Test – El Maestro

Si, comme votre Serviteur, vous êtes un très jeune parent, vous êtes sans doute entré dans le monde des jeux de dessins avec le célèbre « Pictionary » (sorti en 1985 quand même) ou encore « Dessinez, c’est gagné » (sorti en 1988 … le jeu, pas l’émission télévisée !).

Des jeux de dessins, il y en a eu pas mal sur le marché depuis … « Esquissé », où les joueurs se passent des dessins sur fond de téléphone arabe, « Pix » où les joueurs doivent faire deviner des mots à l’aide de pixels, « Imagine » où les joueurs utilisent des cartes transparentes pour faire deviner des énigmes, … J’en passe, et surement des meilleurs, mais aujourd’hui la rédaction vous propose un jeu sorti en 2019 et basé sur une idée très innovante : le « Air dessin », un concept où l’on dessine dans les airs une œuvre avec ses doigts !

Place aujourd’hui à « El Maestro », un jeu de Valéry Fourcade, illustré par Stéphane Escapa et édité par Tiki Editions. Il est conseillé à partir de 8 ans, pour des parties de 3 à 8 joueurs d’environ 30 minutes.

« Ecoutez, Kara, Monsieur n’est pas une tapette, Monsieur est chef d’orchestre »

Le principe du jeu est à la fois simple et innovant. Tout d’abord, un joueur est désigné chef d’orchestre (le fameux Maestro). Pardon ? Comment-ça-j’ai-dit-qu’il-s’agissait-d’un-jeu-de-dessin-et-non-de-musique ? Et bien c’est comme ça, El Maestro est un jeu de dessin sans musique mais avec un chef d’orchestre !

Donc, dans El Maestro, le chef d’orchestre doit faire dessiner aux autres joueurs une œuvre qu’il est le seul à voir. Son seul moyen ? Dessiner dans les airs les formes qui figurent sur une carte tirée au sort en s’aidant de codes (les « codes du Maestro ») pour associer les formes qu’il dessine. Pour cela, le Maestro doit se placer debout derrière un pupitre fourni avec le jeu et sur lequel est placée la carte secrète à faire deviner aux autres joueurs. Les autres joueurs se munissent d’une fiche pour dessiner et d’un crayon, le tout placé derrière un paravent pour éviter les copieurs siouplait !

Le Maestro peut alors dessiner dans les airs (on dit qu’il air-dessine !), mais sous quelques conditions … Tout d’abord, chaque carte secrète possède deux dessins à faire deviner, souvent des thématiques liées (une clef et une serrure par exemple). Ensuite, le Maestro doit obligatoirement commencer par certaines formes, indiquées en rouge-fushia sur la carte. Les autres joueurs doivent reproduire sur leur fiche ce que le Maestro dessine. C’est maintenant qu’interviennent les fameux « codes du Maestro ». Il s’agit de tout un système de gestes codés pour faire comprendre où placer chaque forme du dessin (par exemple, autour de la première forme dessinée, par rapport au cadre / aux bords de la fiche, dessinez ça ici, collez la forme sur ce côté-ci de la précédente, à l’intérieur de la deuxième forme que vous avez dessinée, etc). Cette partie est un peu compliquée à gérer au début, c’est pourquoi il est possible de commencer à jouer en version simplifiée : le Maestro a le droit avec cette variante de parler et d’annoncer les codes dont il fait les gestes.

Chaque joueur essaye à la fin de la prestation du Maestro de deviner ce qu’il a bien pu dessiner. Il note chacun des deux mots en bas de sa fiche. Le Maestro dévoile alors sa carte aux autres joueurs et on compte les points comme suivant :

  • la note artistique : le Maestro accorde deux points au dessin qui lui parait le mieux réalisé et un point à un autre dessin qu’il trouve méritant ;
  • les mots : chaque mot inscrit par un joueur vaut un point s’il décrit un élément de la carte (on ne va pas chipoter si un joueur a noté le mot « guêpe » alors que le Maestro voulait faire deviner une « abeille ») OU si au moins deux joueurs ont noté le même mot (il est possible par exemple que le Maestro ne soit en fait qu’un piètre Maestro et qu’en voulant faire deviner un mouton, plusieurs joueurs aient malgré tout écrit sur leur fiche le mot « robot ») ;
  • la note de Maestro : il gagne deux points s’il a parlé durant sa représentation. S’il n’a pas parlé et qu’au moins un joueur trouve le nom de deux éléments sur sa carte, le Maestro remporte trois points. Dans le cas contraire, il n’aura que deux points. Oui, oui c’est un scandale le Maestro marque même si personne n’a réussi à représenter son air-dessin ! Que voulez-vous que je vous dise chers lecteurs, c’est ça les stars !

La partie se termine après quatre manches. Le rôle du Maestro se fera à tour de rôle mais un même joueur peut rester Maestro si les autres joueurs sont d’accord. Et bien sûr … le meilleur score gagne !

Un jeu qui ne manque pas d’air

Après une lecture rapide des règles, on s’aperçoit très vite que le concept du jeu est très bien pensé. Dans El Maestro, il ne s’agit pas que de mimer, il faut faire dessiner différentes formes qui ensuite s’imbriquent pour donner un dessin très épuré.  Le jeu propose 140 dessins avec trois niveaux de difficultés. Vous trouverez de tout : des poissons, des clés, des oiseaux, des tasses, des cuillères, des dominos, etc …

El Maestro offre de bons moments de rigolade. En général, les moments les plus drôles, surtout avec des marmots, ce sont les instants où l’on s’aperçoit à quel point on peut se retrouver très loin des dessins de la carte … Ou encore lorsque l’on doit donner un nom à son dessin … qui ne ressemble pas à grand-chose !

El Maestro demande aussi beaucoup de concentration. Même si les dessins ne semblent pas trop durs à reproduire, on s’embrouille facilement et on ne sait vite plus si l’on parle du premier ou du second dessin, si l’on doit faire notre rond au-dessus ou en dessous du carré, etc … Il y a bien les fameux « codes du Maestro » pour aider à placer géographiquement les dessins, mais il y a un temps d’apprentissage certain. Pour les marmots, je vous recommande vivement dans un premier temps d’autoriser à parler tout en mimant les codes, histoire de bien faire comprendre aux dessinateurs ce qu’on essaye d’expliquer à travers ces codes. Cela permet aussi d’éviter de gesticuler dans tous les sens en devenant tout rouge et en considérant les autres joueurs comme des idiots. Ce mode fait certes perdre le côté « franche rigolade » du jeu lorsqu’on dévoile nos dessins, mais il peut être frustrant pour le marmot d’être complètement perdu en cours de partie, et ce, qu’il soit dans le rôle du Maestro ou du simple dessinateur.

Dessine-moi un robot mouton

Lorsqu’on ouvre la boite, on trouve un matériel de qualité. Le jeu est très beau, l’illustration du Maestro donne franchement envie de jouer avec lui, les dessins à faire deviner ont un design bien pensé et un style moderne et épuré.

Le jeu propose la possibilité de voir les règles expliquées grâce à un QR Code à scanner qui donne accès à un mode « Pas envie de lire les règles ». Très facile pour jouer immédiatement ! Côté matériel, sont fournis le bloc note avec ses fiches et même les crayons gris. Un petit plus, qui offre un vrai côté « prêt à jouer » très appréciable.

Pas de chef d’orchestre sans pupitre ? Cela tombe bien, il est fourni avec le jeu et facile à monter. Il est simple mais solide et efficace.

Pour les dessinateurs, il existe un paravent qui a pour objectif de cacher leur dessin. Là par contre, c’est un coup d’épée dans l’eau ! Il n’est ni pratique ni efficace. Il ne cache pas super bien le dessin, et vous savez tous que les marmots ont les yeux qui louchent dans ce genre de jeu ! Par ailleurs, il a aussi pour vocation d’illustrer et résumer les fameux « codes du Maestro » mais il ne montre que les signes possibles sans indiquer la traduction écrite de tel ou tel geste … Heureusement, ce lexique existe à travers un dépliant séparé et peut être gardé à côté des joueurs en cours de partie.

 

L’avis de Plateau Marmots

El Maestro est un jeu qui ne vous laissera pas indifférent. Il apporte un vent de fraîcheur à travers un jeu de dessin original et le concept du « air dessin ».  Il demande un temps d’adaptation pour bien être joué, comprendre tous les signes et adopter le mode avancé dit « Grande Maestro » ou plus simplement « Silence ». Cette phase, qui pourrait bloquer certains joueurs et marmots, ne demande qu’à être apprivoisée à travers plusieurs parties pour ensuite passer un excellent moment où vont se mêler rigolade et concentration.

El Maestro est en effet un jeu à la fois simple et créatif. Pour les marmots, c’est un excellent apprentissage de l’écoute et de la communication. Côté dessinateur, il faudra être un bon observateur, attentif sur les gestes du chef d’orchestre tout en parvenant à reproduire ce qu’on a vu. Côté Maestro, il faudra capter l’attention et réussir à se faire comprendre des autres. Tout ceci fait appel à de nombreuses compétences dans un jeu qui reste malgré tout accessible dès 7/8 ans.

El Maestro, c’est un excellent moment de convivialité en groupe ou en famille. L’éditeur prévoit d’ailleurs le jeu pour 3 à 8 joueurs, mais pourquoi un tel plafond de verre ? De mon côté, j’ai prévu une démonstration à la fête d’école de fin d’année de mon fils sur une scène devant 150 élèves et écran géant. Alors, cap ou pas cap ?!:)

On aime :

  • Un jeu de dessin qui amène un peu d’originalité dans ce monde
  • Des parties où se mêlent éclats de rire et intense concentration
  • Des illustrations de qualité
  • Deux modes de jeux pour un meilleur apprentissage

On aime moins :

  • Un système de décompte des points surprenant
  • Des paravents-lexiques qui n’en sont pas

Le trouver

Chez Philibert

Fiche technique

Un jeu de Valery Fourcade
Illustré par Stéphane Escapa
Edité chez Tiki Editions
De 3 à 8 joueurs

 

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