FIJ Cannes – Jour 03 ( La Surchauffe…)
Un nouveau jour se lève sur Cannes. Après avoir écrit pour Plateau Marmots une bonne partie de la nuit, mon cerveau a eu du mal à se mettre en pause. Et j’ai fait des rêves très étranges remplis de pluie de dés, de plateaux géants à remplir de tuiles, de paquets de cartes à mélanger sans fin…
Mon Marmot, lui, est en pleine forme. Il est 9h00. Le festival s’apprête à ouvrir ses portes et la journée s’annonce chargée en tests et en rendez-vous.
Octocube (Sit Down !)
On était déjà passé sur le stand de Sit Down ! hier, mais impossible de trouver une table libre pour tester le très prometteur « Octocube ». Alors ce matin, on y est retourné dès l’ouverture des portes.
Dans « Octocube », des piles de tuiles Objets sont placées en une grille de 5 par 5 pour former un fond marin. C’est sur celui-ci que vous allez faire rouler votre Octocube. Une espèce très rare de créature tentaculaire qui présente 2 particularités : elle est cubique et magnétique.
À votre tour, vous pouvez faire « rouler » votre cube vers une pile adjacente pour magnétiser la tuile Objet du dessus, sur l’une des faces vides.
Lorsque votre cube est bien rempli, vous pouvez, à la place, le retirer de l’aire de jeu pour récolter tout ou partie des tuiles Objets collées dessus. Vous marquez immédiatement des points en fonction des séries d’objets identiques que vous récoltez. Plus elles sont grandes, plus vous gagnez de points. Toutes vos tuiles sont alors placées sur votre plateau personnel, classé par type (colonnes) et par couleur (lignes).
La partie prend fin lorsqu’un certain nombre de piles de tuiles sont vides.
Pour chaque couleur et chaque type d’objet, le joueur majoritaire et le second gagnent des points. L’Octocube qui a récolté le plus de points devient le roi des fonds marins.
Malgré un matériel abondant qui peut faire croire à un jeu complexe, « Octocube » s’explique en quelques minutes et mon Marmot de 8 ans l’a pris en main très rapidement. La seule difficulté pour lui a été de prévoir la manière dont se comporte le cube pour en optimiser les déplacements.
La boîte inclut d’ailleurs une version Kids accessible dès 6 ans. Fini la complexité des déplacements : les Marmots déplacent leur cube sur une pile adjacente en utilisant la face de leur choix. Et plutôt qu’un principe de majorité, le plateau personnel propose un principe de Bingo où il faut remplir une grille avec les tuiles indiquées.
Finalement, « Octocube » est un jeu de collection très simple, dont l’originalité tient énormément dans le principe de collecte avec le cube magnétique. Un concept plaisant aussi bien dans sa manipulation que dans la réflexion qu’il amène pour collecter un maximum d’objets identiques. Seul petit point négatif : un scoring de fin de partie vraiment long et laborieux. On a en tout cas hâte d’y rejouer et de tester la variante Kids.
Joyeux Bazar (Loki)
On a alors fait une longue escale sur le stand de Loki. Nominé pour l’As d’Or Enfant, « Les Eclairtout » y était naturellement mis en avant, que ce soit par un coloriage géant et coopératif, ou par une version XXL du jeu.
On a aussi pu découvrir 2 nouveautés qui arrivent en boutiques courant Mars/Avril. La première est un jeu de mémoire et de classification destiné aux tout petits de 3 ans et plus.
À l’image d’un « Carla Caramel », la mise en scène de “Joyeux Bazar”est particulièrement soignée. Le fond de la boîte représente un lit douillet au-dessus duquel une arche permet de suivre l’avancée de la nuit à l’aide d’un jeton Étoile.
Car le but de vos Marmots va être de ranger tous leurs jouets avant que la nuit soit complètement tombée. Pour cela, ils ont à disposition 3 petits coffres en carton associés chacun à une illustration. Les jouets à ranger se présentent comme une série de tuiles placées face cachée au centre de la table.
