Test – Mia London (et l’affaire des 625 fripouilles)

Nous sommes le 11 mai. Après deux mois de confinement, moi, Mia London, je sors dans la rue voir si tout est en ordre. Et là, quelle surprise ! Je découvre avec stupeur que rien ne va plus !! Un fripon à la moustache improbable a vidé une bouteille de ketchup géante sur les toilettes de toutes les maisons le jour de MON anniversaire !? Non, mais c’est quoi ce délire ? On se confine pendant deux mois et ça devient n’importe quoi ! Il est grand temps de me retrousser les manches et de partir à la recherche de cet olibrius. Pour cela, je sors mon carnet d’enquête dans lequel sont répertoriées les 625 Fripouilles de Plateaumarmotsville (oui on a construit cette ville avec la rédac…). J’enfile ma veste de détective, mon masque, mes bottes de pluie et mon gel hydroalcoolique « Jacques Danielle » pour démasquer cette sacrée Fripouille.

Mia London est un jeu d’Antoine Bauza (La chasse aux monstres, Draftosaurus, Château aventures …) et Corentin Lebrat (Draftosaurus aussi, Château aventure, …), illustré par Nikao (Zombie kids, Wendigo). C’est jouable à partir de 5 ans, de 2 à 4 joueurs, pour des parties de 10 minutes, édité chez Scorpion masqué.

Menons l’enquête ! Y’a quoi dans cette petite boîte violette ?

La boîte contient des cartes accessoires qui représentent des chapeaux, des lunettes, des moustaches et des nœuds papillon tous différents, mais qui fonctionnent quand même par paire (ça, on y reviendra plus tard).

Vous y découvrirez également 4 carnets d’enquête qui vous serviront à « noter » les accessoires-indices que vous trouverez.

Et… c’est tout. C’est tout, mais ça a de l’allure : l’ensemble est super beau et donne immédiatement envie de jouer. Les cartes sont d‘excellente facture, très agréables à manipuler. Quant aux carnets, ils sont découpés à la manière d’un cadavre exquis afin de constituer des portraits robots. En tournant les pages, vous avez 625 combinaisons de portraits possibles… comme le nombre de vos fripouilles, CQFD !

Menons l’enquête !

J’enfourche mon vélo direction Plateaumarmotsville pour tenter de trouver cette Fripouille.

Dans Mia London, vous allez devoir confondre le coupable en faisant preuve d’observation, mais surtout de mémoire tout au long de l’enquête.

Chaque joueur ouvre son carnet d’enquête, composé de plusieurs pages découpées en 4 bandes. Chaque bande représente un accessoire, et les 4 assemblées forment un suspect. Vous trouverez également un aide-mémoire sur le rabat, qui liste l’ensemble des accessoires que vous aurez sous les yeux pendant la partie.

Ces fameux accessoires, ce sont donc les cartes du jeu, regroupées elles aussi en 4 catégories :

  •  les chapeaux, les cartes violettes
  • les lunettes, les cartes rouges
  • les moustaches, les cartes vertes
  • les nœuds papillons, les cartes bleues

Une fois que vous avez tous votre carnet d’enquête dans les mains, que tout le monde a repéré quel accessoire correspond à quelle couleur, la partie peut commencer.

Elle danse, la Mia ! 

Qui dit enquête dit « crime », mais je vous rappelle qu’on a toujours 5 ans et qu’on va faire dans le soft, histoire de ne pas effrayer nos têtes blondes, brunes ou rousses.

Pour trouver quelle enquête vous allez mener, rien de plus simple. Vous prenez votre carnet par la dernière page et vous tournez au hasard les 4 bandes. Vous obtenez ainsi, une histoire avec un personnage, un événement, un lieu et un moment ou tout cela s’est produit, façon cadavre exquis.

Une fois que vous avez lu votre enquête, vous prenez une carte de chaque accessoire que vous ne regardez pas, vous les mettez dans la boîte face cachée. Tadam et tintintin : ils correspondent à la Fripouille qui a commis le coup !

Bon sang, mais c’est bien sûr !

Pour gagner dans Mia London, il va donc falloir créer le portrait-robot du coupable le plus ressemblant possible.

