Test – Ploufette en Mission

« Nan, mais sérieux, regardez ce qu’ils ont fait de ma mare ! C’est un véritable dépotoir ! » Pauvre Ploufette ! Sa mare est située juste en contrebas du château, et elle récupère tout ce qui tombe par les fenêtres. Le chou du cuisinier, le boulet de canon du soldat… Bah Ploufette, elle en a ras les cuisses ! Et elle compte bien renvoyer chaque objet à son propriétaire, assorti d’une bonne avoinée… Mais encore faut-il trouver ces satanés résidents, qui bougent tout le temps dans le château, et ensuite escalader la façade en mode spider-frog pour leur rendre leurs détritus.

Attention les amis ! Peinture de guerre sur le front, Ploufette est en mission !

Je vous rassure d’emblée : le vrai pitch du jeu est autrement plus noble et chevaleresque ! Ploufette en mission est un jeu de Gunter Baars et de Markus Nikisch, édité par Haba.

Das ist qui le patron ?

De temps en temps, Haba s’amuse volontiers à sortir un jeu qui calme tout le monde, une fois qu’on le voit déployé sur une table. C’est leur petit plaisir à eux. Nous, on arrive dans le salon dans le fracas d’un goûter d’anniversaire, on voit le truc et on se dit : « ah oui, quand même, la deuschkalitat, ça envoie du lourd ! ».  On se souvient par exemple de la magistrale Tour du Dragon encore fièrement dressée aujourd’hui sur bon nombre de salons ludiques. Il faut dire qu’Haba sait y faire pour donner de la hauteur et de la majesté à certains de ses titres. En d’autres termes, vous l’aurez compris, Ploufette en mission est un jeu pour enfants absolument magnifique, qui attire sur lui l’ensemble des regards des petits et des grands, dès lors qu’il apparaît sur la table.

Pensez donc : une façade de château qui fourmille de détails et une verticalité bienvenue dans un monde où l’horizontalité fait loi.

Bref carton plein (ah ah ah, sacré moi !) pour cette mise en scène grandiose : Ploufette en met plein les yeux et donne immédiatement envie de jouer.

Un pavé dans la mare boite !

La (grande) boîte de jeu contient… une façade de château. Oui, rien de moins. Cette dernière est en carton fort, percée de 10 fenêtres, de 10 trous et d’autant de meurtrières amovibles, pour ajuster à loisir le niveau de difficulté. La façade est composée de 3 planches de carton très rigide, maintenues ensemble avec 4 petites épingles à dessin en métal. On réservera donc le jeu aux marmots les plus calmes, qui ne seront pas tentés de faire les couillons avec les pinces, d’autant plus qu’elles semblent d’une solidité assez relative. (si j’en trouve en plastoc, je pense que le ferai l’échange ni vu ni connu)

Le jeu est également composé de 20 cartes personnages, de 10 jetons fenêtres qui dissimulent chacun un personnage, et de 10 billes de couleur.

Mais le clou du spectacle, c’est bien évidemment Ploufette, une grenouille en bois qui se dirige au moyen d’une ficelle placée de part et d’autre du château. Au moyen d’une tête un peu incurvée, la grenouille peut transporter une bille de couleur jusqu’en haut de l’édifice.

La règle est claire et abondamment illustrée. On signalera juste, chose rarissime avec Haba, une imprécision qui s’est glissée dans le texte français. Mais on y reviendra plus bas.

On bâtit les murs !

L’ensemble du matériel est vraiment sublime, mais à la première partie, prévoyez un petit quart d’heure pour le monter tranquillement sans la pression d’une horde de marmots en furie autour de vous. Vous pourrez ainsi bénéficier au mieux de l’effet waoouh une fois posé sur la table. Et il ne sera plus nécessaire de le monter ensuite, je vous rassure. Une fois le château debout, vous pourrez préparer la suite.

Chaque personnage du jeu est décliné sur deux cartes et sur une tuile “fenêtre” recto-verso. Les personnages sont tous représentés en train de  porter un objet de couleur, correspondant à l’une des billes du jeu. Le tout réuni forme un ensemble (par ex : le cuisiner avec un chou vert = la bille verte).

Lors de la préparation du jeu, il est nécessaire d’écarter un personnage du jeu avant le début de la partie. Vous ne jouerez en effet qu’avec 9 personnages, même s’il y a 10 emplacements de fenêtres.

Le truc rigolo, justement, c’est que la règle française zappe un peu ce point. Les règles anglaises, italiennes ou espagnoles sont pourtant très explicites :

« Put one set of castle residents aside. Shuffle the rest of the 9 window tiles face-down » ou « Apartad un set de habitante. Mezclad boca abajo el resto de fichas-ventana »

Mais la règle française, elle, est un peu à la ramasse sur ce point : « Placez près de vous les habitants du château. Mélangez les 9 tuiles de fenêtres faces cachées »

Du coup il faut cogiter un moment pour comprendre pourquoi la VF parle de 9 tuiles alors qu’il y en a 10 de disponibles. Mais bon, on finit forcément par capter le truc.

Et quitte à râler, on se demande aussi pourquoi La VF a décidé de titrer le jeu sur Ploufette, là où les autres règles mettent en avant l’édifice (CASTLE CLIMBING FROG, EL CASTILLO DE LA RANA ESCALADORA, ce qui me semble plus judicieux, j’avoue. Mais bon, je ne suis pas traducteur alors je me tais.

 

Tu montes, Ploufette ?

Pour revenir sur le jeu, Ploufette en Mission se joue en deux phases distinctes : identification et action.

La phase d’identification est celle où les joueurs doivent trouver à quelle fenêtre du château ils vont devoir envoyer la grenouille en mission. Au début de chaque tour, un joueur pioche une carte du paquet et identifie un personnage du jeu.

