Test – Félinspecteur
Après les enquêtrices gallinacées de « Nom d’un Renard » et la fine équipe poilue de « Shadows Amsterdam », après la rongeuse « Commissaire Souris » et la féline « Détective Charlie », faites place au nouveau Sherlock Holmes du monde animal : le bien nommé Félinspecteur !!!
Aidé de toute une flopée d’adjoints, il a une manière bien à lui de résoudre les enquêtes.
« Félinspecteur » est un jeu de communication conçu par Romaric Gallonnier et Nicolas Walther, illustré par Adrien Siroy et édité par Nathan. 2 à 5 enquêteurs en herbe de 6 ans et plus sont admis sur la scène du crime.
Autopsie d’une boîte
Ce sont d’abord les personnages de la couverture qui attirent l’œil. En quelques coups de crayons bien sentis, Adrien Siroy donne vie à Félinspecteur (enquêtant au pied d’un lampadaire comme en hommage au classique « Mister Jack ») et à une poignée d’animaux patibulaires. Une jolie réussite qui donne immédiatement envie d’ouvrir la boîte.
Et c’est peu dire que son contenu intrigue. Pas moins de trois plateaux tout d’abord : deux plateaux « Enquête » identiques (un pour Félinspecteur, l’autre pour ses adjoints) et un petit plateau de score. Deux tas de cartes ensuite, l’un illustré d’objets en tous genres (les cartes Pièce à conviction), l’autre recouvert de questions diverses (les cartes Enquête). Ajoutez à cela un paravent en carton, deux pions moches en plastique et une figurine en carton de Félinspecteur, et vous aurez une boîte bien remplie pour un prix plus que correct.
Si au vu de la boîte, vous vous réjouissez à l’idée de découvrir un nouveau jeu d’enquêtes, vous risquez par contre d’être déçu. « Félinspecteur » est loin d’être le cousin germain de « Détective Charlie ». J’avoue moi-même avoir ouvert la boîte sans trop comprendre à quel type de jeu j’allais jouer. Et l’appellation « Un jeu de coopération et d’échange en équipe » au dos de la boîte, n’aide pas vraiment à éclaircir le mystère.
Alors, puisqu’il est question de mystère, enfilons couvre-chef et redingote, empoignons notre loupe, et essayons de comprendre de quoi il retourne.
Félin pour l’autre
Avant de débuter la partie, un joueur prend le rôle de Félinspecteur. Il place l’un des deux plateaux « Enquête » devant lui, et le cache de la vue des autres à l’aide du paravent. Les autres joueurs deviennent ses Adjoints et placent le second plateau « Enquête », bien visible de tous.
Les pioches de cartes « Pièce à conviction » et « Enquête » sont placées à portée de patte de Félinspecteur. Les deux petits pions en plastique sont, eux, posés sur la case départ des deux plateaux « Enquête ».
L’enquête peut alors débuter… Ou plutôt LES enquêtes. Puisqu’elles seront au nombre de 6 à chaque partie.
Au début de chaque enquête, Félinspecteur retourne une carte « Pièce à conviction ». Elle représente un objet qui peut aller du PQ à la couronne de princesse en passant par le poulet rôti. Cette carte est placée visible de tous.
Félinspecteur pioche aussi une première carte « Enquête » qu’il est le seul à lire. Sur celle-ci une question qui concerne la pièce à conviction et qui peut aller de « Ca peut faire peur dans le noir ? » à « Ca glisse ? » en passant par « Ca peut s’offrir en cadeau ? ». Il déplace le pion sur son plateau « Enquête » en suivant le chemin vert si sa réponse est OUI ou le chemin rouge si sa réponse est NON. Il donne alors la carte à ses Adjoints qui répondent à leur tour sur leur propre plateau.
On répète ceci avec deux nouvelles cartes « Enquête » et donc deux nouvelles questions. L’enquête touche alors à sa fin et Félinspecteur soulève son paravent pour dévoiler le résultat de ses investigations.
Sur les deux plateaux, les pions se trouvent chacun sur une case qui désigne un Suspect. Chaque case Suspect est définie par 3 caractéristiques : le forme de la case, la couleur de fond et l’animal dessiné.
Si le Suspect des Adjoints est identique à celui de Félinspecteur, tout le monde est arrivé aux mêmes conclusions, le Coupable est mis sous les verrous et vous gagnez 2 Points.
Si les deux suspects sont différents mais comportent un point commun (forme de la case, couleur de fond, animal), c’est un Complice que vous mettez sous les verrous et vous ne marquez qu’1 Point.
Si les suspects n’ont par contre aucun point commun, c’est un échec et vous ne marquez aucun point.
On marque le score sur le petit plateau dédié, en déplaçant la figurine en carton. Au bout de 6 enquêtes, regardez la tête que fait Félinspecteur (du chat qu’on jette à l’eau au chat qui a entendu le doux son des croquettes) pour déterminer votre niveau de réussite.
Le Ronron ludique
Il y a de quoi être déçu quand on comprend que Félinspecteur n’a du jeu d’enquête que sa thématique quelque peu plaquée. Mais, passée cette déception, on découvre un excellent jeu de communication accessible dès 6 ans.
