Test – Karak : Regent

Dans la vie de chaque humain, de chaque artiste, de chaque créateur, arrive un jour où toutes les pièces du puzzle, sous l’effet du destin ou du hasard, tombent à leur place. Il arrive un jour où la vision qui hante le créateur depuis sa première heure et la somme de toutes ses expériences passées s’associent dans une synthèse totale et cohérente pour aboutir à une expression parfaite et indépassable de son génie personnel. C’est ainsi que le savant grec Archimède a lancé un « Eurêka ! » lorsqu’il comprit les lois relatives à la poussée que les objets plongés dans un liquide subissent. C’est ainsi aussi que notre flamboyante rédactrice Soffy, en pleine ascension en haute montagne, eut le déclic pour subtilement savoir dresser les Trolls et les Dragons. Aujourd’hui, c’est à l’éditeur tchèque de jeux de sociétés Albi de connaître son heure de gloire et de présenter au monde le jeu auquel, quelque part, il a toujours aspiré avec « Karak, mon premier Dungeon Crawler ».

Oui, oui, je ne suis toujours pas redescendu de mon nuage depuis le test. Il faut dire que Karak a été pour la rédaction de Plateau Marmots un véritable coup de cœur cette année. Je vous invite tout de suite à relire le test de Karak avant de passer à la suite qui concerne … Karak : Regent, la première extension, qui sera dispo début août 2020 en France. 

Pour les plus pressés, ou pour ceux qui ont la mémoire courte, Karak est un jeu d’exploration de donjons complètement adapté aux enfants dès 6 ans pour qu’ils puissent jouer en parfaite autonomie. Une catégorie de jeux très rare ! Ce jeu de Petr Miksa et Roman Hladik vient d’être distribué en France par Abigames. L’extension ne devrait également plus tarder en France … Voyons en amont ce qu’elle a dans le ventre !

« Plus vite, plus haut, plus fort »

Comme toute extension qui se respecte, surtout dans l’univers des dungeon crawlers, Karak : Regent propose évidemment des nouveaux héros, des nouveaux trésors et des nouveaux monstres qui vont être intégrés dans le jeu initial.

Parmi les héros débarquent quatre nouveaux personnages : un barbare, une acrobate, un mage combattant et une ranger. Ils ont chacun deux pouvoirs spécifiques à leur classe, comme les héros précédents du jeu de base. Les mécaniques de ces nouveaux pouvoirs sont très sympathiques, et apportent davantage de richesse au jeu initial, mais je ne vous en dirai pas plus. Allez, si, je vous en lâche un dans mon immense magnanimité. Apprenez que le barbare a un mode « berserker / pas content » : moins il a de points de vie, plus il obtient des bonus à sa force d’attaque lors des combats. Autant vous dire que c’est un pari risqué, mais que ça va faire des dégâts. 

Parmi les monstres, une chauve-souris géante (niveau de force : 6) et un mage de glace (niveau de force : 11) ont maintenant pris domicile dans les profonds souterrains de Karak. Ils permettent, lorsqu’ils sont vaincus, d’obtenir deux nouveaux équipements : le sortilège « poing glacial » (+2 à la force d’attaque du personnage) pour le mage, et le sortilège « épine des ténèbres » pour la bestiole volante. Ah, oui, il fait quoi le sort « épine des ténèbres » ? Eh bien, cher explorateur de donjons, il permet d’enlever un point de vie … à un autre héros en jeu ! Héhé, vous voyez ce vers quoi on se dirige 🙂

« Bienvenue dans l’arène »

Car oui, c’était peut-être un des rares manques du jeu initial Karak : il n’y avait pas d’interaction entre les différents joueurs et le jeu se limitait à une course à l’équipement et aux trésors entre eux. Karak : Régent vient combler ce manque.

Au-delà de ce nouveau sortilège « épine des ténèbres », qui peut être lâché un peu fourbement (et même en masse si le joueur en possède plusieurs) sur un copain en jeu, l’extension apporte une nouvelle tuile : l’arène de combat. C’est la tuile pour les « vrais », ceux qui veulent en découdre : un joueur qui entre sur cette tuile peut « inviter » un autre joueur à venir le combattre. L’autre joueur doit ainsi déplacer son pion dans l’arène (ce qui déjà, peut le ralentir dans sa course au trésor), mais surtout cela va donner lieu à une bonne explication en règle : toutes les compétences de combat des héros peuvent être utilisées, tous les sorts, etc … Le vainqueur fait perdre un point de vie à l’autre joueur et peut aussi lui voler un trésor ou un objet !

Il n’y avait jusqu’ici que les tuiles « fontaine de vie » et « téléportation » qui permettaient une interaction entre un élément de décor et les personnages, il y a donc maintenant la tuile « arène de combat » mais aussi la tuile « chambre maudite ». L’effet de cette dernière est très simple : un joueur passant dans la chambre a une chance sur deux d’être maudit et obtiendra le cas échéant un jeton de malédiction qui donne les mêmes effets que la malédiction dans Karak.