À votre tour, retournez l’une de ces tuiles. S’il s’agit d’un jouet représenté sur l’illustration d’un coffre, il est rangé dans celui-ci. S’il n’apparait sur aucune des illustrations, il est caché sous la couverture du lit. Et oui, ranger sa chambre, c’est aussi savoir bien cacher ses affaires…
Et si ce n’est pas un Jouet, mais une Étoile qui apparait sous une tuile, elle est remise en place face cachée, et le jeton Étoile avance d’un cran sur l’arche, annonçant l’avancée de la nuit.
Derrière sa mise en scène très réussie, « Joyeux Bazar » est un jeu extrêmement classique. La seule petite originalité vient des illustrations associées aux 3 coffres. À chaque partie, on pourra en effet choisir une série de 3 illustrations différentes et de difficulté croissante. Alors que dans le niveau le plus accessible, tous les jouets à placer dans le coffre correspondant apparaissent de manière très visible, ils seront en partie cachés ou déformés dans les niveaux plus « complexes ».
PolyNimaux (Loki)
Changement d’ambiance sur la table d’à côté où on a enfilé nos bottes pour partir à la découverte de « PolyNimaux », un jeu de Flip & Write pour apprentis fermiers de 6 ans et plus.
Chaque joueur gère sa propre ferme, sous la forme d’une grille contenant des poulaillers, des mares et des enclos. Mais en début de partie, il y manque le plus important : les animaux. Pour pouvoir peupler votre ferme, vous avez à disposition un crayon de bois et 5 polyominos colorés qui font office de pochoirs. A votre tour, vous piochez une carte où est illustré le polyomino que vous pourrez utiliser à ce tour. Chaque autre joueur en prend aussi un en suivant l’ordre croissant (chaque polyomino étant numéroté).
Vous le placez alors sur votre ferme pour y tracer les 2 traces de pas d’animaux, façon pochoir. Les chevaux doivent être placés dans un enclos, les oies dans leurs mares, les poules autour de leurs poulaillers et les chiens partout sauf dans l’eau.
Après 8 cartes et donc 8 manches, la partie se termine. Vous marquez 1 point par animal correctement placé. Si vous avez réussi à entourer totalement un poulailler, vous piochez un jeton Œuf (qui fait gagner de 1 à 3 points bonus). Enfin, si vous remplissez entièrement un enclos, vous gagnez le bonus qui y est indiqué.
Après un « Roule Tampouille » de chez Space Cow qui nous avait laissé sur notre faim l’année dernière, « PolyNimaux » est une excellente surprise. Le principe des pochoirs est vraiment bien vu et même en tant qu’adulte, on se prend au jeu avec plaisir. On a pu en faire plusieurs parties sur le festival et tester les 2 premiers niveaux. Car, oui, « PolyNimaux » propose 4 fiches Fermes différentes. Ce n’est pas tant le niveau de difficulté qui change, mais de nouvelles contraintes ou de nouvelles possibilités de marquer des points qu’il va falloir prendre en compte (une mangeoire qu’il faut entourer d’animaux différent, un renard qu’il est impossible de recouvrir d’un polynimo…). « PolyNimaux » est un très gros coup de cœur dont on vous reparlera au moment de sa sortie, en avril, puisqu’on est reparti avec une boîte dans la valise.
Cric Crac Crok & Miniz Club (Loki)
Prévus pour une sortie plus lointaine, Marion de chez Loki nous a aussi présenté 2 autres nouveautés 2025.
Le premier « Cric Crac Crok » est un petit jeu de collection signé Corentin Lebrat et Théo Rivière qui sortira cet été. À chaque tour, plusieurs cartes sont alignées au centre de la table pour former un festin. Simultanément, tous les joueurs désignent l’une d’elles, en utilisant leur main comme une mâchoire de requin. Si 2 requins ou plus pointent vers la même carte, elle reste en place. Si vous êtes seul, vous la remportez. On remplace les cartes gagnées par de nouvelles cartes, et on en ajoute une sur celles qui n’ont pas été remportées. Un nouveau tour commence alors.