L’un des joueurs dispose 4 cartes « chapeau » sur la table. Quand tout le monde les a mémorisées, il va les recouvrir par 4 autres cartes chapeau. Toutes vont être en double sauf une.

Vous avez identifié le chapeau qui n’est pas en double ? Bravo !  Vous prenez votre carnet, tournez les pages de têtes de Fripouille et vous bloquez la page qui contient le chapeau correspondant. Vous avez chacun votre carnet donc restez discrets pendant votre enquête !

Et là, je sais ce que vous vous dites. Vous vous dites que repérer un chapeau unique sur des séries de 4, c’est pas très compliqué. Et je vous répondrai que c’est vrai, mais gardez tout de même un mouchoir à portée de main, ce sera utile dans pas longtemps.

Maintenant que les chapeaux sont validés, vous prenez les cartes lunettes. Mais là, nouveauté : vous les disposez désormais par séries de 3 faces visibles sur la table que vous recouvrez au fur et à mesure. Le truc pas cool, c’est que les lunettes ont tendance à bien plus se ressembler que les chapeaux. Comme pour le chapeau, la paire de lunettes qui n’est pas en double est celle de la Fripouille que l’on recherche, à noter dans le carnet.

Vous prenez ensuite les cartes des moustaches, vous en disposez 2 faces visibles, que vous recouvrez ensuite par séries de deux. Pis les moustaches, vous verrez, ça se ressemble pas mal, aussi. Et là vous pouvez prendre votre mouchoir parce que vous transpirez, un peu.

La dernière pile est bien entendu celle des nœuds papillon, qui se ressemblent cruellement. Et vous n’en placerez qu’une seule face visible, successivement recouvert par tous les autres. Et là vous pouvez pleurer dans le mouchoir, oui.

Une fois les 4 tas de cartes écoulés, procédez au jugement…

Mamma mia ! 

Chaque joueur ouvre désormais son carnet et montre la Fripouille qu’il pense avoir identifiée.

L’un d’entre vous va révéler les 4 cartes que vous aviez mises de côté au début de la partie. C’est Émile le tueur lui le coupable ! Vous avez vu juste ? Tous les joueurs qui ont trouvé TOUS les bons accessoires remportent la partie. Pour les autres, c’est à ceux qui en ont identifié le plus. En cas d’égalité, c’est le joueur qui a trouvé le bon accessoire le plus bas qui remporte la partie.

Mia London a encore résolu l’affaire !

Y’a encore un pti détail qui m’chiffonne, msieur…

Le chef a découvert Mia London au festival international de Cannes et à peine assis dans le train du retour il m’a envoyé un message « ce jeu, il te le faut ». Comme je suis du genre à boire les paroles du chef fayoter sévère pour garder ma place de chouchoute, je me suis exécutée et j’ai acheté le jeu.

Déjà, le graphisme est extrêmement beau, il ne peut que donner envie d’ouvrir cette boîte et de jouer au détective. Et puis des jeux d’enquête à partir de 5 ans, je n’en ai pas vu tant que ça.

Je suis donc rentrée avec mon jeu sous le bras, je l’ai posé sur la table et mon marmot a tout de suite voulu qu’on l’ouvre pour y jouer. Parfait ! Je me dis qu’il a 6 ans et que c’est peut-être pas la cible du jeu, mais tentons l’expérience. Au mieux on s’amuse, au pire c’est un jeu qu’on mettra sur l’étagère des jeux à faire avec des plus jeunes.

Je vois en ouvrant la boîte que le matériel en jette un max et que mon marmot et bien content de se prendre pour un détective. Top, ça commence plutôt bien. Vu qu’il sait lire, c’est lui qui choisit l’enquête que l’on doit mener et autant vous dire qu’imaginer qu’une fripouille a mangé tous les bonbons de la terre dans le palais de la reine, ça nous fait bien marrer.

[Note : n’oubliez pas de vous brosser les dents si vous faites ça hein!]

