FIJ Cannes 2025 : Côté Juniors – Le Top 9 de las pépitas (partie 2)

Voici donc, enfin complet, nos plus gros coups de coeur de ce FIJ 2025 (la partie 1 est ici). Le dernier va vous épater, mais lisez quand même le reste hein !

Le plus brillant : Crystalla

Yoel Sayada, Pierrick Libralesso et Renaud Libralesso | non crédité | Schmidt|
2 à 4 joueurs| 8 ans et plus  | 30 min | Placement de tuiles

Après quelques mots, en amont du FIJ, échangés avec Yoel (l’auteur, ouais on connait du beau monde chez Plateau Marmots), Crystalla devait uniquement être visible sur l’espace pro, soit ! Quelle ne fut pas ma surprise, en allant faire une partie de Skull Queen chez Schmidt (plaisir coupable de Junior), de tomber nez à nez avec cette petite beauté (je ne parle pas de Yoel, mais de son jeu). Et ce n’était pas une table messieurs, dames, mais bien 4 tables qui nous ouvraient les bras. On s’est donc faufilés avec Junior pour s’installer et savourer une partie à 2.

Mais alors, comment on joue ?

Crystalla est un jeu où vous allez assembler des cartes Cristaux pour créer des motifs. Une carte possède 2 types de cristaux, donc à vous de bien les connecter avec celles déjà en place sur votre œuvre, qui est un tableau de 4 par 3. Chacun des 7 types de cristaux score différemment. Par exemple, chaque duo de cristaux violets vous fait marquer 7 points, chaque zone de cristaux jaunes vous rapporte 3 points, et les cristaux blancs valent d’autant plus de points qu’il sont nombreux (ça peut monter haut), etc.

Mais pas de panique, tous ces scorings sont inscrits sur le bord de votre plateau dans une iconographie on ne peut plus limpide.

À cette étape des règles, Junior me sourit, si la direction artistique l’avait déjà conquis, les objectifs de motifs finissent de l’enthousiasmer. Il faut dire qu’on est particulièrement friands de ce type de jeu. Et pourtant, attends Junior, ce n’est pas fini !

Crystalla nous apporte également une bonne dose de plaisir dans la collecte des cartes. Car, oui, vous ne m’avez pas posé la question, mais, comment récupère-t-on ses cartes bi-cristaux ?

Eh bien, en utilisant la bonne vieille méthode de l’awalé. En effet, chaque joueur possède des cubes à sa couleur qu’il égraine sur un marché de 9 cartes. A son tour de jeu, le joueur doit prendre tous les cubes présents sur une carte (dont un de sa couleur absolument) et les égrainer sur les cartes adjacentes jusqu’à s’arrêter sur la dernière carte qui devient alors sienne. Vous avez compris que cette mécanique va vous permettre de sélectionner votre carte, mais aussi, d’embêter un chouia votre adversaire en lui déplaçant ses cubes.

Aussi, si vous arrivez à placer 2 de vos cubes sur une même carte vous pouvez choisir une tuile bonus à poser sur votre tableau, mais si ce sont 2 cubes de votre adversaire que vous placez sur une carte alors vous pouvez lui imposer une tuile bonus à placer sur son jeu et ça peut tout chambouler et bien l’embêter.

On apprécie donc que, même s’il s’agit d’une construction de tableau, on ne joue pas chacun dans son coin. Les interactions sont présentes, mais pas centrales et surtout peu frustrantes/vexantes pour nos juniors les plus sensibles (dont le mien).

Crystalla est un jeu qui brille par la simplicité de ses règles, et des parties qui nous font découvrir un vrai jeu stratégique pour les plus initiés de nos juniors. Il va falloir en effet maitriser la bête pour sortir son épingle du jeu. Je crois que c’est le moment de caser ma phrase préf : un jeu « easy to learn hard to master ». Pour autant, Crystalla reste un jeu fluide aux interactions directes plus fun que méchantes.

