Test – Décrocher la lune

En juillet 1969, des courageux astronautes avaient décidé de faire leur footing sur la lune. 50 ans plus tard, l’équipage de Plateau Marmots relève le défi et décide lui aussi d’aller taquiner notre satellite. Mais le budget fusée ayant été dépensé en fraises Tagada, nous avons opté pour un voyage avec des échelles.

Décrocher la lune est un jeu d’adresse de Fabien Riffaud et Juan Rodriguez. Illustré par Emmanuel Malin, le jeu est pour 2 à 6 joueurs et est édité par Bombyx.

To the moon !

Rien qu’à l’aperçu de la boîte, superbement illustrée, on devine qu’on est en face d’un jeu original, qui joue la carte artistique et délicate à 200 %. Les décors pastel y sont pour beaucoup, mais aussi le matériel, composé de petites échelles de différentes formes, de petites larmes en bois et d’un dé. C’est beau, vraiment, et ça inspire immédiatement une certaine poésie contemplative. Le tout sent bon la lune fantasmée de Pierrot, qui pleure quand elle est triste (ou quand elle se prend une fusée dans l’œil, évidemment.). Gardez dans un coin de l’esprit que « décrocher la lune » est un jeu de ce type, qui va flirter entre le jeu de société et l’artistique, et que la poésie ne sera jamais absente de la partie, même quand tout se cassera lamentablement la gueule suite à une incroyable maladresse de votre part. Eh oui : tout mélancolique et arty qu’il soit, décrocher la lune reste un jeu de badaboumage jubilatoire, qu’on pourra s’amuser à filmer en slowmo pour frimer sur la page facebook de la communauté des ludistes. Donc si la lune a tendance à pleurer, nous on risque fort de rigoler de temps en temps.

Is it made of cheese, Grommit ? 

Pour jouer, il suffira de placer le socle nuage sur une table de jeu, point de départ de cette belle épopée, et de placer à loisir deux échelles droites sur les encoches présentes. Le jeu se compose en effet de 30 échelles, des formes les plus classiques aux plus biscornues. L’emplacement de départ des échelles sera souvent synonyme de parties très différentes : signe d’un souci de rejouabilité. C’est bien vu.

On mettra tout de suite les parents des petits poètes en garde : les échelles ne sont pas en bois, contrairement à ce que les images laissent supposer. Il s’agit d’une matière beaucoup plus légère (carton compressé par des fesses d’hippopotames ?)… et beaucoup plus fragile en des mains de jeunes marmots. Donc ne les laissez pas trainer dans les mains d’enfants de 3 ans, vous pourriez bien les retrouver pliées ou grignotées. Et ce serait fort dommage.

Outre les échelles, vous trouverez également des petites larmes de bois, et un dé à 6 faces.

Walking on the moon

Le but du jeu consiste à placer toutes les échelles en respectant les contraintes de pose. Pour jouer, il convient donc de lancer le dé et d’appliquer le résultat. 3 résultats peuvent être obtenus :

  • Une échelle, signifie que vous devez mettre en place une échelle qui n’en touche qu’une seule autre.
  • Deux échelles, signifie que vous devez placer une échelle qui en touche deux autres. Ni plus ni moins.
  • La lune, signifie que votre échelle doit toucher une ou deux échelles maximum, et s’élever plus haut que toutes les autres échelles.

À chaque tour de jeu, donc, on piochera au hasard l’une des échelles de la boîte pour construire son petit échafaudage. En évitant autant que possible de contrarier la lune. Cette dernière, en effet, est assez émotive et vit mal certaines situations. Il faudra donc faire preuve de doigté, mais aussi de stratégie, pour choper le meilleur emplacement pour progresser sans relâche vers la voûte céleste.

Si vous ne parvenez pas à respecter le résultat du dé, soit parce que votre échelle ne touche pas le nombre requis d’autres échelles, soit parce que tout s’écroule plus ou moins gracieusement, alors la lune pleure et le joueur fautif reçoit une larme. Plic ploc.

