The Moon Project – L’égalité fille-garçon a besoin de vous !

Cette nuit, j’avais prévu de terminer la rédaction du test de “Ma première aventure – En Quête du Dragon”, l’excellente bande-dessinée dont vous êtes les héros de Game Flow, et ensuite d’avancer le travail sur le site, que ce soit sur la sélection des meilleurs jeux de l’année, la promotion de notre page tipeee ou la diffusion de nos avis.

Mais au lieu de cela, j’ai envie, non, j’ai besoin, de poser les mots autrement, et partager avec vous une colère froide qui me hante depuis la réception d’une newsletter de Topla, l’équipe qui a créé The Moon Project, au contenu prévisible mais déprimant.

Je me lance…

The moon project

En juin 2018, nous avions relayé une campagne Ulule qui nous semblait importante : celle de 3 jeux de cartes ultra classiques (bataille, 7 familles, mémory) revisités pour défendre la cause de l’égalité entre hommes et femmes.

Nous sommes en effet convaincus que les jeux et jouets ont une influence importante sur le développement des enfants, et que certains messages répétés conditionnent volontiers nos marmots dans des trajectoires qui ne reflètent pas leurs aspirations.

Si les marchands de jouets commencent peu à peu à faire évoluer certaines lignes (avec une représentation – un peu – moins systématique de la petite fille qui joue avec un aspirateur smoby et du petit garçon en sauveur de l’humanité), la tendance est encore fréquente dans le monde du jeu de société d’une représentation super-sexuée des personnages féminins.

3 jeux pour l’égalité

The Moon Project avait en effet pour objectif de proposer 3 jeux aussi connus qu’accessibles pour en faciliter la diffusion auprès des joueurs. Il s’agit de “petits jeux”, qui ne vont pas forcément scotcher vos marmots pendant des heures, mais qui permettent de remettre les pendules à l’heure, ou plutôt d’éviter qu’elles ne se dérèglent.

Le mémory, par exemple, propose de retrouver des couples de métiers (policier / policière, président / présidente, pilote / pilote…) afin de bien faire passer l’idée qu’il n’y a pas de domaine professionnel inaccessible aux enfants en fonction de leur sexe.

Le jeu des 7 familles met quant à lui en scène uniquement des femmes célèbres, afin de rappeler que si seulement 2% des noms de rues sont donnés à des femmes en France, les femmes illustres dans le monde ne manquent certainement pas à l’appel.

Quant au jeu de bataille, il établit désormais une parité roi/reine, duc/duchesse et Vicomte/Vicomtesse pour renvoyer aux oubliettes cet agaçant Roi qui gagne toujours sur sa Reine.

Bref, pas de révolution ludique, évidemment, mais une volonté ferme de poser les bases d’un message égalitaire par le biais du jeu, ce en quoi nous sommes 200 % d’accord.

A long long way to go

Une fois financé, The Moon Project a été envoyé aux contributeurs, puis a été ensuite rendu disponible en boutique (notamment dans les Monoprix).

Afin de le faire connaître davantage et de toucher le public au plus proche (après tout, l’idée est avant tout de faire passer un message), l’équipe a participé à Kid Expo, énorme salon parisien qui fait la part belle aux présentations de jouets et de jeux de société.

L’occasion était belle, donc, de présenter The Moon Project et de sensibiliser les parents à l’achat de ces jeux. Mais l’accueil, semble t-il, n’a pas été celui escompté. Les commentaires dubitatifs, décourageants et sexistes se sont accumulés tout au long du salon, en tout cas assez pour que l’équipe de Topla se fende d’une newsletter.

Les parents, semble-t-il, étaient assez largement indifférents à la démarche de Topla, ne voyant aucun lien entre l’éducation, les jeux, et la volonté d’inciter à “rêver grand”. Entre méfiance, incompréhension, défiance et hostilité, je vous invite à regarder la vidéo, que je partage immédiatement ici.

Une démarche plus que jamais justifiée

Cela prouve une chose : tout reste à faire dans la remise en cause des stéréotypes et des clichés insidieusement gravés dans le disque dur de nos marmots. C’est pourquoi, plus que jamais, nous vous invitons à réfléchir à la portée des jeux que vous mettez dans les mains de vos marmots. Oh bien sûr, il ne s’agit “que” de jeux, vous allez me dire. Mais le fait de marteler les mêmes messages de jeu en jeu, de partie en partie, a forcément de l’influence sur le comportement.

