Test – Polar Party
Les parents sont partis, quelle belle occasion de picoler : « igloo, igloo » ! C’est la fiesta chez les petits pingouins qui ont décidé de l’absence parentale pour se lancer dans un mémorable concours de pêche arrosé d’Aquavit. Chacun va donc plonger sous la banquise qui pour tenter d’obtenir le maximum de poissons, en essayant d’éviter les poissons pourris. Oui, mais voilà : une baleine facétieuse veille au grain et ne va se faire prier pour gober tout crus les poissons laissés sans surveillance. Quelle équipe de pingouins sera la plus maligne pour attraper – et conserver – le plus de poissons ?
Si ça caille, mange du poiscaille !
Après avoir semé la zizanie dans un lycée, dans une pyramide, puis participé à une course folle sur la banquise, voilà à nouveau des pingouins en vadrouille dans ce sympathique jeu de stop ou encore édité en France chez Matagot. Au départ de l’aventure, Liesbeth Bos (récemment croisée sur Arbra Kadabra) et Anja Dreier-Brückner, qui a signé de nombreux titres sur ces vingt dernières, notamment chez Haba.
Polar Party est un jeu de « stop ou encore » joliment illustré par Anne Pätzke, une habituée des productions Pegasus/Matagot (Rouleboule l’escargot, Attrape Renard, Le bal masqué des coccinelles…). Il s’adresse aux marmots de 5 ans et plus.
Un matériel innovant ? Oui, mais.
Au vu des photos et de la mention présente sur la boîte, on ne pouvait qu’être intrigués par le contenu de la boîte de Polar Party, et en premier lieu par les Icebergs en papier, prometteurs d’un gameplay inédit. De fait, les Icebergs sont bien présents et plutôt jolis. Il s’agit de feuilles de papier indéchirable (et lavable). L’idée est de les plier à loisir pour en faire des icebergs dérivant le long de la banquise.
Mais à la lecture des règles, la déception est immédiatement de mise ! Les Icebergs sont purement décoratifs. Ils sont beaux et amusants à façonner, pas de souci là-dessus. Mais leur présence n’a d’autre intérêt que de décorer votre table de jeu. C’est sympa, certes, mais je n’irais pas jusqu’à faire mention de « matériel de jeu innovant » sur la couverture de la boîte. Reste la baleine, donc, sympathique et heureusement bien plus fonctionnelle. Elle a la capacité de pouvoir stocker des jetons dans sa mâchoire, ce qui est un effet plutôt sympathique.
Le reste du matériel est agréable, mais classique, une grosse pelletée de jetons recto-verso, des pingouins, et un dé.
Une fois sur une table, l’ensemble est vraiment joli et nous emmène directement dans un univers polaire. La règle est simple et bien illustrée. Aucun souci.
De notre côté, on a immédiatement rajouté un point de règle qui nous semblait essentiel. Le jeu commence par le façonnage de l’Iceberg, et le joueur qui pourra débuter la partie sera le premier qui parviendra à faire tenir ses deux pingouins sur son édifice. Un moyen, certes détourné, d’inclure les Icebergs dans le jeu.
Pingouin, mais pas manchot !
Le tour de jeu consiste à lancer le dé et appliquer le résultat. Si vous tombez sur une face poisson (4 chances sur 6), vous pouvez piocher un jeton banquise, sans le dévoiler à vos adversaires. À chaque pêche, vous pourrez ainsi obtenir 1, 2 poissons ou une arête. Quel que soit le résultat, placez le jeton face cachée devant vous.
Votre pêche ne vous appartient toutefois pas encore tout à fait. Il faudra songer à la « banquer » en cours de partie, en sacrifiant l’un de vos deux pingouins. Pour l’heure, tant qu’il vous en reste deux, vous pourrez immédiatement jouer une seconde fois : un lancer de dé par pingouin.
Au lieu de lancer le dé, vous pouvez toutefois demander à l’un de vos pingouins de « banquer », c’est-à-dire surveiller votre stock amassé jusque lors. Il ne pourra plus partir pêcher jusqu’à la fin de la partie, mais au moins vous ne risquez pas de tout perdre en route.
Car si le lancer de dé indique la baleine, cette dernière va s’empresser de dévorer tous vos jetons non protégés par un pingouin. De quoi perdre gros si vous vous montrez trop gourmands.
Attention, en fin de partie, tout poisson non protégé ne sera pas compté. Cela signifie qu’il faut, tôt ou tard, consacrer votre second pingouin à la surveillance des poissons lui aussi. Vous ne pourrez alors plus lancer de dés, mais vous pourrez précipiter la fin de la partie en avançant à chaque tour un jeton pingouin d’une case.
Les parents sont en effet sur le chemin du retour ! Et ils peuvent soit être déplacés par une face de dé, soit par les joueurs qui n’ont plus de pingouins disponibles. Autant vous dire qu’au rythme d’une case par joueur, cela peut aller très vite sur la fin !