Récoltez les cartes qui ont le plus de valeur, associez-les pour préparer de délicieuses brochettes et évitez les malus.
« Miniz Club », à venir cet été, lui aussi, est l’adaptation pour petits Marmots (à partir de 4 ans), de l’excellent « Animaux de Baker Street ». Forcément, cette version est beaucoup moins verbeuse, mais le principe reste le même. Associez une carte Personnage à une carte Lieu de manière logique. Si un symbole complet apparaît, vous faites avancer l’histoire ou récupérer un Objet qui vous aidera plus tard. Les illustrations de Yogesh Mahajan sont magnifiques, et la boîte propose 4 scénarios qu’on a vraiment hâte de découvrir.
Le Bonhomme de Paille (Space Cow)
Allez savoir pourquoi, j’avais beaucoup de réserves sur ce titre que je pensais être un énième dérivé du Jeu du Verger. C’est mon Marmot qui m’a obligé à m’asseoir au stand Space Cow, attiré par la magnifique version XXL du jeu.
Si je voulais jouer les malins, je vous expliquerais que « Le bonhomme de paille » est un jeu de bag-building coopératif avec une strate de reconnaissance tactile. Mais c’est avant tout un jeu plein de malice et de jolies idées, signé Marie & Wilfried Fort, et accessible dès 4 ans.
Chaque joueur commence la partie avec un sac qui contient 5 jetons Actions. 4 d’entre eux permettent de piocher des formes colorées qui représentent des morceaux d’épouvantail et que l’on ajoute à notre sac. Notre but est en effet de reconstituer un épouvantail sur le poteau central. Et les pièces nécessaires sont dévoilées au fil de la partie par des cartes. D’abord les jambes, puis le buste, la tête, et enfin le chapeau.
Si vous avez déjà mis des pièces en bois dans votre sac, vous pouvez, plutôt que piocher un jeton Action, essayer de trouver tactilement le morceau d’épouvantail à placer sur le poteau.
Un cinquième jeton Action représente un oiseau. À chaque fois que vous le piochez ou que vous vous trompez en piochant une pièce en bois, un jeton Oiseau vient se poser au bord du plateau. Si vous réussissez à reconstituer l’épouvantail avant que le sixième oiseau se pose sur la barrière, votre champ est protégé et vous gagnez la partie.
Pour tout vous dire, jouer sur la version XXL du jeu a été un calvaire. Le sac de pioche était un grand sac en toile de jute dans lequel mon Marmot devait plonger à moitié pour trouver les jetons Action. Et chaque pièce en mousse de l’épouvantail étant bien trop grandes, l’aspect tactile était lui aussi très complexe. On a donc rejoué une seconde partie avec le vrai matériel du jeu, et le plaisir de manipulation était bien plus au rendez-vous.
« Le bonhomme de paille » cache bien son jeu. Derrière des illustrations très lambdas et son allure d’énième dérivé du Jeu du Verger, il se révèle bien plus ambitieux et original. Il mêle avec élégance principe de Bag Building (remplissage de sac stratégique) et reconnaissance tactile pour trouver la bonne forme au bon moment. Comme quoi, l’habit ne fait pas l’épouvantail.
Flipping Frogs (Atalia)
Petit détour par le stand Atalia où j’avais vraiment envie de découvrir « Flipping Frogs », un jeu abstrait où vous devez placer des grenouilles colorées sur un plateau de 4 cases par 4.
Avant de débuter la partie, chaque joueur reçoit secrètement une couleur de grenouille. Pour gagner, il faudra que les grenouilles à votre couleur soient majoritaires sur le plateau, en fin de partie.
