Test – L’île aux dragons
L’île aux dragons, c’est l’histoire d’une petite île bien sympathique sur laquelle vous aimeriez bien vous installer. Oui, mais voilà : les dragons qui y vivent ne l’entendent pas nécessairement de cette oreille et aimeraient beaucoup la garder pour eux. Il va donc falloir construire un château pour pouvoir s’installer durablement sur un bout de plage, avant que les dragons n’aient pris le contrôle complet de l’île… Parviendrez-vous à construire votre château assez rapidement ?
L’île aux dragons est un jeu de Claude Weber, édité par Logis et sorti en 2013. C’est un jeu coopératif qui s’adresse à 2 à 4 marmots de 5 ans et plus.
Des dragons bien choupi !
La première chose qui séduit avec ces dragons, c’est bien leur look. Illustré par Gediminas Akelaitis, le jeu est très agréable à regarder, avec des dragons aussi bizarres qu’attachants. C’est un peu curieux, d’ailleurs, car même s’il s’agit des « méchants » du jeu, on ne peut s’empêcher de les préférer à nos propres pions en bois. Et puis sont-ils vraiment méchants, dans la mesure où l’on va coloniser leur île sans trop leur demander la permission, hein, je vous le demande ? Mais bon, passons 😊
Le plateau de jeu représente l’île aux dragons, donc, composée d’une forêt centrale, d’un chemin qui en fait le tour, d’une plage sur laquelle vous allez devoir construire votre château, et d’une presqu’île qui sert de point de départ aux dragons.
Le château, c’est un puzzle éparpillé que l’on va disséminer sur les 9 premières cases du parcours, et qu’il va bien entendu falloir reconstituer tout au long de la partie.
Le jeu se compose également d’un dé à 6 faces, avec des faces numérotées de 1 à 4, un dragon et un soleil-smiley.
L’ensemble est vraiment agréable à l’œil. Les tuiles dragons et château emportent le morceau et sont totalement adaptées à des enfants de 4-5 ans. La règle, quant à elle, est un peu bizarrement rédigée, mais on s’y retrouve assez rapidement. Après lecture de ce test, vous verrez, vous saurez jouer immédiatement.
Un château éparpillé façon puzzle
Pour jouer, le premier joueur lance le dé. S’il obtient une valeur, il se déplace du nombre de cases correspondant en suivant le parcours, c’est-à-dire obligatoirement dans le sens des aiguilles d’une montre. Si sa case d’arrivée contient une pièce de château, le joueur la place alors devant lui. Sinon, il ne se passe rien. Il est à noter qu’un joueur ne peut avoir qu’une seule pièce de château en sa possession. S’il en a déjà une, il ne peut en porter une seconde.
Si le joueur obtient une face soleil, il peut alors choisir la valeur de son dé, de 1 à 5. Il est à noter qu’une face soleil obtenue par un joueur peut être donnée à un autre joueur, qui pourra alors se déplacer en dehors de son tour de jeu. Cela prendra toute son importance en fin de partie.
Si le joueur obtient une face dragon, un dragon commence son périple en direction de la forêt. Il quitte donc progressivement la presqu’île et se dirige dans le sens contraire des joueurs. Les dragons se déplacent toujours un à la fois. Il faudra donc que le premier dragon soit arrivé au bout de son parcours pour pouvoir en activer un second.
Une forêt bien barbante mystérieuse
Si un joueur tombe sur une case occupée par un dragon, il prend peur et part alors se cacher dans la forêt. Au début, les risques de tomber sur un dragon sont rares, mais au fur et à mesure de leur progression, quand vous en aurez 3 ou 4 sur le plateau, cela deviendra plus compliqué. Pour tout vous dire, cela vous fera penser à ces moments où, au Monopoly, vous jetez les dés alors que vous êtes à proximité d’un adversaire qui a réussi à mettre des hôtels sur l’ensemble de ses propriétés.
Si vous vous retrouvez en forêt, donc, il vous faudra obtenir un soleil pour pouvoir en sortir. Vous sortirez alors sur la case prévue à cet effet, c’est-à-dire juste devant les dragons agglutinés. Plus ils seront amassés, plus les chances de retomber sur un dragon seront nombreuses, évidemment.
Ah mon beau château tirelirelirelo
En revanche, à chaque fois que vous aurez réussi à revenir à votre point de départ après un tour complet, vous pourrez alors placer votre pièce de château à l’emplacement prévu à cet effet. Petit à petit, votre villa avec vue sur la mer prendra forme et vous pourrez alors frimer devant les dragons déconfits. Si vous avez réuni toutes les pièces du château avant que les 5 dragons n’aient bouclé leur parcours (et qu’ils vous empêchent définitivement de passer), la partie sera alors gagnée.
L’inéluctable arrivée des dragons
L’île aux dragons est un jeu intéressant. Pas exempt de reproches, mais vraiment intéressant. Jouable dès 4 ans, il permet d’aborder la notion de sacrifice de son tour au profit d’un autre joueur, avec le don d’un résultat soleil. Car un autre joueur, mieux placé ou en difficulté, aurait peut-être grand besoin de cette face bien pratique qui permet de choisir sa valeur. Par exemple pour sauter d’un bond au-dessus de 4 dragons regroupés, ou pour collecter une pièce de château. Il va donc falloir accepter de travailler pour l’objectif commun, ce qui n’a rien d’évident lorsqu’on a 4 ou 5 ans et que l’on attend patiemment de pouvoir jouer.
