Test – Pitch Out

Pitch Out est un jeu qui a failli ne jamais voir le jour. C’est l’histoire de David contre Goliath, d’une petite maison d’édition bordelaise face au numéro 1 français de la viennoiserie qui a fait la chasse en 2018 à toutes les sociétés utilisant le mot « pitch » afin de protéger sa célèbre marque de brioche fourrée. Non, ce n’est pas une blague ! Mais tout est bien qui finit bien car ce jeu  d’Adrien Charles illustré par Laurent Nicolas est enfin sorti sous la maison d’édition Gigamic.

Pitch Out n’est donc pas une brioche fourrée (désolé Ludivine), ni un lancer au baseball (désolé Olivier), ni un exercice de présentation court et impactant (désolé Soffy), mais un jeu de pichenette. Qu’est-ce que la pichenette ? Place à la minute culturelle qui m’est chère : la pichenette est un lancer effectué à l’aide d’un doigt, le même geste que l’on utilise pour jouer aux billes. Les origines de ce concept sont incertaines, mais il semble que le Carrom au XIXème siècle en Inde (ou en Grande-Bretagne soyons précis !) en soit l’origine. Il y a eu ensuite au Canada le célèbre Crokinole. De nos jours, on peut citer parmi les jeux de pichenette l’incontournable Pitchcar avec toutes ses extensions de circuits. Il y a même un certain jeu de pichenette qui s’est permis de gagner le Kinderspiel des Jahres avec des pingouins (Icecool en 2017).

Dans Pitch Out, deux peuples des Basses-Terres (les Hoods et les Citizens) s’affrontent pour s’emparer des Monts Eternels. Mais plutôt que de s’entredéchirer dans le sang, ils ont décidé de se disputer la victoire de manière moins primitive et uniquement à grands coups de … pichenettes dans une arène ! On pourrait en parler à Vladimir, Donald, Recep ou Kim ? Non ? Bon d’accord, il est préférable de garder ce concept à la maison pour choisir le menu du soir ! Je sais, je m’égare, place à Pitch Out, un jeu pour deux joueurs à partir de 7 ans pour des parties de moins de 10 minutes.

« Tu tires ou tu pointes ? »

Pitch Out est un jeu de duel où les deux joueurs s’affrontent en deux manches gagnantes.

Chaque joueur dispose de cinq palets, appelés « pitchers », qui forment son équipe.

La zone de jeu recommandée est une surface d’environ 80x80cm. L’équipe, ainsi que deux éléments de décors (de type bunkers), sont déployés dans un périmètre représentant le premier quart de la zone de jeu de chaque joueur. Un dernier élément de décor est positionné au milieu de la zone de jeu.

Parmi ces fameux pitchers, il y a un capitaine dans chaque équipe. Pour gagner une manche, il faut réussir à éjecter le capitaine adverse de la zone de jeu ou bien d’éjecter toute l’équipe sauf le capitaine. Et oui, il est bien connu qu’un Chef n’est rien sans ses troupes (petit message subliminal à tous les Chefs du Monde). Tout pion qui se trouve en dehors de la zone de jeu est éliminé.

Chaque joueur joue l’un après l’autre et choisit le pitcher qu’il veut déplacer. Pour se déplacer, il faut s’appliquer et préparer une pichenette aussi précise et dosée qu’un coup franc de Zizou. Pour éliminer un adversaire, même principe : il faut viser avec votre pitcher le pion adverse et réussir à le sortir de la zone de jeu.

On peut aussi déplacer les obstacles en les poussant à l’aide d’une puissante pichenette, mais, halte aux poètes en tout genre et au bourrinisme, il est impossible de sortir un pion de la zone de jeu à l’aide d’un obstacle.

