Test – Colorus

On connaissait l’excellent Speed Colors, on avait adoré Loony Quest, mais nous sommes toujours curieux lorsque surgit un jeu qui vous propose des crayons de couleur en équipement standard. Bien sûr, les Roll & Write ont la vie belle de nos jours, mais quand on n’a pas encore l’âge pour découvrir les exceptionnels Penny Papers, le concept du « je lance les dés pour tout le monde » est encore inconnu. Fort heureusement, Haba nous invite à découvrir l’art du lancer de dé collectif avec Colorus, un Roll & Draw particulièrement malin qui combine coloriage et ludisme. Sortez les crayons, ça va tailler !

Colorus est un jeu de coloriage pour 2 à plein de joueurs, à partir de 4 ans. Il a été créé par Lena et Günter Burkhardt, illustré par Sandra Kretzmann, et édité par Haba.

Coloriez, c’est gagné !

Dans Colorus, chaque joueur doit être le premier à remplir sa feuille de coloriage avant ses adversaires. Mais je vous arrête tout de suite : Colorus n’est pas un jeu de rapidité : seule la stratégie (et la chance) vous permettront de l’emporter. En effet, Colorus vous invite à gérer votre feuille de coloriage en fonction des lancers de dés, afin de ne jamais vous retrouver bloqué dans votre coloriage.  

Sobre, mais efficace

Soyons honnêtes : la boîte de Colorus n’est pas de celle qui va vous arracher les rétines. Le jeu est sobre, certes coloré, mais il est surtout bien difficile de comprendre quel va être l’univers du jeu avant sa première partie, si vous n’êtes pas familiers avec le concept de Roll & Write.

Dans le détail, le jeu contient 4 blocs de coloriages différents (20 feuilles de chaque), 4 dés et une pochette de crayons de couleur. On coupera court à toute polémique en indiquant d’emblée que OUI, il est possible de télécharger les feuilles afin de les imprimer vous-mêmes, sans avoir à racheter le jeu. Ouf.

Deux modes de jeu pour les colorier tous

Dans Colorus, il s’agit donc d’user d’un peu d’astuce et de chance pour parvenir à être le premier à colorier sa feuille. Comme dans tout Roll & Write, le jeu se structure autour d’un lancer de dé unique qui va être exploité différemment par tous les joueurs. Mais pour vous faire la main, le jeu propose un mode d’apprentissage particulièrement complaisant qui vous permettra d’associer vos premiers lancers de dés au coloriage des cases. En effet, dans Colorus on ne colorie pas ce que l’on veut comme bon nous semble, tant s’en faut. Chaque combinaison de dés ouvre ne fait la possibilité de colorier telle ou telle case.

Le mode apprentissage, s’il a le mérite de faire ses premiers coups de crayon, est tout de même un peu trop light pour être amusant. Les joueurs lancent les dés et colorient une maison un peu comme bon leur semble, sans réelle contrainte. Bof. Tellement bof, d’ailleurs, que ce mode de jeu donne de mauvais réflexes aux marmots en les incitant à mixer les couleurs, ce qui n’est pas du tout le propos du jeu principal. On va donc rapidement illico se lancer dans le second mode de jeu, véritable raison d’être de Colorus.  

On lance les dés et… on colorie

Pour jouer à Colorus, chaque joueur se munit donc d’une feuille de coloriage identique. Il y a 3 modèles adaptés au second mode de jeu : fleurs, montgolfières et arc-en-ciel. Il est recommandé de commencer par l’arc-en-ciel, qui comporte moins de cases que les deux autres.

Une fois que chacun est devant sa feuille, il est temps de colorier ! Les joueurs prennent la couleur de leur choix et coloris une (et une seule) case de cette couleur.

Une fois que chacun s’est exécuté, l’un des joueurs lance les quatre dés. Il y a deux dés de couleur et deux dés chiffrés avec des faces allant de 1 à 3, et le résultat s’applique alors à TOUS les joueurs. Concernant ce résultat, les joueurs sont libres de l’interpréter comme bon leur souhaite, sachant qu’il doit les aider à déterminer leur prochaine case à colorier.

En effet, chaque case du jeu est numérotée de 1 à 3 (comme les dés, donc). Si vous obtenez un 1 avec un dé, vous pourrez donc colorier une case 1, de la couleur donnée par l’un des deux dés de couleur lancés.

Si vous obtenez, par exemple, les faces rouge et vert, et les résultats 1 et 3, vous pourrez colorier toute case issue de cette combinaison :

  • Une case 1 rouge
  • Une case 3 rouge
  • Une case 1 verte
  • Une case 3 verte

La contrainte, majeure, c’est que les motifs des coloriages ne soient que d’une seule couleur. Chaque rayon d’arc-en-ciel doit-être d’une seule couleur, idem pour les fleurs et les montgolfières. Elles doivent être toutes différentes, mais chaque fleur, chaque montgolfière doit avoir sa propre couleur. Il est donc nécessaire de choisir la case à colorier qui vous ouvrira le plus de possibilités pour le restant de la partie. Si vous finissez votre fleur rouge trop vite, tous les tirages de dés rouges vous seront alors inutiles, et vous serez alors contraint de passer votre tour.

À vous, donc, de vous laisser le plus d’options ouvertes possible afin de ne pas vous retrouver bloqués plus tard dans la partie. Car votre ennemi, en fin de partie, ce seront les doubles. Si vous faites double 2 alors que vous n’avez plus de case « 2 » dispo, vous allez perdre votre tour de jeu. Idem pour la couleur : si vous avez achevé votre montgolfière bleue et que vous lancez deux dés bleus, vous serez bloqué jusqu’au prochain lancer. Une face des dés, heureusement, est une face Joker et permet de choisir la couleur de son choix. Mais là encore il faudra choisir : quelle couleur est la plus importante pour ce tour ?

