Test – Gamme Logic Bankiiiz : Birds et Hotel

Il ne vous aura sans doute pas échappé – si vous lisez avec attention nos prodigieuses colonnes – que nos amis de chez Bankiiiz éditions avaient communiqué à la fin du printemps sur la sortie de deux titres de puzzle games franchement mignons et 100 % produits en France: Birds et Hôtel.

Yoann Levet Rémi Leblond et Djib
Bankiiiz
1 joueur | 7 ans (mais en vrai on peut attaquer à 5 ans) | Puzzle Game
Ces jeux nous ont aimablement été mis à disposition par Bankiiiz

Le concept de ces deux jeux : permettre aux marmots de 7 ans et plus de trouver des suites logiques en suivant des énoncés de plus en plus complexes. Une belle incursion de Bankiiiz (un éditeur que l’on adore pour des titres tels que Banquet Royal, Bubblebee Pop, Gasha ou Yokai) dans le monde de plus en plus populaire du puzzle game, ici avec des petites boites idéales à emmener avec soi pendant l’été pour que nos marmots jouent tranquilles dans leur coin pendant que l’on savoure un dernier (promis promis !) verre de Lemoncello.

En retard !!!

Hélas pour nous, la sortie du jeu de l’été a été retardée de quelques semaines, suite à un petit souci de découpe sur les standees en carton. Mais Birds et Hotel ont finalement trouvé le chemin des échoppes et sont disponibles depuis quelques jours. Et au final, été, automne ou hiver, peu importe la saison pour découvrir les puzzle games ! Il y aura toujours des petits moments ludiques à partager entre petits et grands tout au long de l’année.

Si j’ai choisi de vous parler des deux jeux en un seul article, ce n’est pas tant par flemme ou abus de digestif, mais parce que tous les deux participent exactement du même esprit, avec les mêmes qualités… et aussi les mêmes défauts. Mais on y reviendra un peu plus loin.

La vie rêvée de Monsieur Spock

Dans les deux jeux, le principe est le même : parvenir à placer de 3 à 6 personnages dans un ordre déterminé en fonction des indices fournis. Dans le cas de Birds, il s’agit d’oiseaux colorés à positionner sur le rebord de la boîte, dans Hôtel, de monstres à placer aux bons étages d’un… hôtel.

Chaque boîte contient 60 challenges, du plus simple au plus complexe, avec des indications de positionnement qui permettent, en déduction, de comprendre quelle est la solution au problème posé.

Le jeu vous indique par exemple où se trouve un personnage, ou bien où il ne se trouve pas, ce qui vous permet assez rapidement de déduire la position de ses voisins.

Une fois que vous avez placé vos pions, ils vous suffit de regarder au verso de la carte la solution du problème. 

Des spécificités bienvenues

Bien que très proches dans l’esprit, les deux titres proposent évidemment des spécificités dans leur approche des problèmes posés.

Hôtel, par exemple, explore la verticalité avec des notions telles que « tel monstre est au-dessus de tel autre », ou « ces 3 personnages sont dans la même pièce » qui impliquent de se représenter dans quel ordre les monstres vont venir trouver leur place dans l’Hôtel.

Birds, de son côté, joue la carte de l’horizontalité avec les – fameuses – notions de « à gauche de » ou « à droite de », “à côté-de” ou “jamais à côté de” ou d’ « extrême gauche » ou « extrême droite », idéales à travailler avec des enfants de 5 ou 6 ans.

Dans la mesure où les pions sont agréables à manipuler, les enfants ressentent un énorme plaisir à expérimenter et formuler des hypothèses de placement, que l’on vérifie ensuite rapidement (l’unique solution possible est au dos de la carte). Chaque challenge vaincu en appelle directement un autre et permet d’enchaîner les parties. On s’amusera même à « rationner » les marmots à raison de sessions d’une vingtaine de cartes, sinon ils vous tomberont volontiers le jeu en un après-midi, ce qui sera finalement assez frustrant pour tout le monde.

Car autant le préciser, les problèmes posés ne sont pas très complexes, même pour un enfant de 7 ans, un point que l’on va immédiatement développer.

