Test – Tanuki Market

Il était une fois une mamie tout gentille qui avait décidé d’ouvrir une épicerie aux abords de la forêt. Son commerce était florissant, de beaux fruits et légumes appétissants se succédant, sur ses étals, au gré des saisons. Mamie Reinette pensait vivre une vie paisible, profitant de chaque moment de repos pour faire de longues balades sur les sentiers…

Mais un jour, elle s’aperçut qu’à chaque fois qu’elle s’éloignait de sa petite boutique, des fruits disparaissaient. D’abord 1 puis 2 puis 3… Les coupables ? les Tanukis ! Eh oui, ces petits êtres, pourtant si mignons, vivaient non loin de l’épicerie et ils avaient fait des larcins leur mode de vie. Chaque jour, ils résistaient difficilement à l’appel de ces beaux fruits sucrés et ils venaient régulièrement se servir dès que Mamie Reinette avait le dos tourné.

Un matin, le roi des voleurs, Polo, décida d’organiser un banquet en l’honneur de tous les Tanukis et il convint qu’il serait beaucoup plus amusant de chaparder toute la nourriture dans la jolie boutique de Mamie Reinette que de s’embêter à aller les cueillir sur les arbres. Il envoya donc ses plus redoutables guerriers voleurs avec pour mission de ramener le plus beau butin. 

Mais prenez garde, petits Tanukis… Mamie Reinette veille au grain : elle a sorti le rouleau à pâtisserie et enfilé son costume de Catwoman ! Il n’est pas question qu’elle vous laisse sévir un jour de plus sans réagir.

Tanuki Market est un jeu de collection (ou de chapardage, comme vous préférez!) pour 1 à 5 joueurs de 8 ans et plus et des parties d’environ 20 minutes.

Ils sont beaux mes ananas, elles sont fraîches mes pastèques !

De vous à moi, qui n’a jamais joué à la marchande quand il/elle était petit(e) ?

Que l’on soit petit garçon comme petite fille, c’était drôlement rigolo de collectionner tous ces beaux fruits et légumes et de négocier avec les copains et les copines pour essayer de leur vendre le panier le plus garni possible.

Dans Tanuki Market, même topo : en ouvrant la boîte, on tombe directement dans l’ambiance d’un Marché, le dimanche, en été ! Avec de superbes fruits qui nous tendent les bras et l’envie soudaine de crier “Qui veut mes belles figues ? Qui veut croquer dans mes pêches ?”. Sauf qu’ici, les fruits et les étals vont être symbolisés par des cartes, très colorées, qui donneraient “presque” envie de les manger toutes crues.

En découvrant le contenu, j’ai su directement qu’on avait, devant nous, un de ces petits jeux qu’on affectionne particulièrement à la maison : un format mini qui le rend facilement transportable, des cartes de qualité qui vont résister aux mains maladroites des marmots les plus jeunes, et plein de jolies couleurs qui rappellent le monde de l’enfance. Quand à la règle du jeu, elle tient en 4 pages recto/verso et est agrémentée de nombreuses illustrations pour permettre d’assimiler très rapidement les règles. Bref, dès l’ouverture du jeu, ça donne envie de s’y plonger la tête la première.

Pour la petite histoire, j’ai découvert Tanuki Market un peu par hasard, au FIJ à Cannes, lorsque nous étions passés en mode “reporters” à l’affût de LA nouveauté qui allait faire saliver nos marmots. Bref, pour ceux qui connaissent le FIJ, on passe souvent de nombreuses heures minutes à attendre une table pour tester les jeux, et là, coup de chance ou message subliminal du Dieu du J2S enfants, je ne sais pas, au détour d’une allée, nous sommes tombés sur le stand de Superlude et notre regard s’est tout de suite arrêté sur une table recouverte d’une nappe de pique-nique pleine de fruits, qui était libre. Ni une, ni deux, sans trop savoir à quoi nous attendre, nous nous sommes installés (c’est si rare une table libre!) et, très vite, Antoine Davrou, le boss de Superlude, nous a rejoints pour nous faire découvrir l’univers de ces petits animaux poilus et nous expliquer plus en détail les règles du jeu.

Et, une chose est sûre, on l’a de suite compris, dans Tanuki Market, l’heure est super grave ! Nulle question de flâner et de négocier le kilo de cerises ; ici, il va falloir les chiper, sans se faire prendre, pour organiser LA plus belle fête de la forêt. Et ça, je vous le dis, ça va grandement amuser nos marmots ; au moins autant que ça m’a régalée à Cannes !

