Test – Zouk : Abracadanimaux

“Une pincée de poils de ragondin tacheté, deux gouttes d’essence de rossignol… Jean-Théodoreeeeee ! Tu as tout mélangé les étiquettes de mes ingrédients ! Je voulais un ragondin chanteur, je me retrouve avec un koalautruche ! Mais ce n’est pas possible, ça ! Les apprentis, ce n’est plus ce que c’était ! »

Et si on disait qu’une gentille petite sorcière était affublée d’un apprenti-assistant distrait ? Qui mélangeait tous les ingrédients et faisait n’importe quoi ? Et qu’on se retrouvait à la tête d’une collection d’animaux magiques tous bizarres qu’il faudrait collecter ?

Tel pourrait être le pitch de Zouk – Abracadanimaux petit jeu qui vous retwiste le Memory en deux coups de baguette magique.

Mais tu parles du Memory, alors ? C’est pas ce jeu connu et rebattu dans ses versions chatons, Disney, géographie Roubaisienne et on en passe ?

Si si, on est bien d’accord. Mais reprenons depuis le début.

Zouk – Abracadanimaux, édité chez Bayard et créé par Cyrille Allard, se situe dans l’univers de Zouk. Si vos marmots sont suffisamment petits, vous connaissez la petite sorcière malicieuse de Serge Bloch. Moi non, mais il faut dire que mes deux ados sont plus dans leur période Flash (« les super héros, c’est trop biiiiiiiiiien, hiiiiiiiii ») qu’à lire des textes pour petits.

Oh, moi aussi j’adore Flash, c’est trop biiiiiiiiien, hiiiiii ! Mais tu nous dis ce qu’on trouve dans Zouk, quand même, un peu ?

Dans la boîte, de petit format qui tient facilement dans le sac de goûter pour partir en balade, on va retrouver quelques tuiles animaux non magiques et des cartes de commande figurant une paire d’animaux au recto et leur combinaison magique au verso. Avec le super nouveau nom de l’animal ainsi constitué par le mélange. C’est l’illustrateur de Zouk qui donne de la vie à l’ensemble, donc si vos marmots sont fans de la licence, vous ne serez pas dépaysé. Pour le jeu, il a apparemment changé un petit peu de méthode en utilisant des crayons de couleur plutôt que son style habituel. Je ne suis pas une spécialiste, je vous le disais, mais l’ensemble est de bonne facture, semble résistant et est en tout cas mignon tout plein aux yeux de l’adulte blasée que je suis. Je pourrais presque le confier à un marmot aux doigts plein de confiture de myrtilles, confiante en ma capacité à le laver ensuite. Presque.

Ça tombe bien, mon fils de 4 ans adore la confiture de myrtilles. Mais des Memory, j’en ai déjà 14, dont celui avec le cycle de vie de la betterave sucrière du bassin compiégnois. En quoi le tien est mieux ?

Donné à partir de 4 ans, je vous le disais, Abracadanimaux revisite le Memory en changeant un tout petit peu les codes de base. S’il s’agit bien de trouver des paires, ce seront des paires d’animaux différents et correspondants à la combinaison affichée sur les cartes de ‘commandes’ de la petite sorcière. Lorsqu’on trouve la bonne paire, on ne prend pas les tuiles, mais la carte de commande, qu’on retourne, pour découvrir avec nos petits yeux amusés le résultat de nos expériences magiques. A partir de 4 cartes pour un joueur, hop, on a gagné !

Donc, contrairement au Memory habituel, on ne se contente plus de trouver des paires en réduisant les possibilités. Il faut plutôt se souvenir de l’emplacement de ces coquins d’animaux pour satisfaire à l’une des 3 cartes de commandes toujours en jeu.

Et la présence permanente de ces 3 cartes objectifs n’est pas sans incidence sur le jeu. On prendra en effet soin de repérer la position des animaux présents sur plusieurs cartes simultanénement afin d’essayer d’en choper plusieurs sur le même tour.

Ok, mais alors, dis-nous, ô grande prêtresse de la magie bordélique, tu as aimé le jeu, toi ? Et pour mes marmots, tu en dis quoi ?

Si vous êtes comme moi champion du monde de Memory années 1981 à 1985 mais que cela remonte à votre tendre jeunesse (et n’allez pas me dire que vous n’étiez pas nés, bande de petits galopins, non mais !), votre marmot vous battra à plate couture. Vous allez donc normalement passer un sale quart d’heure, la honte chevillée au corps.

Pour ce qui me concerne, j’ai décidé de remédier au problème en jouant avec un adulte plus vieux que moi. Problem solved, merci la vie. Bon, j’ai quand même perdu, mais sans trop de honte, ouf. Même si les animaux semblaient se déplacer quand je voulais les retrouver.

Et, j’avoue, même si ludiquement parlant, Abracadanimaux n’a pas la richesse d’un Aeon’s end, il remplit parfaitement bien son rôle pour les petits marmots.

Ceux qui ne savent pas lire auront besoin d’un enfant plus âgé pour leur donner le nom du nouvel animal, certes, mais, sinon, c’est la beauté du jeu, les enfants peuvent y jouer sans adulte ! Amazing !

