Test – La Légende des Trois Pièces

Story Cubes, Speech, Fabulia, Team Story, Les Contes Emerveillés… On ne compte plus les propositions ludiques qui proposent de créer collectivement des histoires. Gigamic vient pourtant ajouter une nouvelle pierre à cet édifice narratif avec « La Légende des Trois pièces ».

Sous ce titre mystérieux, se cachent une princesse qui, sous une cape d’invisibilité part découvrir le monde ; un ogre qui ne sait pas nager, amoureux d’une sirène ; un loup renié par les siens qui embarque sur un galion pirate…

Mais commençons par le commencement : il était une fois, une boîte à ouvrir…

Nicholas Cravotta & Rebecca Bleau Amanda Kraenzle| Gigamic
2 à 5 joueurs| 6 ans | 20 min | Jeu narratif

Un Matériel qui donne envie de jeter l’Encre

Sur la forme, « La Légende des Trois Pièces » est un très bel objet. Une fois ouverte la boîte à tiroir (un peu fragile, il est vrai), on découvre un plateau de jeu qui prend la forme d’un vieux livre, 5 dés ornés sur leurs faces de chiffres ou d’illustrations diverses, ainsi que 3 Pièces (en carton) qui donnent leur titre au jeu. On trouve aussi un petit plateau Encrier, dont l’ingénieux système de fenêtre coulissante permet de régler la quantité d’encre.

Mais c’est dans un étui que se trouve le cœur du jeu : 72 cartes illustrées de tout un tas d’objets et d’archétypes typiques des contes de fée.

Les illustrations sont assez neutres pour laisser place à l’imaginaire… mais le travail d’Amanda Kraenzle est assez joli pour attirer l’œil et donner envie de jeter l’encre.

Trois Pièces pour les gouverner tous

Avant de débuter une histoire, vous devez en définir le héros. Parmi les 4 premières cartes Personnages de la pioche, choisissez collectivement votre héros. Il est placé sur un socle en plastique, prêt à vivre un long périple.

Maintenant que vous avez votre héros, piochez une nouvelle carte pour définir son objectif.

Cette carte est placée, face visible sur le dernier emplacement du plateau. Sur les 5 emplacements précédents, posez un tas de 3 cartes faces cachées. Chacun de ces tas sera une étape dans l’histoire de votre héros : un obstacle ou un allié.

Au-dessus de chaque tas est placé aléatoirement un dé. Sa face importe peu.

Le participant le plus âgé devient Premier joueur et commence l’histoire. En tant que narrateur, il nomme le héros, le caractérise en quelques mots et décrit son objectif (pioché précédemment). Il déplace alors le héros au niveau du premier tas et dévoile aux yeux de tous, les 3 cartes qui le composent.

C’est à ce moment précis qu’interviennent les 3 mystérieuses Pièces qui donnent leur nom au jeu.

Le narrateur pose une pièce, face cachée, devant chacune des 3 cartes révélées :

  • Celle représentant un livre ouvert sur la carte qui lui semble la plus pertinente pour continuer l’histoire.
  • Celle représentant une goutte d’encre sur la carte qui pourrait, elle aussi continuer l’histoire mais de manière moins convaincante.
  • Celle représentant 2 gouttes d’encre sur la carte qui n’a rien à voir avec l’histoire en cours.

Tous les autres joueurs se concertent alors pour essayer de trouver LA carte que le narrateur a choisi. S’ils ont le malheur de désigner une carte où a été déposée une pièce représentant 1 ou 2 gouttes d’encre, l’encrier se vide d’autant de cran que le nombre de gouttes illustrées.

Quoi qu’il arrive, la carte choisie par les joueurs est placée face visible sur le plateau et c’est elle qui sert pour la suite de l’histoire.

Un Conte de Fée en 5D

Le rôle du narrateur passe alors au joueur suivant. Il lance le dé placé au-dessus de la carte tout juste choisie.

En s’inspirant de cette carte et du résultat du dé, le nouveau narrateur continue de raconter l’histoire.