Le plus swag : Tag Team

Corentin Lebrat & Gricha German| Xavier Gueniffey Durin | Scorpion Masqué|
Duel| 10 ans et plus  | 15 min | DeckBuilding

Parmi les jeux que Junior, grand fan de deckbuilding, voulait absolument tester, Tag Team était top of the list. J’avoue que la direction artistique, clairement inspirée des jeux d’arcade, a mis l’ado joueuse de Street Fighter que j’étais, en émoi. Je me rappelle notamment ces moments où il fallait choisir son personnage pour avoir les meilleures attaques possibles contre son adversaire. Eh bien, ce pur jeu d’affrontement vous fera vraiment revivre cette sensation. On arrive à se glisser à une table de jeu et je vois Junior qui me regarde bizarrement se demandant pourquoi je viens de crier « Hadoken ! ». « T’inquiète, tu peux pas comprendre Junior, c’est une vieille réminiscence »

Mais alors, comment on joue ?

Chaque joueur choisit 2 combattants, qui agiront en synergie pour mettre KO l’un des 2 personnages de son adversaire. Chaque combattant a son propre deck de cartes à mélanger l’un avec l’autre.

À chaque tour de jeu, on révèle simultanément la carte présente au-dessus de son deck façon auto-battler et on en résout les effets ; des dégâts, des points de guérison, l’augmentation de sa force de frappe, une esquive de l’attaque adverse, etc.

Chacun prend ensuite 3 cartes de sa pioche personnelle et en choisit une à intégrer à son deck en construction. La particularité et le piment de ce jeu est qu’il va falloir positionner cette nouvelle carte à un endroit stratégique de votre main, car vous ne mélangez jamais votre deck.

Cette dimension renouvelle le principe du deckbuilding où l’on enrichit son deck, on mélange et on pioche sa nouvelle main. Ici, le deck a exactement la structure que VOUS choisissez. Il faut donc bien se rappeler ce que votre adversaire a joué, et comboter au mieux les cartes pour mettre votre concurrent au tapis.

Pour ce faire, il faut bien gérer les particularités de vos personnages, car chaque combattant a ses spécificités. Choisir le meilleur combo de personnages est un moment très sympa, en plus d’offrir de la rejouabilité au jeu. D’ailleurs, ne vous y trompez pas : vous ne craquerez pas le code, car aucun duo n’est plus fort qu’un autre, chaque personnage s’équilibre parfaitement l’un avec l’autre.

On voit déjà venir à l’horizon une panoplie d’extensions apportant de nouveaux personnages pour renouveler, encore plus, chaque partie.

Tag Team est un jeu qui emballera les Juniors à coup sûr, par sa direction artistique bien entendu, mais aussi par sa simplicité d’actions, et ses parties courtes, rythmées et nerveuses.

Le plus artistique : Ink

Kasper Lapp | Chris Quilliams | Final Score|
1 à 4 joueurs| 8 ans et plus  | 30/ 45 min | Placement de tuiles

Notre aventure avec Ink a été soudaine et imprévue. Tout repose sur un texto que je reçois en plein festival, de ma super cop’s Emy, qui m’envoie une photo de cette merveille avec comme message d’accroche : « Lulu, ce jeu à l’air fait pour Junior et toi, essaie de choper une table ! ». Après des investigations poussées, elle arrive même à me dégoter le numéro du stand parmi les whatmille stands Asmodée du festival… Toujours avoir une copine Emy dans sa poche.

D’autant plus que, ce jeu se trouvait tout perdu, dans un recoin du festival… Mais pourquoi diable, dissimuler ainsi une telle beauté ? En effet, moi qui suis très sensible à l’art, ce qui me frappe de prime abord c’est le choix esthétique : un rendu sobre, élégant et presque relaxant. Seulement 3 tables sont disponibles pour des parties de 45 minutes, c’est donc le seul jeu pour lequel nous avons vraiment fait le pied de grue pour gouter au plaisir d’une partie de Ink. Et, vous vous en doutez, s’il se retrouve dans ce top c’est qu’on ne fut pas déçus de cette décision.

Sans compter que, l’éditeur nous promet les mêmes sensations qu’un Azul, jeu de placement de tuile adoré par les Juniors adeptes de jeux abstraits. Oh attention les gars, là vous mettez la barre haute ! Et pourtant, force est de constater que, oui, les sensations sont similaires et le plaisir également. De là à détrôner le géant… why not ! Perso les encriers me parlent plus que le carrelage portugais.