C’est pourquoi Plateau Marmots, depuis son lancement, prône la variété. Il n’est pas question de sublimer Le Verger au détriment de Médor Pète Fort parce que ce serait la chose bobo ou intello à faire. Mais tout simplement parce que les moyens financiers de Goliath permettent à Médor Pète Fort de se retrouver sur tous les écrans de télé entre chaque dessin animé. Ce qui n’est pas le cas des productions Haba, Oya, Iello, Blue Orange et autres.

Ce martèlement publicitaire produit son effet et laisse volontiers les parents s’imaginer que ces jeux-là, tout respectables et amusants qu’ils puissent parfois être, sont les seuls existants sur un marché qui n’a pourtant jamais été aussi actif et diversifié. Comme si le monde du jeu de société se résumait, encore et toujours, au rayon jouets de l’Hyper U du coin.

Une diversité en marche (tout de même !)

Il est d’autant plus important de promouvoir cette diversité ludique qu’elle produit des jeux souvent novateurs, véhiculant peu à peu une image bien plus pertinente du rapport garçon/fille (j’y reviens).

C’est par exemple le cas d’En Quête du Dragon, le test que je devais rédiger ce soir et qui propose d’incarner trois marmots aventuriers : une petite fille guerrière, un petit garçon mage et un chat rogue. Les esprits taquins diront que c’est encore un chat qui va se taper le rôle du voleur, mais vous avez compris l’idée : une fille est tout aussi capable qu’un garçon de fracasser des cervelles au marteau de guerre. Et en général, elle préfère porter une armure de plaques complète plutôt que de parcourir le champ de bataille en string avec les seins à l’air.

On retrouve d’ailleurs ce cassage de stéréotypes avec le très réussi One Deck Dungeon, qui propose une équipe 100% féminine pour aller décapsuler du gobelin. Et on ne parle pas ici de bimbos aux dimensions défiant les lois de la gravité, mais de femmes aux proportions et à l’équipement adéquats.

Côté égalité, le jeu aux mille titres, dès 2016, proposait lui aussi (et avec un énorme bonheur) un mémory axé sur la dualité des rôles et des professions : boucher / bouchère, sorcier / sorcière, patron / patronne, amoureux / amoureuse, etc. Et que dire de Love Letter qui permet en début de partie de choisir si la princesse à séduire ne sera pas, finalement, un prince ?

Bref : les choses bougent, sans doute. Mais si on peut les accompagner, allons-y !

Bienveillance et détermination

De la même manière que j’aurai toujours un petit mot pour les éditeurs (comme les éditions Abeilles), qui tentent de faire passer des messages de prévention et de santé au travers du jeu, je soutiendrai toujours les initiatives telles que The Moon Project.

Je pense que les messages positifs doivent être répétés, dédramatisés, de la même manière que l’anxiogène nous mitraille au quotidien. Il ne s’agit pas de bombarder des messages, évidemment, mais simplement de jouer. Jouer simplement, sans interro à la fin, sans pression, et faire en sorte que les messages soient assimilés. Oui il y a des aventurières. Oui il y a des sportives. Oui une femme peut piloter un avion. Oui un petit garçon peut être infirmier. Oui la Reine gagne contre le Duc, de la même manière que la Vicomtesse perd contre le Roi. Oui oui oui.

Et c’est pour cette raison que nous vous invitons plus que jamais à faire connaître The Moon Project autour de vous, par l’achat de jeux bien sûr, mais aussi par le partage de leur projet.

Car oui, il serait vraiment sympa que Topla bosse désormais sur des jeux originaux, coopératifs et compétitifs, pour poursuivre la diffusion du message et passer à l’étape suivante en s’assumant pleinement éditeur de jeux.

Mais en attendant, ce serait cool, vraiment, que chaque petit garçon et petite fille soit, de temps en temps, invité à faire une partie de 7 familles où l’on joue avec Alexandra David-Neel, Frida Kahlo et George Sand plutôt qu’avec Flash Mc Queen. Juste de temps en temps, évidemment : le marketing a ses lois. Mais quand même.

Alors allez-y, achetez. Pas forcément les 3 (la bataille, même féministe, c’est chiant), mais au moins un. Et n’achetez pas pour acheter. Sortez-les. Jouez-les. Prêtez-les.

Parents, enfants, grands-parents… ça fera du bien à tout le monde, vous verrez.

Où trouver les jeux ?

Pour les aider à faire passer le message, The Moon Project envoie volontiers par la Poste un kit de cartes et flyers à distribuer. Vous pouvez vous inscrire sur cette page. 

Et le mot de la fin à Krinie avec son guide d’achat ultime…

 

 

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