Test – Santorini
Assis au bord de la falaise, vous contemplez les eaux turquoises de la mer Egée. La brise marine chatouille vos narines. Seuls les rires des mouettes brisent le silen……BAOUM!!! Aaargh, mais kèssecé!?! Un bloc à la blancheur immaculée surgissant de nulle part atterrit à un mètre de vous! Et là-bas un autre, et encore un! Un gros costaud à la barbe blanche tenant des éclairs dans sa main s’approche: « Ne reste pas planté là, petit mortel, et cesse donc de me regarder avec cet air médusé ! Viens plutôt nous aider à bâtir la perle des Cyclades, une île à la beauté sans pareil qui fera parler d’elle pendant des siècles et des siècles… »
Santorini est un jeu stratégique de Gordon Hamilton pour 2 à 4 joueurs à partir de 8 ans dans lequel les joueurs, ouvriers en bâtiment, construisent les emblématiques maisons blanches aux dômes bleus sous le regard bienveillant (ou pas) des Dieux. Soyez le premier à atteindre le troisième étage d’un bâtiment pour remporter la victoire.
Beau comme un dieu grec
Visuellement, Santorini est tout simplement époustouflant. Les illustrations sont fort sympathiques et la découverte du matériel laisse sans voix, enfin presque. Il y aura sûrement des « Ooooh ! » et des « Waaooouuh ! » qui ne laisseront aucun doute sur l’enthousiasme des joueurs. Alors oui, la boîte est énorme et il va falloir lui trouver une place dans votre ludothèque familiale. Mais peu importe parce que ça vaut le coup !
Le plateau de jeu se monte en 2 secondes et représente l’île de Santorin en 3D : une étendue verdoyante perchée sur une falaise.
Pour bâtir, nul besoin de vous encombrer avec une bétonnière. Vous trouverez des blocs préformés de différentes formes correspondant aux étages des bâtiments à construire (rez-de-chaussée, 1er et 2ème étages et dôme) ainsi que 3 couples d’ouvriers.
Tous les couples sont identiques, il n’y a que la couleur qui change. Je regrette que les détails des figurines (cheveux, visages, outils…) n’aient pas été davantage mis en valeur. Un petit coup de peinture par-ci par-là aurait été un plus.
S’ajoutent à cela 30 cartes divinités magnifiquement illustrées. Chacun de ces Dieux, Déesses, Titans, Monstre ou Gorgone apporte aux joueurs un pouvoir particulier qui modifie les règles de base. C’est pourquoi il est recommandé de jouer sans, le temps de se familiariser avec la mécanique du jeu.
L’ensemble est divinement beau, agréable à manipuler et solide.
En revanche la notice… grosse déception ! L’ouverture de la boîte laisse apparaître un livret en papier glacé coloré et joliment illustré contenant les règles en plusieurs langues… sauf en français. Pour la version française, il faudra vous contenter de l’autre livret, celui en papier journal en noir et blanc. Pourquoi tant de haine ?
Les règles standard tiennent sur une page, se lisent rapidement et ne posent aucun problème de compréhension. Les pages suivantes sont consacrées à l’introduction des divinités dans les parties et expliquent de façon détaillée les pouvoirs de chacun des 30 Dieux. Certes, c’est utile voire même nécessaire, mais c’est franchement long. Inutile donc de vous imposer cette lecture puisque, de toute façon, vous ne jouerez pas avec tous les Dieux en même temps. Gardez la notice à portée de main, surtout lors des 1ères parties, et consultez les explications si nécessaire.
Truellement simple
Une fois l’île installée, chaque joueur pose ses 2 ouvriers là où il le souhaite sur le plateau.
A son tour de jeu, le joueur choisit l’un de ses ouvriers et doit obligatoirement réaliser les 2 actions suivantes :
- le déplacer sur une case adjacente. S’il se retrouve dans l’incapacité de bouger ses ouvriers, le joueur a perdu d’office. L’ouvrier ne peut monter que d’un étage par tour de jeu mais peut, en revanche, redescendre de plusieurs étages par tour;
- construire sur une case adjacente à celle où l’ouvrier fini son déplacement. Le joueur pose un bloc sur une case vide ou sur un bâtiment déjà en construction. Lorsqu’un bâtiment est coiffé d’un dôme, il est considéré comme achevé rendant ainsi l’édifice inaccessible aux ouvriers.
Le joueur qui réussit à placer un de ses ouvriers sur le 3ème étage d’un bâtiment gagne la partie.
Facile? N’oubliez pas que tous les joueurs ont le même objectif et qu’il est possible de construire et de grimper sur tous les bâtiments, même ceux érigés par vos adversaires. Pour remporter la victoire, soyez attentifs à toutes les manœuvres, anticipez et bloquez la progression des autres en posant, par exemple, des dômes ou, pire, en les coinçant de façon à ce qu’ils soient dans l’incapacité de déplacer leurs ouvriers. Oui, c’est vicieux, mais tellement jouissif !
