Test – Flashback Zombie Kidz
En 2018, l’arrivée de Zombie Kidz Evolution sur nos tables ludiques avait fait l’effet d’une incroyable bombe. Un jeu évolutif pour enfants, pensez-donc ! Une mécanique de jeu simple et fun au cours des premières parties, évoluant vers des développements plus complexes et plus tactiques en cours de jeu, au fil des enveloppes ouvertes et des stickers collés sur les éléments de jeu : le concept était fou, l’exécution fut magistrale. Poussée par ce succès, la bande des Zombie Kidz était revenue enfoncer le clou deux ans plus tard avec Zombie Teenz, plus joueur, plus costaud et encore plus ambitieux. Et puis, à l’exception d’une novellisation (plutôt sympathique, d’ailleurs), nous n’avions plus eu de nouvelles des Zombies Kidz… jusqu’à aujourd’hui.
Baptiste Derrez & Marc-Antoine Doyon |Michel Verdu, Jennifer Mati, Laure de Chateaubourg Scorpion Masqué
1 à 4 joueurs| 7 ans | 45 min / enquête | Observation, déduction
Mettons d’emblée les choses au point : si ce jeu fait bien partie de l’univers des Zombie Kidz, il ne s’agit pourtant pas d’un 3e épisode, dans la lignée des deux précédents, mais bel et bien un jeu 100 % original qui s’inscrit dans le même univers. Il ne s’agit plus des mêmes auteurs, et la mécanique de jeu n’a absolument rien à voir avec celle de Zombie Kidz. Pour autant, tout l’ADN de la saga va bel et bien se retrouver dans ce nouvel épisode, ce qui signifie que OUI, vous allez ouvrir des enveloppes. Mais j’anticipe !
L’humanité est perdue !
Bon. Commençons par la mauvaise nouvelle : vous êtes presque tous morts, ou presque. Oui, oui, vous tous. Vous errez dans les rues, la bave aux lèvres, avec une grosse envie de manger de la cervelle. Dans quelques secondes, les zombies auront contaminé le dernier humain et tout espoir de survie sera donc perdu.
À moins que.
Il reste peut-être un ultime espoir, incarné par une incroyable machine, un bidule développé par les Zombie Kidz. Une babiole, limite un gadget… qui permet de voyager dans un souvenir. Comprenez par là qu’il est peut-être possible de remonter le temps, et de trouver (peut-être) un moyen de sauver le monde. Vous êtes intrigués ? Alors, allons-y !
Flashback, we used to dance to the light of dawn
Flashback est un jeu d’aventure narratif basé sur l’image, pas si différent, finalement, du concept popularisé par Blue Orange avec Bubble Stories. Nous allons naviguer d’une carte à l’autre en observant (très attentivement !) les détails. La but de l’opération : tenter de comprendre les implications de ce que nous avons sous les yeux.
Cela commence dans la cour de l’école…Notre champ d’exploration sera celui de l’école de Zombie Kidz, en pleine invasion de zombies. Ces derniers ont franchi toutes les défenses et sont en train de semer la panique dans l’établissement. Vous pourrez donc voyager à l’intérieur de 3 souvenirs distincts, c’est-à-dire 3 secondes dans le temps, que vous allez pouvoir explorer sous – presque – toutes les coutures, en utilisant le champ de vision de chaque personnage impliquée dans le souvenir.
Pour ne pas trop spoiler, contentons-nous de retourner la première carte du premier souvenir. Nous sommes effectivement dans une scène d’apocalypse : les zombies sont dans la cour de l’école. L’un d’entre eux grimpe au toboggan, un autre se bat avec une Zombie Kidette (qui tient un étrange morceau de plan à la main), alors qu’en arrière-plan un autre personnage pilote un bateau pirate et qu’un zombie tourne sur un manège.
Chaque personnage est associé à un numéro de carte : en la piochant et en la retournant, vous pourrez alors voir par les yeux de ce personnage, toujours dans la même seconde. Vous allez ainsi changer d’angle de vue, comme si vous placiez votre caméra à un autre endroit de la scène, et vous allez ainsi découvrir d’autres détails mais surtout d’autres personnages, qui vous permettront eux aussi de découvrir de nouvelles cartes.