Les dés sont de 5 types:

  • 1 dé classique à 10 faces (pas si classique que ça donc) qui impose d’inclure le chiffre révélé dans la narration.
  • 1 Dé Couleurs qui impose, de même, d’intégrer l’une de ses 8 couleurs à l’histoire
  • 1 dé Météo qui fait la pluie et le beau temps sur la suite du récit.
  • 1 dé Humeur qui fait passer le héros du rire aux larmes… ou inversement.
  • 1 dé Accessoire qui pousse à intégrer un objet précis dans l’histoire (arc, boussole…)

Si les Marmots les plus jeunes paraissent bloqués dans cet exercice créatif, n’hésitez pas à leur poser des questions pour les aiguiller et donner un coup de pouce à leur imaginaire.

Une fois la narration terminée, le joueur actif retourne alors les 3 cartes du tas suivant et associe une Pièce à chacune d’elle.

L’histoire continue ainsi, narrateur après narrateur, jusqu’à atteindre la dernière carte (révélée en début de partie): l’objectif de l’histoire. L’ultime narrateur a alors la lourde tâche de conclure le récit.

Si vous êtes parvenu au mot “Fin” sons avoir utilisé toute l’encre, tout est bien qui finit bien. Si, par contre, l’encrier se vide avant la dernière carte, la partie est perdue et l’histoire… sans fin.

A LOUER: 3 Pièces avec vue

Contrairement à tous les jeux à narration partagée cités dans l’introduction, “La légende des Trois pièces” permet de créer des histoires structurées et cohérentes.

Le jeu introduit en effet, très intelligemment, les bases de la théorie narrative : caractérisation d’un personnage auquel on définit un objectif ; chaque étape du récit (chaque carte choisie) devenant alors un obstacle ou un allié vers ce but.

Mais cette qualité au niveau du plaisir narratif se révèle être un véritable défaut quant à l’intérêt ludique du jeu. En effet, là où Team Story, par exemple, joue sur le côté chaotique d’une histoire qui se construit sans qu’on sache où elle va, le fait de connaitre ici les tenants et aboutissants du récit rend le choix des cartes souvent trop logique.

Certes, les dés amènent quelques grains de sable dans la machine narrative, mais l’encrier est bien trop rempli pour insuffler une quelconque tension et donner aux joueurs l’impression d’un défi ludique. Nous vous conseillons donc vivement de débuter les parties avec deux crans en moins dans l’encrier. Chaque erreur devient alors source de tension et de suspense.

L’Avis de Plateau Marmots (Vincent)

Plus qu’un jeu, “La légende des Trois pièces” est une incroyable boite à histoires. Introduire les principes narratifs de base (héros/objectif/obstacle) dans ce type de jeu donne la satisfaction de construire collectivement une histoire cohérente. Les Marmots en sont les premiers fascinés. Ma grande fille de 10 ans a même fini par me piquer la boîte et passer une après-midi complète à se créer des histoires.

Mais cette qualité est aussi un défaut pour l’intérêt ludique du titre. Les choix à faire sont plus aiguillés que dans d’autres jeux de ce type et il est quasi impossible de perdre une partie.

Reste que “La légende des Trois Pièces”, par ses parties très courtes et les moments de complicité qu’il génère, est un jeu parfait à sortir le soir avant d’aller se coucher, pour s’inventer de jolies histoires en famille.

On aime :

  • Le Matériel impeccablement conçu.
  • Créer de vraies histoires structurées et cohérentes

On aime moins :

  • L’encrier bien trop rempli pour créer la moindre tension ludique.
  • Un outil de narration déguisé en jeu.

Le Trouver:

Fiche Technique

  • La Légende des 3 Pièces
  • Un jeu de Nicholas Cravotta et Rebecca Bleau
  • Illustré par Amanda Kraenzle
  • Et édité par Gigamic
  • Pour 2 à 5 conteurs
  • De 6 ans et plus

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