Une fois que les deux parents sont de retour à l’igloo (et qu’ils peuvent constater, effarés, l’ampleur des dégâts d’une soirée de fiesta poissonnesque) la partie s’achève. Chacun dévoile alors les jetons « banqués » et fait le décompte des poissons gagnés. Celui qui a le plus de poissons remporte la partie et devient roi de la fête. L’histoire ne dit pas si les parents conduisent les perdants chez l’ours polaire, mais chacun est libre d’imaginer ce qu’il veut.
Des sensations très intéressantes
Polar Party est un jeu de stop-ou-encore qui présente plein de jolies subtilités, dévoilées au fur et à mesure de la partie. En effet, il y a plusieurs paramètres à prendre en compte à chaque lancer le dé. La première, c’est que vous avez 4 chances sur 6 de tomber sur une face poisson, et seulement 1 sur 6 de tout perdre. Cela encourage à prendre des risques, évidemment. Et de se pousser les uns les autres au lancer de trop.
Vous me direz que c’est commun à tous les jeux de ce type et vous aurez raison. Ce qui est beaucoup plus original, c’est cette notion de lier le nombre de lancers à la possibilité de banquer. Car rapidement un choix s’impose. Si je joue la prudence, j’assure quelques poissons, mais j’ai un dé de moins à lancer. Si je suis joueur, j’attends le plus tard possible avant de banquer, avec deux lancers par tour, mais il suffira d’une baleine pour que je perde tout. Cruel dilemme, évidemment. Et il est décuplé par l’incertitude de la pioche, car le poisson n’est jamais garanti. Les jetons « vides » sont nombreux, et pousser sa chance pour choper des arêtes n’est jamais très glorieux. Il faut donc savoir saisir le « bon moment » pour sécuriser son stock et lancer la partie vers sa seconde phase, avec lancer unique. C’est vraiment malin, et toujours plein de suspense.
Des variantes à inventer
Que peut-on reprocher à cette Polar Party, au final ? Rien, vraiment, à part peut-être le fait de ne pas aller au bout de ce que le jeu pourrait proposer. Nous avons par exemple rapidement eu l’idée de rendre le jeu plus fun en introduisant un coefficient de rareté dans les poissons. Nous avons supprimé quelques poissons du stock de jetons et avons déterminé le barème suivant : chaque poisson jaune vaut 5 points, chaque poisson rouge 3, chaque poisson vert 2, etc. Lors du décompte final, il faudra donc avoir les poissons les plus rares pour avoir toutes ses chances de gagner. Cette variante (en plus de faire bosser ses maths) a rapidement séduit les marmots plus âgés, très heureux de pouvoir « banquer » après un poisson à haute valeur.
Autre variante que nous avons bien aimée : le déplacement automatique des pingouins. L’idée c’est de ne plus tenir compte des pingouins obtenus au dé (ils jouent désormais le rôle d’un poisson), mais d’avancer systématiquement un pingouin après un tour de jeu complet. Nous avons en effet souffert de parties très courtes à cause d’une déferlante de pingouins obtenus aux dés, ce qui n’était guère amusant. Là, les pingouins avancent tranquillement, sauf en fin de partie quand les joueurs n’ayant plus rien à pêcher en prennent le contrôle, ce qui rend du coup le jeu plus tactique, sans l’inutile pression de pingouins qui rentrent trop tôt.
On aurait apprécié que des variantes de ce type puissent se trouver dans le livret de règles sans qu’on ne soit obligés de les créer nous-mêmes. Mais ça ne nous a pas pris bien longtemps non plus d’améliorer tout cela, faut avouer.
L’avis de Plateau Marmots
Quel plaisir que de voir qu’un petit jeu « simple » s’avère au final bien plus fun que prévu ! C’est clairement le cas avec cette « Polar Party », qui propose quelques options tactiques aussi amusantes qu’inattendues pour un simple « stop ou encore » dédié aux 5 – 8 ans. Si on ne peut que regretter que le « matériel innovant » soit essentiellement décoratif, le plaisir de jeu est bel et bien là et promet des parties aussi fun qu’accrocheuses. Bref, on se régale de ce petit jeu, facile à rendre encore plus nerveux encore moyennant quelques mini-aménagements. Polar Party est clairement idéal pour découvrir le genre « stop ou encore », dès 4 – 5 ans, et permet d’enchaîner de savoureuses parties. On n’en attendait clairement pas tant : bravo Pegasus et Matagot !
On aime
- Un premier “stop ou encore” très réussi
- Un matériel sympatoche
- Plus complexe qu’il n’en a l’air
On aime moins
- Des Icebergs décoratifs
- Le jeu aurait pu proposer de nombreuses variantes au vu de la qualité du matériel
Le trouver
Fiche technique
Un jeu Liesbeth Bos et Anja Dreier-Brückner
Illustré par Anne Pätzke
Edité par Matagot
Pour 2 à 4 joueurs
A partir de 5 ans