Une difficulté relative

Cette difficulté relative est d’ailleurs la seule chose que l’on puisse reprocher à ces deux titres, très agréables à jouer. D’ailleurs, la notion de difficulté est ici relative à celle de l’âge indiqué sur la boîte : 7 ans et plus. On ne dira donc pas que les jeux sont “trop faciles” dans l’absolu, mais clairement troip simples pour des joueurs de 7 – 8 ans, a fortiori s’ils dont déjà fait leurs armes sur d’autres puzzles games. Clairement, ce positionnement âge retenu me parait clairement assez curieux, car les 20 premières cartes peuvent sans souci être déjouées par des marmots de 5 ans, sans que cela ne les fasse transpirer outre mesure. Quant aux 10 dernières cartes, les enfants de 7 ans les franchiront finalement sans trop d’efforts pour peu qu’ils aient pris l’habitude du jeu.

Bankiiiz a donc choisi d’indiquer un âge de « non-frustration », un âge où l’enfant ne peut être mis en échec par un exercice et ne risque donc pas d’être dégouté du jeu. Le souci de cette démarche, c’est qu’elle associe deux données différentes : difficulté et échec. Un enfant en face d’une difficulté le vit-il forcément comme un échec, quitte à se dégoûter du jeu ? Dans mon expérience, non. Les enfants subissent l’échec, parfois durement, mais repartent volontiers à l’assaut ensuite, contrairement à beaucoup d’adultes.

Niveler ainsi la difficulté par le bas a selon moi un effet très pervers, celui de créer de l’ennui. Car un enfant de 7 ans va probablement littéralement traverser les 40 premières cartes du jeu, et éprouver uniquement de la difficulté pour les 15-20 dernières. Mais du coup, c’est rendre inutiles les 2/3 du jeu.

J’ai eu sur ce point un passionnant échange avec Bankiiiz, qui m’explique ainsi sa philosophie d’âge retenu. Leur idée, c’est qu’un enfant de 5 ans va réussir à franchir les premiers niveaux, puis se retrouver bloqué, et abandonner le jeu avec un sentiment d’échec et d’inachevé. Bref : de la frustration. 

Alors OUI, clairement un enfant de 5 ans va caler au fur et à mesure. Mais de ma propre expérience des puzzle games, il n’y a pas de sensation d’échec, et au contraire une sensation de victoire et de progression lorsque – en reprenant le jeu quelques mois plus tard – les cartes qui posaient problème sont progressivement franchies alors que l’enfant grandit et développe de nouvelles compétences.

Et quel message vaut-il mieux envoyer ?

  • Débutez le jeu à 5 ans, et voyez votre enfant progresser au fil des mois
  • Débutez le jeu à 7 ans, et voyez votre enfant traverser le jeu au fil d’un après-midi.

Bref, vous l’aurez compris : je ne suis d’accord avec la vision de Bankiiiz et son nivellement par le bas, car je préfère inviter les joueurs à découvrir un jeu qui leur « résiste » et sur lequel chaque carte franchie sera synonyme de fierté et d’accomplissement, plutôt que de leur dire « commencez-le quand ce sera trop facile pour eux, au moins ils ne se sentiront pas en échec ».

Cette association d’échec et de difficulté me pose d’ailleurs problème : depuis quand l’échec dans le jeu serait-il un facteur de démotivation pour un enfant ? Les adultes doivent-ils tricher et laisser les enfants gagner, ou ne jouer qu’à des jeux coopératifs, pour que les enfants ne se sentent pas frustrés par l’échec et le challenge ? Cela me semble très curieux, comme vision. Un enfant qui a envie de rejouer rejoue. Il laisse évidemment passer quelques jours ou quelques semaines, mais il revient volontiers au jeu pour tenter de faire mieux. C’est justement une force de cet âge, celui de passer outre les défaites les plus cuisantes et de revenir à la partie une fois la frustration retombée.

