Focus : Oika Oika (j’irai jouer chez vous)
Et si les boutiques de jeux de société venaient dans votre salon le temps d’une ou deux parties ? Oika Oika est une entreprise de vente de jeux de société… sur votre table basse. Eh oui, les sessions de vente se font en famille et entre amis, comme les bonnes vieilles réunions tupperware. Mais dans le cas du jeu de société, cela a peut-être justement du sens…
Ma malédiction commence sur le 7e Continent, rue des Ecoles
Vous savez, le monde du jeu de société moderne n’a de cesse de me fasciner. Il n’y a pas si longtemps, vous vous souvenez peut-être, je m’interrogeais devant la profusion de boutiques de jeux de société en ligne. Cela tient sans doute à une nostalgie un peu forcée de mon adolescence parisienne, où j’achetais mes cartes de Middle Earth : The Wizards chez Jeux Descartes, mon classeur de Detective Conseil chez l’Oeuf Cube, et où un un incroyable libraire de L’éclectique, juste devant chez moi à La Varenne, me faisait découvrir le très réussi Princes de Catane.
Vous l’aurez compris : dans mon esprit brumeux de post-adolescent attardé, le jeu de société ressemble à une boutique à la lumière rare, plus ou moins encombrée de boîtes et de figurines, où des hommes barbus à cheveux longs digressent pendant des heures sur le combo ultime d’un jeu de cartes à collectionner.
Si après avoir quitté Paris j’en suis venu à commander mes jeux sur Internet, c’est en grande partie après avoir été échaudé par un accueil déplorable dans beaucoup de boutiques visitées en province. De la glaciale Crypte du Jeu Marseillaise à l’indifférence des Bordelais de Jeux Descartes en passant par la douce incompétence du Lud’M Montpelliérain, j’ai souvent été douché dans mon envie de flâner dans ces boutiques pourtant jolies, mais où ma présence semblait déranger plutôt qu’autre chose.
La situation a encore empiré quand je me suis éloigné du monde du jeu pour adultes pour m’intéresser à celui du jeu pour marmots. Si beaucoup de boutiques ont bel et bien des armoires entières de jeux Haba ou Gigamic, très peu de vendeurs sont dans les faits capables de vous conseiller autre chose que Le Verger ou Bazar Bizarre, ce qui est un peu triste pour des éditeurs dont les catalogues dépassent très allègrement les 500 jeux.
Internet : nouvelle capitale du jeu de société
Internet est donc devenu pour moi une solution de repli, confortable financièrement mais exaspérante moralement. Loin des antres sombres à la lumière vacillante des torches, je valide mon panier et me représente des entrepôts gigantesques et des magasiniers alsaciens qui trimbalent en toute hâte des palettes entières de Kingdomino en roulant sur des miettes de bretzels. Les grandes boutiques en ligne (Philibert, Ludibay, etc.) sont certes imbattables pour les prix, mais pour le conseil, pour provoquer l’envie, il faut aller ailleurs.
La boutique n’est donc plus que l’étape finale d’un achat, étape démarrée sur Facebook et prolongée sur Tric Trac ou Vidéorègles. En caricaturant un peu, on pourrait dire que Philibert est juste là pour valider le bouton Paypal et mettre la commande dans un carton. J’avoue que moi même j’en use et abuse, mais je me reconnais mal dans ce cheminement.
Et l’on dira ce que l’on voudra : les fiches produits sont souvent sommaires, voire incomplètes. Quant aux demandes de conseils ou d’avis par mail, ils demandent en général plusieurs heures pour obtenir une réponse (ce qui est normal, hein, mais mon envie d’achat compulsif en prend un coup). Les avis produits, fidèles à eux-mêmes, partent tellement dans tous les sens (parents extatiques ou adultes blasés) qu’il est bien difficile de savoir au final ce que vaut un jeu pour enfants à leur simple lecture.
Bref, si Internet a su tirer les prix vers le bas, il n’a pas résolu la question du conseil. Vous me direz justement qu’il y a Board Game Geek, qu’il y a Tric Trac... Mais est-ce que les parents non-joueurs ont justement le temps d’aller faire le tour des forums alors qu’ils n’ont déjà pas le temps de jouer avec leurs marmots ? Honnêtement, je ne le pense pas.
Tu viens jouer chez moi ?
