Test – Trésor de Glace : L’œuf de dragon

Sorti en 2017, Trésor de Glace est un jeu d’observation/adresse qui nous avait séduits de par sa fourberie sous-jacente et ses retournements de situation inopinés. Le principe en était fort simple : faire progressivement tomber des petits diamants prisonniers de petits cercles de plastiques dans une zone commune et récupérer ceux d’une couleur draftée en début de manche. Plusieurs petits twists avaient retenus notre attention, et aussi celle du jury du Kinderspiel, lui octroyant la récompense de meilleur jeu enfant de l’année. (Comme quoi on a le même goût que les allemands, ce qui est toujours un peu effrayant).

Haba, porté par cet élan, a ensuite revu sa formule magique pour nous proposer Trésor de Glace : l’œuf de Dragon : un jeu à la fois plus simple et plus complexe et toujours avec des diamants pris dans la glace… mais pas seulement !

Trésor de glace – l’œuf de dragon est un jeu de Lena Burkhardt et Günter Burkhardt, illustré par Daniel Döbner. Dédié à deux à quatre enfants de 6 ans et plus, c’est (comme on s’en doute) édité par Haba.

[Ce jeu nous a été fourni par l’éditeur afin d’en effectuer une review. En vrai ça ne change rien à notre avis final, mais ça fait trop stylé de le préciser.]

Deux dragons qui se ressemblent, mais…

Il est toujours très intéressant de voir comment des auteurs peuvent proposer une relecture de leurs propres jeux, même si évidemment le succès de Trésor de Glace, premier du nom, n’est sans doute pas étranger à cette revisite. On notera d’emblée qu’il ne s’agit pas ici d’une version « mini » ou « compacte », mais bel et bien d’un jeu à l’esprit différent de son itération initiale, en dépit d’un matériel très proche.

Le signe qui ne trompe d’ailleurs pas, c’est que l’œuf de Dragon est destiné à un public d’enfants de 6 ans et plus, là où le jeu précédent visait les marmots légèrement plus jeunes. On verra pourquoi ce positionnement légèrement différent se ressent totalement dans les sensations de jeu.

Une maman qui voudrait bien récupérer son œuf !

Là où le premier Trésor de Glace nous proposait de jouer avec quatre jeunes dragons et leur papa cracheur de feu, ici il s’agit d’une maman qui va devoir œuvrer en solo pour récupérer son œuf, pris dans la glace. Les joueurs incarnent des petits dragons qui (au lieu d’aider leur maman, bigre !) vont en profiter pour récupérer les diamants qui tombent de la colonne de glace pour se confectionner des amulettes trop stylées. Un thème un peu bizarre, je vous l’accorde, mais qui s’explique par la mécanique un tantinet asymétrique qui va opérer ici. En effet, à chaque manche un joueur sera directement opposé aux autres afin de freiner leur avancée.

Une version lite ?

La première chose que l’on constate en ouvrant Trésor de glace, l’œuf de dragon, c’est que les deux jeux sont très proches. Une partie du matériel est en effet identique, même si ce dernier est moins fourni que dans Trésor de Glace, créant une légère déception à l’ouverture. En effet, pas de plateau ici, mais toujours des cercles de glace et une grosse trentaine de joyaux (contre 70 dans le premier jeu), ce qui crée d’emblée la fausse impression d’un jeu plus simple et accessible. Le jeu propose également un petit coffre en carton, un œuf en bois et surtout un deck de cartes, qui va porter à lui seul tout le piment de la partie.

L’ensemble est toujours aussi soigné, et les marmots auront toujours autant de plaisir à manipuler les joyaux en plastique. Vous passerez l’essentiel de votre temps à aller en récupérer sous la table de jeu ou dans le château Playmobil de vos enfants : les vrais savent de quoi je parle.

Le monde se divise en deux catégories

A chaque manche, l’un des joueurs incarne donc la maman dragon qui veut sauver son œuf, alors que tous les autres joueurs deviendront petits dragons avides de joyaux. Chaque joueur petit dragon pioche 3 cartes du deck qu’il place devant lui, face visible. Les cartes représentent des amulettes qui, devinez quoi, n’attendent que des joyaux pour devenir enchantées. Chaque amulette, en effet, propose entre deux et trois espaces pour y insérer des joyaux colorés, ceux-là mêmes qu’il faudra récupérer de la colonne de glace en train de fondre.

Seul contre tous !

A son tour, le joueur qui incarne la maman dragon enlève un cercle de glace en essayant de ne pas faire chuter l’œuf posé au sommet. Les autres joueurs peuvent alors récupérer les joyaux tombés, un par un à tour de rôle, et en incluant le joueur dragon. Mieux encore : si la maman dragon a réussi à ne pas faire tomber l’œuf, elle pourra alors prendre deux joyaux à chaque fois, là ou les autres ne les prennent qu’un par un (mais si l’œuf est tombé, elle n’en prendra qu’un, comme les autres joueurs).

Et là, cher lecteur, tu te demandes pourquoi la maman dragon prend des joyaux vu qu’elle n’a pas de carte devant elle. Mais je te répondrai que c’est tout simplement pour freiner ses adversaires dans leur progression de création d’amulettes enchantées. Si l’œuf ne tombe pas, elle récupère plus de joyaux que les autres, c’est-à-dire moins de possibilités pour les adversaires de marquer des points.

