Test – Mission Spatiale

Milo regardait Neptune s’éloigner par le hublot de sa fusée. Le retour sur Terre s’annonçait long et ennuyeux.

Soudain, son regard fut attiré par une petite diode rouge qui clignotait avec insistance.

Un rapide coup d’œil dans le manuel de bord confirma ce qu’il redoutait : le système de navigation était tombé en panne. Il allait devoir passer en mode manuel et ne pourrait s’orienter que grâce aux constellations.

Alors, calmement, Milo se dirigea vers le poste de pilotage, prit les commandes et fit ce qu’il aimait faire par-dessus tout : s’asseoir et regarder les étoiles…

« Mission spatiale » est un jeu de Manfred Ludwig, magnifiquement illustré par Matthias Derenbach et édité par Haba.

Des étoiles plein les yeux

A l’ouverture de la boîte, comme bien souvent pour les jeux Haba, c’est un matériel de qualité et impeccablement pensé qui s’offre à nous.

Pourtant le sentiment qu’il inspire est ici assez différent.

Ce n’est pas du côté des illustrations (l’ensemble étant globalement assez abstrait), ni dans la profusion de matériel qu’il faut chercher. La boîte contient beaucoup, beaucoup de vide.

En temps normal on aurait volontiers râlé contre ce procédé qui consiste à remplir les boîtes de jeu avec de l’oxygène, mais on ne dira rien cette fois-ci. Pourquoi ? Mais parce que ce vide a un intérêt ludique, figurez-vous! Eh oui, la boîte va bientôt se transformer sous vos yeux ébahis en support pour le plateau de jeu. Donc mieux vaut qu’elle soit grande, effectivement.

Mais, c’est à un niveau moins palpable que le jeu fascine. Par l’ambiance vaporeuse aux dominantes bleues et roses. Par la silhouette nocturne d’une forêt de pins sur les tranches de la boîte. Par la beauté d’un plateau constellé d’étoiles. Tout, ici, invite au rêve et à la poésie.

On pourra regretter les petites fusées aux couleurs vives qui détonent un peu trop avec l’ensemble.

En regardant de plus près l’illustration de la boîte, on se pose d’ailleurs la question du thème. Même si le titre « Mission Spatiale » y apparait en gros, les fusées sont à peine assumées, minuscules dans le ciel. Comme si la thématique avait changé en cours de route et qu’elle racontait initialement la course d’orientation nocturne d’un groupe d’enfants en pleine forêt.

Mais trêve de chipoteries, le matériel pousse à la rêverie et surtout à jouer. Alors, jouons…

« Deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin »

Après avoir constellé le cœur du plateau de 30 étoiles en plastique et après avoir placé votre fusée sur la case « départ », la course peut débuter.

Quand vient votre tour de jouer et que votre fusée se trouve sur une case sans symbole, lancez le dé.

  • S’il indique une face avec des points, avancez votre fusée du nombre de cases correspondant. Tous les points sont comptabilisés si vous êtes le malheureux dernier. Sinon, seuls les points noirs sont pris en compte.

Un moyen ingénieux d’atténuer l’écart entre les fusées, et de toujours laisser une chance aux petits astronautes à la traine.

  • S’il indique un symbole « Planète », rose ou bleu, l’effet sera le même que si votre fusée débute sur une case ornée de ce type de symbole : vous devrez observer les étoiles pour vous orienter et continuer votre vol.

Pour cela, vous piochez une carte Constellation, quadrillée de trous. Chacune d’elle indique une disposition de 3 à 5 étoiles et vous aurez le temps d’un sablier (environ 30 secondes) pour la placer le plus judicieusement possible sur la Voute Céleste du plateau.

Plus les étoiles du plateau viendront concorder avec les emplacements de la carte Constellation, plus votre fusée avance.

Les étoiles utilisées sont alors déplacées, la Voûte Céleste se transformant ainsi au fil du jeu.

Comme il s’agit d’une course, le premier joueur à faire le tour du plateau avec sa fusée gagne la partie.