Bref, vous l’aurez compris : de notre côté on préfère conseiller ces jeux bien avant 7 ans (5 ans est un bon point de départ), et si jamais vous voyez que « ça coince », vous aurez alors l’opportunité de ranger le jeu et d’y revenir un peu plus tard. À 7 ans, clairement, le jeu sera trop facile et ne devrait guère occuper vos marmots plus qu’un après-midi. Ce qui serait vraiment dommage au vu de la qualité du jeu.

L’avis de Plateau Marmots (Olivier)

Birds et Hôtel sont d’excellents titres pour éprouver le placement logique au vu d’énoncés. Birds séduit en particulier avec son mode de placement original sur le rebord de la boîte, très agréable à manipuler. On y passe des moments vraiment agréables, qu’il faudra même parfois rationner pour éviter de voir le jeu filer en une unique session. Seul bémol : une difficulté un peu trop légère au vu de l’âge indiqué, surtout si l’on compare avec des marques concurrentes qui ont pris la démarche strictement inverse en termes d’accessibilité. Donc, n’hésitez pas à faire découvrir le jeu à des marmots plus jeunes pour qu’ils puissent profiter de l’intégralité du paquet de cartes au fil des mois et des ans.  

On aime

  • Accessible et fun
  • 100% Made in France
  • Une difficulté progressive
  • Très agréables à manipuler
  • A découvrir dès 5 ou 6 ans

On aime moins

  • A quand le prochain ? 

Les trouver

Pour en savoir plus

 

4 thoughts on “Test – Gamme Logic Bankiiiz : Birds et Hotel

  • 30 août 2022 à 15 h 52 min
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    La question de l’âge recommandé pour les jeux enfants semble tellement délicate.. Il existe de telles disparités entre deux enfants du même âge, leur évolution dans tel ou tel domaine, leur environnement, etc. qu’il est sans doute difficile d’établir un “âge universel” pour un jeu enfant. Je rejoins votre avis sur le sentiment d’échec et sur le côté pervers d’un nivellement par le bas. En tant que parent, ce critère de l’âge affiché peut devenir frustrant dans le choix d’un jeu. Je partage par exemple de très belles parties de Mönky ou de Trésors Légendaires avec ma fille qui vient à peine de fêter ses 5 ans, avec des jeux qui au départ m’ont été déconseillés par le vendeur car destinés à partir de 7 et 8 ans… Quid alors d’un jeu estampillé à partir de 7 ans dont vous dites qu’il est plutôt accessible à partir de 5 ? Ce critère de l’âge m’intrigue toujours autant…

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    • 30 août 2022 à 16 h 44 min
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      Deux enfants du même âge sont évidemment très très différents en termes de compétences acquises. C’est en faisant tourner le jeu en écoles (ce que les éditeurs font) qu’il est possible de déterminer un âge “médian” relativement fiable. Bankiiiz est honnête avec l’âge indiqué, mais évacue la notion de “marge de progression” au profit du “100% jouable”, c’est à dire un âge où ils ont l’assurance qu’un enfant pourra franchir le jeu à 100%. C’est presque trop honnête, finalement, et cela pose la question de la première moitié du jeu qui ne posera pour eux aucun challenge. Veut-on l’âge auquel on peut commencer à jouer ou celui auquel on est sûr de pouvoir vaincre le dernier challenge ? Pas facile de trancher !

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  • 30 août 2022 à 20 h 51 min
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    En regardant les images de “Birds”, ça me rappelle fortement “Logikville” d’Asmodée qui lui était indiqué à partir de 4 ans (et c’était le bon âge pour le démarrer, puis le ranger et faire la suite, avec plaisir, quelques mois plus tard ).
    Votre article me confirme qu’il n’a donc aucun intérêt pour nous, mes deux derniers de 7,5 ans et 5,5 ans étant déjà bien habitués à ce type de raisonnement.
    Je le classerais plus en jeu à avoir en classe ou en ludothèque (et j’en parlerai à ma ludothèque locale car ça rentre dans le type de jeux qu’ils aiment avoir en rayon !).
    Merci pour cet article !

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  • Ping : Sapineries la sélection de Noël 2022 (et pour finir) en vrac – L'En-Jeux – ludothèque de L'Isle Jourdain

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