Vous allez donc naviguer dans la cour de l’école, trouver un personnage qui regarde à l’intérieur de l’établissement, vous y glisser en suivant son regard… et chercher des détails pour comprendre la scène. Sur certaines cartes vous trouverez un symbole vous invitant à piocher une carte spéciale. Ces cartes, ce sont bien souvent des questions posées sur le souvenir en cours. Il faudra y répondre collectivement, en fin de partie, afin de marquer le maximum de points. Chaque question ainsi découverte vous permettra d’aiguiller vos recherches visuelles, mais il faudra tout de même faire gaffe à l’ensemble des éléments que vous aurez sous les yeux. La bonne nouvelle, c’est que le jeu se déroule sans la moindre pression temporelle, c’est-à-dire qu’il n’y a aucun temps limite pour naviguer d’une carte à l’autre, et vous aurez toute latitude pour revenir consulter des cartes déjà vues. Un excellent point, qui permet de prendre son temps et de savourer tous les détails sans stress.
Une fois que toutes les cartes auront été découvertes, il sera temps de répondre aux questions posées en fin de souvenir. Il s’agit toujours de questions portées sur une trame scénaristique : comprenez par-là que personne ne vous demandera la couleur du slip du zombie en arrière-plan, sauf si cela a un rôle particulier à jouer dans la narration. Les questions ont toutes pour objet de faire avancer le scénario : « Où se cache tel personnage ? Pourquoi ces deux personnages agissaient-ils de la sorte ? Quel est l’objet convoité par les zombies et pourquoi ? » Le but du jeu est de répondre à toutes les questions et de cocher toutes les cases, mais les erreurs ne sont absolument pas punitives, l’idée est surtout de vivre tous ensemble le scénario proposé.
Mais… et les enveloppes, alors ?
Aha, on ne vous la fait pas à vous ! Oui, comme vous l’aurez compris, le jeu propose bien de nombreuses surprises, dont certaines ne manqueront pas de se dévoiler dès le premier souvenir. Concrètement, chaque scénario introduit un nouveau matériel supplémentaire, qui permet d’interagir de manière différente avec les cartes.
On ne va pas trop vous spoiler le truc, mais le premier souvenir introduit par exemple une petite roue qui vous donnera accès à des cartes supplémentaires si elle est positionnée correctement. Le truc chouette, c’est que chaque bidule ainsi débloqué sera utilisable pour les souvenirs suivants, garantie d’un final grandiose et varié, avec de chouettes manipulations de cartes dans tous les sens.
Et quand c’est fini, c’est fini ?
Eh bien… non. Là aussi, Flashback prend soin de ses joueurs et propose, une fois les 3 souvenirs terminés, de les rejouer d’une manière différente, et de partir à la recherche de nombreux éléments cachés (baptisés mystères), liés entre eux et susceptibles de débloquer une ultime carte finale, synonyme de victoire totale. Un petit twist final particulièrement bienvenu, qui permettra un véritablement sentiment d’accomplissement chez les marmots les plus courageux.
Ça dure combien de temps, du coup, tout ça ?
Si vous avez froncé les sourcils à l’évocation de seulement 3 enquêtes à mener, on pourra néanmoins vous rassurer que chacune d’entre elle vous prendra bien 45mn pour être parcourue en long, large et travers. Plus vous aurez d’enfants, plus ce sera long (car chacun voudra voir la carte, en mode « pousse ta tête on voit rien ». Les petits détails sont très (très !!) nombreux et chaque carte demande d’y passer un certain temps pour bien comprendre le sens de chaque illustration. Vous aurez TOUJOURS la réponse sous les yeux, mais cela suppose que vous preniez le temps de regarder correctement chaque élément. Rusher, cela signifie passer au travers de la partie, et on vous conseillera donc de prendre le temps de regarder chaque carte et de la faire passer à chaque joueur, tout simplement car vos marmots pourront choper plus fcailement des petits détails que vous jugerez anodins. Comptez 45mn pour chaque souvenir pour être fait tranquillement, plus une bonne trentaine de minutes pour les seconds runs, et vous aurez un temps de jeu total qui tournera autour des quatre heures de jeu, ce qui est assez sympathique pour le format (même si nous n’aurions pas craché sur une enquête supplémentaire, évidemment).