« When you wish upon a star… »

Vous l’aurez compris, tout le sel et l’intérêt de « Mission spatiale » tient dans les phases de recherches d’étoiles. Chacune de ces recherches sera un véritable moment d’excitation et de stress pour les Marmots.

Mais vous aurez certainement aussi saisi que les susdits Marmots risquent d’être fortement défavorisés face à des adultes.

A 6 ans, en effet, ils ont bien moins d’aptitudes que vous pour le repérage dans l’espace (et dans l’Espace du même coup…) et donc pour associer la disposition de la carte Constellation à celle des étoiles sur le plateau.

Heureusement, l’auteur a pensé à tout et il est possible de rééquilibrer les chances en jouant sur deux variables :

  • Alors que vous avez le temps d’un seul sablier pour placer votre tuile Constellation sur le plateau, votre Marmot en a le double, voire le triple (il suffit de retourner le sablier une ou deux fois supplémentaires).
  • De même, il peut tenir sa carte Constellation juste au-dessus du plateau pour trouver le meilleur emplacement possible alors que vous la gardez devant vous et devez trouver mentalement cet emplacement.

Et si cela ne suffit pas encore, l’astuce des points blancs et noirs sur le dé (voir plus haut), permettra aux petits astronautes retardataires de ne jamais être trop à la traîne.

Rares sont les jeux qui prennent le temps de proposer des pistes pour équilibrer la différence de niveau entre Parents et Marmots, voire entre Marmots d’âges différents. C’est ici une qualité et une démarche à souligner, en espérant que de futurs jeux en prennent de la graine.

« Vers l’infini et au-delà »

La règle propose une variante pour astronautes chevronnés mais elle sera à réserver aux Marmots les plus grands.

Les différences sont peu nombreuses mais modifient complètement l’esprit du jeu :

  • Quand le dé tombe sur un symbole Planète, la recherche d’étoiles n’est plus individuelle mais collective. Et c’est le plus rapide qui gagne.
  • Il est interdit de tenir sa carte au-dessus du plateau pour s’aider.
  • Tous les emplacements de votre Carte Constellation doivent correspondre à des étoiles du plateau pour gagner une recherche.

Fini donc la possibilité d’équilibrage entre les joueurs de différents niveaux! Votre Marmot aura intérêt à savoir reproduire mentalement des formes s’il veut avoir une chance de s’en sortir. Et, croyez-moi, même en tant qu’adulte, ce n’est pas gagné d’avance !

Rajoutez la pression de la recherche collective et vous comprendrez que l’ambiance est bien plus compétitive que dans le jeu de base.

Je n’ai hélas pas testé cette variante, ne voulant pas écœurer ma Marmotte de 8 ans de ce magnifique jeu. Vous voilà prévenus en tout cas…

Un jeu d’observation 5 étoiles

Dès l’ouverture de la boîte, « Mission Spatiale » invite au voyage. Et on sent de la part de l’auteur, de l’illustrateur et de l’éditeur, beaucoup de travail pour nous le rendre accessible et inoubliable.

Après quelques parties, l’effet « Wahou » se sera estompé. Certes le jeu étant basé sur un concept assez redondant et ne proposant qu’une légère courbe d’apprentissage, on peut douter de son intérêt sur la longueur.

Mais le temps de quelques parties, le voyage aura été beau, l’expérience magique et le jeu laissera dans la tête de vos Marmots comme dans la vôtre de bien jolis souvenirs étoilés.

La fusée avait atterri en douceur… Il faisait nuit.

Les jambes engourdies, Milo esquissa quelques pas pour se remémorer la pesanteur.

Déjà Neptune lui manquait. Alors il fit ce qu’il aimait faire par-dessus tout : s’asseoir et regarder les étoiles…

On aime :

  • Le matériel magnifique
  • Les astuces pour équilibrer le jeu entre parents et Marmots

On aime moins :

  • Le manque de renouvellement des parties

Votre Marmot aimera si :

  • Il aime s’asseoir et regarder les étoiles

Fiche du jeu :

  • Un jeu de Manfred Ludwig
  • Illustré par Matthias Derenbach
  • Edité par Haba
  • Pour 2 à 4 petits astronautes
  • De 6 ans et plus

Où le trouver ?

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