Une fois que tous les joueurs ont colorié une case, un autre joueur lance les quatre dés pour l’ensemble du groupe, et ainsi de suite jusqu’à ce que l’un des joueurs ait rempli l’ensemble des cases de son dessin.

Concentration et anticipation

L’idée d’adapter la mécanique de Roll & Write en jeu de coloriage est particulièrement ingénieuse. On retrouve bien la difficulté croissante à exploiter les jets de dés, même si c’est ici amené de manière très simple et progressive. Au début on ne sait quelle case colorier, et on arrive rapidement au moment où l’on réalise qu’on a fini le bleu trop vite et qu’on aurait dû y conserver une case de libre plus longtemps. C’est d’ailleurs sur ce point que les enfants se font avoir et perdent contre les grands : ils ont pour obsession de « finir » une couleur le plus rapidement possible, inconscients que ça les handicapera par la suite. La stratégie viendra petit à petit : c’est en forgeant que l’on devient coloriste.

L’un des points les plus surprenants de Colorus, c’est qu’il permet d’avoir des moments de calme bienvenus. De tous les jeux auxquels j’ai pu jouer avec des groupes d’enfants récemment, c’est celui qui les pousse le plus naturellement vers le calme, concentrés qu’ils sont sur leurs dessins en cours. Si vous jouez à 3 ou 4, faites l’effort d’investir dans quelques crayons supplémentaires (voire dans une seconde boîte de jeu), afin de vous assurer que chaque joueur ait un crayon à dispo de chaque couleur en cours de partie, ce qui évitera l’attente si les deux crayons rouges sont en cours d’utilisation.  Une fois cet effort consenti, vous aurez le bonheur de découvrir un jeu hypnotique qui est parfait pour canalise l’attention et la concentration des 4 – 7 ans… tout en restant agréable à jouer (bien qu’un peu simple) par les plus grands.

Quelques regrets ?

Comme pour tout jeu du genre, on aurait souhaité un peu plus de feuilles, pour retarder le moment d’avoir à les imprimer nous-mêmes… ou de racheter une seconde boîte (même si c’est pratique pour avoir des crayons de couleur en rab’).  Il aurait été utile de se passer du premier mode de jeu (et donc du premier bloc de feuille) vraiment très anecdotique. A contrario, on aurait volontiers apprécié un dessin vraiment plus difficile, pour inciter les plus grands à se creuser un peu le ciboulot. 

Ah et un dernier point aussi : si Haba a eu l’élégance de fournir un PDF avec les coloriages, il aurait été cool de générer des planches A4 avec 4 dessins par feuille. Là il va falloir bidouiller les planches sur Photoshop pour les créer nous-mêmes. Rien de grave, évidemment, mais ça n’aurait pas été un très long travail que de proposer des trucs prêts à imprimer.

L’avis de Plateau Marmots

Colorus est une très jolie surprise ! Simple et très accessible (dès 4 ans), il permet de découvrir la mécanique de Roll & Write par le biais du coloriage, ce qui est fort malin. Très ouvert et permettant des parties toujours serrées, il évite le plus souvent la frustration d’avoir à passer son tour au vu des multiples combinaisons possibles. Les faces jokers des dés sont à ce titre très utiles et permettent souvent de contrôler la durée des parties, excédant très rarement les 10 minutes.  Immédiatement adopté par les marmots, il rejoint naturellement la liste des indispensables. Son atout majeur : être jouable par un très grand nombre d’enfants simultanément (dans une classe, ou lors d’un anniversaire par exemple), si vous avez suffisamment de crayons pour qu’il y en ait un pour deux, afin d’éviter les temps d’attente trop longs. Autre atout incontournable, les enfants y jouent en autonomie et dans un calme presque angoissant, tout occupés qu’ils sont à colorier leurs cases sans dépasser, langue en coin. Rien que pour cet exploit, Colorus DOIT faire partie de la ludothèque de tout parent qui se respecte. C’est dit.

On aime

Accessible et malin

  • Deux modes de jeu
  • Du coloriage ludique !
  • On peut jouer à plein en même temps
  • Quel calme !  

On aime moins

  • Un peu plus de feuilles aurait été sympa

Le trouver

Les feuilles de coloriage en PDF

Fiche technique

Un jeu pour 2 à plein de joueurs
A partir de 4 ans
Créé par Lena et Günter Burkhardt
Illustré par Sandra Kretzmann
Edité par Haba.

 

3 thoughts on “Test – Colorus

  • 21 juillet 2020 à 14 h 32 min
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    Bonjour,
    Le jeu a l’air de ressembler un peu penser au chouette “DD” que vous aviez mis à disposition gratuitement pendant le confinement et qui avait été un petit coup de coeur chez nous.
    Du coup, je viens de passer commande auprès de ma boutique habituelle ! Merci pour le test !

    Répondre
  • 22 juillet 2020 à 11 h 52 min
    Permalink

    Merci très intéressant.

    simple hypothèse :
    j’imprime les PDF dispo sur le site d’HABA
    J’utilise 2 dés de Monza pour les couleurs et ceux de la licorne dans les nuages pour les chiffres 1-2-3
    et que j’ai déjà des crayons de couleur , que me manquerait-il pour y jouer ?

    Répondre
  • 22 juillet 2020 à 12 h 38 min
    Permalink

    Hmmm, rien, je pense.

    Vous devrez juste considérer que la face blanche des dés de Monza devient la face “Joker”. Je pense que c’est la seule différence. Faudrait que je vérifie que le ratio des dés est le même, mais je pense que ça doit être identique (deux 1, deux 2 et deux 3).

    Répondre

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