Voilà, pour les grands principes du jeu. Un jeu simple donc, mais loin d’être simpliste …

« T’ar ta gueule à la récré ! »

En effet, ce n’est pas tout ! Pour mieux en découdre avec votre adversaire, les pions disposent chacun d’un pouvoir. Une équipe, avec les règles de base, est constituée des mêmes membres pour les deux joueurs. Lorsqu’il joueur choisit de déplacer un de ses pions, il active le pouvoir de celui-ci. Une équipe est donc composée des membres suivants :

  • le Capitaine, déjà évoqué, copie le pouvoir d’un autre pion de son équipe qui a déjà été éliminé ;
  • l’Immortel est … immortel (il y en a 5 qui suivent !). Plus précisément, il ne peut pas être éliminé quand il est activé. On peut ainsi jouer mal, fort, ou tenter des trucs un poil risqué, s’il sort de la zone de jeu, l’Immortel n’est pas éliminé pendant son tour et peut se redéployer dans la zone de départ du joueur ;
  • l’Assassin a seulement besoin de toucher un adversaire pour l’éliminer. Pas besoin de l’éjecter de la zone de jeu ;
  • le Garde protège les autres pitchers. Quand un pion est éliminé, il peut être remis en jeu si le joueur décide de sacrifier son Garde. Le pion éliminé réapparait alors à la place du Garde
  • le Runner peut être joué une deuxième fois s’il n’a touché aucun pion lors de son mouvement. Assez pratique par exemple pour attaquer un Capitaine au style « camper » bien planqué derrière un bunker.

Mais ce n’est pas fini ! Pitch Out propose des règles plus avancées avec des pions « élite » adoptant des pouvoirs additionnels et des matchs 5vs5 ou 7vs7. Mais surtout, ces règles rendent les équipes asymétriques. Je ne vais pas trop spoiler ici, il faut garder un peu de surprise à la lecture des règles. Juste pour attiser votre curiosité, vous allez pouvoir trouver parmi les pions « élite » :

  •  l’Infesté qui emporte dans la tombe avec lui un pion adverse dès qu’il est touché et ce, quel que soit le tour du joueur ;
  • le Commando : il peut être rejoué s’il touche un pion ennemi ou allié pendant son tour.

« Un contenu tout en un »

Côté matériel, il n’y a que du bon. Les règles sont simples à comprendre, y compris pour des marmots, et même avec les capacités spéciales des personnages qui sont vite assimilées. C’est d’ailleurs assez utile pour pouvoir démarrer des parties rapidement avec de nouveaux joueurs.

Le matériel est qualitatif. Les palais sont agréables à manipuler et sont suffisamment solides pour survivre à un vol plané depuis la table du salon et, certainement aussi pour résister à un coup de pichenette puissant du chat-tigre d’Emy.

Les pitchers sont des palets en plastique avec des jetons en carton représentant les personnages qui viennent s’emboiter dans le creux du plastique. C’est assez pratique pour changer rapidement de personnage d’une partie à une autre. Les illustrations des personnages de Laurent Nicolas sont très bien réalisées, « stylées » comme dirait mon marmot.

Médaille d’or pour la méthode de rangement du jeu. Les éléments de décors, constitués de quatre blocs en plastique, peuvent s’emboiter pour former une boite compacte. Les palais et les jetons de personnages peuvent s’insérer dans cette boite, ce qui permet d’éviter qu’ils se baladent partout dans la boite du jeu. Boite du jeu qui sera vite oubliée car il est aussi fourni un sac de transport qui permet d’emporter le tout facilement avec soi. Prêt à dégainer votre petit sac, vous pouvez ainsi jouer n’importe où : sur une table à la maison bien sûr, mais aussi sur votre serviette à la plage ou sur une nappe après un pique-nique au bord d’un lac.

Il est aussi tout à fait possible de customiser le jeu et de substituer aux obstacles fournis avec la boite du matériel issu d’un autre jeu (rempart, tour, montagne, etc …) pour s’offrir un changement d’air. N’hésitez pas aussi à varier les surfaces de jeu pour renouveler les parties, changer les sensations et créer votre propre arène de combat.

« Ca va trancher chérie ! »

Pitch Out combine un mécanisme de dextérité pure, la pichenette, avec de la stratégie. Ce cocktail de technique et de tactique permet d’appréhender le jeu de pichenette différemment et demeure tout à fait accessible aux enfants à partir de 7 ans.