Ça, c’est le truc cool.
L’inextricable forêt
Ce qui est moins agréable, en revanche, c’est la mécanique entière du jeu qui repose sur un lancement de dé. Évidemment, pour un jeu aussi accessible, c’est un passage obligé. Mais c’est parfois incroyablement frustrant. Lorsque vous touchez un dragon (ou lorsqu’un dragon vous touche), vous allez faire un tour en prison forêt. Pour en sortir, il faut que vous obteniez (vous, ou l’un de vos équipiers) une face soleil (1 chance sur 6). Et vous en ressortez où ? DEVANT les dragons agglutinés. Ce qui veut dire que plus la partie avance, et plus il sera difficile de ne pas retourner en forêt juste après en être sorti.
Ça se justifie au vu du thème, soit. Mais dans les faits cela en revient à jeter inlassablement le dé pour obtenir un soleil, ou bien négocier ferme avec un autre joueur pour qu’il vous refile le droit de jouer à sa place. Pas forcément simple avec des enfants de 5 ans, croyez-moi.
Le jeu est fluide et rapide dans ses premiers tours, mais parfois très longuet dans sa seconde moitié, avec des phases : « je touche un dragon, je vais en forêt, je jette le dé inlassablement, j’obtiens un soleil, je sors de la forêt, je retouche un dragon, je retourne en forêt » qui rendent les fins de partie parfois indigestes.
Cela est d’autant plus vrai que la victoire n’est pas toujours au rendez-vous, loin de là. On n’ira pas jusqu’à dire que le jeu est difficile, mais attendez-vous tout de même à subir pas mal de défaites, en tout cas plus que pour la plupart des jeux dédiés à cet âge. Et ce n’est pas un mal, d’ailleurs !
Quelques idées pour fluidifier tout cela ?
Nous avons travaillé sur deux idées pour tenter de rendre les fins de parties moins laborieuses. La première, c’est de donner un ou deux jetons « soleil » à chaque joueur. En dépenser permet d’obtenir un résultat soleil au dé, à appliquer sur soi ou sur un autre joueur. Un peu comme des cartes « vous êtes libéré de prison ». On peut aussi envisager d’en attribuer un à tout joueur qui parvient à placer une pièce de château.
Autre idée : à chaque tour, un joueur lance un dé et détermine à quel joueur il s’applique. Cela peut être lui, ou un autre joueur, s’il pense qu’un autre est mieux placé que lui pour récupérer une pièce de château ou la déposer. Cela rend le jeu plus facile, certes, mais ça permet d’apprendre à optimiser chaque lancer obtenu. Un premier pas vers le Roll’n write ^^.
L’avis de Plateau Marmots
L’île aux dragons est un jeu curieux, que l’on aime sortir assez souvent en dépit de son gameplay parfois déséquilibré. Reposant sur le résultat d’un unique dé, forcément capricieux, il vous amènera parfois vers des défaites cinglantes et des victoires tranquilles. C’est toute la force de ce jeu, capable de vous infliger son humeur, amicale ou détestable. Et on y revient, vous verrez, pour le plaisir de revoir le matériel et pour se tenter un petit challenge coop qui ne dura pas plus d’une quinzaine de minutes. À noter que le jeu est plus fun à quatre joueurs, et que l’effet de groupe vous offrira de fait plus de chances de vous sortir de cette satanée forêt. J’aimerais pouvoir vous dire que j’ai un avis mitigé sur ce jeu, à vrai dire JE DEVRAIS avoir un avis mitigé, mais la vérité c’est que je l’apprécie beaucoup. J’apprécie sa difficulté, son côté parfois frustrant qui me donne envie de rejouer rapidement derrière, et j’apprécie qu’il invite les marmots à penser à l’intérêt de la mission avant leur propre gloire personnelle… Bel exploit pour un jeu dédié à des marmots de 4 ou 5 ans. Bref, en dépit des nombreuses et légitimes réserves que je me dois de mentionner, je ne peux que reconnaître que les marmots et les adultes prennent beaucoup de plaisir sur ce jeu. Le goût de la difficulté ou le triomphe de l’injustice ? Allez savoir.
On aime
- Franchement joli
- 100% Coop
- Difficile
- Se sacrifier pour faire avancer le groupe
On aime moins
- Parfois frustrant
- Totalement aléatoire
Le trouver
Fiche technique
Un jeu de Claude Weber
Illustré par Gediminas Akelaitis
Edité par Logis
Pour 2 à 4 joueurs (mais on peut jouer en solo)
A partir de 4 – 5 ans
Un des jeux très apprécié à la maison. Ça apprend à perdre tous ensemble ce qui est toujours mieux que perdre seul. Et puis le soleil a été très facilement partagé ! C’est tellement bien de sauver papa ou maman du dragon !