Et on en pense quoi, du coup ?
Bon alors clairement, OUI, c’est vraiment bien ! A l’annonce du concept, nous étions à la fois excités et un peu prudents, care nous avions peur d’un jeu un peu trop rapide à jouer, avec une simple surcouche Zombie Kidz, sans grand rapport avec les jeux de plateau. Il n’en est rien, les cartes regorgent de détails et demandent énormément d’observation, mais aussi de déduction. Car beaucoup de choses ne sont que suggérées et il faudra parfois extrapoler un peu pour faire parler les petits détails, ce qui est une excellente chose. Le plaisir vient du fait de naviguer en toute liberté dans l’univers et de se retrouver face à des bribes d’informations que l’on recoupe parfois a posteriori, comme c’est souvent le cas dans Detective Charlie. On passe d’un regard à l’autre, d’un point de vue à l’autre, et c’est une exploration aussi inédite que grisante qui incite à affûter ses neurones (et sortir sa loupe) pour en saisir tous les tenants et aboutissants. Comptez également sur quelques petits twists mécaniques qui vous inviteront à savourer de chouettes belles idées, et vous finirez l’aventure Flashback avec la belle envie de recommencer rapidement ce voyage dans l’image, voire de le rêver décliné dans d’autres univers.
Des bémols ?
Pas vraiment, mais des petites choses à signaler. La première c’est qu’il faudra s’assurer qu’au moins l’un des joueurs ait de bons yeux (ce qui devrait être le cas pour un jeu de société pour enfants) : du haut de mes 48 ans, j’avoue que certains détails essentiels m’ont été signalés par mon équipe, sans eux je serais passé à côté. Clairement, certains sont vraiment (très) discrets et il sera utile de voir l’ophtalmo avant votre première partie, ce qui est d’autant plus vrai au vu de l’und es bidules que vous allez utiliser. L’observation est clairement tout ce qui fait le sel du jeu, donc passez véritablement du temps sur chaque illustration afin d’en extraire toutes les informations qu’elle contient.
Le second, c’est que le thermo fourni dans la boîte est sans doute… l’un des pires thermo que l’on ait vu dans le jeu de société depuis quelques années. Comprendre où se range chaque élément tient de l’énigme EXIT, comme une sorte de jeu dans le jeu. On en comprend les raisons au vu du matériel embarqué (mais chut), mais franchement ce n’est ni pratique ni glamour.
En tout cas ce sont de bien piètres râlages au vu du plaisir immersif proposé par Flashback.
L’avis de Plateau Marmots (Olivier)
Nous y étions allés sur la pointe des pieds, et nous avons été aspirés par la puissance narrative de Flashback et ses nombreuses surprises. Avec une mécanique assimilée en quelques secondes (il s’agit d’un Bubble Stories pour « grands »), le jeu nous permet de découvrir un univers fourmillant de détails cachés pour des parties riches en sensations. J’ai adoré le fait que la navigation se fasse sans la pression d’un chronomètre et qu’il soit possible de revenir à n’importe quelle autre carte déjà consultée sans pénalité. Car c’est du coup un énorme plaisir de se plonger dans ces scènes figées dans le temps (enfin… la plupart ^^) et de reconstituer le fil des événements à partir d’indices plus ou moins évidents. Un très beau moment de jeu avec les enfants, qui appelle évidemment à une suite encore plus ambitieuse et encore plus folle. Sitepléé, monsieur le Scorpion masqué, dis « oui ! » !
On aime
- Une mécanique fluide et innovante
- La navigation par l’image
- PLEIN de trucs planqués
- Les gadgets dans les enveloppes
- Tout refaire pour tout trouver
- Un concept que l’on a envie de revoir encore et encore
- La démo à découvrir en ligne !
On aime moins
- L’énigme ultime du thermo impossible à ranger
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