Santorini’s gods band
Après cette mise en bouche, vous pourrez jouer avec les cartes divinités.
En début de partie, un joueur pioche autant de cartes qu’il y a de joueurs et explique aux autres le pouvoir accordé par chacun des dieux. Chaque joueur choisit, à tour de rôle, une carte et la pose devant lui. La partie peut commencer en suivant les règles de déplacement et de construction citées précédemment.
SAUF QUE, vous devrez tenir compte de vos pouvoirs et les appliquer à la lettre, sous peine de perdre la partie.
Certains pouvoirs s’activent lors de votre tour ou lors du tour de l’adversaire, d’autres uniquement pendant la phase de déplacement ou de construction. Certains Dieux nécessitent une préparation supplémentaire avant même que la partie commence et d’autres proposent des conditions de victoire vous permettant de l’emporter autrement que par la voie «normale».
La quantité d’informations à ingérer est donc assez conséquente et, pour ma part, pas forcément évidente à la 1ère lecture.
L’avis de Plateau Marmots
Avouons-le, la 1ère chose qui attire le regard dans Santorini, ce sont les illustrations et le matériel tout simplement divins. Si la mise en place prend un peu de temps et d’espace, les règles de base s’expliquent en quelques minutes et sont facilement accessibles aux marmots de 8 ans.
Réflexion, anticipation, blocage, coups tordus rythment agréablement les parties et permettent aux parents de jouer avec leurs marmots sans avoir l’impression de subir le jeu.
L’ajout des Dieux permettra à chaque joueur de bénéficier de capacités particulières qui viendront modifier les règles «normales» du jeu. Lors des 1ères partie, on gardera la notice sous le coude pour se rappeler qui fait quoi et à quel moment car la profusion divine est quelque peu déroutante et les explications de la notice pas toujours évidentes à la 1ère lecture.
Pour autant, le pli est vite pris et apporte plus de profondeur stratégique au jeu. Sachant qu’il y a 30 Dieux, les possibilités sont innombrables et les parties peuvent donc se multiplier sans jamais se ressembler.
Santorini s’adresse avant tout à 2 joueurs, même si les règles prévoient certains aménagements pour 3 et 4 joueurs. A 3, chaque joueur contrôle un couple d’ouvriers. Les parties sont évidemment un peu plus longues et demandent plus d’attention pour garder un œil sur les manœuvres tactiques de ses 2 adversaires. Mais le jeu reste franchement plaisant. A 4 joueurs, on joue en équipe de 2 avec 2 couples d’ouvriers. Personnellement, je ne vois pas trop l’intérêt mis à part, peut être, pour initier son marmot au jeu.
Malgré tout, Santorini est un excellent jeu et l’investissement sera vite amorti grâce à sa rejouabilité quasi infinie.
On aime:
- matériel et illustrations magnifiques
- thème original
- parties rapides
- la possibilité de pimenter les parties grâce aux Dieux
- rejouabilité
On aime moins:
- la notice en noir et blanc (restriction budgétaire??)
- on garde la notice sous le coude lors des 1ères parties
Le retour des héros
Et si vous considérez que la présence des 30 divinités de base n’est pas suffisante, vous pourrez vous procurer l’extension «Golden Fleece».
Gordon Hamilton a déniché d’autres Dieux planqués dans les sous-sols de l’Olympe, 15 pour être exact! Il a également rameuté 10 héros comme le courageux Jason, le musculeux Hercules ou l’invincible Thésée.
Mais c’est pas tout! Cette petite boîte contient aussi une belle figurine représentant la Toison d’or, 2 nouveaux couples d’ouvriers, des jetons divers et variés et un nouveau mode de jeu. Et pourtant… seuls 2 joueurs auront le privilège de faire mumuse avec tout ça. A partir de 3, on laisse les héros au placard pour ne conserver que les Dieux. Quel dommage!
D’ailleurs, je me demande à quoi servent les 2 couples d’ouvriers supplémentaires puisque pour jouer avec l’extension il faut le jeu de base (qui contient, je le rappelle, 3 couples d’ouvriers)? On se retrouve donc avec 10 ouvriers pour 2 joueurs…c’est un clin d’œil à la DDE, c’est ça?
A ma décharge, je n’ai pas eu l’occasion de tester l’extension, donc il y a probablement des subtilités qui m’échappent. Si une bonne âme a la réponse, qu’elle n’hésite pas à se manifester.
Fiche technique:
Auteur: Gordon Hamilton
Illustrateur: Lina Cossette et David Forest
Editeur: Roxley Games / Spin Master
Pour 2 à 4 joueurs
A partir de 8 ans
Durée d’une partie: 20 min
Pour aller plus loin: