Boss Quest : Belle victoire pour une Débâcle !

On les avait aperçus à Cannes, mais le festival de Montpellier fut l’occasion de papoter plus sereinement. S’ils sont bien implantés dans le domaine du jeu, Benjamin, Emmanuel et Elodie démarrent l’aventure de l’édition ludique avec un nom tout simplement génial : Débâcle Jeux.

Et leur arrivée s’accompagne d’un jeu en cours de campagne Ulule qui vaut clairement le détour : Boss Quest.

Cap au sud, mamzelle Teschmacher !

C’est ainsi : il y a des noms de villes qui sentent davantage les vacances, les férias et les petits ballons de rosé frais en terrasse que les jeux de société. Et pourtant, c’est bien ici, dans des patelins plus ou moins planqués au sud de Montpellier, que des pépites ludiques voient le jour.

C’est littéralement ce qui est en train de se produire avec Débâcle, un nouvel éditeur basé non loin de Béziers, qui nous propose donc Boss Quest, un jeu de cartes à la fois accessible et subtil signé Christophe Lauras.

Oui, Christophe Lauras. Si ce nom ne vous est pas inconnu, c’est normal : le bonhomme est déjà auteur de Trôl et de Zombie Bus. Excusez du peu.

Le bonhomme, fort sympathique au demeurant, est une véritable force vive du ludisme local puisqu’il anime une ludothèque et se montre volontiers présent dans les festivals du coin (et si l’apéro est offert, il vient même deux fois, parait-il). Mais je m’égare.

Jacques le noir version fantasy

Si Boss Quest tourne aussi bien, c’est qu’il s’appuie sur des bases solides et bien établies. Le principe est de piocher une carte de Mayssant (dragon, monstre, etc.) identifié par une valeur allant de 15 à 21. Votre chevalier va ensuite dégainer ses armes pour tenter de s’approcher au plus près de la valeur du monstre, sans la dépasser. Évidemment, comme ses armes sont un peu en fouillis dans son sac, il ne sait jamais exactement ce qu’il va avoir en main avant de l’avoir pioché. Il prend donc le risque de dépasser la valeur du Boss, signe d’élimination dramatique et humiliante.

En face, tour à tour, les autres chevaliers procèdent de même. Une fois que chacun estime avoir une valeur suffisante pour gagner, les joueurs cessent de piocher, se défient du regard et tentent d’évaluer la forces des adversaires. Les invectives peuvent fuser, mais c’est en option, seulement si suffisamment de stretch goals sont débloqués.

Cela vous rappelle un jeu de Casino fort célèbre dans lequel il faut s’approcher de 21 sans jamais le dépasser ? Bien vu, c’est exactement cela sur le fond… mais avec pas mal de twists, évidemment.

Sortilèges !

Au moment de la confrontation finale, chaque chevalier peut déclencher un sort susceptible de modifier totalement le cours du round. Certains sorts peuvent ainsi modifier la valeur du boss, imposer qu’une certaine arme soit obligatoirement utilisée pour le vaincre, ou encore annuler un sort déjà validé.

Bref, le jeu devient très tactique puisque non content de s’approcher le plus possible du total requis, il faut également prendre en compte les sorts en jeu disponibles pour la manche et s’arranger pour prendre celui qui va gêner vos adversaires.

C’est très malin, prenant, et franchement rigolo.

D’autres éléments de jeu permettent d’enrichir le jeu sans le rendre moins accessible, pour garantir une durée de vie conséquente, et des mini-extensions seront débloquées au fur et à mesure des paliers atteints.

 

Un peu de finesse dans ce monde d’armures

S’il ressemble au blackjack, le jeu est au final franchement original sur plusieurs points, qui modifient sensiblement la donne.

Le principal, c’est que contrairement au vénérable ancêtre, les cartes qui suivent la première (face cachée) ne sont pas piochées successivement, mais par salves de 1 à 4 cartes. En gros, si vous avez un monstre à 20, et que vous avez un 5 devant vous face cachée, il vous faut évaluer combien de cartes (chiffrées de 1 à 7) il va vous falloir pour vous approcher autant que possible de la cible dans la dépasser. A vous d’évaluer les risques et les moyens de vous en sortir en cas de dépassement au moyen des bonus disponibles.

Si le nombre obtenu vous convient, vous pourrez alors cesser la pioche et partir au combat. Sinon, après le tour des autres joueurs, vous pourrez demander une nouvelle série de 1 à 4 cartes. Mais attention, le premier joueur qui part au combat sera le premier a pouvoir choisir l’un des 4 sortilèges alignés pour le round !

Ce tir groupé de cartes piochées en une fois (face visible, celles-ci) sont également un gros indice sur votre carte de départ, que vos adversaires ne manqueront pas d’exploiter.  

Les marmots ont leur place à table !

Le principe de blackjack à géométrie variable fonctionne très bien avec les marmots, comme on l’a par exemple vu sur Poule Mouillée (Piatnik). La notion d’addition de cartes piochées en vue d’obtenir un score à ne pas dépasser  un élément de jeu qu’ils assimilent volontiers dès 6 ans et mâitrisent totalement à 7 ans. La question des sortilèges est peut-être un peu plus touchy (et encore) mais d’expérience on sait que des enfants de 6-7 ans accompagnés pourront jouer au jeu complet sans le moindre effort. Le jeu se présente comme jouable à partie de 8 ans, mais c’est clairement une marge haute… 

Nos marmots auront donc tout à fait une place à la table des combats, et il sera facile en outre de simplifier le jeu pour les premières parties. 

Dark Souls ou Zelda ?

Le jeu est par ailleurs en train de prendre un virage kid-friendly avec des tests effectués pour des fonds de carte plus lumineux, et nettement plus zelda-esques que ceux (un peu) plus matures actuellement proposés et présentés. Si cela se confirme, Boss Quest sera facilement jouable par n’importe quel marmot capable de compter jusqu’à 20, et pourra alors faire l’objet de parties aussi familiales qu’amusantes.

L’ensemble des illustrations, signées Christina Weinman, font la part belle aux références vidéoludiques, avec des armes pixelisées et des monstres que nous avons tous croisés au détour d’un FPS ou d’un RPG à l’ancienne. C’est une excellente mise en ambiance.

On s’amusera d’ailleurs de reconnaître ici la ventouse des lapins crétins, la poêle à frire de Left 4 dead, le pied de biche d’Half Life, les épées de 800 kilos de Final Fantasy, etc. Chacun, bien évidemment, sera libre d’y voir ses propres références.

A ce titre, on ne pourra que conseiller à l’éditeur d’aller plus loin encore dans le délire, avec des personnages encore plus vidéoludiques, pour assumer et exploiter totalement un pedigree déjà bien présent. Boss Quest évoque volontiers Boss Monster et son look de gros pixel qui tâche.

Chevalier et Chevalière ?

Pour finir, Débâcle nous fait plaisir en incluant dans son set de départ des cartes des deux sexes. Chevaliers et Chevalières pourront ainsi indifféremment aller sauver Princes et Princesses au gré de leur humeur.

C’est anecdotique sans doute, mais de notre côté on trouve cela véritablement cool de fissurer davantage encore l’indéboulonnable code « Prince-va-sauver-la-princesse » et de permettre à chacun de jouer le personnage qui lui fait envie.

Au final : oui à Boss Quest ! 

Il ne fait aucun doute que vous vous amuserez sur Boss Quest, et que vos enfants vous accompagneront volontiers dans ce jeu de bluff tactique, très simple à assimiler. Accessible, équilibré et adorablement décalé, Boss Quest entre en lice pour devenir ce petit jeu d’apéro innocent qui reste en place toute la soirée durant. Amateurs de fourberie sur fond de fantasy light, n’hésitez pas à participer à la campagne de financement du jeu, qui prend fin dans une grosse semaine.

De notre côté on n’a pas hésité, convaincus que nous sommes que Boss Quest saura trouver sa place sur toutes les tables de jeux !  C’est pour nous un gros coup de cœur. Bref, allez-y, vraiment, d’autant que le jeu est annoncé pour la fin d’été 2019 et pour un prix fort raisonnable.  Aucune raison, donc, de passer à côté d’une si jolie pépite…

La page du financement participatif…

1 thoughts on “Boss Quest : Belle victoire pour une Débâcle !

  • 16 mars 2019 à 9 h 12 min
    Permalink

    Pour l’avoir testé au festival du jeu de Montpellier, je le recommande.
    La compréhension des règles est rapide, le jeu est fun et semble avoir pas mal de rejouabilité.
    Les équipes sont à l’écoute des joueurs et l’esthétique du jeu testé à Montpellier avait déjà été améliorée (et n’était pas la définitive).
    Il me semble s’adresser à tout type de joueur et est financièrement abordable (14€, pas de frais de port pour la France, 4€ pour tous les autres pays).

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