons aucun mal a identifier celles qu’il nous faut et celles dont nous ne voulons pas. Cette proximité, ce plaisir de la manipulation et de la construction sont à ce point universels que le jeu, en posant des règles et un cadre, emporte l’adhésion de tous autant qu’il crée les conditions d’une compétition générationnelle qui est passionnante à vivre autant qu’elle l’est a observer.

On aime

  • L’excitation de jouer avec des briques de constructions
  • Un concept simple mais profond
  • D’une grande richesse pour les marmots
  • Le jeu familial parfait et sympathique entre amis
  • Une complexité qui sait évoluer à mesure des performances
  • Très joliment poétique

On aime moins

Cérébralement épuisant

Pour aller plus loin

Fiche technique

Un jeu de Jacob Berg
Illustré par Carla Naude
A partir de 6 ans
Pour 2 à 4 joueurs
Edité par Jacob Brick Games / Atalia

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