Test – La Légende du Colibri

Historiquement, Sentosphère est un créateur de jeux et de jouets autour de l’odorat. D’où son nom… Parmi ses best-sellers : « La Route des Épices » ou encore « Le Loto des Odeurs ». Étonnant, donc, que leur dernier jeu, « La Légende du Colibri », se développe autour… de la vue, de l’ouïe et du toucher.

Autant dire que le jeu a de quoi intriguer. Par sa thématique, tout d’abord : les joueurs incarnent les animaux d’une forêt qui doivent former une grande chaîne pour éteindre un incendie. Mais c’est surtout par ses mécaniques que « La Légende du Colibri » prend des airs d’OLNI (Objet Ludique Non Identifié). Il va falloir coordonner collectivement plusieurs tâches tout en gardant l’oreille sur une bande-son qui fait intervenir divers évènements.

Quand Sentosphère nous a proposé de nous en envoyer une boîte à dos de colibri, on a donc ouvert notre fenêtre en grand.

Julien Prothière, Gricha German & Rémy Delivorias | Sentosphère |
3 à 6 joueurs| 7 ans et plus | 10 min environ | Adresse / Coordination

Colibrius

Évacuons tout de suite le point qui risque d’en fâcher certains. Oui, « La Légende du Colibri » se joue avec une application smartphone. « Enfer pixélisé et damnation numérique ! » s’insurgeront certains. « On joue aux jeux de société pour éloigner nos Marmots des écrans et voilà qu’ils reviennent au galop !!! », se plaindront d’autres. Mais calmons-nous. Calmons-nous et écoutons le doux son du battement d’ailes de colibri.

Certes, il faut télécharger une application, mais elle ne consiste finalement qu’en 2 plages sonores de 3 minutes. Deux plages qui servent de timer pour chaque manche et où des cris d’animaux viennent signaler des évènements. En d’autres temps, cette application aurait pris la forme d’un CD inclus dans la boîte. Mais qui a encore un lecteur CD chez lui ?

Pas de quoi fouetter un colibri, donc…

La légende derrière le jeu

La fameuse légende qui donne son nom au jeu est en fait un conte écologique amérindien.

Alors que la foudre s’abat sur la forêt, les arbres se mettent à prendre feu et laissent les animaux abasourdis. Seul un minuscule colibri tente d’éteindre l’incendie. Moqué par tous les habitants de la forêt qui lui expliquent que ce qu’il fait ne sert à rien, le colibri répond simplement : « Je fais ma part… ».

Je vous laisse juger de la métaphore et du parallèle avec notre situation actuelle. Mais si la morale de ce conte prône l’addition des petites actions individuelles, le jeu propose lui un principe coopératif qui va demander coordination et communication. Dans « La Légende du Colibri », les joueurs prennent en effet le rôle d’animaux qui vont coopérer et former une grande chaîne pour éteindre l’incendie.

Le pompier paresseux

Chaque joueur prend en main une patte d’animal en carton. Celui qui a choisi celle du paresseux se place en bout de chaîne. Il aura pour lourde tâche de déposer des gouttes d’eau sur les tuiles « Arbres en Feu ».

Des gouttes d’eau ? Il s’agit en fait de petites gemmes transparentes que les joueurs doivent se passer de patte en patte.

À l’autre bout de la chaîne, le premier joueur joue un double rôle. De sa main droite, il tient une patte en carton. De sa main gauche, il joue le rôle du Colibri et pourra prendre les gouttes d’eau du plateau Mare, placé devant lui. Sur les bords de cette mare, sont aussi placées des Graines, des petites gemmes marrons.

Avant de lancer la première manche de 3 minutes, on divise le paquet de cartes Animaux. Le joueur qui joue le Colibri prend 5 cartes Colibri de valeur 1 devant lui. Le reste du paquet est placé devant le Paresseux, face cachée.

Travail à la chaîne

Dès que la bande-son débute, celui qui joue le colibri récupère des gouttes d’eau dans la mare. Les animaux se les passent alors de patte en patte jusqu’au paresseux. Mais le colibri ne peut pas envoyer autant de gouttes d’eau qu’il veut. Chaque fois qu’il en prend dans la mare, il doit défausser une carte Animal. La valeur de celle-ci indique le nombre de gouttes qu’il peut récupérer.

Au début de la partie, le joueur Colibri n’a que 5 cartes de valeur 1 devant lui. À l’autre bout de la chaîne, le paresseux va donc devoir lui en envoyer de nouvelles. En même temps qu’il dépose des gouttes sur les tuiles « Arbres en Feu », il doit aussi piocher dans le tas de cartes Animaux posé devant lui. S’il pioche une forêt vierge (sans valeur), il la défausse. S’il pioche par contre un animal (de valeur 1 à 5), cette carte doit passer de main en main pour remonter jusqu’au colibri.