Certaines associations Objet/Question paraîtront évidentes : « Un bouquet de fleur a-t-il une odeur particulière ? », « Le camembert a-t-il une forme géométrique ? »…
D’autres associations iront du cocasse au grand éclat de rire : « Ce même camembert rebondit-il ou ferait-il un beau motif de papier-peint ? »…
Mais c’est dans les associations qui vont demander un argumentaire de la part des Marmots que le jeu prend vraiment tout son sens. Il va leur falloir beaucoup d’imagination pour justifier que oui, il y aura toujours des rouleaux de PQ en 2500 ou que non, un sapin de Noël ne ferait pas une bonne idée de déguisement…
Encore peu habitués aux jeux d’associations d’idée et de communication, les Marmots les plus jeunes (le jeu est accessible dès 6 ans) vont même y développer leurs premières notions d’abstraction. Pour répondre à des questions concernant l’image du clown, doivent-ils considérer qu’il s’agit d’un jouet mécanique, d’un vrai clown qui fait du monocycle ou du concept de clown. Idem pour l’image de l’ampoule qui éclaire : s’agit-il de l’ampoule au sens concret ou du concept d’ « Idée » ? Même si les questions et les images leur sont parfaitement accessibles, il sera intéressant d’entendre leurs doutes et leurs interrogations dans la manière d’appréhender certaines images.
Une bonne partie de la réussite du jeu tient aussi dans son système de score. En effet au lieu de recourir à un système de comptage abstrait (0 erreur = 2 pts / 1 erreur = 1pt / 2 ou 3 erreurs = 0 pt), les auteurs ont trouvé un moyen ingénieux de le transformer en un élément thématique. Ainsi, l’obtention du score devient la recherche d’un coupable commun sur les deux plateaux Enquête. Plus les conclusions de Félinspecteur et de ses adjoints sont proches, plus le score est élevé. Une vraie bonne trouvaille.
Une ergonomie à rebrousse-poil
Malgré ses qualités ludiques, « Félinspecteur » souffre toutefois de plusieurs défauts ergonomiques. Et pas des moindre.
En effet, le socle de la figurine en carton a un diamètre tellement large qu’indiquer le score sur le petit plateau dédié tient de la gageure.
Le paravent, ensuite, a beau être de très bonne qualité, ses deux battants ne suffisent pas à cacher correctement le plateau de Félinspecteur. Pire, le plateau Enquête caché derrière est tellement mal conçu qu’il faut détourner le regard de Félinspecteur pour ne pas deviner ses réponses. Ainsi un « OUI » à la première question demande un large déplacement du pion vers la droite quand un « NON » demande un léger mouvement vers le haut. Difficile pour les Marmots les plus jeunes de se faire discrets dans leurs réponses.
Enfin, et on sort là du strict cadre ergonomique, le nombre de carte « Enquête » est bien trop limité. Ainsi chaque partie demande l’utilisation de 6 cartes « Pièce à conviction » et de 18 cartes « Enquête ». Avec 48 « Pièce à conviction », il y a de quoi voir venir, mais les 45 cartes « Enquête » vont vite se révéler redondante même si associées à de nouvelles images.
On peut me reprocher que le prix plus que raisonnable de la boîte ne permet pas un matériel plus abondant et plus abouti. Mais il ne s’agit pas tant de la quantité que de la manière dont il est utilisé. Ainsi la figurine en carton de Félinspecteur associé à une figurine de ses Adjoints aurait plus trouvé sa place en se déplaçant sur le plateau Enquête. Il n’aurait alors suffi que d’un petit jeton ou d’un trombone pour suivre les points sur le plateau Score. Concernant les plateaux Enquête, il aurait fallu prévoir des chemins moins longs, voire concevoir deux plateaux asymétriques. Enfin plusieurs questions par carte « Enquête », de différentes couleurs (comme cela se fait dans beaucoup de jeu de ce type) auraient résolu le problème de redondance.
L’avis de Plateau Marmots
Il est vrai que « Félinspecteur » n’est pas du tout ce qu’il prétend être : un jeu d’enquête. Il est vrai qu’il souffre de défauts ergonomiques très surprenants de la part d’un éditeur comme Nathan. Comme si le matériel n’avait pas été testé et encore moins par des Marmots.
Pourtant, derrière ces défauts non négligeables, se cache un excellent premier jeu de communication. On s’amuse de questions idiotes associées à des objets surprenants ; on rit de l’argumentaire des Marmots pour justifier leurs réponses saugrenues. Et les Marmots, justement, en redemandent. Si bien qu’on finit par rapidement faire le tour des cartes « Enquête ».
A quand alors un petit « Print n’Play » avec de nouvelles questions pour renouveler les parties ?
On aime :
- Une très bonne introduction aux jeux de communication
- Le système de scoring
- Les fou-rires que provoque ce jeu
On aime moins :
- Une ergonomie au rabais
- Le nombre bien trop limité de cartes Enquête
Vos Marmots aimeront si :
- Ils savent si oui ou non il y aura toujours des rouleaux de PQ en 2500.
Où le trouver :
Fiche Technique :
- Félinspecteur
- Un jeu de Romaric Gallonnier et Nicolas Walther
- Illustré par Adrien Siroy
- Edité par Nathan
- Pour 2 à 4 inspecteurs en herbe
- De 6 ans et plus