Tour à tour, chaque joueur retourne ensuite l’une des fenêtres du château, pour tenter d’y retrouver le même personnage.

Si ce n’est pas lui, tant pis. Mais attention, la fenêtre est replacée face cachée, dans une autre fenêtre vide du château. Eh oui : les personnages se déplacent sans arrêt, ce qui les rend plutôt difficiles à localiser. Cela explique donc pourquoi on ne débute la partie qu’avec 9 personnages sur les 10 disponibles : cela permet de laisser une fenêtre vide dès le début du jeu.

Une fois un personnage localisé, la partie action peut commencer. Le joueur qui a localisé le personnage empoigne les deux extrémités de la ficelle qui permet à Ploufette de se déplacer. En tirant plus ou moins sur le côté gauche ou droit, la ficelle se tend et la grenouille peut alors gravir la muraille. Évidemment, il faut un peu d’entraînement au début, mais ne vous inquiétez pas : on chope vite le coup de main. Cela vous viendra naturellement tôt ou têtard. Ploufette doit éviter les obstacles, les trous dans la façade, et ne pas faire tomber la bille, sans quoi la carte sera défaussée.

Si, au contraire, le joueur parvient à livrer la bille au bon personnage, il empoche la carte. Le joueur suivant pioche alors une nouvelle carte « tableau » et tente de localiser ce nouveau personnage.

Des sensations bien agréables

J’avoue que lorsque j’avais repéré ce jeu à Cannes, il m’avait laissé dubitatif. J’avais peur qu’il soit trop simple et que l’on s’en lasse vite. Je m’étais hélas totalement fourvoyé. Le plaisir de la « chasse au personnage qui bouge » est un mémory-like plutôt amusant, et auquel on se prête sans déplaisir.

Quant à l’ascension en temps limité, elle est véritablement agréable à jouer, surtout quand les obstacles sont sortis. 30 secondes, cela file plutôt vite, et il faut savoir se magner l’arrière-train sans pour autant faire n’importe quoi.

Le truc rigolo, c’est que si les adultes sont forcément bien plus à l’aise pour faire grimper la grenouille, ils sont a contrario souvent désarmés devant un mémory en mouvement. Adultes et marmots peuvent tout à faire jouer ensemble. Bref, quelle que soit la configuration de jeu, on s’amuse vraiment avec Ploufette en mission, et on peut y passer de longues heures à inventer ses propres parties et scénarios.

Variantes et Bac à sable

Ploufette a un petit côté « bac à sable » dans lequel il est rapidement possible de créer ses propres modes de jeu. Attention, la règle officielle montre déjà le chemin en proposant un mode coopératif où deux joueurs tiennent chacun l’un des côtés de la ficelle qui permet de déplacer Ploufette : coordination obligatoire !

Mais on peut facilement aller plus loin et créer un mode « marathon », où chaque joueur va se chronométrer à ramener toutes les billes destinées aux personnages (sans avoir à les chercher, évidemment), voire une variante narrative, où l’on doit ramener une autre bille à un personnage que celle de sa couleur et inventer ce qu’il va en faire (par exemple, « le cuisinier va servir un boulet de canon au roi car ce dernier lui a dit qu’il faisait de la cuisine trop molle ») pour raconter une histoire globale, à la manière du « Jeu aux mille titres ».

Le fin du fin, évidemment, serait d’arriver à mettre en place une variante qui permettrait de jouer simultanément à Ploufette et à la Tour du Dragon, pour un décor aussi impressionnant que magnifique. Je vais essayer de bosser là dessus, tiens.

On râle ou Coâââ?

Comme je le disais plus haut, il est assez difficile de râler sur un jeu dont je n’attendais pas grand-chose et qui me séduit sur la durée. Il est certes « simple » et les plus grands s’en lasseront peut-être quand ils auront pris le coup de main, mais devant l’éventail de possibilités en jeu compétitif, coopératif ou solo que propose Ploufette, difficile de lui reprocher quoi que ce soit, au final. Même le prix demeure accessible en dépit de la splendeur du matériel (certes en carton) car le jeu est vendu moins de 25 euros. On a déjà vu beaucoup moins beau pour beaucoup plus cher.

Donc on râle pas, et on joue.

L’avis de Plateau Marmots

Ploufette en mission est donc un excellent jeu, qui mêle mémoire et adresse pour un cocktail bien plus réussi que celui de la Tour du Dragon. La partie mémory est même franchement sympatoche, puisque les personnages se déplacent sans cesse dans le château. La partie adresse-escalade est elle-aussi réussie, avec son temps limité et sa difficulté ajustable. Mais c’est clairement le plateau de jeu lui-même qui vous impressionnera le plus. Tout en verticalité et en petits détails mignons, il appelle au jeu de la plus jolie des manières. On s’amusera donc à créer ses propres règles, ses propres épreuves. Voire à raconter ses propres histoires.

Ploufette en mission est donc un jeu qui fera honneur aux après-midi d’anniversaire et aux parties intergénérationnelles du dimanche après-midi. En un mot : bravo !

Ca fait plaisir

  • C’est grand
  • C’est beau
  • C’est haut
  • Un mémory animé
  • Des ascensions épiques
  • Un bon jeu “bac à sable”
  • Excellent rapport qualité/prix

Ca fait moins plaisir

  • Ploufette reste un “simple” jeu d’adresse
  • Des règles françaises moins précises qu’à l’accoutumée

Fiche technique

Un jeu de Gunter Baars et de Markus Nikisch
Illustré par Antje Flad
Edité par Haba
De 2 à 4 joueurs (variantes solo et multijoueurs)
Date de sortie 2018

Disponible chez Philibert

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