« Rien ne sert de courir, il faut taper à poing »

Nous l’avions évoqué dans le test de Karak : malgré une mécanique bien huilée, le hasard des tirages de jetons « monstres » et les résultats des combats peuvent conduire à un déséquilibrage entre les joueurs. Karak : Regent ajoute un nouveau mode de jeu : le Seigneur de Karak.

Lorsque cinq tuiles d’arènes ou de malédiction sont révélées, le Seigneur de Karak entre en jeu. Cette sorte de Roi Liche va ainsi remplacer le héros du joueur le plus faible à ce moment du jeu et permettre à ce joueur d’incarner un personnage plus puissant : le Seigneur de Karak. Le joueur le plus faible est celui qui le plus petit nombre de trésors ou, en cas d’égalité, la force totale la plus basse en termes d’armes. Le Seigneur de Karak arrive ainsi avec le maximum de vie et possède les pouvoir de tous les autres héros en jeu. Cela va permettre au joueur le plus faible d’obtenir un petit coup de boost et d’essayer de rattraper les autres joueurs dans la course aux trésors.

Cette variante apporte plus de tension dans le jeu et permet de garder le jeu équilibré plus longtemps. Cela permet à un marmot de ne pas jeter l’éponge trop vite s’il est décroché dans la course aux trésors (et nous savons tous que les enfants peuvent avoir cette tendance), de rester dans « le game » et d’entretenir le fol espoir de coiffer tout le monde au poteau. Le boost est suffisamment important pour pouvoir renverser une partie, mais, en aucun cas, le Seigneur de Karak n’est assuré de gagner systématiquement car au-delà des pouvoirs, les armes et les sorts obtenus en cours de partie sont essentiels pour gagner.   

« Entre gris clair et gris foncé »

Les illustrations du contenu additionnel sont toujours très agréables, dans le même style héroic fantasy, avec la même patte graphique un peu bande dessinée.

La notice de jeu est très détaillée, avec des exemples, des photos et des textes un peu « roleplay » pour se plonger dans l’ambiance. Un point positif : la traduction en français des règles, une des pires jamais vue dans Karak, est ici de bien meilleure qualité. Ce n’est pas encore la langue de Molière, mais on évite ici des tournures de phrase lourdingues et le ridicule dans toute sa splendeur.

Un détail surprenant : le verso des tuiles et les cartons de personnages de l’extension est un poil plus clair que celui du jeu de base. Par conséquent, on reconnait au tirage les tuiles qui sont issues de l’extension. Ceci est lié à l’impression lors de la réédition. Pas très grave, mais si on veut s’assurer que les tirages restent vraiment aléatoires, il faudra se munir d’un sac opaque pour y mettre les tuiles.

L’avis de Plateau Marmots

Au-delà du contenu purement additionnel que toute extension digne de ce nom doit avoir (nouveaux héros, monstres et sortilèges), Karak : Regent apporte exactement ce qu’il manquait au jeu initial : des interactions entre les joueurs à travers des combats et un nouveau mode de jeu permettant parfois de remettre un peu de tension en fin de partie en cas de déséquilibre entre les joueurs. Le nouveau contenu est qualitatif avec des nouveaux héros aux capacités innovantes qui ajoutent encore plus de richesse à un jeu initial déjà bien pensé.

Alors oui, on en voudrait toujours plus, et on pense encore à ce fameux mode coopératif manquant, mais cela attendra volontiers. Avec Regent, Karak s’enrichit d’une extension bénéficiant d’un excellent rapport qualité / prix que tous les fans de Karak souhaiteront obtenir.

On aime :

  • De nouveaux héros, sorts et monstres !!
  • De nouvelles mécaniques qui gomment les imperfections du jeu de base

On aime moins :

  • On voudrait encore plus de héros, de sorts et de monstres !! Et un nouveau boss de fin !!
  • Toujours pas de mode coopératif
  • Le problème de colorimétrie entre le jeu de base et l’extension

Le trouver

Fiche Technique

Un jeu de Petr Miksa et Roman Hladik
Distribué en France par Abigames
Pour 2 à 5 joueurs
A partir de 6 ans
Dispo début août 2020

One thought on “Test – Karak : Regent

  • 15 avril 2022 à 14 h 18 min
    Permalink

    Bonjour
    le principe de l’arene ne va pas (ou alors je n’ai pas compris)
    Ce que je remarque, c’est qu’un joueur qui entre va systématiquement choisir le joueur le plus faible, pour le combattre, s’assurer la victoire et piquer le peu de chose qu’il reste au malheureux, qui en ressort encore plus affaibli, jusqu’à le dégouter de poursuivre le jeu

    comment éviter ce scénario ?

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