Test – La Forêt Mystérieuse

« Oh noooon mais arrêtez, là, on va se faire repérer, là… »

Eh oui, cette Forêt Mystérieuse, c’est un peu comme dans ce premier épisode de la série culte Kaamelott: vous allez devoir « bien » vous entourer pour venir à bout de ce qui se promène dans les bois.
Récemment encore, nous cherchions un jeu coopératif pas trop long pour jouer avec des enfants de 9 à 12 ans, plutôt habitués aux jeux de société mais à des niveaux de maturité différente. Et la Forêt Mystérieuse était un bon candidat : donné pour 20 minutes, de 2 à 4 joueurs, à partir de 6 ans, avec des niveaux de difficulté progressive, nous allions pouvoir tenter de vaincre la reine des monstres !

Comment ça marche, en quelques mots ?

Vous allez aider le jeune Jonas à traverser le bois sain et sauf en lui permettant de s’équiper contre les dangers qui rôdent au détour d’un chemin. Concrètement, tous les joueurs doivent aider notre héros à s’en sortir, but commun, tous ensemble contre le jeu, en utilisant votre mémoire.

Et le matériel, hein, dis ?

Ah, ça… c’est un des gros points forts du jeu. Un petit plateau sac à dos fonctionnel, de grandes et superbes cartes figurant un Jonas traversant la forêt, 4 dés imprimés en couleur, une grosse poignée de jetons bien épais aux illustrations claires, ce qui permet aux daltoniens de pouvoir jouer. Un standee cartonné pour la reine des Draconia, qui, en toute honnêteté ne sert pas à grand-chose mais est joli. Il n’est d’ailleurs pas référencé dans la liste du matériel. Et surtout un Jonas de 5/6 cm en couleur, qu’on aurait presque envie de bisouter tellement il est mignon avec sa micro épée et son petit sac à dos… Calme-toi, Krinie.

Le tout niché dans un bel insert transparent, qui malheureusement n’offre pas d’emplacement pour les jetons, ce qui est une petite faute de goût à mon sens.

Et la boite est belle, avec un joli spot UV d’inspiration asiatico-mystique.

Mais tu as lu les règles, au moins ?

Ah ben oui, oui, quand même ! Et c’est un joli feuillet de 8 pages abondamment illustré et très clair. Le principe du jeu n’est de toute façon pas bien compliqué et se comprend très bien. A partir de 6 ans ou même encore un peu avant, on n’est pas dans un Roads & Boat. Si vous n’avez pas la référence, ce n’est pas grave, vous aurez compris que c’est juste un jeu très long et très compliqué et très bon.

Préparation : on pioche des cartes forêt suivant un agencement plus ou moins difficile, on prend des jetons Loki, l’espèce de renard tout mimi qui suit le héros dans les bois, on détermine le premier joueur d’une quelconque manière, comme par exemple inventer le cri de la reine des Draconia. Bonne chance…

Puis le jeu se déroule en trois phases :

1/ on prend connaissance des cartes du parcours et on tente de les mémoriser, tous ensemble. Surtout les éléments demandés pour passer chaque carte.

2/ on recache tout ça et on s’équipe de jetons représentant les éléments nécessaires au passage de chaque carte. C’est là qu’il faut de la mémoire, d’ailleurs, pour s’équiper au mieux suivant le contenu des cartes à passer, celles qu’on ne voit plus.

3/ et vogue la galère ! On re-révèle une à une les cartes, on dépense les éléments nécessaires pour les passer. Au besoin avec les jetons Loki qui sont des sortes de joker si comme moi vous avez un problème d’Alzheimer précoce ou un problème de malchance aux dés, du genre qui confine au mythique. Heureusement les Marmots sont là pour équilibrer un peu le handicap.

Certaines cartes ont des effets particuliers, c’est très bien expliqué dans les règles, inutile de rentrer dans les détails ici.

Et comment ça s’est passé alors ?

Plutôt pas mal, sur les trois parties que nous avons faites. Comme mes Marmottes se débrouillent bien, nous avons augmenté la difficulté à chaque fois, passant du statut de Newbies à celui d’Aventuriers en Chef en ajoutant dès la deuxième partie un petit twist mémoriel concernant le combat final et suggéré dans les alternatives.

Et ça peut me plaire ?

Oui, sans doute, parce que le jeu est simple et que vous y serez à absolue égalité avec vos Marmots. Voire même vous aurez besoin de leur chance insolente aux dés et surtout de leur mémoire. Bon, votre maturité et votre sens inné de la stratégie vous seront bien utiles pour le bon usage des jetons Loki, tout de même, et vous pourrez alors vous vanter d’avoir un peu participé à la victoire.

