Entretien – Gorobei

Cette année, on a décidé chez Plateau Marmots de mettre en lumière des femmes et des hommes du monde ludique dont on ne parle malheureusement que trop peu. Et pourtant… sans eux, les jeux, les livres dont on est le héros ne pourraient pas être ce qu’ils sont.

On a donc décidé de mettre la lumière sur les illustrateur.rice.s du monde ludique. Tout au long de cette année, on va vous faire découvrir celles et ceux qui vous font briller les yeux quand vous ouvrez un jeu ou un livre jeu.

Au Festival du jeu de Cannes cette année, j’ai eu la chance de rencontrer quelques illustrateurs dont Gorobei. Je lui ai fait dédicacer la BD dont vous êtes le héro « Hocus Pocus » [que je vous conseille fortement si votre marmots a 6-7 ans]. On avait pris le temps de papoter en mangeant quelques M&M’s® (oui je mange sainement en festival !). Le temps a filé, le confinement est arrivé, j’ai eu un peu de temps devant moi. Alors j’en ai profité pour prendre mon Fabulin sous le bras (Fabulin = petit animal trop choupinou qu’on a envie d’adopter) et il m’a mené vers Gorobei, à qui j’ai pu poser quelques questions.

 

Plateau Marmots :

Gorobei bonjour, merci de nous accorder ce petit moment pour vous découvrir. Je vous laisse vous présenter à nos lecteurs.

Gorobei :

Bonjour, je suis Gorobei, auteur-illustrateur depuis un peu plus de dix ans. J’ai commencé dans la presse avec Ankama et Glénat, pour connaître une première publication BD avec Makaka Editions, et “Pirates – Le Livre dont vous êtes le héros”. D’autres titres ont suivi, chez Makaka, mais aussi Ankama et plus récemment Dupuis, entre autres. Par ailleurs, j’ai la chance d’exercer dans des univers variés, puisque j’ai aussi pu m’essayer à l’illustration de jeux de plateau et cartes, ainsi que des travaux de communication. Je continue d’ailleurs d’œuvrer pour la presse, avec des collaborateurs tels que Bayard, Dupuis et Glénat.

Plateau Marmots :

Wow, vous avez plusieurs cordes à votre arc. Mais comment êtes-vous devenu illustrateur ? Qu’est-ce qui vous a donné cette envie ?

Gorobei :

Je suis devenu auteur/illustrateur après avoir conclu mon master de Langues Etrangères Appliquées, suivi d’une année d’étude à l’école Pivaut de Nantes qui offrait un cursus “dessin narratif”. Ce qui me convenait très bien, puisque depuis tout jeune (10/11 ans) je me suis toujours imaginé vivre du dessin une fois adulte. Cette envie est née car, plus jeune donc, j’étais pas mal enrobé et souffrais de nombreuses moqueries. Le dessin s’est révélé être un formidable médium, pour exprimer ce que je ressentais, mais aussi pour rendre la monnaie de leur pièce à mes tyrans. Ces mêmes tyrans sont parfois devenus des copains, ainsi j’ai vu dans le dessin un échappatoire, un exutoire, un vecteur de liberté où tout était possible !

Plateau Marmots :

Wow chapeau d’avoir su gérer ces critiques de cette façon, ça n’est pas donné à tout le monde. J’espère que ces « tyrans » connaissent votre parcours aujourd’hui. Et plus précisément comment êtes-vous devenu illustrateur de jeux/livres dont vous êtes le héros?

Gorobei :

C’est le fruit d’une rencontre lors d’un festiblog sur Paris, j’y étais pour dédicacer en tant qu’auteur du site “30 jours de BD”. Lors du festival, Shuky (scénariste de Pirates, Kuala et Your Theme Park) m’a approché, il avait cette idée d’adapter les romans dont on est le héros en BD. Nous nous sommes bien entendus, avions un intérêt similaire pour le genre, après tout c’est une part de notre jeunesse ! Il ne nous restait plus qu’à s’accorder sur un univers, nous somme tombés d’accord sur la piraterie ! Décors exotiques, voyages et personnages colorés, parfait !

Plateau Marmots :

La transition est parfaite. Qu’est-ce qui vous inspire quand vous créez un personnage, hormis le thème ?

Gorobei :

Je dois bien admettre que le thème joue un rôle important, il faut dire que cela impose une direction graphique de base. Néanmoins, pour façonner le personnage, c’est son écriture qui va m’aider, son histoire, ce qui l’anime, son caractère aussi évidemment, autant d’éléments qui sont définis avant toute recherche visuelle.

PM :

Le thème est la pièce maîtresse d’une illustration mais avez-vous un univers de prédilection ? Si oui, lequel ?

Gorobei :

J’aime bien les décors riches et colorés, avec une prédominance pour une nature sauvage. Des univers qui nous sortent un peu de notre quotidien, de notre réalité. Après je dois dire qu’il y a des univers qui m’appellent moins pour le moment, la SF (Science Fiction) et le Space Opera (comme par exemple Star Wars) notamment. Mais je m’y essaierai un jour !