Mais alors, comment on joue ?

L’objectif de Ink est, ni plus ni moins, de placer l’intégralité de vos fioles d’encre. Celles-ci sont divisées en 2 types de 12 fioles ; celles que vous ne pouvez poser que sur vos 2 couleurs personnelles et celles que vous placez où vous le souhaitez.

A votre tour de jeu, vous avancez votre pion sur la roue du marché, y récupérez l’une des 5 tuiles disponibles et la placez dans votre zone de jeu. Vous devez connecter ces tuiles de plusieurs couleurs (ou pas) pour créer les plus grandes zones possibles. Sur celles-ci, des emplacements vous permettent de positionner vos encriers en réserve, et d’autres contiennent un chiffre. Ces derniers sont très importants, car ce sont eux qui définissent la taille d’une zone « validée ». Et vous ne pouvez placer des encriers que sur vos zones validées.

Jusque-là, c’est simple, c’est fluide et ça ne casse pas trop la tête.

Cependant, lorsque vous validez une zone, son chiffre vous offre un bonus, celui-ci étant de force proportionnelle à la taille de la zone off course. Ce bonus va alors provoquer des réactions en chaîne, plaisir absolu de Junior. Certains vous permettent de déplacer une fiole déjà en place, vous faire rejouer ou bien ajouter un nouvel emplacement d’encrier où vous le souhaitez etc. Il ne faut absolument pas négliger ces bonus.

Mais comme beaucoup de jeux qui offrent des bonus, vous allez aussi choper des malus. Quand ? A chaque fois que votre pion fait un tour complet du marché. Il va donc bien falloir choisir vos tuiles, mais ne pas trop s’emballer. Les malus en question vous font recouvrir une de vos zones et ça c’est pas cool, avec tout le mal que vous vous êtes donné pour les construire.

Derrière une mécanique toute simple de jeu abstrait, Ink propose une vraie profondeur stratégique qui saura enthousiasmer nos Juniors. Cet enthousiasme sera, sans nul doute, boosté par la manipulation d’un matériel un peu fou, de qualité et original. Ink a totalement conquis Junior, déjà fan de puzzle game, par sa fluidité diablement efficace et satisfaisante, ainsi que par son style étonnant.

Le plus mieux de tout le top : Panda Spin

Carl Chudyk | CMYM & Wenjue Zhuang | Matagot|
2 à 5 joueurs| 14 ans et plus (en vrai 10 ans)  | 20 min | Jeu de défausse

Nous avons passé 2 jours à essayer d’approcher une table chez Matagot avec l’envie dévorante de tester leur dernier jeu de cartes : Panda Spin. Mission impossible, de longues files d’attente devant chaque table nous ont fait reculer. Mais renoncer, ça, jamais ! C’est donc, gonflés à bloc, que dès le samedi à 9 h pile nous sommes arrivés devant une table de Panda Spin, prêts à en découdre. Un animateur, super sympa (big up à tous les animateurices du festival) nous pitch le jeu et on se lance avec envie dans notre première partie.

Nous ne saurons qu’à la fin de nos 2 parties que ce si sympathique animateur était en réalité Arthur Jacques, le graphiste du jeu en VF. En plus de ce moment fort agréable de partage, nous avons absolument tout adoré dans ce jeu de cartes, des choix artistiques, aux twists du jeu, en passant par ses subtilités ! Tout !

Mais alors, comment on joue ?

Panda Spin est un jeu de défausse, mais alors qu’il partage la même mécanique que Odin, grand gagnant de l’as d’or 2025, il s’adresse à un public bien plus initié que le lauréat.

Le principe de base est celui du « président » : un joueur joue une carte et il faut monter en valeur à son tour. Une fois que plus personne ne peut aller plus haut, le dernier joueur remporte le « pli », défausse ses cartes jouées et relance un nouveau « pli ». Panda Spin excelle dans ses ajouts de règles à une base si simple.