Je pars donc plutôt confiante sur le reste de la partie. Mais ça c’était le temps du premier tour et des 4 cartes des chapeaux. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, quand on a commencé à supprimer des cartes visibles, il s’est senti en incapacité de retenir les différents accessoires. Donc larmes, envie de quitter la table, tout ça. Je me suis dit c’est dommage de finir sur cette note alors qu’il était hyper partant au début de la partie. Alors j’ai un peu modifié la règle et le temps que l’on s’habitue aux différents accessoires, j’ai gardé 4 cartes visibles à chaque indice, je n’ai pas fait le 4,3,2,1 préconisé dans la règle et là bizarrement tout s’est super bien déroulé. On a attendu quelques parties pour mettre en place la « vraie » règle.

Du coup je me suis posé la question d’un enfant de 5 ans. Est-il en capacité de retenir vraiment tous ces indices ? Est-ce qu’il se souvient réellement de ceux qu’il a vus en double ou non ? Parce que même moi adulte, y’a des fois ou je cafouille. Tout est pourtant super bien pensé puisque dans le carnet d’enquête vous avez tous les accessoires que vous trouverez sur les cartes. Les différents accessoires sont plutôt bien distincts, mais je pense que nos marmots n’ont pas encore toutes les capacités cognitives pour la déduction. Je pense que 5 ans c’est trop tôt pour le proposer avec les règles telles quelles. Je conseille vraiment lors des premières parties de supprimer la règle du 4,3,2,1 et je dirais même, pour certains enfants, de retirer quelques accessoires.

Cela ne veut pas dire que le jeu soit mauvais, tant s’en faut : on s’y amuse beaucoup. Mais il demande sans doute quelques aménagements avec les 5 – 6 ans.

L’avis de Plateau Marmots

Pour moi, Mia London est « une suite logique » de « la chasse aux monstres » d’Antoine Bauza. Une fois qu’on a fini de mettre les monstres dans le placard et qu’on sait qu’ils ne ressortiront plus, on peut alors ouvrir la boîte de Mia London et mener l’enquête. Et ça, c’est plutôt appréciable de grandir avec un auteur, qui vous accompagne au fur et à mesure que vous développez de nouvelles compétences. Et tout comme pour La Chasse aux monstres, le matériel est magnifique et soigné. Le jeu est fort plaisant, incite parfois à se triturer le cerveau pour tenter de se souvenir si on a vu cette moustache auparavant ou non. C’est ingénieux et délicieusement retors. Notre seul doute, finalement, concerne l’âge indiqué pour découvrir le jeu. 5 ans, cela nous semble un peu jeune au vu des réactions des marmots que l’on a en stock, qui se sont sentis déconcertés, voire frustrés devant l’expérience de jeu. Il nous semble donc nécessaire, pour cet âge, de faciliter la vie de nos petits joueurs le temps des premières parties en proposant davantage de cartes laissées face visibles, au moins le temps que la mécanique de reconnaissance des cartes ait été bien assimilée par tout le monde. Passé ce cap, vous pourrez torturer vos mémoires comme bon vous semble, et réaliser que vos enfants s’en tirent soudain bien mieux que vous.

On aime :

  • le graphisme
  • les « crimes » commis qui sont complètement adaptés aux enfants
  • les fripouilles qu’on a pas du tout envie de coffrer tellement ils sont trop choupinou
  • le matériel qui est de très bon qualité, longue vie aux carnets d’enquête !

On aime moins :

  • l’âge préconisé (5 ans est pour moi trop tôt pour toute la déduction que le jeu nécessite)
  • commencer avec la règle de pose de carte 4,3,2,1 quand on ne maîtrise pas tous les accessoires présents dans le jeu…on aurait aimé trouver une règle pour les plus jeunes

Fiche technique

Un jeu d’Antoine Bauza et Corentin Lebrat
Illustré par Nikao
À partir de 5 ans
De 2 à 4 joueurs
Pour des parties de 10 minutes
Édité chez Scorpion masqué.

Pour aller plus loin

 

 

 

One thought on “Test – Mia London (et l’affaire des 625 fripouilles)

  • 16 juin 2020 à 6 h 55 min
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    Tout pareil ! Même moi les noeud papillons j y arrive pas. Alors on fait 3 ou 4 piles pour le moment. Il est super chouette et original ce jeu !

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