Les parties s’articulent donc autour d’une double chaîne : les gouttes d’eau qui voyagent du colibri jusqu’au paresseux, et les cartes Animaux qui remontent en sens inverse. Et croyez-moi, l’exercice est aussi dur en vrai qu’il en a l’air sur le papier. D’autant que chaque goutte qui tombe sur la table est perdue.

Le rôle du paresseux étant le plus complexe, on vous conseille d’ailleurs de le confier au joueur le plus âgé. Un Marmot de 7-8 ans risque en effet d’être débordé par l’ensemble des petites actions à gérer simultanément.

Dans la jungle, terrible jungle

Pour corser un peu plus les choses, la bande-son est entrecoupée de cris d’animaux qui ne sont pas là que pour faire joli. Il faut être très attentif. Lorsque le jaguar rôde, vous devez arrêter de bouger. Les guêpes, elles, vous obligent à vous lever et vous rasseoir. Le serpent vous fait taper des pieds… Tout ceci, en essayant bien sûr de ne faire tomber aucune goutte d’eau.

Ces petits évènements contribuent vraiment à l’ambiance du jeu et viennent ajouter stress et fous rires.

Et comment on éteint l’incendie ?

Chaque fois que le paresseux reçoit des gouttes d’eau, il les dépose sur une tuile « Arbre en feu ». Quand le nombre de gouttes est égal à la valeur de la tuile, le feu est éteint et un nouvel arbre peut être replanté. Pour cela, le paresseux réclame une graine (une gemme marron) au colibri. Celui-ci peut alors lui en envoyer une de la même manière qu’une goutte d’eau.

Quand les 3 minutes de la bande-son s’achèvent, toutes les graines qui ont été plantées sont mises de côté. De nouvelles tuiles « Arbres en feu » sont révélées et on débute la deuxième et dernière manche de 3 minutes.

À l’issue de celle-ci, on compte le nombre de graines qui ont été replantées lors des 2 manches. Comparez ce résultat au tableau dans le livret de règles, pour connaître votre degré de réussite.

Quelques variantes pour souffler sur les braises

Par défaut, la bande-son est identique à chaque partie : c’est le mode Découverte. Partie après partie, les cris d’animaux seront donc de plus en plus prévisibles et vous pourrez vous concentrer sur la coordination de groupe. Mais lorsque vous serez devenu de parfaits pompiers, vous aurez peut-être envie de vous attaquer à un défi plus corsé : le mode Aléatoire. Comme son nom l’indique, les cris d’animaux sont générés aléatoirement au fil de la bande-son. Chaque partie conserve ainsi une part de stress et d’imprévu.

Vous en voulez encore ? Sur chaque carte Animal est indiqué le cri de l’animal en question : Tchik-Tchik pour l’araignée, Gronch-Gronch pour le tamanoir… Chaque fois que vous récupérez une carte, vous devez imiter le cri avant de pouvoir la passer au joueur suivant. Autant vous dire qu’avec cette variante, les parties vont vite virer à la cacophonie et qu’il faudra avoir les nerfs solides pour rester concentrés.

L’Avis de Plateau Marmots (Vincent)

Chez Plateau Marmots, on ne s’est jamais vraiment intéressé aux jeux de Sentosphère qui comptent surtout des Lotos autour des sons ou des odeurs. Mais avec « La Légende du Colibri », l’éditeur nous propose un jeu étonnant et bourré de bonnes idées.

Mécaniques et thématiques y sont parfaitement imbriquées. Si bien qu’on a vraiment l’impression d’être une bande d’animaux stressée en train d’éteindre un incendie. Plus qu’un simple minuteur, la bande-son est entrecoupée d’évènements qui viennent semer imprévus et rigolade. Et autant dire qu’il sera parfois compliqué de garder son sang-froid.

On pense beaucoup à Roberto Fraga et à ses jeux malins et frénétiques. Le genre de jeux qui plait immédiatement aux Marmots, mais peut rebuter les parents. Pourtant « La Légende du Colibri » a beaucoup d’atouts pour leur plaire puisqu’il n’est pas seulement un jeu d’adresse. Il est surtout un jeu de coordination collective et de communication.

On aime :

  • Un jeu de coordination et de communication vraiment original
  • Un matériel “Made in France” impeccablement conçu
  • Une application smartphone qui va à l’essentiel
  • Les variantes proposées

On aurait aimé:

  • D’autres cris d’animaux dans la bande-son pour diversifier les parties
  • Connaître le nom de l’illustrateur

Le trouver

Chez PlayIn

 

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