Test – Cartaventura Odyssée – Le Secret des Pharaons

– Dis, chat GPT, je suis ultra à la bourre, tu pourrais me faire un post sur Cartaventura et sur l’Egypte Antique en 5000 mots ?
– Bah non, démerde-toi !
– Mais c’est dégueulasse, tu bosses bien pour d’autres blogs !
– Oui, parce que j‘ai perdu foi en eux. Toi tu peux encore y arriver, petit. Allez, va bosser et arrête de chouiner. 

Note de Samuel Beckett : Hasard de la météo ou des programmes scolaires, nous avons eu beaucoup, beaucoup de mal à motiver les marmots pour plonger dans cette aventure égyptienne. Autant le premier Cartaventura Odyssée avait été une évidence pour les enfants, autant celui-ci demanda des trésors de persuasion pour s’y lancer. Pourquoi ? Tout simplement parce que les marmots, toujours en primaire, n’ont que de très lointaines notions de ce que peut être l’Antiquité. Au rythme frénétique des programmes, elle n’apparaît bien souvent qu’en 6e, et les rares connaissances sur le sujet sont chipées dans la pop culture, façon Astérix. Donc, en dépit du succès magistral du premier Cartaventura Odyssée sur notre table de jeu, il fallut s’armer de patience pour se lancer dans cette aventure égyptienne.

Thomas Dupont & Madeleine Deny | Jeanne Landart | Blam!|
1 joueur et +| 6 ans et plus | 20 min environ / session |
Aventure

Odyssée : le meilleur de Cartaventura

Comme nous l’avions vu avec le test du flamboyant Trésor de Libertalia, la gamme Odyssée est une adaptation de l’univers Cartaventura pour les plus jeunes. Et Cartaventura, c’est une géniale collection de jeux narratifs dans lesquels prime l’authenticité historique. De carte en carte, les joueurs se déplacent dans une zone géographique, effectuent des rencontres, font des choix et déclenchent des embranchements scénaristiques. La différence de la série Odyssée tient dans une mécanique de jeu moins linéaire, avec des cartes dissimulées dans le double fond de la boîte, cartes qui vont venir compléter le paquet de cartes disponibles en cours de partie, mais aussi en remplacer certaines, pour tenir compte des choix du joueur. Une vraie trouvaille narrative sur fond de deck-building, avec des cartes spéciales à glaner et collectionner de surcroit. Non, vraiment, Blam devrait faire de l’Odyssée sa gamme principale, car ils tiennent vraiment quelque chose de fort. Mais trêve de louanges : intéressons-nous au dernier venu, qui nous fait partir en direction d’une terre lointaine, où pharaons, dieux et pyramides rivalisent de splendeur.

Marche comme un égyptien

L’Égypte, oui. En 1922, pour être précis, alors que vous incarnez un jeune garçon, tout juste embauché pour travailler sur un chantier de fouilles, à la recherche de la tombe de Toutankhamon. Pour partir à l’aventure, vous devrez lire les cartes indiquées, choisir parmi les possibilités listées et effectuer telle ou telle action, à vos risques et périls. Au fil de l’aventure, de nombreuses cartes permettent de reconstituer un plan et de représenter votre voyage le long de la vallée du Nil, vous offrant là aussi des possibilités de rencontres et d’actions.

Concrètement, la partie débute très simplement en lisant une carte vous présentant le personnage que vous incarnez, et vous mettant immédiatement en situation dans la vallée des rois alors que débute un chantier. Allez-vous d’emblée vous mettre au travail, ou parler avec Samia, la nièce d’un archéologue réputé ? Un choix qui déterminera la suite de l’aventure, constituée de choix cornéliens, parfois pris un peu au pif, faute de références pour les enfants. Notez qu’il sera toujours permis de commettre une erreur avant un game over qui vous renvoie au début du chapitre, et que le fait de reconstituer peu à peu la carte de la vallée du Nil est toujours aussi plaisant.

Le jeu se déroule de manière très simple : on prend la carte indiquée et on applique ce qu’elle nous demande de faire. Il peut s’agir d’une action immédiate, avec une décision à prendre, un objet à conserver, ou un morceau de plan, qui va rester sur la table pour construire peu à peu un astucieux système de déplacement. Et c’est un vrai plaisir de naviguer ainsi de carte en carte, a fortiori lorsque l’on débloque une carte du coffre, signe que notre action aura des répercussions dans nos prochaines parties. En effet, les cartes du coffre seront toujours à destination des parties suivantes, que ce soit pour le chapitre à venir, ou pour la rejouabilité du chapitre en cours. C’est malin, et un vrai plaisir de jeu et de découverte.