Un larcin, ça se prépare minutieusement

La mise en place du jeu est très simple : pour préparer efficacement votre larcin, distribuez à chaque joueur les 5 cartes de sa couleur (numérotées de 1 à 5) qu’il place devant lui dans l’ordre croissant, et sélectionnez autant de cartes “chariots” que de joueurs, que vous placerez au centre de la table. Ces chariots accueilleront, au cours de la partie, les fruits que vous tenterez de chiper.
Prenez ensuite le restant des cartes fruits, mélangez-les puis isolez les 15 dernières cartes dans un tas à part. Placez la carte Mamie Reinette sur ce tas avant de le glisser sous la pioche (révéler cette carte au cours du jeu sonnera la fin de la partie).
Il ne vous reste plus qu’à placer la carte Polo le Chapardeur sur un des chariots au centre de la table, désigner le premier joueur (dans les manches suivantes, le premier joueur sera celui en possession de la carte Polo).  La partie peut commencer.

Tanuki market est un jeu de collecte mais surtout un jeu de rapidité, qui va se jouer en deux temps successifs : une première étape où il va falloir voler les fruits et une seconde étape où on va les ranger sur nos tables en essayant d’optimiser, au mieux, notre classement.

Chipeur, arrête de chiper !

Au top départ, le premier joueur (Polo) saisit la pioche et commence à révéler les cartes une à une et à les placer sur les chariots disponibles au centre de la table, chaque carte chariot ne pouvant accueillir que trois cartes fruits maximum.

C’est à ce moment du jeu que l’interaction entre les joueurs va être la plus forte car dès qu’un chariot semble assez garni, les joueurs peuvent décider de le voler ; il leur suffira alors d’être le premier à taper sur le chariot en question pour le récupérer. Il faudra donc bien observer les mimiques de ses partenaires de jeu pour déceler leur intérêt pour un chariot plutôt qu’un autre et le surveiller de près ! Il sera d’ailleurs très rigolo de voir, qu’une fois encore, les marmots ne seront pas très discrets et on verra alors leur visage s’illuminer dès qu’un fruit très convoité sera dévoilé par Polo.

Si la limite maximale est de trois cartes par chariot, les joueurs peuvent tout à fait décider de taper avant qu’il ne soit complètement rempli car, dans Tanuki Market, il faut savoir que certaines cartes fruits sont plus rares que d’autres et il faut souvent parfois accepter d’être moins gourmand pour récupérer les fruits désirés. On est donc en face d’un jeu dans la lignée des “Stop ou encore” où le but va être d’être à la fois gourmand, mais pas trop pour ne pas se retrouver avec un chariot rempli de fruits qui risquent de nous handicaper plus qu’ils ne nous aideront à rafler la victoire mais également très très rapide pour ne pas se faire piquer le chariot convoité.

Le joueur qui incarne Polo, le “donneur”, a, de son côté, un avantage non négligeable : il peut regarder les cartes avant de les poser sur le chariot de son choix et peut décider à tout moment de conserver la carte qu’il vient de révéler ET de voler immédiatement un chariot, qu’il soit complètement rempli ou non. Polo le chapardeur est donc le seul joueur qui pourra, s’il en prend le risque, récupérer 4 cartes par manches au lieu de 3.

Même si Polo décide de se servir avant tout le monde, il continue quand même de distribuer les cartes sur les chariots jusqu’à ce que tous les joueurs aient choisi celui qu’ils souhaitent récupérer. Et la seconde partie de la manche peut alors démarrer.

 

Des fraises à 5 euros points, des pastèques à 2 euros points, ils sont pas chers mes fruits !

Une fois le larcin réalisé, il va falloir planquer les fruits. Ben oui, il ne faudrait pas se faire bêtement attraper en laissant trainer quelques fraises par-ci par-là.

Les joueurs vont alors ranger leurs cartes fruits sur les tables devant eux en respectant deux règles :

– Chaque table ne peut accueillir qu’un type de fruits
– Les tables doivent obligatoirement être remplies de gauche à droite sans sauter de colonne.

Le rangement est, dans le jeu, l’étape la plus cruciale car le placement des cartes va déterminer les points marqués à la fin de la partie. Chaque carte table a une valeur de 1 à 5 qui représente le nombre de points attribués pour chaque fruit placé dans la colonne : ainsi 5 bananes placés sur la table 1 vaudront 5 points là où 5 fraises placées sur la table 3 vaudront 15 points ou 25 points si elles sont placées sur la table 5. Cette contrainte de placement peut faire peur aux marmots dans un premier temps, car ils peuvent vite se sentir frustrés d’avoir mis 10 fruits dans leur colonne 1 et d’avoir beaucoup de mal à remplir les colonnes à plus forte valeur.

