Test – Kikafé ?! (De toute façon c’était pas le Youki)
Quand vous êtes rentré dans le salon, vous avez tout de suite senti que quelque chose n’allait pas. Et « senti » est le mot qui convient le mieux, car votre olfactivité exacerbée a immédiatement pris la mesure du sinistre problème. Pas de doute : vous avez marché dedans. Autour de vous, les suspects tentent tous de prendre un air détaché. Le perroquet fait mine de contempler ses plumes, le chat joue avec le poisson, le hamster tourne innocemment dans sa roue, la tortue a rentré la tête dans sa carapace et le lapin grignote distraitement une carotte. Ils ont tous l’air innocent, mais l’un d’entre eux est forcément le coupable… Alors ? C’est qui qu’a fait ?
“Ceux qui vous mettent dans la merde ne l’font pas toujours pour votre malheur”
Kikafé est un charmant petit jeu de cartes sorti chez Blue Orange, pouvant agglomérer entre 3 et 6 joueurs à partir de 6 ans. Entre rapidité, mémoire et bluff, chaque joueur doit tour à tour innocenter ses propres animaux et porter l’accusation sur les bestioles de ses adversaires. C’est un sale boulot, mais quelqu’un doit bien payer pour avoir ruiné le tapis, n’est-ce pas ?
Yakoidanlepopo ?
Le jeu se compose d’un deck de 36 cartes et d’une petite pile de jetons représentant des crottes. Les 36 cartes sont en fait constituées de 6 séries identiques, seulement différenciées par la couleur de fond. Les cartes représentent les 6 animaux suspects, et le ton humoristique du jeu est clairement mis en valeur par des visuels très réussis. Chaque animal est à la fois mignon et inquiet, signe qu’il ne se sent pas tout à fait tranquille.
S’il est simple, le matériel d’excellente facture. Les cartes sont de qualité, et la solide boîte permet de les trimballer en toute quiétude. C’est une excellente chose, car le jeu peut sans souci se jouer en extérieur. Les illustrations des animaux sont parfaites pour se plonger dans l’ambiance de suspicion intense, ce qui joue une large part dans la qualité du jeu.
La règle est colorée, simple et claire : vous saurez jouer dès votre première lecture et vous n’aurez pas besoin de vous y replonger ensuite.
Cépamoicéluikafékaka !
Chaque joueur prend en main les 6 cartes d’une même couleur, et a donc en main chacun des 6 animaux du jeu : hamster, tortue, perroquet, poisson, chat et lapin. Le premier joueur débute la partie en posant la carte de son choix (par exemple la tortue) et en déclarant : « Non non non, ce n’est pas maaaaaaaa tortue qui a fait caca… Je croââââââ plutôt que c’eeeeeeeeeest… un hamster ! »
Tous les joueurs qui sont encore en possession de l’animal incriminé vont alors se livrer à une course de vitesse. Le premier qui parvient à poser son hamster sur la tortue pourra alors s’exclamer !
« Que nenni ! Ce n’est pas mon hamster qui a commis cette vilénie ! D’ailleurs c’est un cacaaaaaaa deeeeeeeeeeeeeeee… poisson rouge ! »
Tous les joueurs qui possèdent encore un poisson rouge dans leur jeu pourront alors se battre pour placer leur poisson rouge sur la pile avant celui de leurs adversaires et ainsi le disculper à son tour. Et je leu se poursuit de la sorte jusqu’à ce qu’un joueur se retrouve piégé…
Kikajoué quoi ?
À ce petit jeu de défausse frénétique, le perdant est en effet le dernier joueur à qui il reste des cartes, ou le premier joueur qui accuse un animal à tort. C’est ainsi : si par malheur vous accusez un animal que plus aucun joueur n’a en main, vous perdez immédiatement la manche. Il vous faut donc essayer, autant que possible, de vous souvenir des cartes jouées pendant le round, ce qui sera d’autant plus difficile que le nombre de joueurs sera élevé.
Tenter de disculper ses animaux est donc assez tactique et demande de faire tourner ses neurones. Choisir votre prochaine victime à chaque fois que vous poserez une carte vous collera sans doute un délicieux frisson d’incertitude, sur le mode « tous les hamsters ont déjà été joués » ? Kikafé va donc clairement au-delà du simple jeu de rapidité délicieusement potache pour vous amener une jolie dose d’adrénaline.