À votre tour, vous posez l’une de vos 3 tuiles en main sur une case libre. Si vous placez une tuile Grenouille, des flèches blanches vous indiquent quelles tuiles adjacentes (orthogonalement ou diagonalement) vous devez retourner sur leur face opposée.
Lorsqu’elle est retournée sur son verso, une tuile Grenouille devient un espace libre sur lequel peut être placée une autre tuile Grenouille. Si une grenouille empilée ainsi vient à être retournée, ce sont les 2 tuiles qui sont retournées ensemble. D’où un petit côté jeu de mémoire pour vous souvenir où se cachent les Grenouilles à votre couleur et les faire réapparaitre au bon moment.
Quelques tuiles Serpent vous permettent d’éliminer une grenouille au choix sur le plateau.
Après avoir joué une première partie en duel avec mon Marmot, on a bien vite compris que « Flipping Frogs » était bien plus un jeu de bluff qu’un jeu abstrait cérébral. Celui qui gagne est celui qui réussit à garder sa couleur secrète le plus longtemps possible. Mais pas trop… Mon Marmot a très bien caché son jeu, mais a trop attendu pour faire revenir ses grenouilles face visible. La partie se termine en effet dès qu’on ne peut plus placer de tuiles sur le plateau et on ne le voit pas forcément venir.
Après cette première partie en duel, on a enchaîné sur une seconde avec un couple de septuagénaires qui semblaient intrigués par le jeu. Les sensations à 4 sont bien différentes. Non seulement, chaque couleur étant attribuée, le bluff est beaucoup moins présent. Mais surtout, le plateau évolue tellement entre 2 de nos tours, qu’on ne fait pas vraiment dans la subtilité pour sauver nos grenouilles. Le jeu n’en demeure pas moins plaisant et légèrement stratégique, et les serpents prennent toute leur importance dans cette configuration.
« Flipping Frogs » a l’allure et le goût des jeux abstrait. Mais il est beaucoup moins cérébral et plus chaotique qu’il n’y parait. C’est avant tout un jeu où il faut savoir bluffer pour garder sa couleur secrète le plus longtemps possible. Notre seconde partie qui a vu 3 générations jouer sur une même table avec le même plaisir prouve en tout cas qu’il s’agit d’un vrai jeu intergénérationnel. On ne peut pas dire que « Flipping Frogs » nous ait retournés comme les grenouilles sur le plateau, mais cette boîte est un petit coup de cœur qui risque de ressortir souvent en famille.
Mysterious Dungeons (Trefl)
Certes Reiner Knizia crée beaucoup moins de jeux qu’il y a 10 ans, mais impossible de se balader dans les allées d’un festival ludique sans croiser au moins 2 ou 3 boîtes où s’affiche son nom. Cette année, on a pu apercevoir « Ape Town » chez Piatnik, « Cosmolander » chez Hasbro, et tester cet intrigant « Mysterious Dungeons ». Malgré son illustration de couverture, ne vous attendez pas à vivre des aventures épiques ; il s’agit d’un pur puzzle game.
À chaque tour, les joueurs piochent une tuile identique et la place à leur guise dans un donjon de 4 cases par 4. Cette tuile comporte des murs, mais aussi des trésors et des monstres.
Vous allez ainsi créer petit à petit les couloirs d’un donjon dont vous ne pourrez explorer que les parties qui sont reliées à la porte d’entrée. Logique… Essayez d’emmurer les Monstres pour ne pas les rencontrer (ils vaudront 2 points de malus en fin de partie) et mettez un maximum de trésors sur votre chemin (1 point chacun). Lorsque la seizième tuile est posée sur le plateau, le joueur qui a optimisé au mieux son donjon gagne la partie.
Le jeu a beau être extrêmement classique dans son concept, il est très plaisant de fabriquer son petit donjon personnel. Même mon Marmot, pourtant pas très fan de ce genre d’univers s’est pris au jeu. Mais si le casse-tête est agréable et assez corsé, pas sûr qu’on y revienne après 2-3 parties. D’autant que, par principe, on joue chacun dans son coin.