Il faut bien entendu être à l’aise avec les pichenettes et un joueur agile comme une limace blessée aura certainement du mal avec le concept. Mais le marmot apprend très vite la technique de la pichenette ! Je peux vous l’assurer pour avoir organisé un tournoi de Pitch Out avec des marmots de 7/8 ans, tournoi dans lequel je n’ai pas passé la phase de poules ! Le jeu est très vite pris en main et les parties peuvent rapidement s’enchainer d’autant plus qu’elles sont d’une manière générale très rapide (5 minutes en moyenne). 

Mais le grand intérêt de Pitch Out réside dans le positionnement des pions, la gestion des mouvements et la bonne utilisation des capacités spéciales des pions.

« Hum hum, je vais tenter une petite attaque suicide à la quitte ou double avec mon Immortel pour éjecter directement le Capitaine adverse qui se trouve un peu trop proche du bord de la table … Je peux y aller fort de toute façon je peux activer mon pouvoir si je vise de travers … Oh wait … Je vais plutôt d’abord jouer défensif et mettre mon propre Capitaine à l’abri derrière le bunker avec mon Garde pas trop loin pour veiller sur lui. »

La question de la rejouabilité se pose certes assez vite. Mais le jour où elle se pose, la question est vite répondue et les pions « élite » interviennent. Les nouvelles capacités des personnages apportent bien entendu un renouveau, mais surtout un côté asymétrique à Pitch Out. Il devient possible de spécialiser son équipe et d’axer son jeu sur certaines tactiques. Il me parait par ailleurs tout à fait possible de sortir des extensions avec de nouveaux peuples. 

L’avis de Plateau Marmots

Au final, Pitch Out est un gros coup de cœur de cet été.

Si vos marmots n’ont pas encore découvert les jeux de pichenettes, foncez car Pitch Out est une belle découverte qui les attend. Si vos marmots maitrisent déjà Pitchcar ou Icecool, foncez aussi car Pitch Out revisite le concept avec son côté stratégique : on gère les positions de départs de ses pitchers, on positionne le décor, on réfléchit à ses déplacements à l’avance, on utilise au mieux ses pouvoirs pour changer le cours de la partie … Il y a vraiment de quoi transformer votre marmot en Général de Guerre !

Les parties sont très rapides et les coups de pichenettes s’enchainent sans temps mort. Pitch Out devient vite addictif et marche très bien avec les marmots. Les fous rires sont effectivement légions au fil des énormes loupés et des coups totalement imprévus. La fierté et l’émerveillement prennent aussi place autour de la table de jeu à travers les jolis coups tactiques ou techniques des enfants sous le regard médusé des parents.

Doté d’un matériel de qualité, savamment conçu pour être facilement transportable, Pitch Out doit vous accompagner dans votre sac pour ces vacances !

Ca fait plaisir

  • Le concept de la pichenette revisité avec une sauce tactique
  • Une ambiance garantie autour de la table
  • Des parties rapides et rythmées
  • Un matériel qualitatif et rudement bien pensé pour le transport

Ca fait moins plaisir

  • La rejouabilité, mais elle n’a finalement de limite que votre créativité

Le trouver

Chez Ludum
Chez Philibert
Chez Parkage

Fiche Technique

Un jeu d’Adrien Charles
Illustré par Laurent Nicolas
Edité par Gigamic
Pour 2 joueurs
A partir de 7 ans

1 thoughts on “Test – Pitch Out

  • 7 août 2020 à 16 h 00 min
    Permalink

    Merci beaucoup pour ce bel article sur un jeu qui a mis du temps à voir le jour.
    Je suis toujours ravi d’entendre ou de lire des retours sur mon tout premier jeu édité, surtout lorsque les commentaires sont aussi élogieux !
    Pour ce qui est de la suite, si le jeu fonctionne bien, j’ai déjà transmis à mon éditeur une belle série de nouveaux pouvoirs, ainsi que d’autres idées d’extensions qui, je l’espère, verront le jour. J’en dis plus dans un article sur le Philimag n°2 : https://fr.calameo.com/read/0062660289492b8cde9e8
    Bonne continuation !

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.