« Oh bravo ! »

Cette virée en Egypte Antique se joue volontiers des temporalités et vous réserve volontiers une chouette surprise : à la manière d’un Samuel Beckett qui rebondit dans le temps, vous allez en fait croiser plusieurs époques différentes, par le truchement d’une facétie scénaristique tout à fait réjouissante. Votre aventure va donc vous amener à côtoyer Toutankhamon, Hatchepsout et Ramsès II, à la poursuite d’un redoutable ennemi qui – comme vous – traverse les époques. Le voyage est palpitant, l’aventure est somptueuse. Si les choix sont parfois aléatoires et si l’échec est toujours possible, redémarrer l’aventure n’est jamais contraignant pour explorer d’autres voies… ou pour profiter des nouvelles cartes récupérées lors de la partie précédente. Une belle virée sous le soleil égyptien, que l’on partage de très bon gré avec les marmots. Avec des enfants, d’ailleurs, comptez une petite trentaine de minutes par chapitre, sachant que 3 chapitres sont contenus dans la boîte. Mais l’invitation à la redécouverte est permanente, avec des cartes « bonus » à débloquer et à collectionner, comme un savoureux jeu de pistes à travers les pages.

Une recette toujours aussi prenante

Les sensations de jeu, donc, sont pleinement au rendez-vous et permettent en outre d’initier la conversation sur cette période historique, méconnue des enfants, à l’exception de ceux qui se sont aventurés dans Astérix et Cléopâtre. Il est vraiment plaisant de susciter une telle envie de découverte, et cela permet de se plonger dans quelques reportages passionnants sur cette époque.

Un jeu plus enfants-friendly ?

Lors du test de l’excellent Cartaventura sur la piraterie, nous nous étions émus que le réalisme de certaines actions soit finalement assez peu adapté à certains publics, en mode : « voulez-vous assassiner le témoin qui pourrait vous identifier » ? Eh bien ce n’est pas du tout le cas ici, point de sacrifices humains, pas de démembrage des impies et pas de visites funestes aux Champs-Élysées (padapadapam) : les enfants pourront s’aventurer en Égypte sereinement, avec des parents rassurés. Ouf.

Ou pas, justement. Car cet opus est aussi un peu celui d’une occasion manquée, ce que l’on va pointer du doigt immédiatement.

La bonne situation du scribe ?

Parce que justement, le seul moment où – finalement – le jeu manque un peu sa cible,  c’est le moment où il n’en tient pas compte. Il faut se mettre dans la tête que Cartaventura est développé avec des historiens, c’est-à-dire des gens sérieux (j’en sais quelque chose : j’ai une Licence dans cette discipline et je suis moi-même super sérieux, comme chacun sait). Mais de la même manière que l’on n’attrape guère de mouches avec du vinaigre, il est compliqué de rester sérieux trop longtemps avec des enfants de 6 – 8 ans (âge indiqué pour découvrir le jeu). Et comme on l’a dit plus tôt, les seules références dont ce jeune public dispose vis-à-vis de l’Égypte antique, c’est bien souvent celui de la pop culture astérixienne. Cela aurait pu être l’occasion de glisser quelques références permettant aux plus jeunes de se sentir dans un univers plus familier, et aux plus anciens de savourer la double lecture. Mais ici : non, on reste sérieux et concentré sur son sujet. Alors que nous rencontrons un scribe, il est donc impossible de lui demander si sa situation est bonne, de même qu’on ne croisera aucun pudding à l’arsenic. Dommage d’avoir fait l’impasse, donc, alors même que le scénario ressemble par certains aspects à celui de la légende (remonter le Nil et aller chercher des pierres pour un chantier en cours, notamment).

L’avis de Plateau Marmots (OIivier)

Il a été difficile pour nos marmots de rentrer dans cet univers qu’ils ne connaissent pas, mais le voyage fut très plaisant et leur a donné envie d’en savoir plus sur cette période historique, pari gagné donc. On apprécie toujours autant la très maligne mécanique de jeu qui associe exploration, jugeote et aventure. La rejouabilité est assurée par les nouvelles cartes à insérer au fur et à mesure des chapitres, garantissant de ne pas vivre exactement les mêmes choses en cas d’échec. Cette gamme Odyssée est véritablement un bonheur à jouer, et il nous tarde de la redécouvrir, peut-être avec des thèmes plus parlants pour les enfants (au hasard : la préhistoire, la chevalerie ou la destruction de l’humanité par Skynet). Vivement !

Ca fait plaisir

  • Une palpitante virée en Egypte Antique
  • La mécanique, maligne et addictive
  • Des sessions courtes et agréables
  • De la découverte, des questions, de l’envie d’aller plus loin à chaque partie
  • 3 périodes pour le prix d’une

Ca fait pas plaisir

  • Une période pas du tout instinctive pour la plupart des 6-9 ans
  • On aurait voulu des références et des private jokes

Le trouver

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