Tout d’abord, chaque carte à une double orientation : un côté blanc, plutôt faible et classique, et un côté bleu qui fait exploser le gameplay avec des valeurs plus puissantes, des symboles bonus, des doubles voire triples numéros, bref, on va préférer les cartes côtés bleus. Mais, au début de la partie, toutes vos cartes sont orientées sur les faces blanches, et il va vous falloir les flipper pour monter en puissance. Comment ? J’y viens !

Tout d’abord, vous pouvez jouer des combinaisons de cartes : paire, brelan, etc. Mais aussi des cartes qui se suivent. Ainsi, si un joueur a attaqué la manche avec une suite de 2 cartes, il va falloir enchérir sur cette suite avec des chiffres plus élevés jusqu’à ce que chaque joueur ait passé son tour.

Lorsqu’un pli se termine, le joueur qui remporte le pli défausse toutes ses cartes jouées. Ensuite, et ça, c’est malin, les perdants récupèrent leurs cartes jouées si elles étaient sur la face blanche, et les retournent pour les remettre dans leur jeu, du côté bleu (donc puissant).

Mais attention : si un joueur ne remporte pas le pli et qu’il avait joué au moins une carte côté bleu, alors il défausse toutes ses cartes jouées, y compris les blanches. Quand je vous disais que le côté bleu est très puissant !

Vous comprenez qu’il peut alors être parfois intéressant de perdre un pli pour révéler les faces bleues et créer des combinaisons fortes. Ces cartes côté bleue peuvent aussi vous offrir des bonus sous forme de points de victoire, de possibilité de retourner une carte de son jeu, etc.

Je vous expliquais qu’il faut toujours suivre la combinaison posée par le premier joueur, mais il y a une exception à cela. Une combinaison ultime, qui peut être jouée à tout moment (sauf à l’ouverture d’un pli) et qui va tout faire exploser : La bombe ! La bombe est un combo de 4 cartes de même valeur, et va détrôner toutes les combinaisons précédentes.

Attends, ce n’est pas fini pour les ajouts de règles ! Aux cartes classiques allant de 1 à As (2 étant la valeur la plus forte) s’ajoutent les cartes Éléments aux nombres de 5, ces cartes sont puissantes et peuvent vous faire remporter le pli sous certaines conditions.

Je l’avoue, je vous ai un peu menti : le but de Panda Spin n’est pas de défausser toutes ses cartes,  mais bien d’avoir le plus de points de victoire (même si c’est parfois lié). En effet, quand le gagnant de la manche a défaussé toutes ses cartes, il marque autant de points que de cartes dans la main du joueur en ayant encore le plus. Cependant, la partie ne s’arrête pas pour autant et les jeux se poursuivent jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un seul joueur en lice, les autres joueurs continuent donc à marquer des points. De plus, si vous avez suivi, vous savez que les points se gagnent aussi grâce aux bonus des cartes bleues, et c’est le premier joueur à 15 points qui remporte la partie. Bref, ne laisse pas Junior crier « Victoire ! » trop vite s’il termine premier, rien n’est joué !

Panda Spin est notre plus grosse claque ludique du festival. Un jeu qui reprend une mécanique bien connue mais lui apporte une bonne dose de piment et des twists qui en font un jeu très riche, hyper tactique et tellement puissant. Ajoutez à cela, des illustrations d’une Bôoooté incroyable. Vos juniors les plus joueurs seront conquis par ses parties nerveuses aux saveurs de tarot mais en version survitaminée.


Un festival donc, riche en découvertes et en partage. Nous avons pris un plaisir incroyable à découvrir ces pépites qui arrivent dans les prochains mois. Pour autant, si votre chouchou n’est pas dans ce top c’est peut-être que nous n’y avons pas encore joué, car certains des jeux dans notre viseur nous sont passés sous le nez, faute de tables libres ou de temps. C’est peut-être aussi qu’il fait partie de ces jeux qui nous ont laissé un encéphalogramme plat, car oui, il y a eu des jeux très attendus qui ont fait flop avec Junior. Et pourtant, cette année 2025 démarre fort avec un vent de renouveau qui souffle sur le monde ludique. On se retrouve au prochain festival de Paris est Ludique pour les sorties du deuxième semestre.

Et si vous n’y avez pas encore jeté un œil, Vincent vous a conté son périple au FIJ de Cannes 2025 avec son Marmot.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.