Mais, là où le jeu est très malin, c’est que, dans la pioche, il existe également un certain nombre de cartes fruits qui présentent également un bonus et/ou un malus qui va permettre d’agir sur les colonnes et/ou la valeur des fruits. Ainsi, vous trouverez, entre autres, des cartes qui permettront de modifier la valeur de la table (alors ça croyez moi, ce n’est pas toujours un cadeau) , ou qui confèreront un bonus de points par lot de X fruits sur la table, ou qui, au contraire vous retireront X points sur votre colonne mais également des cartes qui vont vous permettre d’échanger la place de deux colonnes.

Il est très important de se souvenir que toutes les cartes doivent être placées, qu’elles vous handicapent ou qu’elles vous arrangent. Et si votre colonne à 5 points doit finalement être inversée avec celle à 4 points, c’est tant pis pour vous, il fallait mieux choisir votre chariot au départ. Pas de négociation possible on a dit. Et ça, ça permet d’équilibrer grandement le jeu entre adultes et enfants, car vous verrez, au bout de 2-3 parties, les marmots auront tendance à prendre des chariots certes moins remplis à l’étape 1, pour vous laisser les bonus “tous pourris” des autres chariots. Ahlalalala, faites des gosses, qu’ils disaient hein !

Cette seconde étape dans la manche se jouera vraiment “chacun de son côté” et il n’y aura que très peu d’interaction entre les joueurs, outre les quelques conseils que l’on pourra donner aux marmots pour optimiser le placement de leurs fruits dans les premiers tours de jeu.

En effet, aucune carte ne permet d’agir sur la récolte de ses adversaires et, pour ma part, j’ai trouvé ça vraiment dommage car ça aurait permis de maintenir la tension, bien présente dans la première partie de manche. Une petite carte bonus “voler un fruit” ou encore “échanger deux cartes” rendrait le jeu un chouïa plus fun pendant l’étape de rangement. Là, chacun agence ses fruits dans son coin et une fois terminé, une nouvelle manche commence. Point.

Les manches vont ensuite s’enchainer jusqu’à ce que la carte Mamie Reinette (ou “Mamie pas contente” comme se plaît à l’appeler mon fils) soit révélée et placée sur un chariot, ce qui sonnera la fin du jeu.

On vole, on range… c’est pas un peu répétitif comme activité ?

C’est vrai que de prime abord, on pourrait se dire qu’après 2-3 parties, le jeu peut devenir lassant. Mais pas du tout !

Car, une fois les premiers principes assimilés, vous trouverez, dans la boîte, des chariots alternatifs qui présentent des bonus applicables au joueur qui les aura récupéré. Il en existe plusieurs types : des chariots qui peuvent accueillir plus (ou moins) de fruits, des chariots qui permettent de déplacer les colonnes de fruits et, mes préférés, les chariots “salade de fruits” qui rajoutent une nouvelle manière de scorer dans le jeu, en vous permettant de laisser de côté certains fruits face cachée à côté de vos tables ; fruits qui vous octroieront 5 points chacun en fin de partie. Un bon moyen de remonter le score, je vous le dis !

Pour ma part, je ne saurais que vivement vous conseiller de ne jouer qu’avec les chariots “basiques” pour vos première parties, le temps de bien assimiler les règles, mais très vite, vous verrez que les chariots “spéciaux” s’imposeront comme une évidence car ils ajoutent un côté beaucoup plus tactique au jeu, ce qui boostera l’intérêt des marmots les plus vieux.
Au début, allez y tranquillement, et ajoutez 1 chariot spécial à chaque partie puis 2, puis 3 pour ne pas risquer de perdre en chemin les plus jeunes. Puis, quand vous sentez que les nouveaux bonus sont bien assimilés, n’hésitez pas à ranger définitivement les chariots basiques au profit d’un 100% “spéciaux”… je vous assure que vos parties n’en seront que plus tendues et que les marmots redoubleront d’efforts pour vous piquer LE chariot qui aurait bien fait vos affaires.