Et il vaut mieux conserver les idées claires, car celui qui perd la manche récupère le jeton crotte. Sploutch. Ça n’est déjà pas drôle en soi, mais au bout de 3 jetons crottes récoltés par un même joueur, la partie s’achève. Celui qui en aura récolté le moins aura gagné la partie. Les autres seront un peu dans le caca.
L’avis de Plateau Marmots
Kikafé est un jeu très sympathique, qui allie rapidité et mémoire pour des échanges explosifs et hilarants. S’il ne vous fera probablement pas la soirée, c’est un jeu d’apéro ou de pique-nique tout à fait réussi, qui saura séduire petits et grands pour son côté régressif. Simple, mais parfaitement illustré, il joue la carte de l’humour pour décupler le plaisir de jeu. Comment ne pas craquer en effet pour ces petites bestioles aux grands yeux suppliants, et ces petites crottes bien mignonnes que l’on va pourtant devoir éviter ? Si les marmots de 6 ans seront faciles à battre sur leurs premières parties (ils seront trop occupés à pouffer à la simple évocation du caca), ils sauront rapidement s’adapter et hausser leur niveau de jeu après quelques parties. Normal, c’est un jeu de rapidité et de mémoire, domaines dans lesquels ils sont loin d’être manchots. Gardez toutefois à l’esprit que plus le jeu agglomère de joueurs et plus il gagne en difficulté. Ce ne sera déjà pas simple de mémoriser les cartes jouées par deux adversaires, alors par cinq, cela tient du miracle. Privilégiez donc les parties à 3 ou 4 lorsque vous jouerez avec de jeunes marmots, et à 5 ou 6 pour vos apéros arrosés.
Au final, Kikafé est donc un petit jeu tout à fait décalé et réjouissant qui vous animera de très jolies parties en intérieur comme en extérieur. Libre à vous, ensuite, d’improviser des gages appropriés pour les perdants : le pipicaca a souvent tendance à rendre les joueurs très imaginatifs.
Ça fait plaisir
- Simple, rapide, efficace, explosif
- Fait bosser la rapidité et la mémoire
- C’est toujours rigolo de jouer avec du caca
- Des illustrations très réussies
Ça fait pas plaisir
- Mous du genou et amnésiques s’abstenir
- Ca peut vite virer au grand port’nawak
Fiche technique
Un jeu de Jonathan Favre-Godal
Illustré par Steeve Augier
Édité par Blue Orange
Distribué par Blackrock Games
Année de sortie : 2018
Pour 3 à 6 joueurs
A partir de 6 ans
Durée d’une partie : 10 mn
Le trouver chez Philibert
Pour aller plus loin
Pour une raison bizarre, ce jeu m’évoque une comptine anglo-saxonne que mon petit garçon aime souvent écouter. Je ne sais pas si c’est intentionnel de la part de l’auteur ou purement fortuit : je lui demanderai à l’occasion.
Et voici le teaser officiel du jeu.
Bonjour Plateau marmots!
Alors pour répondre à la question de la comptine: pas du tout! je ne la connaissais pas.
J’ai choisi ce thème (qui était à la base plein de bêtises différentes : qui a mangé les chaussures, qui a mordu les fesses du facteur etc…), car mes filles me demandent des animaux de compagnie. Je leur ai dit qu’elles devraient en être responsables et voila le thème du jeu trouvé.
J’en profite pour répondre ici à une autre question: “pourquoi le poisson? Il ne peut pas faire cette bêtise, c’est pas logique”
Tout simplement c’est un clin d’œil, vous vous souvenez peut être d’une publicité avec un enfant qui accusait son poisson (appelé Maurice)?
Bonne continuation à vous et bonnes parties!
Merci beaucoup pour cet éclaircissement ! 🙂
Et pour le poisson, je m’étais justement dit que cela ajoutait à l’absurde du jeu. Et les poissons de dessin animé seraient tout à fait capables d’une telle perfidie… 🙂
J’avoue que je ne pensais plus à Maurice et son bouchon qu’il poussait un peu trop loin 🙂