Parce qu’ils ne vont pas essayer de manger les tuiles. Parce qu’ils vont tout de suite comprendre les règles, c’est pas bien sorcier (huhuhuhu). Parce qu’ils prendront plaisir à découvrir les animaux magiques. Parce que même nous les adultes, ça nous a amusés de découvrir les dessins de ces drôles de bestioles. A tel point que nous avons décidé d’épuiser les piles de commande pour voir une fois tous les animaux rigolos. Et oui.

Bien évidemment, une partie nous a suffi, entre adultes. Et c’est normal, nous ne sommes pas le public visé. Mais quand on voit que 1/ les marmots regardent 400 fois le même épisode de Petit Ours Brun sans se lasser, 2/ que ce jeu est quand même plus intelligent et enrichissant que DelirOToilettes et autres cochonneries de chez MégaBoue, on ne peut que dire banco.

L’avis de Plateau Marmots

Zouk – Abracadanimaux propose une alternative rigolote et cohérente au sempiternel Memory dans sa version de base. Le thème pourra parler à vos marmots s’ils connaissent l’univers. Le côté découverte des animaux magiques est vraiment agréable et les marmots risquent fort de vouloir finir les piles de commandes. La difficulté semble bien dosée en termes de nombre de tuiles à mémoriser et de durée de concentration. L’ensemble est bien édité, joliment dessiné et pour un prix franchement pas excessif. Que demander de plus ?

On aime :

  • Le prix tout doux
  • Le principe connu mais revisité
  • Les jolis dessins des animaux coquins

On aime moins :

  • Ne plus avoir 4 ans
  • Ne pas avoir de vrais pouvoirs magiques

“Abracadabangbang !” Le coup de baguette du chef

Puisque l’auteur du jeu a eu la gentillesse (ou l’inconscience) de me confier son précieux, je vais compléter l’avis de Krinie avec la violence et la sauvagerie qui me caractérisent si bien. Je suis chef, hein, faut que j’assume, et pis d’abord Keyser Söze, il existe même pô. (héhéhé). Donc tremblez, simples mortels, et attendez-vous à subir ma hargne légendaire.

Sauf que non.

Parce que Krinie a tout à fait raison. Comme d’habitude allez vous dire. Et vous aurez également raison, ce qui est quelque part fort déprimant. Mais ce n’est pas le débat qui nous occupe ici.

Je ne peux donc qu’approuver en tout point l’avis de Krinie. Le matériel est simple, mais top (solide, plastifié, nutella-proof) et la règle s’avale à la première lecture.

Le jeu est un mémory-like revisité de manière fort élégante (faire des paires avec des animaux différents, c’est la grande classe) dans un univers proche des marmots. Combinaison gagnante pour à peine plus de 10 euros et bien évidemment préférable au sempiternel Memory des princesses Disney. Les parties sont rapides et prenantes, et s’enchaînent facilement jusqu’à 3 ou 4. Les marmots ont d’ailleurs tendance à vouloir aller “jusqu’à 5 cartes gagnées” plutôt que 4, histoire de faire durer un peu les choses. il est vrai qu’au bout de quelques minutes de partie, l’emplacement de chaque animal est clairement identifié et cela va tout à coup très vite. J’ai tenté une règle façon “Chasse aux monstres” dans laquelle le vainqueur de chaque carte a le droit d’intervertir deux tuiles animaux de son choix, mais ça n’a pas découragé les loustics à retrouver les bestioles tout aussi vite. Un ajout de ma part totalement inutile, donc.

On pourra également varier les plaisirs en jouant les cartes “abracadabra” sur leur verso : les joueurs devront donc déduire que le Lapingouin est la fusion d’un lapin et d’un pingouin, ce qui sera, espérons-le, à la portée du plus grand nombre.

Si le jeu est fort plaisant avec des marmots de 4/5 ans, mon fils de tout juste 3 ans a également pu y jouer sans grand mal. Le truc, c’est qu’il a maintenant envie de découvrir l’univers de la petite sorcière Zouk, signe que Bayard risque fort de réussir son pari. Car le jeu a autant pour mission de ravir les amoureux de l’univers que de le présenter à ceux qui ne le connaissent pas encore.

La sorcière Zouk n’est d’ailleurs pas la seule à se promener sur les plateaux de jeu, puisque Bayard n’a pas hésité à décliner d’autres héros de son panthéon pour des jeux divers et variés : de Petit Ours Brun à la Famille Dubouchon en passant par Mortelle Adèle, Samsam ou Ariol, voilà qui devrait déclencher quelques heures de lecture. Tant mieux, soit dit en passant.

Bref, cette collection de jeux a l’air franchement sympatoche : on essayera de mettre la main sur quelques uns d’entre eux pour les tester comme il se doit.


 

Fiche Technique

Un jeu de Cyrille Allard et Serge Bloch
Illustré par Nicolas Hubesch
Edité par Bayard Jeux
Pour 1 à 4 joueurs
A partir de 4 ans
Année de sortie : 2018

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