La partie s’arrête dans deux cas de figure : soit vous placez la dernière échelle, soit vous prenez la dernière larme. Dans le premier cas, le joueur qui possède le moins de larmes est alors le vainqueur. Dans le second, c’est à peu près pareil sauf que le joueur qui prend la dernière larme est éliminé direct et que les autres se départagent la course astrale en mort subite. La première échelle qui tombe est éliminatoire. La lune est bien cruelle.

Ce n’est pas une lune, c’est une base sidérale !

Une fois tout ceci exposé, qu’en est-il des sensations de jeu ? Elles sont excellentes, tout simplement, car les échelles sont suffisamment variées pour créer des purs moments de stress au moment de chaque pose. Respecter les contraintes tient parfois de la haute voltige et certaines chutes seront inévitables. Si les adultes peuvent jouer la fourberie en plaçant leurs pièces de manière à gêner le joueur suivant, nous avons de notre côté rapidement opté pour une variante maison qui consiste à jouer en coop’ avant épuisement des larmes. Cela permet de faire jouer des enfants assez jeunes, de 4 -5 ans, un peu avant les 6 ans requis par la boîte. On a presque envie de dire que jusqu’à 8 ans, cette variante coopérative a provoqué plus de fun que de jouer les uns contre les autres. Le badaboumage assumé à plusieurs, c’est quand même moins angoissant.

The moon is a window to heaven

Si beaucoup de commentaires liés à ce jeu ont vanté son aspect décoratif, c’est évidemment quelque chose qui échappe totalement à nos marmots, juste pressés de tout défaire pour recommencer une partie au plus vite. Ne vous attendez donc pas à pouvoir exposer vos échafaudages à côté de votre Christo encore sous cello, les marmots sont là pour jouer. Ce sera dommage, parfois, car il est vrai que l’ensemble une fois monté est du plus bel effet. Ça s’étire dans tous les sens, et ça attire inévitablement les regards. Pour les grands, évidemment. La réflexion sur l’art contemporain est sans doute possible pour les enfants, mais pour beaucoup, c’est quand même demander la lune.

L’avis de Plateau Marmots

Poétique et délicat, Décrocher la lune tient toutes ses promesses et permet de s’amuser très vite avec un mode de jeu coopératif très simple à bricoler. Rapide à mettre en place et palpitant à jouer, il permet de jolis moments de tension et des petites satisfactions bienvenues lorsque nos constructions viendront défier la gravité. Plus souvent qu’on ne le pense, d’ailleurs. Le « vrai » mode compétitif sera toutefois à réserver aux plus grands, vers 8 – 9 ans, car il peut tout de même se montrer franchement vachard avec des anti-architectes expérimentés.

Tout ça pour vous dire qu’on aime beaucoup décrocher la lune, et qu’on appellerait presque une version 3 – 4 ans de nos vœux avec de grosses échelles en bois bien solides, pour aller piocher quelques étoiles supplémentaires avec nos plus petits marmots au cœur de la voie lactée.

On aime

  • C’est beau !
  • A la fois relaxant et stressant
  • De jolis badaboumages

On aime moins

  • Des échelles un peu fragiles pour les petits
  • On adorerait une version coop’ kiddy friendly 🙂

Le trouver

Chez Philibert
Sur Amazon

Le petit plus…

Je joue souvent à ce jeu en solitaire en essayant d’aller le plus haut possible avant de recevoir 3 larmes. C’est vraiment très agréable à jouer. Et la magnifique bande son de cet inoubliable jeu vidéo vous accompagnera volontiers pour vos parties. 

 

Fiche Technique

Un jeu de Fabien Riffaud et Juan Rodriguez.
Illustré par Emmanuel Malin
Pour 2 à 6 joueurs
A partir de 6 ans
Edité par Bombyx.

 

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