Car au moins jusqu’au niveau 3, celui où nous nous sommes arrêtées, le jeu ne propose pas un challenge insurmontable. On peut y jouer à plus de 4 et avec des enfants un peu plus jeunes, même. Sous réserve qu’ils arrivent à se retenir d’ingérer le matériel, comme d’habitude. Lecture non nécessaire à part pour les règles et ça, ce sera un adulte qui va s’y coller de toute façon.

Votre victoire commune sera une satisfaction pour tout le monde et les Marmots vous redemanderont probablement d’y jouer. Comme les miennes qui insistaient pour augmenter la difficulté encore après notre troisième partie. Mais comme tout cela est un peu répétitif après trois parties, je leur ai plutôt proposé un Roads & Boats

Oui mais toi, tu as aimé ?

Mon avis à moi est caché dans la phrase précédente. Le jeu est un peu simple et répétitif pour une habituée des jeux où il faut beaucoup réfléchir. Sans me faire mousser, bien sûr…

Je peux donc le recommander pour une ou deux parties d’affilée, car on se prend au jeu facilement, c’est agréable, très joli et bien fichu. On imite le cri de la Reine, on fait semblant de redécouvrir les cartes, ou pas semblant quand c’est moi. On fait durer le suspense, on raconte des histoires qui font peur autour de la table. Tout est possible si vous avez un peu le sens de la mise en scène.

Et là encore, il est très inclusif, fonctionne avec des Marmots d’âges différents sans problème et le côté coopératif est une chose encore trop rare dans les jeux adaptés aux Marmots.

Si vous pouvez l’emprunter dans une ludothèque, c’est l’idéal car vous pourrez vous faire une idée à moindre coût.

Intérêt ludique : Sympa, mais vite répétitif
Intérêt pédagogique : Ce jeu donne envie de s’inscrire aux beaux arts
Au final : On en prend plein les yeux mais on reste un peu sur notre faim

Fiche technique

Edité par Iello
Année de parution : 2016
De 1 à 4 joueurs
A partir de 6 ans (voire 4 ou 5)
Prix indicatif : 22,5 euros

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Arrêtez les rotatives !  (j’ai un autre avis, by Olivier)

Pour apporter un autre regard sur le test de Krinie, on peut se demander si la Forêt Mystérieuse n’est pas légèrement en décalage avec le public qu’elle “vise”. En effet, ce jeu (au matériel somptueux, on ne le dira jamais assez) s’adresse avant tout aux lecteurs de la série de bandes-dessinées Wormworld Saga, qui parait régulièrement en France chez Dupuis depuis 2014. Les habitués de cette saga fantastique et ultrapopulaire de Daniel Lieske (qui avait commencé par une publication gratuite sur Internet, faut-il le rappeler) seront donc aux anges de retrouver leur héros favori, Jonas, dans un jeu tiré de cet univers si attachant. 

Seul souci : les principaux arpenteurs de cet univers ont en général aux alentours de 8 ans.

De son côté, le jeu la Forêt Mystérieuse, honorable finaliste du Kinderpiele 2017, s’adresse lui clairement à un public légèrement plus jeune, entre 5 et 7 ans. Il y a donc un risque que les fans de la saga trouvent le jeu légèrement trop simple par rapport à d’autres jeux auxquels ils ont coutume de jouer, alors que les plus petits trouveront le jeu bien sympathique, mais sans en connaître l’univers. 

Il n’en demeure pas moins que le jeu peut servir d’excellente porte d’entrée à Wormworld, pour les marmots qui découvrent la lecture. 

En d’autres termes : il est important de prendre en compte que ce jeu fait partie d’un univers bien plus vaste avant de s’y lancer. Ceux qui baignent déjà dedans y mettront forcément plus d’indulgence que ceux qui sont passés à côté. Le matériel fourni par le jeu est en effet là pour baliser leur randonnée et les conforter dans le plaisir du voyage. 

Ceux qui ne séjourneront pas en Wormworld Saga (parce que trop jeunes ou trop vieux) ne ressentiront en revanche jamais le vent de l’aventure dans ce jeu de mémoire un peu trop simple qui les laissera sur leur faim. Peut-être que l’auteur du jeu (également auteur de La Tour du Dragon, Dungeon Time ou Memo Extrême) devrait faire une pause sur les jeux de mémoire et revenir aux party games (Gallina city) ou aux jeux visuels (comme l’excellent Zoowaboo). 

Il y avait clairement moyen de produire un jeu plus abouti avec un matériel aussi sublime (d’ailleurs illustré par l’auteur de la BD) mais qui s’adresserait à tous les voyageurs. Une extension peut-être ? Qui peut savoir ce qui peut arriver dans le monde de Wormworld ?

Intérêt ludique : Immersif pour les fans de la bédé, un peu léger pour les autres
Intérêt pédagogique : Les araignées, c’est le mal
Au final : A conseiller en premier lieu aux plus jeunes pour leur faire découvrir Wormworld Saga

Olivier

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