Tout cela pour vous dire que j’ai récemment découvert qu’il existait des ventes à domicile de jeux de société. Eh oui, carrément, un truc en mode : “drrrrring ! Bonjour monsieur, asseyez-vous et relaxez-vous, on va se faire une partie d’Horreur à Arkham !” Kuhaaaa ? Des jeux de société vendus sur la table de ma cuisine ? Quelle idée incroyable ! J’avoue que je pensais que ce type de vente était réservée aux tupperwares, aux théologiens et aux sextoys.
Mais non, cela existe et ça semble très bien fonctionner. Ainsi, Oika Oika est une société de vente directe qui est partie du constat suivant : pour apprécier un jeu de société, il faut pouvoir l’essayer, ce qui est souvent impossible en magasin. Comme le grand public n’a pas forcément la possibilité ou la volonté d’aller essayer les jeux dans les salons ludiques, il faut que ce soit le jeu qui fasse le déplacement. Oika Oika a donc des animateurs/vendeurs régionaux qui se déplacent chez vous pour vous faire essayer une sélection de jeux ou d’animations créatives. Pour une famille avec enfants et amis, cela permet de pouvoir tester les jeux en toute quiétude avec un animateur qui leur explique les règles, dans le confort du salon. Et pour le vendeur, il est clair qu’une fois qu’un jeu est dans les mains du client, ce dernier est toujours bien plus enclin à sortir le porte-monnaie.
Oika Oiquoi ?
Si j’en crois leur site web, le concept de Oika Oika est parti en 2013 d’une ludothèque associative et du constat que la demande était forte pour la mise en avant de jeux originaux et peu connus. Les créateurs de l’entreprise ont donc tenté l’aventure de la vente à domicile, en gratifiant leurs hôtes d’un jour avec des petits cadeaux incitatifs. Le principe est simple : le site Internet Oika Oika permet de demander une séance d’animation à l’intervenant local (que l’on peut identifier sur une map google). Après avoir convenu d’un rendez-vous, l’ami Ricoré un animateur Oika Oika débarque chez vous avec une sélection de jeux. Il n’y a plus qu’à faire une tournée de cafés et se laisser porter par les lancers de dés.
Je ne sais pas quel est le nombre de participants minimum, ni si les jeux sont achetables de suite ou juste commandés pour une livraison ultérieure, mais le concept semble faire mouche et attirer du monde. En tout cas, la société Oika Oika existe depuis désormais 4 ans, signe que cela va plutôt bien pour eux. Une autre entreprise, Casa-Case, a été financée en novembre 2016 via Ulule, ce qui veut dire que l’idée fait son chemin…
Et on joue à quoi, alors ?
Un oeil rapide sur le catalogue Oika Oika permet de constater que le jeu de société n’est qu’une facette de l’activité, puisqu’on y trouve beaucoup de loisirs créatifs et de jouets d’éveil. Pour la partie jeux de société pour enfants, on retrouve les ténors du secteur : Haba, Gigamic, Iello, Blue Orange, etc. Si une base du catalogue est fixe, l’autre tourne en fonction des saisons pour s’accorder au mieux à la mode du moment : jeux d’extérieur en été et jeux éducatifs à la rentrée. Classique mais efficace. D’autres catalogues sont également disponibles en présentant les jeux sous un angle thématique : Jeux édités en France, Jeux à petits prix, etc.
Côté “Grands marmots”, là aussi ce sont des valeurs sûres qui sont posées sur les tables : Pandemie, 7 Wonders, Bunny Kingdom, Queendomino, Mr Jack… Pas de grosse surprise mais pas de faute de goût non plus, en tout cas largement de quoi plaire à un groupe d’amis qui débute dans le sordide monde du jeu de plateau. (Fuyez, pauvres fous)
On lance les dés et on se fait une bouffe ?