La règle du jeu propose également un mode solo, qui permettra de se mesurer à un Tanuki “fictif”, prénommé Alexis qui marquera des points en fonction des fruits que vous lui laisserez sur l’un des deux chariots disponibles. Les conditions de récupération des chariots par Alexis, ainsi que les points alloués aux fruits varient en fonction du jour de la semaine (il faut décider du jour choisi en début de jeu) et donc chaque partie aura un système de scoring et un gameplay différent.

Pour être tout à fait honnête avec vous, je l’ai testé en tant qu’adulte mais ne l’ai pas proposé à mon fils de 7 ans et demi car sincèrement, on s’y perd très vite.

Ce mode de jeu est, selon moi, à réserver à des marmots plus vieux car contrairement au mode solo proposé par son petit frère Tanuki Matsuri (qui est super fluide), je trouve la variante solo de Tanuki Market difficile à expliquer aux marmots : chaque action, en cours de partie, risque de soulever de nombreuses questions et va induire des erreurs inévitables pour les plus jeunes, qui vont vite se perdre au milieu des multiples paramètres à prendre en compte.

Je trouve ça dommage car l’idée était bonne, mais selon moi, on est plus du côté d’un Mode Coop que d’un mode Solo où l’autonomie doit être le maître mot. Ici point d’autonomie, si le marmot n’est pas accompagné, il risque de passer à côté du jeu.

Chez Plateau Marmots, on en pense quoi ?

Tanuki Market sera incontestablement à placer dans la catégorie des petits jeux polyvalents qui s’apprennent vite et qui tournent bien en famille.

Pourquoi polyvalent ? car il peut très facilement être adapté aux marmots plus jeunes comme aux plus vieux et que le fun sera, dans toutes les configurations, au rendez-vous !

Un savant mélange de jeu de collection et de Stop ou encore, deux mécaniques qui plaisent beaucoup aux marmots, des illustrations mignonnes à souhait, une thématique rigolote qui flirte avec les interdits  (c’est pas bien de voler!), autant d’ingrédients qui vont savoir séduire nos marmots et qui les pousseront à revenir encore et encore vers ce jeu, jusqu’à réussir à organiser une plus belle fête que papa et maman.

Le fait de pouvoir augmenter progressivement la difficulté à l’aide des chariots “spéciaux” sera également un atout pour assurer au jeu une bonne rejouabilité et un maintien de l’intérêt au fil des parties pour les marmots. Seul bémol, selon moi, le mode solo qui prendra son sens à 2 joueurs et qui donc se place plutôt du côté “jeu coopératif” que “jeu en toute autonomie”.

Concernant l’âge, il est donné pour 8 ans et + mais, très honnêtement, il est jouable bien avant. A Cannes, Antoine Davrou m’avait conseillé de commencer les première parties en retirant les fruits “bonus” pour rentrer doucement dans le jeu avec des marmots de moins de 8 ans. Et je dois avouer que son conseil était très pertinent car, sans modifier le principe même du jeu, on peut alors y faire participer des marmots de 6-7 ans sans aucun problème, en les aidant juste un peu pour calculer le score en fin de partie.

Allez, trêves de bavardages, pour ma part je vous laisse, j’ai un futur larcin à préparer !

On aime :

  • L’univers ! Ils sont tellement mignons ces Tanukis !
  • La difficulté adaptable aux marmots, même les plus jeunes
  • La durée des parties
  • La tension dans la première partie de manche qui oblige les marmots à suivre le jeu

On aime moins :

  • On aurait adoré pouvoir embêter le voisin ! (Une future extension peut-être ?)
  • Le mode Solo, un peu trop compliqué pour être joué seul

Le trouver

Pour aller plus loin

Pendant le confinement, le jeu Tanuki Matsuri, un jeu de Roll&write inspiré de l’univers de Tanuki Market a vu le jour chez Freeter Games. Si le principe reste le même (il faut collecter des fruits dans le dos de Mamie Reinette) mis à part qu’on lance des dés à la place de collecter des cartes, le mode solo est bien plus facile à prendre en main que celui de Tanuki Market. Alors si, comme moi, vous êtes tombés amoureux de l’univers de ces charmantes petites bestioles et que vous cherchez un bon moyen d’occuper les marmots, dès 7 ans en toute autonomie, vous pouvez trouver le jeu ICI.

Fiche technique

Un jeu de Alexis Allard
Illustré par Naïade
Edité chez Superlude et distribué par Pixies Game
Pour 1 à 5 petits chapardeurs
A partir de 8 ans (mais jouable dès 6-7 ans si on joue sans les cartes bonus)

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