Dès qu’une amulette est complétée, une carte est piochée pour la remplacer. En fonction de la difficulté à compléter l’amulette, une valeur allant de 1 à 3 lui est associée. Certaines, en effet, permettent de sertir n’importe quel joyau et ne font du coup gagner qu’un unique point.

Une fois que tous les joyaux ont été ramassés, la maman dragon enlève un second cercle de glace, ce qui déclenche une nouvelle étape. Quand les trois cercles ont été enlevés, les joueurs récoltent les derniers joyaux. Les amulettes non complétées sont défaussées, chacun met de côté les cartes remportées et la colonne de glace est reconstituée. Un autre joueur devient alors maman dragon : une nouvelle manche peut commencer.

Quand tous les joueurs ont été maman dragon une fois, les valeurs des cartes gagnées par chaque joueur sont additionnées : le joueur qui obtient le plus haut score remporte la partie.

Des sensations très réussies !

Si le jeu est ouvert avec une certaine circonspection, les sensations se libèrent dès que l’on réalise où le jeu veut nous mener : dans une guéguerre encore plus fourbe que le jeu précédent.

Certes la maman dragon est seule contre tous les autres joueurs, mais elle possède un vrai pouvoir de nuisance si elle parvient à enlever deux joyaux à chaque fois. Car, les amulettes étant posées face visible, elle voit toujours qui a besoin de quoi, et se fera un malin plaisir de couper l’herbe sous le pied des joueurs qui pourraient gagner gros. Alors oui, la maman dragon est la dernière à se servir lors du tour de jeu, mais ses prises risquent bien souvent de faire mal. Chaque joyau qu’elle sort de la manche (dans le petit coffret en carton) sont autant de points de victoire arrachés aux adversaires. Les échanges entre joueurs sont alors savoureux (surtout quand des adultes jouent) alors que l’on se bloque les uns les autres avec une cruauté purement draconique. « Oh, il ne te manquait plus que la pierre violette pour finir ton amulette à 3 points. Plouf, dommage, elle vient de tomber dans le Mont du Destin, whoopsiie ! ».

Ces jetons arrachés seront évidemment parfois durs à encaisser pour les marmots, convaincus à juste titre que la maman dragon fait de l’anti-jeu… jusqu’à ce qu’ils découvrent l’intérêt de l’incarner eux-mêmes, évidemment. Les règlements de compte sont aussi impitoyables que spectaculaires, pour des sensations de jeu très réussies.

Car du côté des petits dragons, un peu de gestion sera nécessaire pour trouver où attribuer ses joyaux avec un maximum de chances de compléter la carte avant la fin de la troisième manche, là où elle serait irrémédiablement perdue. Faut-il se contenter de quelques points ou tenter une carte plus complexe ? Cela dépendra assurément des prochaines pierres qui vont tomber… et de la dextérité du dragon !

En fait on pourrait dire que la tension monte d’un cran avec ce Trésor de Glace – Œuf de dragon. Il ne s’agit plus seulement de faire tomber quelques joyaux de son côté, mais carrément de les soustraire au nez et à la barbe de ceux qui veulent marquer des gros points. Jubilatoire, assurément, mais prétexte à quelques larmes si vous parvenez à bloquer votre petit dernier sur l’ultime joyau de sa carte. Vous pourrez toujours lui dire que c’est le métier qui rentre, mais il risque de vous le faire payer au prix fort quand il aura le redoutable privilège d’être maman dragon à son tour.

Fuzzzion

Il est à noter que Trésor de glace et L’œuf de dragon peuvent se combiner si vous possédez les deux. Vous pourrez en effet constituer une colonne de glace plus grande pour agglomérer davantage de joueurs. Simple et malin.

 

L’avis de Plateau Marmots

Si le jeu ne paye pas de mine avec son contenu certes réussi mais moins fourni que son illustre grand frère, Trésor de glace – l’œuf de dragon emporte le morceau grâce à une fourberie réjouissante et un petit côté « seul contre tous » qui fait son effet d’une manche à l’autre. Un peu de dextérité sera nécessaire pour empêcher l’œuf de tomber, mais le jeu en vaut la chandelle pour priver ses adversaires de plus de joyaux. Côté collecte, le jeu évoque assurément La Mine aux trésors (également chez Haba), mais sans avoir la maîtrise des pierres ramassées, ce qui ajoute un peu de suspense (et de frustration aussi, parfois) quant aux amulettes que l’on pourra collecter (ou qu’on ne pourra pas, d’ailleurs). Dans tous les cas le jeu est un excellent titre, qui renouvelle très agréablement l’expérience Trésor de glace pour la diriger vers un gameplay plus tactique. Bravo !

On aime

  • Simple et fourbe
  • Un peu d’asymétrie
  • Des diamants ! 

On aime moins

  • Une boîte un peu vide 

Vos marmots risquent d’aimer très fort si…

  • Ils aiment les dragons, les trésors, et Trésor de Glace

Vos marmots risquent de bouder très fort si…

  • Ils détestent qu’on leur chipe un élément de victoire à leur nez et à leur barbe. 

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