PM :

J’avoue être tombée dans l’univers d’Hocus Pocus dès les premières pages. Hormis la BD, les livres dont on est le héros, quel est le jeu que vous auriez aimé illustrer ?

Gorobei :

C’est un peu comme demander quel illustrateur j’aurai voulu être (Naïade, Biboun, Mathieu Leyssenne ) ! ^^ Plus sérieusement, illustrer du Dixit doit être très intéressant, ou des illustrations pour Magic The Gathering. Dans un autre genre, faire des pictogrammes, des trucs hypers graphiques pour “Shit Happens” m’aurait bien botté !

PM :

Effectivement les illustrations de Dixit sont extraordinaires, on a beau les sortir plusieurs fois, on découvre toujours des petites choses selon les personnes avec qui on joue. Du coup est-ce que vous avez des projets ludiques en cours ?

Gorobei :

Oui, mais c’est un peu compliqué d’en parler pour le moment, en tout cas pour deux d’entre eux. Néanmoins je peux faire mention de prochaines collaborations avec Makaka Editions pour au moins une nouvelle BD dont on est le héros, plus précisément dont on sera le tout petit héros. Il s’agira d’un opus destiné au plus jeunes lecteurs. Nous discutons aussi d’un nouveau jeu dont on est les héros, et d’une autre BD. De ce côté là, les projets ne manquent pas !

PM :

Oh oh ça donne envie tout ça. Hâte de voir une BD dont les plus petits sont les héros. En parlant des petits, quelles sont pour vous les spécificités des illustrations du jeu pour enfant ?

Gorobei :

Une forme de simplicité, voire de naïveté pour une lisibilité optimale. La surcharge d’informations est un obstacle pour les plus jeunes lecteurs. Ensuite une forme de lyrisme et de fantaisie, les plus jeunes sont plus aptes à vagabonder sans se soucier des codes et restrictions. Du rêve et des couleurs, avec de la simplicité, je dirai en fait.

PM :

On devrait garder nos yeux d’enfants plus longtemps. Est ce que vous changez spontanément de style suivant l’âge minimum des jeux qu’on vous demande d’illustrer, ou vous faites plusieurs propositions à l’éditeur et le laissez choisir ?

Gorobei :

Jusque-là, les éditeurs sont venus me voir en toute connaissance de cause ; et savaient donc ce qu’ils voulaient de moi graphiquement. Conséquemment, c’est vrai qu’il y a une adaptation à la tranche d’âge, mais aussi au thème. Toutefois, je fais toujours dans la rondeur ! Et comme je le disais, plus le lectorat sera jeune, moins l’on chargera l’image en informations.

PM :

Vous dites que les éditeurs sont venu vous voir avec une demande particulière. A quel moment on se dit « ok ce dessin il est parfait pour l’illustration qu’on me demande, je l’envoie »?

Gorobei :

On ne le sait jamais vraiment, c’est un peu pour ça que l’on procède par étapes, avec notamment la validation d’un croquis, avant d’entamer toute finalisation. Dans l’absolu on se dit toujours qu’il manque sans doute quelque chose. Mais le processus permet de se rassurer et d’avancer sérieusement sur une réalisation.

PM :

Est-ce que c’est vous qui démarchez les éditeurs?

Gorobei :

Je suis rentré dans l’univers du jeu par hasard, et je n’avais pas démarché pour que cela arrive. Et jusque-là, tous les jeux sur lesquels j’ai travaillé m’ont été “commandés”. Néanmoins, je fais circuler mon book une fois par an auprès des éditeurs de jeux, ce que jusque-là je n’avais pas fait. Je me contentais de cette pratique seulement auprès des éditeurs presse.

PM :

Est ce qu’il y a des thèmes précis que vous vous interdiriez d’adopter ?

Gorobei :

Comme je le disais plus haut, la SF et le space opéra ne me titillent pas trop pour le moment, pour autant je ne me l’interdirai pas. Je crois qu’un récit historique ne me mettrait pas trop à l’aise, il y serait trop compliqué de “tricher”, et bon, j’aime “tricher”… ^^ Je ne pourrai pas traiter de torture, ou d’un récit qui glorifierait un héros “mauvais”, je veux dire profondément mauvais, malveillant. Moralement ce serait impossible.

PM :

Et pour finir, période de confinement oblige… est-ce que ce confinement vous inspire ? Vous donne des envies de création ?

Gorobei :

Avoir plus d’inspiration en raison du contexte : pas tellement plus je trouve, par contre on revoit un peu sa copie quant aux réseaux sociaux et la façon d’en faire usage, en tout cas pour ma part. Avant j’en faisais un outil de communication simple, en informant de mes actualités, à présent je donne plus, et j’essaie de donner du fun et de la bonne vibration. Je crois que je n’ai jamais été autant lié avec mes abonnés qu’en période de confinement. Bon cela étant dit, il n’y a jamais eu autant de monde à squatter les réseaux sociaux ! ^^

PM :

Gorobei, un grand merci.

 

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