Côté tarifs, les prix annoncés sur le catalogue sont tout à fait honnêtes et conformes aux prix de vente conseillés par les éditeurs. On trouve par ci par là des promos sur certains éditeurs (un jeu Blue Orange acheté, le 2e à -50%…) qui rend même certains prix très attractifs. On voit aussi qu’un système de poins fidélité a été mis en place, mais je ne me suis pas attardé dessus. Si je ne connais pas “les petits caractères” de ce type d’animation et si je resterai donc très prudent sur l’ensemble des données contractuelles (statut du VDI, objectifs de vente de l’animateur, obligations de la personne qui reçoit, gestion des zones géographiques, coût en essence, etc.), j’avoue qu’elle me semble tout à fait adaptée au monde du jeu de société actuel, en particulier pour les enfants.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle peut permettre à des parents trop pressés par le temps de découvrir qu’il existe autre chose que les jeux Megableu (celui avec le chien qui fait des crottes me fait super envie) et de les inciter à se lancer dans le jeu avec leurs enfants, ce qui est la raison d’être de Plateau Marmots.
Il est clair que le lecteur lambda de Tric Trac ou de Plato Magazine ne pourra que hausser les épaules devant ce type de démarche, mais les joueurs très occasionnels qui sont perdus devant l’immensité de l’offre seront heureux de trouver un partenaire prêt à leur présenter des jeux adaptés à leurs envies, et de surcroît à domicile.
Dans ce contexte, la vente à domicile, qu’elle soit assurée par Oika Oika, Casa-Case ou toute autre société, est à mon sens une excellente initiative à qui je souhaite longue route.
Un grand merci pour cet article!!! Je ne peux qu’abonder dans ton sens 😉
Juste pour info: les animateurs n’ont pas de stock, les jeux sont commandables et livrés sous 2 à 3 jours (exit les queues à la caisse….).
Il n’y a pas un nombre de participants minimum, mais bien sur, pour les animateurs, plus il y a de monde, mieux c’est….
superbe article alors…
(contenu supprimé)
ludiquement…Dominique
Bonjour,
Je suis Olivier de Plateau Marmots,
Je suis au regret de vous informer que l’essentiel de votre commentaire a été supprimé. Plateau Marmots n’a en effet pas vocation à être le support de messages publicitaires. Si j’ai choisi de faire un article sur Oika Oika, venir s’y greffer avec un message marketing aussi superficiel qu’inutile a quelque chose d’indécent que je réprouve tout à fait dans le monde du jeu de société, à commencer par le jeu de société pour enfants.
Cordialement,
Olivier de Plateau marmots
Merci pour ce superbe article qui résume assez bien l’esprit de Oika Oika et des Oik’animations.
Oika oika permet en effet de profiter du conseil éclairé de l’animateur qui connait bien les jeux qu’il propose de découvrir, conseil que l’on a du mal à obtenir en boutique… Je vous confirme que si en ville c’est déjà galère, en campagne c’est juste impossible d’avoir la moindre info sur l’intérêt d’un jeu, ses règles, son aspect ludique, etc dès qu’on sort du Uno ou du Monopoly.
On fait souvent le parallèle un peu trop raccourci avec les réunions Tupperware, et c’est dommage. En effet, l’implication des convives dans le jeu et le bénéfice obtenu (la banane jusqu’aux oreilles, les yeux qui brillent, les crises de rire, tout-ça-tout-ça) est sans commune mesure avec les émotions rencontrées en réunion classique type Tupperware, Cobold, ou autre.
Vous vous interrogez sur les aspects contractuels du statut de Oik’animateur… c’est simple : s’il y a bien quelque chose que peut revendiquer Oika Oika, c’est sa dimension humaine. Tout Oik’animateur est libre de “travailler” au rythme qui lui convient. Pas de pousse-au-chiffre, pas d’objectif ultimatum, pas de harcèlement. Bref, zero stress !
Le plaisir est communicatif. Si l’animateur ne prend pas de plaisir dans ce qu’il fait, il n’en donnera pas. Les fondateurs de Oika Oika l’ont bien compris.
La seul “obligation” de l’hôte est d’inviter ses convives, il n’y a pas de nombre d’invités minimum. Le Oik’animateur s’occupe du reste.
Il n’y a pas non plus de zonage géographique, et je n’observe pas personnellement de concurrence entre animateurs d’une même zone, même petite, chaque Oik’animateur étant plus ou moins spécialisé dans telle ou telle tranche d’âge, dans tel ou tel type de jeu.
J’excerce cette activité depuis quelques mois, et ces critères ont été déterminants dans mon choix. Le partage, l´esprit ludique, la liberté, l’absence de stress, autant de valeurs qui devraient être l’apanage de toute société de VDI (on sait malheureusement que ça n’est pas le cas partout…)